Jouez-vous différemment avec un peu d'alcool ?

[Christof]

oui, l'alcool c'est pas du tout conseillé pour jouer...
Alors c'est sûr qu'au début, cela lève quelques inhibitions, et puis on a l'impression que cela donne un coup de fouet quand on est fatigué... Mais c'est un piège, car on peut très vite tomber dedans. Comme disait Coluche : un verre ça va, trois verres... "bonjour les gars"
J'ai connu pas mal de jazzmen qui se se ruinés la santé et qui jouaient de plus en plus mal, et sont devenus vraiment alcooliques.
L'aspect convivial des boîtes de jazz, et puis le bar, si tentant...

Comme m'a dit un prof un jour : il n'y a que les gens sans talent qui n'ont jamais le trac... Alors les appréhensions, ça fait partie du jeu.
Apprendre à vivre au mieux avec cela. Se mettre dans une disposition d'esprit.
Et puis, devant un public (et même finalement tout le temps), penser que l'on joue comme si on allait mourir après et que ce sont les derniers moments qui nous sont accordés... Alors, les sanctifier

Christof

[Lee]

Comme chaque moment de la vie, finalement. Merci Christof, c'est un plaisir de te lire.

[Oupsi]

C'est tout à fait ça,

Apprendre à vivre au mieux avec cela. Se mettre dans une disposition d'esprit.
Et puis, devant un public (et même finalement tout le temps), penser que l'on joue comme si on allait mourir après et que ce sont les derniers moments qui nous sont accordés... Alors, les sanctifier

J'ai senti deux ou trois fois dans ma vie (au piano) ce déclic intérieur. C'est inexplicablement beau.

[Christof]

J'ai senti deux ou trois fois dans ma vie (au piano) ce déclic intérieur. C'est inexplicablement beau.

Oui (comme je l'ai écrit ailleurs) quand cela t'arrive c'est alors comme donner des ailes au sublime, les notes lancées dans le vide, tissées là-haut pour en faire des cordes pincées par le vent"...

Merci aussi Lee. Toi aussi c'est un plaisir de te lire

Christof

[zende]

quelles émotions vous évoquez ... le lyrisme, qui est en quelques sortes notre idéal : flotter ainsi sur les notes

[sylvie piano]

Et puis, devant un public (et même finalement tout le temps), penser que l'on joue comme si on allait mourir après et que ce sont les derniers moments qui nous sont accordés... Alors, les sanctifier

Christof

Même je comprends vos propos, je l'exprimerai à l'inverse:
" jouer en pensant à ce merveilleux cadeau d'être en vie !"
Donner le meilleur, aller au plus profond en mesurant finalement que ce moment de musique n'est qu'un partage éphémère d'émotions, à la fois fugace et renouvelable.

Mon jeu en public, en concours a pris une dimension totalement différente après être devenue mère. Après avoir eu si peur justement de la mort pour ces êtres irremplaçables. Pas de morbidité, non, juste une autre approche. Insuffler la joie dans chaque instant.
Je me rappelle parfaitement du avant et après.

Aujourd'hui, à la faveur d'un épisode personnel compliqué, je prends de nouveau ce mètre - étalon.
Ce don de soi, cette magie de l'instant, cette improvisation dans le contrôle qui permet l' inimaginable, c'est en s' immergeant dans la vie.
Mais nous disons peut-être la même chose.....

[Lee]

Je crois que les artistes pensent beaucoup à la mort justement. Voilà un poème de Emily Dickenson, qui a inspiré beaucoup de compositeurs.
Plusieurs de ses poèmes abordent la mort. Ce poème m'a toujours hanté :

Because I could not stop for Death –
He kindly stopped for me –
The Carriage held but just Ourselves –
And Immortality.

We slowly drove – He knew no haste
And I had put away
My labor and my leisure too,
For His Civility –

We passed the School, where Children strove
At Recess – in the Ring –
We passed the Fields of Gazing Grain –
We passed the Setting Sun –

Or rather – He passed us –
The Dews drew quivering and chill –
For only Gossamer, my Gown –
My Tippet – only Tulle –

We paused before a House that seemed
A Swelling of the Ground –
The Roof was scarcely visible –
The Cornice – in the Ground –

Since then – ‘tis Centuries – and yet
Feels shorter than the Day
I first surmised the Horses’ Heads
Were toward Eternity –

[Lee]

Encore un autre avec une traduction ci-dessous, qui sonne peut-être plus juste pour les artistes :

I died for Beauty —but was scarce
Adjusted in the Tomb
When One who died for Truth, was lain
In an adjoining Room—
He questioned softly "Why I failed"?
"For Beauty", I replied—
"And I —for Truth —Themself are One
We Bretheren, are", He said—
And so, as Kinsmen, met a Night—
We talked between the Rooms—
Until the Moss had reached our lips—
And covered up —our names—

J'étais morte pour la beauté, mais à peine
Etais-je installée dans la tombe
Qu'un autre, mort pour la vérité,
Fut mis dans une chambre à côté—
Doucement il demanda «pourquoi j'étais tombée»;
«Pour la beauté», répondis-je—
«Et moi, pour la vérité, c'est tout un—
Nous sommes frère et sœur», dit-il—
Et ainsi, comme des parents rencontrés la nuit,
Nous parlions d'une chambre à l'autre—
Jusqu'à ce que la mousse atteignît nos lèvres—
Et recouvrît —nos noms—

[mieuvotar]

Because I could not stop for Death –
He kindly stopped for me –

Intéressant de voir qu'en anglais, la Mort est souvent personnifiée comme un homme...
Très beaux poèmes, merci du partage.

[Christof]

Mais nous disons peut-être la même chose.....

Oui Sylvie, nous parlons exactement de la même chose.
J'ai évoqué la vie qui pouvait s'arrêter, parce que trop souvent, on ne fait pas forcément attention à la valeur de chaque instant présent. C'est un peu comme quand tout va bien question santé... on fait pas trop gaffe et c'est au moment où il nous arrive un pépin qu'on se dit combien la vie est miraculeuse et habitée de beauté, combien on doit prendre soin de tout.
Nous sommes tous une fraternité poignante.

Christof

[pianojar]

Bon la réponse à la question semble être définitivement oui !
Du reste même mon zoom m'a censuré, je ne sais pas ce qu'il s'est passé (moi chargé, lui déchargé ?) il s'est éteint .... du coup la fin est passée à la trappe (dommage car honnêtement je pense que c'était la seule partie sympa )
Je vous rassure juste 2 verres de rosé .....
https://soundcloud.com/pianojar/zoom0001

[Christof]

Bon la réponse à la question semble être définitivement oui !
Je vous rassure juste 2 verres de rosé .....
https://soundcloud.com/pianojar/zoom0001

Ce sont des méthodes qui ont du bon !
Il y a un climat fantastique dans la première partie. On ne croirait pas à une improvisation. Et les passages de 4'06 à 4'19 ; 4'25 à 4'36 sont superbes

[pianojar]

A jeun ...... il ya quelques pruneaux
La première partie je ne sais pas trop, cela me paraît très brouillon (de culture) et je n'ai pas l'impression que je sais ou je vais. Ce qui m'a le plus plu à la réécoute c'est la dernière minute et la fin m'avait paru intéressante mais malheureusement non enregistrée (c'est bien la 1ère fois que mon enregisteur se coupe)

[Christof]

A jeun ...... il ya quelques pruneaux
La première partie je ne sais pas trop, cela me paraît très brouillon (de culture)

C'est drôle, on n'a pas la même perception... Le début est très construit. On entend des motifs se répéter comme si cela coulait de source (d'eau de vie)

[pianojar]

Je viens de me réécouter et la seule chose qui me paraît "relativement" intéressante c'est le traitement de la basse à partir de 2.15 àpp mais je serais bien incapable maintenant de dire quels sont les accords que je jouais !

[Spianissimo]

Si avec deux verres de rosé tu obtiens ce résultat, je te conseille de finir la bouteille la prochaine fois...et tu nous feras une impro à la Jarret avec du Scriabine et tout et tout sur 45 mns....
Plus sérieusement, c'est agréable à écouter tes errements pianisticalcoolisés...

[Presto]

ça devient du dopage ça

[pianojar]

Si avec deux verres de rosé tu obtiens ce résultat, je te conseille de finir la bouteille la prochaine fois...et tu nous feras une impro à la Jarret avec du Scriabine et tout et tout sur 45 mns....
Plus sérieusement, c'est agréable à écouter tes errements pianisticalcoolisés...

Merci mais je crois que si le format dépasse 5 ou 6 minutes il y a peu de chance que qui que ce soit écoutes jusqu'au bout
Et puis ma foi(e) je préfère eviter le parfum de la cirrhose......
Les errements sont quelquefois fanchement très mauvais : hier soir j'ai essayé de mixer le michael's theme du parrain avec monk en essayant d'imbriquer les mélodies .... l'effet était assez.... enfin assez quoi !

[Presto]

Du délice des cocktails : https://youtu.be/OhgOh8mmefQ?t=1m40s

[OLESEN]

L'alcool n'est pas un remède. C'est un poison. Pour ces génies, l'alcool et autres sont une conséquence de leur fragilité. C'est leur génie qui est créatif, pas l'alcool.

Franchement on devient lent, vaseux et imprécis...même avec peu d'alcool. Pour ma part, soit l'alcool , soit piano. et la même chose au volant