Programme d'écoute pour faire accepter la dissonance

[BluePhoenix05]

C'est une bonne idée.

C'était ironique. A moins que... non, Lee, tu trouves VRAIMENT que le Stabat Mater est insupportable à écouter ?

[Lee]

Ça dépend qui chante. Normalement non...

[BluePhoenix05]

Bah, si c'est jean-séb qui chante ! alors le problème est réglé, fin du fil.

[Provençal-le-Gaulois]

C'est une bien belle liste déjà. Si on ne compte pas les musiques de film, j'ajouterais seulement de Ravel :

- Gibet et Scarbo
- Les Valses Nobles et Sentimentales
- plus gentiment, la fugue du Tombeau de Couperin, et le Menuet sur le nom de Haydn avec une partie centrale un peu osée harmoniquement.

Et je pensais à la rigueur aux Etudes de Chopin, mais on peut parler de frottements plus que de dissonances, c'est à l'appréciation de chacun : op 10 no 6, no 7 ; op 25 no 5


Je trouve le 1er mvt du 2nd Concerto de Prokofiev d'autant plus adapté pour débuter, que le thème commence relativement simplement (avec des dissonances dès la deuxième phrase certes), et qu'il se complexifie d'enrichissements et de dissonances jusqu'au bout.

[Lee]

Dans ce vidéo de Emile Naoumoff, il examine la dissonance. Mais je ne suis pas sûre de quelle fantasie * de Mozart vient ce premier extrait magnifique qu'il joue, dissonant et détonnant de la part de Mozart. Rachmaninoff, si tu nous lis, il faut écouter ça !
https://www.youtube.com/watch?v=XRwnluKXJ1o

Pour donner des news, j'ai écouté tout (ou presque) de ce programme...et je ne suis pas encore "évoluée"...

* EDIT je crois que c'est le quator Dissonances transcrit en piano.

[Naphta]

J'aurais tendance à penser qu'il ne faut pas aller progressivement dans la dissonance : c'est la considérer comme un "passage", entre deux notes ou entre deux tonalités ; c'est la voir comme un chromatisme au sein d'un ensemble fixé de contrainte tonales.
Au contraire, je pense qu'il ne faut pas aborder les choses en terme de consonant ou dissonant, mais à l'extrême rigueur, relire toute l'histoire de la musique à travers la notion de résonance du corps sonore (comme disait Rameau) ou de spectre sonore (comme les spectraux français, Grisey, Murail) ; ça permet de libérer l'écoute, en libérant la "note".
La dissonance devient une expression du matériau, comme le rythme, le timbre, etc.
Exemple : quatuor de Scelsi :
https://www.youtube.com/watch?v=ssy1PMvi9ys

[Christof]

Sonate n°2 de Charles Ives

Round Midnight de Monk https://www.youtube.com/watch?v=xC68NtEmAcc
et il y en a tant d'autres : par exemple Crepuscule with Nelly https://www.youtube.com/watch?v=uZ0WslUsk1c
Just a gigolo : https://www.youtube.com/watch?v=7xTDKu31H7E

Dutilleux :
Métaboles : https://www.youtube.com/watch?v=pNEsM5X7vEg
Timbres, espace, mouvement : https://www.youtube.com/watch?v=VyYJOi3X898

[twodigits]

Dans ce vidéo de Emile Naoumoff, il examine la dissonance. Mais je ne suis pas sûre de quelle fantasie * de Mozart vient ce premier extrait magnifique qu'il joue, dissonant et détonnant de la part de Mozart. Rachmaninoff, si tu nous lis, il faut écouter ça !
https://www.youtube.com/watch?v=XRwnluKXJ1o

Pour donner des news, j'ai écouté tout (ou presque) de ce programme...et je ne suis pas encore "évoluée"...

* EDIT je crois que c'est le quator Dissonances transcrit en piano.

Les 25 premières secondes c'est extrait du concerto en sol majeur K. 453 : https://youtu.be/0xzvFxW5kR0?t=11m45s. Ensuite en effet c'est l'introduction (adagio) du premier mouvement (allegro) du quatuor Dissonances, puis il enchaîne sur un Adagio de la Fantasie pour piano et violon (KV 396 : https://www.youtube.com/watch?v=4HOgkZIhorE). Je n'ai pas écouté le reste. Là, Mozart a forcé le trait dans l'intro du quatuor (et c'est une pure merveille https://www.youtube.com/watch?v=gf4CUvxEu2Y), mais il y a beaucoup de "dissonances résolues" chez Mozart. C'est sans doute le compositeur que j'ai le plus écouté, et j'en ai remarqué une foule incroyable, parfois seulement quelques mesures sur une sonate entière. Je joue un petit bout entièrement basé sur ces résolutions, extrait d'une sonate dont j'ai oublié la référence. Je la donnerai dès que je la retrouve. C'est sublime. Ca pourrait être extrait d'une sonate d'église, ça passe très bien à l'orgue aussi.

[twodigits]

C'est dans la sonate en la mineur K. 310 : https://youtu.be/BLbunvM4s0k?t=53s ici à 53" (Mitsuko Uchida). Elle fait des choix curieux. Pour les sonates, ma préférence va à Christian Zacharias (de loin), mais je ne trouve pas sur YT. Par Murray Perahia c'est mieux (à 5'53") : https://youtu.be/D3TWEXIkndg?t=5m53s

[twodigits]

Un autre exemple que j'aime beaucoup : le Rondo en la mineur K. 511, avec des dissonances "différées" (et quelques-unes en accord). Ici par Claudio Arrau : https://www.youtube.com/watch?v=OSvHvxcyiy4

[comme presque toujours chez Mozart, c'est extrêmement discret, si on ne fait pas attention, on peut facilement passer à côté. Pourtant elles sont bien là et participent grandement je pense à la beauté de sa musique...]

[twodigits]

Et en mater de Stabat matière, il y a celui de Dvořák qui n'est pas avare en dissonances. Je crois qu'il venait de perdre plusieurs de ses enfants. Ici par Rafael Kubelik https://www.youtube.com/watch?v=u2y0tuDCXhY

edit : je réécoute : woahou c'est fantastique ! Reconnaissable entre toutes... (ça me fait penser que Un Requiem Allemand, de Brahms est pas mal dans le genre dissonances aussi. Ca commence tout de suite dans le dur, sans jeu de mots. Par Gardiner : https://www.youtube.com/watch?v=ZVBMhP0UcdU). Ces deux oeuvres sont à mettre dans toutes les jeunes oreilles, je pense, s'il s'agit de faire "accepter les dissonances". C'est sublime à écouter tout étant riche et savamment dosé en dissonances. En tout cas pour moi ; la musique au-delà de Stravinsky, je ne peux pas. Manque d'éducation musicale sans doute, mais c'est trop tard pour moi.

[twodigits]

Ce n'est pas du piano, mais la Grande Fugue pour quatuor à cordes opus 133 de Beethoven, ça décape bien les oreilles !

Si le début de ce quatuor op. 132 (je dis bien 132) de Beethoven n'est pas une réponse au Dissonanzenquartett ! Sublimement joué par le Borodin Quartet : https://www.youtube.com/watch?v=SK75WCcUDkM

la Grande Fugue pour quatuor à cordes opus 133 est un très bon exemple aussi ! ça me fait penser que les sonates pour piano de Beethoven ont de petits trésors en la matière (qui éveille grandement mon intérêt ! Les dissonances, c'est le noeud gordien, le point de fuite de la musique)

[twodigits]

Juste une remarque jouer n'importe peut ressembler a du boulez , cela ne veut pas dire qu'il écrit n'importe quoi.
Certains pensent jouer chopin et c'est n'importe quoi sauf du chopin. et n'importe quoi par un grand pianiste sera de la musique. Le grand mystère de cet art .....
Attention a la marche.
https://www.youtube.com/watch?v=0OxiM9ramHM

Je suppose qu'il y a des mathématiciens parmi vous Mais pour les autres, voici l'origine de l'appellation Escalier du diable (ou de Cantor[-Lebesgue]) : http://www.mathcurve.com/fractals/escal ... able.shtml

Une fonction qui ressurgit même en biologie... (cf. Per Bak... "How Nature Works")

[worov]

Prokofiev : Suite du Lieutenant Kijé : https://www.youtube.com/watch?v=fyd0jjTVGgE

Khachaturian : Toccata : https://www.youtube.com/watch?v=dB9ezP5e_l4

[jean-séb]

Attention a la marche.
https://www.youtube.com/watch?v=0OxiM9ramHM

Je suppose qu'il y a des mathématiciens parmi vous Mais pour les autres, voici l'origine de l'appellation Escalier du diable (ou de Cantor[-Lebesgue]) : http://www.mathcurve.com/fractals/escal ... able.shtml
Une fonction qui ressurgit même en biologie... (cf. Per Bak... "How Nature Works")

L'allusion "escalier du diable" me semble explicable même sans le recours à la courbe de Cantor. Cette étude de Ligeti fait bien penser à un escalier diabolique sans fin, comme ceux que se plaisait à représenter Max Escher. J'en profite pour signaler le remarquable site pédagogique sur quelques œuvres de Ligeti, dont celle-ci :
http://www.explorethescore.org/gy%c3%b6 ... de-13.html
Ça s'écoute ... sans fin, diaboliquement.

[twodigits]

Bien sûr, mais l'intérêt est dans la résonance entre disciplines. Comme les dessins d'Escher renvoient à Ligeti, qui renvoie aux mathématiques (qui me sont chères tu l'auras compris), qui renvoient à Ligeti qui renvoie à Escher (et à Per Bak et donc à Darwin, et à Stephen Jay Gould et ses équilibres ponctués Quel vocabulaire musical pour parler d'Evolution !). Merci pour le site pédagogique sur Ligeti. J'en ai bien besoin... !

Bonnes vacances à tous, sur ce, je me tais.

Cheers.