Pédale et toucher

[pianojar]

Travaillant en ce moment sur la K322 de Scarlatti j'ai remarqué que les mordants étaient beaucoup plus faciles à faire si je mettais la pédale. Ma question s'adresse autant aux techniciens de l'instrument qu'aux interprètes, à savoir est-ce-que la pédale (doit) influe(r) sur le toucher du piano, cela dépend il du piano ou est-ce psychologique (j'en doute car c'est assez systématique) ?
Le fait que l'étouffoir ne soit plus en contact des cordes modifie-t-il la vitesse du retour du marteau ?
Merci de vos éclaircissements

[Julien84]

Je n'ai rien remarqué allant dans ce sens. Mais ce qui est sur c'est que la pédale procure tout de suite un sentiment de sécurité au jeu, et c'est pour ça que je joue toujours d'abord mes oeuvres au tempo, mais sans pédale, pour juger du "fini" de l'oeuvre, avant l'étape finale, le jeu avec pédale.

[pianojar]

Pourtant j'ai testé réellement ce point et avec une attaque similaire chaque fois que je mets la pédale les mordants sont beacoup plus nets, c'est étrange et d'autant plus embêtant que dans cette sonate je ne veux pas mettre de pédale du tout

[fourmi]

Hum les mordants avec la pédale ça fait pas un peu bizarre ?
Juste une petite question, tes mordants, tu les commences sur le temps et les termine donc après ou tu les commences avant le temps pour les terminer sur le temps ? Et mets l'appui où, sur le début ou la fin ?

[pianojar]

Hum les mordants avec la pédale ça fait pas un peu bizarre ?
Juste une petite question, tes mordants, tu les commences sur le temps et les termine donc après ou tu les commences avant le temps pour les terminer sur le temps ? Et mets l'appui où, sur le début ou la fin ?

Si bien sûr c'est bizarre, c'était simplement pour tester car dans cette sonate je ne veux pas mettre de pédale. C'est en voyant une video de Benedetti Michelangeli où j'ai vu qu'il mettait des pédales très légères par moments et en essayant je me suis rendu compte que les mordants devenaient beaucoup plus simples à réaliser, ce qui m'a surpris. Sinon j'ai plutôt tendance à les commencer sur le temps.

[fourmi]

Mas pourquoi tu ne veux pas mettre de pédale ? Sur le piano il y en a une, c'est pour s'en servir non ? Et le clavecin n'est pas un instrument spécialement étouffé. L'attaque est assez claire mais l'étouffement pas du tout. Ou tu cherches à tenir les harmonies comme les clavecinistes en tenant les notes toi même ?
Bon, après tout, c'est aussi une question de goût.

[fourmi]

Si tu les commences sur le temps tu mets ton appui où ? Au début ou à la fin ? Peut-être que tu sens un appui sur la fin, que tu ne fais pas mais avec la pédale comme le son a tendance à s'amplifier, tu sens mieux cet appui, tu as l'impression que c'est mieux ?
Mordant c'est un terme un peu délicat aussi. Qu'appelles-tu un mordant ? C'est 3 notes pour toi genre ré-do-ré ou do-ré-do ou ce qu'on appellerait maintenant un trille ? Pour Rameau et Couperin, un mordant c'est en fait un genre de trille, ça dure jusqu'à la note suivante d'après ce que je comprends de leurs explications, souvent incompréhensibles par ailleurs... Mais ce n'est pas comme ça que je les fait généralement, je fait 3 ou 5 notes, à la Bach.

[fourmi]

En tout cas, moi qui travaille sur un piano droit je n'ai pas remarqué que c'était plus facile avec la pédale.
Peut-être que Michelangeli met un peu de pédale pour retrouver ce son brouillé propre au clavecin.

[pianojar]

Oui j'ai utilisé mordant pour 3 notes (peut-être à tort). C'est vraiment par hasard que j'ai ressenti cette grosse différence et cela m'a interpellé d'où mon questionnement. Tenir les notes et respecter les silences comme un claveciniste oui je pense que c'est un bon travail sur ce type de morceau.
Je vais essayer d'enregistrer à l'occasion le début de la sonate avec et sans pédale, ce sera sans doute plus parlant
Quant à la pédale chez Scarlatti c'est un questionnement majeur pour certaines sonates et lorsqu'on écoute les versions des grans : ABM - Horowitz - Tharaud etc....... on se psoe encore plus de questions. Je vais peut-être me rabattre sur Scott Ross (je me tâte d'ailleurs pour acheter son coffret intégral).

[bigrounours]

Il est tout à fait normal que ce soit plus facile d'exécuter les mordants en mettant la pédale. La raison est assez simple : la pédale enfoncée allège le toucher car les étouffoirs sont alors relevés, alors que si la pédale n'est pas enfoncée c'est l'action de l'enfoncement de la touche qui relève l'étouffoir.

[pianojar]

Ceci expliquant celà donc mais néanmoins comme signalait Julien l'aspect psychologique de la sécurité avec pédale doit influer un petit peu également. En tout cas cela m'a permis de tester diverses configurations et diverses interprétations et c'est assez intéressant. Merci pour vos réponses.

[Bourrac]

Il est tout à fait normal que ce soit plus facile d'exécuter les mordants en mettant la pédale. La raison est assez simple : la pédale enfoncée allège le toucher car les étouffoirs sont alors relevés, alors que si la pédale n'est pas enfoncée c'est l'action de l'enfoncement de la touche qui relève l'étouffoir.

Je rejoins cette analyse.

J'ajoute que j'ai vu des pianos dont les touches ne se relevaient pas lorsqu'on gardait la pédale enfoncée. Pédale lâchée, les touches remontaient... La mécanique n'avait sûrement pas été réglée depuis de nombreuses années.
Il y a donc un poids des étouffoirs.