Incipit de récital
Re: Incipit de récital
J'ai récemment assisté à un concert d'András Schiff en compagnie de mon mari. Je précise que nous ne sommes pas des habitués des concerts de musique classique, en particulier mon mari. Le programme intitulé "Les dernières sonates" s'articulait ainsi : petite adresse au public pour expliquer pourquoi il y avait 2 pianos sur scène, ouverture avec la sonate 62 de Haydn, puis la sonate op.111 de Beethoven, puis entr'acte avec changement de piano. Sonate K.576 de Mozart, et conclusion du concert en apothéose avec la D.960 de Schubert (magnifiquement jouée). En bis, l'aria des variations Goldberg.
J'ai trouvé que le programme était très bien équilibré, et la première pièce de chaque partie était assez légère pour relever et mettre en valeur la suivante (Haydn/Beethoven, Mozart/Schubert). C'était une volonté d'ailleurs clairement exprimée par le pianiste dans les notes du programme : il explique entre autres que certains pianistes choisissent de jouer dans un même programme toutes les dernières sonates de Schubert, ce qu'il ne veut pas faire car elles contiennent une charge émotionnelle trop forte pour l'auditeur et cela ferait trop. Le ressenti de "néophyte" de mon mari me semble démontrer que le programme était bien construit : il a trouvé que les sonates de Beethoven et Schubert étaient d'une autre envergure que les premières parties, et celle qui est restée le plus fortement imprimée dans sa mémoire et qui a entraîné une réécoute à la maison était bien celle de Schubert.
Enfin, le bis avec le début des variations Goldberg était effectivement comme un apaisement après la sonate de Schubert. Je pense que si nous avons gardé un si bon souvenir du concert, c'est en particulier parce que le programme était très bien construit.
J'ai trouvé que le programme était très bien équilibré, et la première pièce de chaque partie était assez légère pour relever et mettre en valeur la suivante (Haydn/Beethoven, Mozart/Schubert). C'était une volonté d'ailleurs clairement exprimée par le pianiste dans les notes du programme : il explique entre autres que certains pianistes choisissent de jouer dans un même programme toutes les dernières sonates de Schubert, ce qu'il ne veut pas faire car elles contiennent une charge émotionnelle trop forte pour l'auditeur et cela ferait trop. Le ressenti de "néophyte" de mon mari me semble démontrer que le programme était bien construit : il a trouvé que les sonates de Beethoven et Schubert étaient d'une autre envergure que les premières parties, et celle qui est restée le plus fortement imprimée dans sa mémoire et qui a entraîné une réécoute à la maison était bien celle de Schubert.
Enfin, le bis avec le début des variations Goldberg était effectivement comme un apaisement après la sonate de Schubert. Je pense que si nous avons gardé un si bon souvenir du concert, c'est en particulier parce que le programme était très bien construit.
Re: Incipit de récital
Ah nonOkay a écrit : Même si tout reste possible, l'incipit puissant serait-il finalement la possibilité la plus consensuelle ?

Pour reprendre l'analogie, mes collégiens, quitte à gueuler avant ou après, je commence par leur dire bonjour...
J'aime bien les programmes en double crescendo, première partie Bach/Mozart > Chopin, seconde un Chopin tranquille > un truc qui explose

Ensuite, ça dépend de l'œuvre qui est au cœur du programme, la placer en fin de 1ère partie peut être sympa aussi, j'ai assisté à un concert de Tiberghien dont le programme était superbement construit :
un adagio de Mozart que je ne connaissais pas, superbement joué, une sonate de Schubert, la 575 qui nous amenait tout naturellement à ... la sonate de Berg

2e partie : un Mozart, je ne me rappelle plus et la Waldstein très belle (mais les octaves d'une main et pas totalement en place

Après, ça dépend de qui joue : Kocsis dans des petites pièces transfigurées met par terre dès la première note, Lupu aussi...
un programme à thème du genre les 3 dernières de Beethoven me va bien aussi mais prendre les grands cycles comme le modèle d'un concert me semble un peu difficile à tenir, ou alors tu te lances dans les transcendantes de Liszt

"Vivi felice" Domenico Scarlatti,
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Re: Incipit de récital
J'aime bien essayer de jouer les compositeurs dans l'ordre chronologique. J'ai souvent utilisé la Gavotte variée de Rameau en début de récital, thème agréable, variations faciles à suivre pour l'auditeur, donne une impression de déjà entendu même quand on ne la connaît pas. Les deux rondos de Mozart, en ré majeur, ou en la mineur, beaucoup plus sérieux, peuvent fournir aussi des débuts de concert si on envisage un programme classique + 20ème siècle par exemple. Pour un programme romantique c'est un peu plus compliqué, mais j'aimerais plutôt commencer par une courte pièces ou un petit ensemble de courtes pièces que par une sonate ou un grand cycle (Arabesque avant les Kreisleriana ou le Carnaval, 3 nocturnes d'un opus ou 3 mazurkas avant une sonate de Chopin etc).
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Re: Incipit de récital
C'est une belle question que pose Okay, mais il est difficile d'y répondre! Surtout que tu la poses pour une fois du point de vue de l'écoutant, ce qui est presque plus dur, car un public c'est plusieurs personnes qui se retrouvent ensemble au même endroits, avec des trajectoires et des humeurs complètement différente. Comment donc capter l'attention?
Je trouve toujours que c'est la simplicité qui marche: c'est pourquoi Scarlatti ça fonctionne toujours, même si c'est pas évident pour le pianiste d'attaquer par ça. C'est de la musique simple (pas du piano simple) qui est toujours joli, et surtout, ça ne se prend pas la tête. Donc ça détend les gens, et après on peut passer aux choses plus sérieuses.
Ensuite ça dépend: soit tu donnes un récital très large à cheval sur plusieurs style, avec des oeuvres pas trop éléphantesque et alors tu peut commencer par du baroque et bisser par du baroque, c'est assez sympa. Mais si tu joues la 110 suivie de la 111, et la bon courage pour trouver un truc à placer avant ou après
Et comme disait Sylvie, dans ce cas, ça s'adresse à un public volontaire!
Après si tu fais un récital romantique, un nocturne de chopin pour démarrer? (là je parle vraiment en tant que public: en tant que pianiste, j'ai un problème de savoir par lequel commencer: soit c'est trop dur, soit je m'endors!!!).
Si tu fais les sonates de scriabine > 5, alors là ce n'est plus des volontaires, c'est des militants que tu as dans la salle: tu peux jouer du dutilleux en début, voire une oeuvre de ta composition pour orteils et poignets.
Bonne soirée
Je trouve toujours que c'est la simplicité qui marche: c'est pourquoi Scarlatti ça fonctionne toujours, même si c'est pas évident pour le pianiste d'attaquer par ça. C'est de la musique simple (pas du piano simple) qui est toujours joli, et surtout, ça ne se prend pas la tête. Donc ça détend les gens, et après on peut passer aux choses plus sérieuses.
Ensuite ça dépend: soit tu donnes un récital très large à cheval sur plusieurs style, avec des oeuvres pas trop éléphantesque et alors tu peut commencer par du baroque et bisser par du baroque, c'est assez sympa. Mais si tu joues la 110 suivie de la 111, et la bon courage pour trouver un truc à placer avant ou après

Après si tu fais un récital romantique, un nocturne de chopin pour démarrer? (là je parle vraiment en tant que public: en tant que pianiste, j'ai un problème de savoir par lequel commencer: soit c'est trop dur, soit je m'endors!!!).
Si tu fais les sonates de scriabine > 5, alors là ce n'est plus des volontaires, c'est des militants que tu as dans la salle: tu peux jouer du dutilleux en début, voire une oeuvre de ta composition pour orteils et poignets.
Bonne soirée
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Re: Incipit de récital
Je rejoins ce qui a été dit sur l'ordre chronologique et historique des oeuvres, du Scarlatti ou du Rameau étant vraiment à mon avis l'idéal pour débuter un concert, Bach, c'est déjà un peu plus consistant...musique romantique/impressionniste/ou contemporaine venant après et dans l'ordre. C'est peut-être hors sujet, mais je pense que quelque soit le programme, l'idéal pour fédérer un public et l'impliquer dans ce qu'il va entendre est un pianiste qui présente lui-même les oeuvres qu'il va jouer, que ce soit par une présentation générale de l'oeuvre, du compositeur, de sa vision de l'oeuvre ou d'anecdotes diverses...je sais, tous les pianistes ne peuvent et ne souhaitent pas faire ça, un concert est un tout, on ne vient pas simplement écouter de la musique, on vient voir "untel" jouer telle ou telle oeuvre. Cette prise de parole ne doit pas être longue et n'est pas nécessairement un "spectacle", il ne s'agit pas de faire un "one man show" à l'américaine, mais simplement d'humaniser le moment et la musique que l'on va entendre. Je trouve ça un peu frustrant de passer 1h à 1h30 de bonheur avec quelqu'un, puis de se contenter des applaudissements et le voir repartir. Un pianiste comme Jean-Philippe Collard excelle dans cet exercice de prise de parole ! Il n'est pas le seul, mais c'est trop rare.
C'est sympa de parler mais jouons maintenant...
http://www.youtube.com/user/andante5133
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Re: Incipit de récital
Très intéressant ça. Je crois aussi qu'une intervention orale peut apporter énormément, briser une distance qui est en fait trop artificielle. J'ai récemment appris que J.P. Collard le faisait, par un collègue pas du tout musicien qui a été l'écouter dans un petit théâtre parisien dans le programme Chopin de son dernier CD (24 préludes + 2e sonate). Il avait beaucoup apprécié que le pianiste se rende accessible et présente brièvement les œuvres. J'ai aussi cru comprendre que le lieu se prêtait particulièrement à ce format. Ces clés d'écoute et cette interactivité sont quelque chose qui pourrait vraiment renouveler le récital...
Re: Incipit de récital
Je le fais aussi à chaque fois 
Ca brise la distance, dans les deux sens, et du coup ça aide beaucoup à évacuer le stress.
D'une part parce qu'à partir du moment où on prend la parole, on est déjà dans la "mise en scène". On est déjà le centre de l'attention, et le pas est déjà partiellement franchi. Quand on commence à jouer, on a déjà moins la sensation de se jeter à l'eau.
D'autre part, ça permet de partager sa passion, et d'emmener déjà avec soi une partie du public.
Vraiment, je recommande !

Ca brise la distance, dans les deux sens, et du coup ça aide beaucoup à évacuer le stress.
D'une part parce qu'à partir du moment où on prend la parole, on est déjà dans la "mise en scène". On est déjà le centre de l'attention, et le pas est déjà partiellement franchi. Quand on commence à jouer, on a déjà moins la sensation de se jeter à l'eau.
D'autre part, ça permet de partager sa passion, et d'emmener déjà avec soi une partie du public.
Vraiment, je recommande !
- Juanito
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Re: Incipit de récital
Chaque fois que j'ai essayé, ça a été la catastrophe absolue! Impossible d'aligner une phrase correcte, sourires idiots, haussements d'épaules, phrases commencées, pas terminées, etc...
Pourtant je suis d'accord, quand ça peut se faire c'est super, mais pour ma part j'ai quand même beaucoup le trac, et parler n'arrange rien, au contraire, il faut que j'arrive dans ma bulle pour jouer bien... C'est très étrange car je fais beaucoup de présentations orales dans mon métier - dans lesquelles je cabotine souvent (Lang-Lang sort de ce corps!) - et je n'ai jamais eu l'once du début du moindre trac...
A Rennes au "concerts du midi" il y a une formule super: Un musicologue décrypte les oeuvres qui vont être jouées en présence des musiciens (dimanche dernier l'excellent duo Fromentin-Plancade) en leur demandant de jouer des phrases et en les commentant. Ensuite pause café tous ensemble avec le public, et hop concert. Ca décontracte complètement les artistes et prépare idéalement le public aux oeuvres, c'est très sympa de retrouver des phrases entendues, connues et déjà commentées. Par contre comme disait le pianiste à la pause alors qu'on discutait: oula mais j'ai concert dans 2 minutes là! il faut que je me concentre! (mais bon il a l'air complètement insensible au trac celui là ...)
Pourtant je suis d'accord, quand ça peut se faire c'est super, mais pour ma part j'ai quand même beaucoup le trac, et parler n'arrange rien, au contraire, il faut que j'arrive dans ma bulle pour jouer bien... C'est très étrange car je fais beaucoup de présentations orales dans mon métier - dans lesquelles je cabotine souvent (Lang-Lang sort de ce corps!) - et je n'ai jamais eu l'once du début du moindre trac...
A Rennes au "concerts du midi" il y a une formule super: Un musicologue décrypte les oeuvres qui vont être jouées en présence des musiciens (dimanche dernier l'excellent duo Fromentin-Plancade) en leur demandant de jouer des phrases et en les commentant. Ensuite pause café tous ensemble avec le public, et hop concert. Ca décontracte complètement les artistes et prépare idéalement le public aux oeuvres, c'est très sympa de retrouver des phrases entendues, connues et déjà commentées. Par contre comme disait le pianiste à la pause alors qu'on discutait: oula mais j'ai concert dans 2 minutes là! il faut que je me concentre! (mais bon il a l'air complètement insensible au trac celui là ...)
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Re: Incipit de récital
Pour ma part, je présente toujours brièvement les œuvres jouées, mais ça ne change strictement rien au trac.
Re: Incipit de récital
Pour un concert pro, à titre personnel, en tant que public, je n'aime pas trop, ça guide l'écoute et j'estime que si le pianiste éprouve le besoin de parler pour dire ce qu'il va faire, c'est que c'est mal parti. J'aime bien par contre que le pianiste glisse le nom de ses bis, ça évite les "Ah" du public quand il sort sa Polonaise ou les jeux de devinettes.
Je n'ai jamais entendu de concert amateur mais certainement que ma position serait tout autre.
C'est un peu extrême comme position, sur le fond c'est certainement que je n'aime pas qu'on touche au rite sacro saint du concert... c'est d'autant plus extrême que j'ai pu entendre des concerts par d'excellents pianistes qui parlaient, c'est aussi une mode (le public adore) mais sur le principe ça me déplaît toujours, ou alors faut une dynamique particulière qui va dans le sens du partage, Katsaris fait ça remarquablement et transforme le concert en un voyage dont l'itinéraire est tracé mais peut-être pas toutes les étapes, Miguel Angel Estrella aussi.
Je n'ai jamais entendu de concert amateur mais certainement que ma position serait tout autre.
C'est un peu extrême comme position, sur le fond c'est certainement que je n'aime pas qu'on touche au rite sacro saint du concert... c'est d'autant plus extrême que j'ai pu entendre des concerts par d'excellents pianistes qui parlaient, c'est aussi une mode (le public adore) mais sur le principe ça me déplaît toujours, ou alors faut une dynamique particulière qui va dans le sens du partage, Katsaris fait ça remarquablement et transforme le concert en un voyage dont l'itinéraire est tracé mais peut-être pas toutes les étapes, Miguel Angel Estrella aussi.
"Vivi felice" Domenico Scarlatti,
Re: Incipit de récital
C'est intéressant. Je suis très partagée aussi sur les prises de parole avant le jeu. Quand c'est très neutre et rapide, ça va, mais en même temps ces quelques phrases peuvent parfaitement figurer sur le programme.
Je n'aime pas du tout les présentations anecdotiques, je suis un peu psychorigide avec ça, je trouve que ce n'est pas faire honneur à la musique que de la faire précéder de trivialités.
Par contre une présentation stylée, personnelle, où s'exprime le pianiste et pas un compendium de Culture Générale, ça j'aime beaucoup. Ça ouvre la bonne partie des oreilles (celle qui écoute et jouit d'écouter, pas celle qui veut savoir).
Je n'aime pas du tout les présentations anecdotiques, je suis un peu psychorigide avec ça, je trouve que ce n'est pas faire honneur à la musique que de la faire précéder de trivialités.
Par contre une présentation stylée, personnelle, où s'exprime le pianiste et pas un compendium de Culture Générale, ça j'aime beaucoup. Ça ouvre la bonne partie des oreilles (celle qui écoute et jouit d'écouter, pas celle qui veut savoir).
Re: Incipit de récital
Merci, ça m'aide à décider, je n'aime pas présenter mon oeuvre mais j'ai fait quand on m'a demandé, maintenant en sachant que ça serait forcement pas stylée et qu'il y en ont qui n'aimeront pas, alors je ne me force plus !
“Wrong doesn't become right just because it's accepted by a majority.” - Booker Washington
Re: Incipit de récital
Ben ça aurait ton style, et de toute manière on ne peut pas plaire à tout le monde, ça quand même il faut se faire à l'idée
Donc la question est plus dans ce que tu as envie de faire et de dire. C'est en faisant qu'on découvre. Si ça se trouve tu seras excellente à cet exercice et tu en prendras le goût!

Donc la question est plus dans ce que tu as envie de faire et de dire. C'est en faisant qu'on découvre. Si ça se trouve tu seras excellente à cet exercice et tu en prendras le goût!
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Re: Incipit de récital
Je pense un peu comme Presto pour ma part.
Je n'aime pas les solistes qui parlent, ni au début, ni au milieu du concert. Cela me tire assez brutalement de ma rêverie, même quand le concert n'a pas encore commencé, on est déjà dans une autre atmosphère qui ne mérite pas d'être troublée par la parole...Le silence, puis la musique.
Un soliste est déjà un peu un être à part, et je préfère qu'il/elle se réhumanise seulement à la fin, au moment des bis, où l'on est presque rassuré de retrouver un être humain; et où j'attends d'entendre ces quelques mots. Mais pas avant.
Je n'aime pas les solistes qui parlent, ni au début, ni au milieu du concert. Cela me tire assez brutalement de ma rêverie, même quand le concert n'a pas encore commencé, on est déjà dans une autre atmosphère qui ne mérite pas d'être troublée par la parole...Le silence, puis la musique.
Un soliste est déjà un peu un être à part, et je préfère qu'il/elle se réhumanise seulement à la fin, au moment des bis, où l'on est presque rassuré de retrouver un être humain; et où j'attends d'entendre ces quelques mots. Mais pas avant.
Re: Incipit de récital
A force d'assister à des récitals de Laurent Martin et amis (il habite près de chez moi et joue beaucoup dans la région), je me suis habitué à la forme simple et assez pédagogique qu'il donne à ses apparitions scéniques. Il présente systématiquement les oeuvres ou au moins leur auteur, partage parfois une anecdote associée à l'oeuvre,le tout sans s'étendre à l'excès mais j'ai pu mesurer que le public un peu plus "profane" apprécie énormément ces présentations qui peuvent parfois un peu aider à appréhender des oeuvres entendues pour la première fois. De plus je ne me souviens pas d'un récital qui ne se soit pas terminé par un verre de l'amitié offert (quand ce n'est pas un vrai petit buffet!) pendant lequel les musiciens se mêlent au public de manière très sympathique. C'est une tradition de convivialité qui lui tient à coeur. Du coup quand je me retrouve dans un récital plus "normal", je peux sentir une certaine forme de distance (je m'assois, je joue, je me tire...) qui va un peu me frustrer, suivant la qualité du récital...et suivant mon humeur!
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Re: Incipit de récital
Normal que ce point fasse débat, je comprends tout à fait les réticences de certains, mais je pense que le milieu de la musique classique étant considéré, à tort ou à raison, comme élitiste, tout ce qui va dans le sens d'une démocratisation du concert est bon à prendre (dans une certaine mesure bien évidemment, il ne s'agit pas d'arriver déguisé en clown et tagada tsoin tsoin non plus...
...), la prise de parole désacralise un peu le concert, et rend le rapport avec le ou les concertistes plus direct, le public se sent valorisé, impliqué.

C'est sympa de parler mais jouons maintenant...
http://www.youtube.com/user/andante5133
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Re: Incipit de récital
Je comprends un peu les positions des deux côtés, mais personnellement j'aime beaucoup les courtes présentations du pianiste avant les morceaux.
Re: Incipit de récital
Eh, attention hein. On parle effectivement de concerts amateurs...On va pas se mettre à gueuler une biographie de Chopin à travers la philharmonie !
On est plus en mode "concert de salon" pratiquement, et on s'adresse en général à un public beaucoup plus profane.
Et puis franchement, j'ai toujours été un peu gêné par ce moment entre deux pièces durant lequel d'un coup la magie retombe, tout le monde se met à tousser, à bouger, le pianiste s'éponge le front etc...Là honnêtement en matière de "redescente sur terre" je trouve qu'on ne peut pas faire pire !
Après c'est aussi une question de caractère. Ceux qui sont gênés pour parler en public, ça ne leur réussira peut être pas. Mais je me dis que justement franchir le cap de s'exprimer librement devant un public sans ressentir d'inconfort, ça peut être une excellente première étape pour vaincre le trac. Autrement dit, je suis sûr que faire du théâtre pourrait apporter beaucoup à un pianiste amateur
On est plus en mode "concert de salon" pratiquement, et on s'adresse en général à un public beaucoup plus profane.
Et puis franchement, j'ai toujours été un peu gêné par ce moment entre deux pièces durant lequel d'un coup la magie retombe, tout le monde se met à tousser, à bouger, le pianiste s'éponge le front etc...Là honnêtement en matière de "redescente sur terre" je trouve qu'on ne peut pas faire pire !
Après c'est aussi une question de caractère. Ceux qui sont gênés pour parler en public, ça ne leur réussira peut être pas. Mais je me dis que justement franchir le cap de s'exprimer librement devant un public sans ressentir d'inconfort, ça peut être une excellente première étape pour vaincre le trac. Autrement dit, je suis sûr que faire du théâtre pourrait apporter beaucoup à un pianiste amateur

Re: Incipit de récital
Pour ma part ce n'est pas la même chose de tout (je n'ai pas trop de trac quand je parle devant un public) et finalement quand je l'avais fait à la demande, ça a aggravé mon trac, pas soulagé. Mais ça vaut la peine d'essayer, chacun est différent.
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