Par rapport à mon parcours personnel,
Mes parents ont acheté un piano d'occasion car mon frère (qui avait 11 ans à ce moment) commençait le piano. A l'époque, j'avais 6 ans et demi donc ce nouveau meuble capable de faire des sons m'intriguait, je venais donc par moment appuyer sur les touches, découvrir comment il était fait etc... Peu à peu, je me suis amusé à reproduire des musiques que j'entendais à la télé, ou que je connaissais. Puis, j'ai eu un petit orgue électronique Bomtempi avec des partitions simples (accompagnement noté juste en anglais: c, d etc..). Tout seul, je commençais à déchiffrer les partitions. Je commençais même à écouter du classique (Strauss et Rossini étaient mes préférés!)... Le piano était un vrai plaisir au même titre que les Legos, les petites voitures (Majorette), les dessins animés, le vélo etc...
Mes parents ont donc décidé de m'inscrire en école de musique, j'avais 9 ans. La première année était superbe, je jouais chaque semaine les morceaux de la Méthode Rose, peu d'exercices, c'était un vrai ravissement à la fois en cours ou à la maison, jamais je ne rechignais à m'installer au piano, bien au contraire. Je remportais en toute logique le premier prix de l'audition haut la main.
La deuxième année, elle, s'est moins bien passée. Arrivée au collège en 6iem, âge bête, mes camarades se moquaient que je fasse du piano, que je joue du classique, que la batterie, c'était nettement plus branché etc... Le programme de la 2iem année était, en plus, composé à 90% d'exercices du Déliateur (une sorte de repompage de Hanon), les morceaux récréatifs ne m'intéressaient pas ou peu. Je ne jouais plus beaucoup à la maison, n'aimant plus le piano et si je m'y installais, j'avais peur que mes camarades me voient ou m'entendent... Je sauvais les meubles à l'audition en décrochant la note minimale qui assurait le passage en 3iem année, une troisième année où j'échouais pour finalement arrêter. Au grand dam de ma mère surtout...
De 12 ans à 16ans, je ne touchais plus une seule fois le piano que je me suis mis à détester (trop de mauvais souvenirs) je n'écoutais plus de classique, me suis mis au rock, à la techno (années 90), la dance.....

rejet en bloc donc!
J'ai finalement repris à 16 ans en écoutant presque par hasard un camarade de seconde qui nous jouait la fantaisie-impromptu op 66 de Chopin. On était en 1995, c'était la fameuse époque des grèves scolaires, je n'étais pas en cours mais squattait avec ma bande de potes la maison d'un ami pour jouer à la Super Nintendo! Et chez cet ami, il y avait un piano qu'on s'amusait parfois à martyriser jusqu'au moment où un de mes amis qui nous avait pas dit qu'il en jouait assez bien, s'y installe.... Le gros déclic pour moi quand il m'a dit qu'il n'avait que 7 ans de piano, pile le nombre d'années que j'aurai eu si je n'avais pas abandonné. J'aurai pu jouer ce qu'il nous a joué! J'ai repris pour ne plus arrêter suite à cette révélation-choc...
Selon moi, pour ne pas qu'un enfant abandonne car à cet âge, on est très/trop influençable, modelable. L'enfant fonctionne toujours par sensation.... si celle-ci s'avère négative, il laissera tomber l'activité responsable de ce ressenti. C'est encore plus valable vers l'âge de 9/12 ans , puberté, regard des autres, découverte du corps, formation du raisonnement etc...:
-ne pas le "gaver" d'exercices anti-musicaux (genre hanon, déliateur etc..). Ce fut la source de mon abandon: le programme de l'école de musique avait réussi à tuer mon intérêt pour le piano... balèze quand j'y repense car j'aimais vraiment cela. Un petit peu d'exercices si nécessaire voire pas du tout (je ne veux pas relancer THE débat

)
-valoriser la pratique du piano si l'enfant vient douter: une mauvaise remarque d'un camarade, l'exaspération d'un parent qui veut regarder la télé tranquille peut s'avérer désastreuse...
-le laisser choisir ses morceaux (moderne, classique, musique de film, jazz, on s'en fout du moment que l'enfant aime ce qu'il fait. Au pire, on peut le guider en lui faisant écouter s'il ne sait pas quoi choisir. il faut que cela reste une suggestion...
-Si l'enfant éprouve des difficultés à apprendre les morceaux, s'il se trompe, ne pas l'engueuler, lui dire que c'est un incapable. L'épauler, lui montrer patiemment, en lui donnant le droit de se tromper et de recommencer. Ne pas hésiter à le faire arrêter s'il patine dans la semoule, souvent une difficulté se résout par "digestion" loin du piano.
-Ne surtout pas l'obliger: un enfant reste beaucoup trop assis alors qu'à cet âge, il doit bouger, se dépenser, courir. Avec les cours, la console, la télé, autant d'activités qui demandent à rester assis, le piano pourrait être de trop... Il faut qu'il y vienne naturellement. De toute façon, si les points précédents ont été respectés, l'enfant devrait venir de lui-même au piano.