Pour ceux qui lisent l'anglais, voici une revue des critiques des deux concerts donnés cette semaine en Angleterre (Londres et Birmingham) par Gergiev, le Mariinsky et plusieurs lauréats du concours Tchaikovsky, dans le cadre de la tournée 'Winners of the XV
th International Tchaikovsky Competition'. [Je mets des citations, pour ceux qui ne veulent pas lire les articles, mais je ne traduis pas, ça serait trop long…]
Le pauvre Masleev n'en sort pas indemne.
Ismene Brown écrit sur son blogue, où elle donne un compte-rendu détaillé des deux concerts, que
« gold-medallist Dmitri Masleev gave so clumsy a rendition of Rachmaninov’s Second Piano Concerto that I would have thought twice to put him through a qualifying round for technique, let alone artistry. At 27, nerves were hardly an acceptable explanation », tout en ajoutant «
I certainly heard him show real quality in Moscow ».
http://www.theartsdesk.com/classical-mu ... nners-tour
Le reste de l'article (intéressant) détaille la performance de chaque lauréat présent à l'un ou l'autre concerts. L'auteure est la même journaliste qui avait suivi le concours cet été à Moscou et qui y avait interviewé Lucas Debargue (et écrit partout qu'il était 'self-taught'). En général j'avais trouvé cet été son journalisme assez sensasionaliste merci (style qui semble la règle plus que l'exception en Grande-Bretagne, tout comme les pointes politiques systématiques dans tout genre de papier…), mais ici c'est quand même plus réservé.
Richard Fairman, journaliste au
Financial Times, n'a pas non plus apprécié Masleev. Il écrit:
In Rachmaninov’s Piano Concerto No. 2 he had enough virtuoso brilliance, but there was not much beauty. The top of the piano sounded dead (was it the instrument or was it him?) and at intimate Cadogan Hall he could have given himself more space for poetry, more variety of colour. http://www.ft.com/intl/cms/s/0/d5bc2fea ... 8f74e.html
Mais selon Martin Kettle, du respecté
The Guardian, Masleev a plutôt été victime… de Gergiev ! Pour lui,
« [Masleev's] playing of the first movement of Rachmaninov’s second concerto felt overwhelmed by Gergiev’s refusal to tailor the orchestral dynamics to suit the hall. Balance was better in the second movement and, although Masleev’s playing was sometimes unyielding, his steely fingered articulation of the closing allegro was formidable.».
http://www.theguardian.com/music/2015/o ... on-winners
Brown, Fairman et Kettle ont-ils entendu le même concert ? Les avis sont curieusement divergents… sans cependant être vraiment positifs ni l'un ni l'autre. Je n'ai malheureusement pas réussi à trouver une critique du concert des premiers prix du Tchaikovsky donné au Carnegie Hall, New York, deux jours avant le concert à Londres, pour voir si Masleev y avait été mieux perçu. Se pourrait-il que le décalage horaire ait nui au frêle Masleev ?
Notez que les lauréats invités n'étaient pas les mêmes à Londres et à Birmingham, donc on peut comparer les critiques ci-dessus pour le concert de Londres seulement. Pour un autre avis que celui d'I. Brown sur le concert de Birmingham (où les pianistes étaient George Li et Lucas Debargue), voir:
http://www.telegraph.co.uk/music/classi ... ll-review/
Encore ici, divergences entre critiques. Pour Brown, George Li manque encore de maturité mais '
is fun'. Elle est assez positive, alors que pour Ivan Hewett, du
Telegraph,
« The major disappointment of the evening was George Li, the American silver medallist in the piano category. He seemed so interestingly quirky in Moscow, but here he rushed everything in a way which seemed frantic rather than exciting.
Dans le cas de Lucas Debargue, Ismene Brown se plaint que
«the programming frustratingly gave us only chunks of evidence of his spellbinding capabilities, the slow, lullaby movement from the Tchaikovsky First Concerto and the ferocious solo "Scarbo" from Ravel’s Gaspard de la nuit » […] mais elle n'en loue pas moins le jeu du pianiste, «
visibly not happy with having to deliver music in bits rather than an organic whole, and yet searching for interesting rhythmic textures in the familarity of the Tchaikovsky, and making the hairs stand up on my neck with his lightning-storm flashes and the rumbles and spooky whispers of "Scarbo". »
Pour Hewett, du Telegraph, deux des lauréats valaient à eux seuls le déplacement (de Londres à Birmingham), soient la violoniste Clara-Jumi Kang, et Lucas Debargue dont il écrit que « his sensational performance here of Scarbo from Ravel’s Gaspard de la Nuit […] portrayed the sinister apparitions of the magic dwarf Scarbo with a fevered intensity that made one’s skin prickle. ». Bref, pour notre cher Français, les deux critiques sont d'accord.