Jouez-vous toutes périodes et pourquoi ?

[Lee]

Bonjour,

Dans l'apprentissage on est souvent obligé de jouer des oeuvres de toutes périodes de la musique classique, j'entends Baroque, Classique, Romantique et Contemporain. (Quelques profs privilègent quelques périodes ou compositeurs.)

Au début je me suis dit qu'il faut couvrir en équilibre toutes périodes ne serait-il que pour ma culture. Mais me sentant privée des oeuvres Romantique dans ma jeunesse, maintenant je la favorise toujours. Je néglige le Contemporain, je commence des oeuvres Baroque sans aboutir aux morceaux...

Et vous ? Pensez-vous qu'apprendre de toutes périodes contribuent au développement des pianistes à part leur équilibre de repertoire ou leur culture ?

Merci.

[pianojar]

Je crois qu' au début de l'apprentissage généralement le parcours est : classique (avec un peu de baroque) puis romantique puis contemporain. A moins que l'enseignement n'ait beaucoup changé depuis quelques années.
Pour ma part je ne privilégie plus une époque en particulier, c'est en fonction de mes découvertes et des envies du moment avec peut-être l'exception Bach qui reste une constante mais l'intemporalité de sa musique le met hors concours
Du point de vue déchiffrage je pense qu'aborder toutes les périodes est un réél plus, du point de vue culturel le dévelopement ne passe pas forcemment par le jeu lui-même et heureusement car sinon ce développement serait entravé par nos propres limites.

[Lee]

Ah, je n'ai pas précisé, comme j'ai dit un peu partout sur le forum, mais mon apprentissage était surtout axé Bach donc Baroque, très peu de Romantique, et un overdose de contemporain.

[pianojar]

D'un manière générale je suppose que le repertoire romantique doit être favorisé du fait de son importance et de sa plus grande diffusion "grand public" mais je peux me tromper (?)
Pour l'apprentissage si on considère tous les ouvrages genre classique favoris, le piano classique etc.... ils font une large place au "classique" et dès que le niveau monte un petit peu romantique. Dans ces ouvrages le contemporain est très peu abordé et le baroque l'est surtout par Bach avec quelques incursions chez Telemann ou Handel (mais généralement ce sont toujours les quelques mêmes morceaux qui sont repris)

[Oupsi]

Je pense que oui. Je crois que les compositeurs s'inspirent beaucoup de la musique du passé et qu'il est intéressant pour nous pianistes de suivre ce cheminement dans nos curiosités. On retrouve Bach, Haëndel dans la musique de Beethoven et de Brahms, Rameau et Couperin dans la musique française du 20e siècle, etc. c'est infini.
De plus, le passé reflète aussi l'histoire de l'instrument et ça aussi c'est intéressant, le son à chercher, le contact avec le clavier qui est très différent selon les styles et ça doit être fabuleux de pouvoir bien exprimer cela au piano, de manière naturelle, comme on module sa voix selon que l'on déclame du Racine, du Verlaine ou du René Char.

[VIX]

Il y a un immense répertoire baroque assez méconnu et assez accessible ,pratiqué plutôt par les clavecinistes, que je découvre actuellement, de Frescobadi, Telemann, padre soler, etc..qui est vraiment agréable et qui change du répertoire habituel.

[Gracou]

Les premières années de l'apprenti pianistes sont un moment propice à l'étude des grandes périodes. D'un côté on a le temps, l'élève, pour peu qu'il soit jeune, n'a pas encore énormément d'a priori sur les différentes musiques et au fond, certaines pièces simples d'une période donnée valent souvent celles d'une autre d'un point de vue pédagogique.

Il parait même qu'il y aurait des fous furieux qui glisseraient parmi les pièces abordées du boogie, voire du jazz, de musiques anciennes ou extra-européennes. Certains professeurs ayant probablement perdus l'esprit parleraient même de "muzikaktuèl"...

[Lee]

Merci pour vos réponses, toutes intéressantes, je constate que mes profs étaient différents, sans souci pour un proposer un petit livre de jazz ou boogie woogie, gavage à tout prix de contemporain, et allergique à Romantique. J'aurais dû grandir et apprendre le piano en France !

[Okay]

Si on se focalise sur l'apprentissage et au développement des capacités pianistiques, se familiariser avec toutes les périodes c'est se familiariser avec différents rapports au clavier. Même s'il faut apprendre à jouer au fond du clavier et articuler dans les répertoire de toutes les époques, des défaillances dans ce domaine seront moins frappantes dans la musique romantique et 20e que dans le répertoire classique. De même, un son trop uniforme et direct sera moins frappant en jouant Bach ou Mozart qu'en jouant Debussy.
Evidemment ce sont des caricatures, car en réalité on s'aperçoit vite qu'il est bien plus difficile de contrôler le son dans Mozart que Debussy, même si Debussy exige une vaste palette sonore.

Jouer différentes périodes, c'est toucher le clavier de différentes manières, et ces acquis sont perméables aux apparentes frontières entre les époques, puisque progresser dans Mozart fait certainement mieux jouer Debussy et vice-versa. Je me rends bien compte que lorsque je travaille du Bach ou du Mozart, ça égalise/nettoie/épure ma sonorité dans les semaines qui suivent, tandis que Debussy va étendre les possibilités sonores.
L'idéal étant de travailler deux pièces d'époque/style différents en même temps, et de bosser ces deux morceaux au sein de la même session en ne gardant pas le même ordre d'une session sur l'autre, afin de vraiment bénéficier de ces effets réciproques.

[Lee]

Merci, deux périodes sont beaucoup moins lourdes que quatre. Je me trompe ou personne n'avait parlé de Contemporain, les avantages de jouer Boulez.

[Line-Marie]

si , j'aimerais pourvoir aborder des pièces contemporaines qui me plaisent mais elles sont souvent d'une grande difficulté pianistique, du moins celles qui que j'aimerais jouer....
Pour ma part, évidement dans mon apprentissage pianistique , j'ai travaillé beaucoup Bach, Mozart , Beethoven, Haydn... j'ai eu beaucoup de plaisir dans les quelques sonates de Beethoven mais pas dans Mozart ni Bach....Et puis passée la quarantaine, je ne revais que de jouer Bach...
Puis depuis ma reprise du piano (6 ans déjà !) , ma profs m'ayant ouverts des horizons infinis, mon cœur se tourne sans cesse vers Chopin , Liszt, et tous les compositeurs français: Debussy, Ravel, Fauré, Dupont, Messiaen etc....... il y a tant de partitions magnifiques que la vie qui me reste, ne suffira pas à les explorer toutes . Alors je choisi avec gourmandise, les incontournables pour moi

[jean-séb]

Je joue presque toutes les périodes, hormis le contemporain, mais les morceaux que je déchiffre, fort nombreux, sont moins déterminés par la période ou mon goût que par mes possibilités techniques moyennes. Il est certain qu'en déchiffrage, je tire un plaisir immédiat de beaucoup plus de morceaux classiques et romantiques, qui tombent souvent assez facilement sous mes doigts, que de morceaux impressionnistes et contemporains. En concert, ma préférence va plutôt à ces deux dernières périodes.

[nox]

Et le baroque ? Je crois que je ne t'ai jamais entendu en jouer !
(mais tu vas t'y mettre bientôt avec les transcriptions Bach/Saint-Saëns, je n'en doute pas)

[jean-séb]

Si, au contraire, j'en déchiffre souvent et j'en ai joué plusieurs fois devant des témoins PMistes, notamment du Lully, Couperin, Daquin, Dandrieu, Rameau pour les Français (je trouve cette musique vraiment agréable à jouer), ou du Bach et semblable, notamment du Krebs ! Même à Beuvray, une très belle sonate de Johann Adolf Hasse (selon ma partition, mais que David Bismuth, dans son disque consacré à Bach et fils, attribue à CPE ou à WF, j'ai oublié).

[pianojar]

Il y a un immense répertoire baroque assez méconnu et assez accessible ,pratiqué plutôt par les clavecinistes, que je découvre actuellement, de Frescobadi, Telemann, padre soler, etc..qui est vraiment agréable et qui change du répertoire habituel.

Dans ce répertoire j'aimerais ajouter Domenico Zipoli avec des pièces également accessibles et fort intéressantes

[sylvie piano]

Il me semble que lors de l'apprentissage du piano il faut balayer toutes les époques, mais surtout les styles pianistiques différents. Une formation complète est nécessaire pour être un jour libre de choisir selon ses aspirations. Pour ma part je ne joue plus que ce que j'aime et qui correspond à mes aptitudes. Je n'ai pas de très grandes mains. .... Dans mon enseignement, je me suis toujours appliquée à donner des morceaux qui plaisent à mes élèves, mais également à balayer les techniques pianistiques différentes.

[huizinga]

J'essaie aussi de jouer toutes les périodes que je connais, pour avoir un jeu et une technique plus riches mais aussi pour varier les plaisirs au niveau des sensations (sonores, tactiles). Après, il y a des compositeurs (haydn par exemple) ou des périodes (le contemporain) que je n'ai jamais entendus (on ne peut pas tout faire et tout écouter non plus), mais si un jour je me découvre un attrait pour à leurs égards, je jouerais probablement les morceaux qui y sont relatifs.

[Okay]

Je n'ai pas de très grandes mains

Est-ce vraiment une limitation, quelque chose qui peut orienter ou exclure des choix de répertoire ? Je crois de plus en plus que les grandes mains sont un avantage, mais que des petites mains ne sont pas un réel handicap. Je précise.
Je pense que dès qu'on peut plaquer une octave, on est complètement tranquille jusqu'au romantisme pour les choix d'époque, et ensuite avec une neuvième on doit s'en sortir sans encombres. Les dixièmes et au delà c'est un "luxe", dans la mesure où les extensions entre les doigts sont bien plus utiles que l'empan...

[Spianissimo]

Pour ma part, je distinguerais le cas de l'adulte amateur confirmé (même si on est toujours en apprentissage et en perfectionnement) ayant appris la piano dans son enfance ou sa jeunesse, de celui de l'apprenti pianiste .

Pour l'adulte amateur, je dirais que il faut tout jouer, selon ses goûts, ses envies et ses affinités avec les compositeurs de chaque époque, d'abord pour se faire plaisir, et aussi car on progresse plus en mélangeant fréquemment les styles et les époques, et ce, même dans des cas extrêmes : jouer du contemporain peut faire progresser dans le répertoire baroque et vice-versa (mais on ne s'en rend pas forcément compte tout de suite). En ce qui me concerne, il y a une période que je joue et que j'écoute beaucoup moins que les autres, c'est la période "classique". Il est vrai que Mozart, dont le déchiffrage n'est pas forcément compliqué devient vite un casse-tête sans nom à interpréter correctement

Pour l'apprenti pianiste, il me semble qu'une certaine logique historique doit être respectée même s'il y a des ponts et des raccourcis possibles.

[arg]

Toutes périodes, c'est pour moi la curiosité avant tout, la découverte, le "aller vers 'autre". Ensuite viennent les goûts et là, le piano contemporain ne me correspond pas beaucoup (mais en écrivant cela je me rends compte qu'en fait je ne connais pas assez).
Aller vers l'autre, c'est aussi aller vers un autre son, une autre façon d'explorer l'instrument et c'est enrichir sa palette sonore et de toucher.
J'aime travailler dans le même temps des oeuvres assez éloignées parce que le ponts se font, et que 'une enrichit l'autre.
Il reste que Mozart, quelle difficulté ! cela fait bien longtemps que je ne me suis pas lancée. Et les romantiques.... eh bien je m'y retrouve assez facilement donc cela reste une ligne de fond.