Le meilleur moment

[sylvie piano]

Depuis quelques temps je prends conscience qu'à la différence de mes jeunes années où j' engrangeais sans compter, certains moments de ma journée sont beaucoup plus précieux que d'autres.
Je pense que chacun possède des périodes de concentration dont l'acuité maximale est utile pour telle ou telle forme de travail. C'est vraiment important de Les repérer, car ces moments peuvent être brefs.
Je ne parlerai pas ici de la pleine conscience, du flow....
Non, simplement du petit travail quotidien. Si on veut apprendre le plus vite possible pour jouer le mieux possible.
En général ( Certainement pas toujours, ça dépend de chacun), le moment où on commence à travailler, est un moment de fraîcheur cérébrale. Il peut être judicieux de consacrer ce début à l'apprentissage méthodique. À cette fameuse mémorisation immédiate et systématique. Il ne s'agit pas de jouer, mais d' APPRENDRE ". Je reparlerai certainement du "mains séparées par coeur (ou voix séparées) " lequel pour bach notamment montre une belle efficacité.
On s'aperçoit très vite lorsque ce bon moment est dépassé, ça ne rentre plus. Il est temps de travailler les oeuvres déjà avancées.
Ce moment précieux pour moi n'intervient qu'une fois avec ce ressenti. Une fois par jour, c'est peu.
Je précise bien que ce n'est absolument pas le moment où je joue le mieux. Mais bien celui où j'apprends le mieux, ce qui n'a rien à voir.

J'engage chacun à essayer de percevoir ses meilleurs moments.

Meilleur moment pour la mémorisation, meilleur moment pour la technique, meilleur moment pour l'expression, meilleur moment pour l'intégration.

Il est tout à fait judicieux également de " relire " juste avant de dormir les nouveautés. Le lendemain
matin peut être miraculeux.

Mieux se connaître permet vraiment de gagner un temps précieux sur le long terme. Évidemment ça implique une grande discipline: apprendre avant de jouer.
J'espère que ces conseils pourront être bénéfiques à beaucoup. !!!!
Chercher, c'est passionnant, trouvez un peu, c'est jubilatoire et j'ai envie de le partager.

[Okay]

La qualité de concentration est sûrement l'un des facteurs déterminant le plus le résultat d'un travail. Travailler sans être ultra concentré sur ce qu'on fait, autant faire autre chose que du piano, ou bien juste jouer. Chez moi c'est très variable, et finalement ça peut être à n'importe quel moment de la journée. Je sais qu'en général, je suis particulièrement affûte cognitivement en milieu de matinée et tard le soir, avec une baisse de régime en début d'après-midi (digestion ?).

Au delà des heures optimales, l'autre facteur d'organisation qui améliore la productivité c'est le travail fractionné. Pour moi, en état de concentration intensive (là où le travail se fait "vraiment") c'est dur de dépasser des sessions de 40-45 minutes sur la même oeuvre. Après la tête sature, je sens que ça travaille à vide donc stop. Mais même une demi-heure comme ça, c'est davantage de progrès mesurables que répéter en boucle pendant des jours. Si j'ai du temps pour travailler davantage, je vais me lever du piano et faire autre chose entre les blocs de 30-40 minutes, ou bien enchaîner plusieurs blocs sur des oeuvres ou sections totalement différentes. Ca permet de ne pas épuiser la concentration, voire de la renouveler. Autant dire qu'avec du travail à la fois fractionné et aux meilleures heures, ça peut avancer très vite. Pour ce qui est de "jouer normalement" après une vraie séance de travail de cet ordre là, voire dans la même journée, c'est généralement compromis. Par contre, le lendemain on récolte énormément.

[Lee]

Jean-Séb a commencé un fil qui ressemble :
viewtopic.php?f=1&t=14025

Je reparlerai certainement du "mains séparées par coeur (ou voix séparées) " lequel pour bach notamment montre une belle efficacité.

Un trésor que je garde pour le jour...des encombrants.

[sylvie piano]

Ce que vous dites Okay rejoint ma pensée.
Lee, ce n'est pas exactement le propos de Jean Séb. L'idée n'est justement pas de trouver quand on joue le mieux,mais bien quand on travaille le mieux, ce qui n'a pas nécessairement grand chose à voir.

[Julien84]

Le matin est le meilleur moment pour moi et plus précisément le milieu de matinée, comme Okay. La première heure, quand les doigts sont encore pas bien "réveillés", est consacrée au déchiffrage, à se mettre une oeuvre dans les doigts; j'ai une mémoire plutôt kinesthésique. Ceci dit en fonction de mes horaires de travail je ne peux pas toujours être au piano le matin à 9h tapantes

[sylvie piano]

Le matin est le meilleur moment pour moi et plus précisément le milieu de matinée, comme Okay. La première heure, quand les doigts sont encore pas bien "réveillés", est consacrée au déchiffrage, à se mettre une oeuvre dans les doigts; j'ai une mémoire plutôt kinesthésique. Ceci dit en fonction de mes horaires de travail je ne peux pas toujours être au piano le matin à 9h tapantes

Je ne pense pas qu'on ait besoin d'avoir les doigts chauds juste pour " apprendre " et intégrer mentalement une oeuvre. Et je trouve la mémoire kinesthésique peu fiable dans le temps. Pouvez-vous jouer de mémoire une oeuvre non jouée depuis plusieurs semaines en vous appuyant sur cette mémoire ou l'associez - vous à d'autres ?
Quant aux horaires de travail.... C'est certainement un luxe que de pouvoir s'installer à son piano aux meilleures heures de travail efficace....
Pour ma part, au tout début de matinée je ressens une forme de clairvoyance. Comme si la nuit avait réorganiser mon cerveau et fait une nouvelle place toute libre. Ce temps unique est irremplaçable.

[Mylène]

Pour moi, le meilleur moment est environ 30 minutes après mon réveil, un peu après le petit-déjeuner.
Physiquement, ce n'est pas le meilleur moment, impression de doigts pâteux, en revanche, c'est là que mon esprit est le plus disponible, que je suis le plus réceptive et que j'enregistre le mieux. Ca dure environ 45 minutes.
Je sais qu'ensuite, je dois passer à des choses à entretenir, ou du déchiffrage. Même si je suis "échauffée", alors je sais que mon esprit est moins disponible. L'après-midi, impossible de me concentrer.
Pendant les vacances, je sens que je pourrais m'y remettre après manger vers 20h/20h30 car je me sens à nouveau disponible, mais je ne le fais pas car je suis en maison jumelée.
Je sais ces quelques minutes très précieuses alors je commence d'emblée par ce que je veux vraiment intégrer.
J'avais essayé (par bonne conscience) de commencer par me "réveiller" avec gammes, ou même un morceau su, mais je me rendais bien compte que j'avais aussitôt perdu en capacité "d’absorption" ensuite.

En revanche, ce temps est pour moi. Lorsque je prenais des cours, j'ai eu très longtemps mon cours à 9h, mais paradoxalement, je n’intégrais pas, et je m'énervais vite car à cette heure, j'ai besoin de calme, et je ne peux l'avoir qu'au piano, lui et moi.

[sylvie piano]

Oh ! Mylène, nous avons le même timing !!!! Exactement ! Mais lorsque je retravaille très tard le soir, mon temps efficace du matin est un peu différé....
Je me demande bien ce qu'en pense Strumpf avec son réveil matinal qui fait rêver !!!!

[Julien84]

Le matin est le meilleur moment pour moi et plus précisément le milieu de matinée, comme Okay. La première heure, quand les doigts sont encore pas bien "réveillés", est consacrée au déchiffrage, à se mettre une oeuvre dans les doigts; j'ai une mémoire plutôt kinesthésique. Ceci dit en fonction de mes horaires de travail je ne peux pas toujours être au piano le matin à 9h tapantes

Je ne pense pas qu'on ait besoin d'avoir les doigts chauds juste pour " apprendre " et intégrer mentalement une oeuvre. Et je trouve la mémoire kinesthésique peu fiable dans le temps. Pouvez-vous jouer de mémoire une oeuvre non jouée depuis plusieurs semaines en vous appuyant sur cette mémoire ou l'associez - vous à d'autres ?

Ah mais on est bien d'accord: je rêverais d'être comme ces pianistes à la mémoire photographique de la partition, car oui la mémoire kinesthésique est peu fiable! C'est surtout à elle qu'est due je pense les trous de mémoire pendant les concerts avec impossibilité de repartir en plein milieu d'une mesure, car les repères digitaux, le geste qu'on a physiquement intégré est rompu. J'en ai conscience et je m'appuie aussi quand je travaille une oeuvre sur l'analyse/jouer avec la partition/reprendre à différents passages/roder l'oeuvre devant un auditoire…

Pour en revenir au fil, j'ai quelques souvenirs sympas, quand j'habitais encore à la campagne, de séances de travail tard le soir et très productives!

[Juanito]

En voilà de bien jolies questions!

Je suis comme probablement beaucoup d'autres, par définition mes moments au piano sont tous des meilleurs moments, car je ne peux pas en dégager beaucoup: essentiellement le soir ou la fin d'après midi. Sans compter les périodes de déplacement professionnel, où c'est rien du tout pendant une semaine ou 15 jours par exemple... Sauf le week-end chez moi où c'est "dès que je peux"

Mais Par contre j'optimise! Il y a bien longtemps que je ne "joue" plus de piano chez moi pour faire joli, je ne fais que travailler de manière la plus efficace possible. 20mn de libre après ses tartines du matin? Hop on cible une oeuvre, un but de travail et on y va. Etant très passionné, ça se transforme tout de suite moment précieux! La question n'est donc pas de trouver le meilleur moment, mais le meilleur travail, la meilleure façon de jouer en accord avec le moment, qui soit la plus rentable et donc aussi la plus gratifiante. Envie de travail lent (comme ce soir) ou au contraire de rythmes et doubles croches, ou de travail sonore, parfois même juste passer 10mn sur 2 mesures.

Le tout est d'avoir un programme équilibré ou il y a de tout, ça évite de se lasser, très classiquement bach/baroque + etude + romantique + moderne (+ scott joplin?). Ca permet aussi de se relancer, et finalement de rebondir de meilleur moments en meilleur moments pour durer des heures et des heures (le piano tantrique quoi )

[sylvie piano]

Juanito... Encore !

[bicilici]

Bonjour,

Comme toi, Sylvie, je fais le constat que les heures de la journée ne se valent pas tous! Cela signifie que ce n'est pas tout d'avoir du temps (mais c'est déjà ça!), le mieux/meilleur c'est encore d'avoir du temps au bon moment. Le bon moment, celui où, comme tu le dis très justement, on est parfaitement clairvoyant, lucide... en état de fraicheur mentale quoi!

Pour ce qui me concerne, c'est clairement le matin, sitôt après le réveil (6h00). Le reste de la journée, je fais comme je peux: j'arrive assez vite à un état de somnolence Autant dire que tous les matins j'essaye d'avoir une 1/2 h ou 3/4 d'h de piano. Cela tient un peu de la discipline militaire, mais ce temps du matin est véritablement le plus propice. Si j'avais le luxe de pouvoir choisir, j'aurais bien aimé le situer en soirée. Les longues soirées d'hiver... Même quand on travaille, on a nécessairement des soirées (j'ai la chance d'avoir un travail qui peut parfois être ennuyeux, mais qui ne m'épuise pas totalement).

Si je suis incapable de tenir plus d'une heure au piano le soir, je peux par contre quitter l'instrument en ayant l'impression d'être épuisé, raplapla et... me retrouver tout guilleret devant un roman de Paul Auster, Russel Banks ou Coetze... C'est là qu'on voit que l'énergie (le type) que requiert la lecture et la pratique de l'instrument ne sont pas du tout du même registre. Pour ce qui me concerne tout au moins.

Bref, je suis plutôt merle que chauve souris (que j'aime bien, ceci dit )
Merci pour vos témoignages que je lis assidûment, quand bien même je participe rarement!
Bicilici

[Line-Marie]

c'est une question que je ne me suis jamais posée. Mes journées ont toujours été segmentées depuis ma jeunesse et j'ai toujours appris n'importe quand parce que sinon je n'aurais rien appris.
Bien sûr, j'ai des plages de travail au piano qui me sont chères, et cela a toujours été comme ça depuis toute petite : j'aime travailler très tôt le matin, entre 6h et 8h mais comme c'est quand même très tôt pour le reste de la maisonnée, en général, je peux travailler de 6h30 à 7h30 et après je vais au lycée. Puis j'adore travailler après les repas ....mais en fait, je fais de nombreuses séquences de 30 à 45 minutes et je commence chaque séquence par le morceau que je dois mémoriser , j'apprends quelques mesures ou une phrase ou une page , tout dépend de l'oeuvre. Je ne suis jamais fatiguée d'apprendre mais je ne dépasse pas iu très rarement une heure de travail au piano

[Mathieu79]

Le moment ou je me sens le plus concentré pour travailler, c'est mon jour de congé , après ma sieste de l’après midi.de 30 mn ou 1h .
A ce moment là je la fais sur mon canapé , et mon chat vient toujours ce nicher derrière mes jambes.

Je me sens détendu , et je commence les parties de partitions que je ne connais pas.
Je pense qu'a ce moment là jai facilement 30 mn de concentration.

Comme le dit Sylvie , ce moment ne se répète pas dans la journée ... mais il est vraiment agréable.
D'ailleurs, c'est mon moment à moi !! (15h)

Go !

[Oupsi]

Le meilleur moment pour travailler, pour moi c'est indubitablement les premières heures du matin et celles de la nuit bien avancée. Fraîche comme une rose dans le premier cas; dans le deuxième, une sorte de fatigue fait le tri entre ce qui est essentiel et ce qui ne l'est pas et l'imagination se venge des rigueurs de la journée, du coup c'est le moment de certaines petites découvertes qu'il convient de noter pour ne pas les oublier!

Maintenant, je chante beaucoup quand je travaille. Exploration des voix, tout ça. Je commence à beaucoup aimer ça. Mais cela suppose que je sois seule à la maison, sinon je n'y arrive pas (ça me paraît trop bizarre pour autrui!) Donc, pour le travail chanté, c'est quand je peux, quelle que soit l'heure!

[robbi]

moi un peu pareil que oupsi mais je ne peux plus suite à un accord passé avec mes voisins (et ma femme et mon fils aussi): jouer entre 9 h et 20 h

le matin,je m’échauffais longtemps les mains,je faisait du hanon et je décortiquais les morceaux. le soir,au début, de l’interprétation et plus tard les mesures répétitives des dizaines de fois.

mais ça c'était avant...

maintenant,je suis un peu perdu et je joue quand je peux.

vivement que je construise une maison avec des pièces insonorisées.

[sylvie piano]

Le meilleur moment pour travailler, pour moi c'est indubitablement les premières heures du matin et celles de la nuit bien avancée. Fraîche comme une rose dans le premier cas; dans le deuxième, une sorte de fatigue fait le tri entre ce qui est essentiel et ce qui ne l'est pas et l'imagination se venge des rigueurs de la journée, du coup c'est le moment de certaines petites découvertes qu'il convient de noter pour ne pas les oublier!

Maintenant, je chante beaucoup quand je travaille. Exploration des voix, tout ça. Je commence à beaucoup aimer ça. Mais cela suppose que je sois seule à la maison, sinon je n'y arrive pas (ça me paraît trop bizarre pour autrui!) Donc, pour le travail chanté, c'est quand je peux, quelle que soit l'heure!

C'est aussi ce que je ressens, clairvoyance du matin et soirées beaucoup moins contrôlées qui permettent de s'abandonner et de découvrir des idées instinctives qui s'expriment d'autant plus que le travail des matins a été très approfondi.
Ma chance, c'est ma liberté de travailler quand je veux, mes proches étant plus que conciliants.....

[chris76]

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