
Je vous présente mon enregistrement de ce Nocturne N°6 de Chopin.
https://www.youtube.com/watch?v=S_c7CpSwmqY (vidéo supprimée, voir lien suivant.)
Comme à l'habitude, je suis très attentif à vos critiques et suggestions et je vous en remercie.
Quand je me suis écouté je me suis rendu compte de ce que tu dis, je n'aurais pas dû poster ce nocturne de cette façon et être plus attentif à la partition que je laisse toujours trop vite de côté pour rabâcher en boucle le par coeur... Décidément j'y suis abonné à cette connerie, il va falloir que ça change !Ans00 a écrit:
La première partie me semble un peu trop métronomique et peut-être légèrement martelée. Si mes souvenirs sont bons, Chopin a indiqué : languido e rubato au début du nocturne.
Je n'ai rien en ma possession de ce que dit Cortot sur cette oeuvre.De plus, il est intéressant de savoir que Chopin avait indiqué sur le manuscrit : "Après une représentation de Hamlet" (cf. Cortot). On peut alors imaginer que cette première partie évoque le cimetière de la première scène. C'est un cimetière mystérieux et légèrement inquiétant et le rubato me semble nécessaire pour retranscrire ce genre d'atmosphère.
Oui c'est bien sotto voce mais je n'ai pas d'una corda sur ma partition Henle mais bien quelques basses piquées en fzLa deuxième partie est sotto voce, je crois. Je crois aussi que sur ma partition il y a una corda. J'ai l'impression que ça manque un peu, mais je ne suis sûr de rien, mon son est très faible.
Malheureusement je ne possède pas cette édition et je suis preneur de ces indications si tu veux bien me les transmettre.Pour la troisième partie, je trouve vraiment judicieux ce que dit Cortot. Un extrait : "L'ingénuité voulue de la mélodie et de l'harmonisation rudimentaire qui lui est associée sont [...] éloquemment suggestives d'une ambiance liturgique [...].", en rapport avec l'indication Religioso. Je pourrais éventuellement recopier le paragraphe entier si tu ne disposes pas de l'édition.
J'ai bien remarqué que ce devrait être plus lent avec une interprétation plus religieuse et plus feutrée et pour la dernière partie, j'ai tendance à mette un peu de pédale sur les blanches pointées mais pas sur les accords pointés bien que quelquefois je n'en mets pas du tout. Regarde le soulèvement des étouffoirs...À ce titre, j'entends ce passage plus lent que ce que tu en fais et très legato, mais ce n'est pas facile.
Enfin, pour la dernière partie, je trouve délicate la pédalisation de ces accords piqués. Quoi qu'il en soit, l'utilisation de la una corda me semble indiquée :
Dooo ré-mi mi
Laaa si-do do
C'est peut-être agréable à écouter mais ce n'est pas dans l'esprit du compositeurEncore une fois, c'est agréable à écouter.
Oui c'est bien trop métronomique, pas assez de ralentis et de respirations à certains endroits. Pour la partie religioso il m'est assez difficile de jouer ces accords très légatos. En effet les accords doivent changer au ras du clavier en faisant quelques substitutions mais mon 3ème doigt me joue des tours. Je suis quelquefois obligé de lever les accords afin de préparer une autre position à cause de ce 3ème doigt "en ressaut". L'ensemble du doigt plie bien sur toute sa longueur mais c'est quand je veux lui faire changer de position en le ramenant vers moi qu'il se bloqueBluePhoenix05 a écrit:
Salut André,
Pour moi le principal reproche est de ne pas arriver à entendre de vraies phrases. Je crois que ça manque de direction à plusieurs endroits, et que le balancement n'est pas très clair à d'autres. Peut-être que tu pourrais nous faire plus sentir la mesure à 3 temps, et regarder comment construire des progressions, par exemple en déterminant les points d'aboutissement intermédiaires/finaux des phrases, et être attentif par exemple aux endroits où la basse ne change pas : il y a potentiellement une attente/montée de la tension. Ca peut déjà changer comment tu joues.
Pour la partie religioso, ça manque aussi de legato pour moi. Il ne s'agit pas de liaison physique mais de faire chanter la partie supérieure. Peut-être que tu te repose trop sur les doigts seulement. Fais gaffe aussi dans certains accords les notes ne sont pas complètement ensemble.
Bien sur que ça m'aide, c'est tout à fait le but et je vous en remercie infiniment !J'espère que ça t'aide, je suis sûr que tu peux faire quelque chose de vraiment très bien avec ce nocturne![]()
Je mets la pédale sur chaque accord piqué en la relâchant aussitôt, afin de ne pas avoir un son trop sec. Je varie souvent à la répétition, en laissant plus de résonance, par exemple avec une liaison par demi-pédale tout en piquant avec les doigts.André Quesne a écrit :J'aimerais savoir comment tu gères la pédale à ces endroits. Pédale ou pas ?
Non, c'est pour signifier des plans sonores différents. Le trait d'union entre le ré et le mi est pour la liaison.André Quesne a écrit :Tel que tu représentes Dooo ré-mi mi tu laisses entendre que le la blanche pointée joue seule dans la mesure et que le ré est sur le 1er temps de la mesure suivante alors que ce n'est pas ça, le ré joue pendant la tenue du do et sur le 3ème temps de la mesure. Idem pour Laaa si-do do.
Alfred Cortot a écrit :Autant l'interprétation de la première idée avait de motifs de se complaire au rubato dont nous avons tenté de formulé le principe fondamental, autant il deviendra à partir d'ici, indispensable de conformer le tempo à cette sorte de placidité rythmique qui traduira déjà, d'un apport quasi matériel, l'impression de religiosité requise par l'indication de Chopin. On conseille aux pianistes qui ont quelque expérience de la technique du clavier de l'orgue, de s'inspirer du legato par doigtés de substitution pour l'exécution de tout cet épisode mystique.
L'ingénuité voulue de la mélodie et de l'harmonisation rudimentaire qui lui est associée, sont si éloquemment suggestives d'une ambiance liturgique que d'elles-mêmes elles imposent les conditions poétiques d'une interprétation qui ne sera vraiment fidèle à l'intention de Chopin que par son souci d'anonymat expressif. Timbrer discrètement à la main droite, la note inférieure de chaque accord, veiller à l'absolue régularité rythmique du naïf dessin de la basse, et tenir l'ensemble de cet épisode dans une atmosphère de sonorités flûtées, que l'on s'efforcera de rendre analogue à celle des "jeux de bouche" des plus simples registrations de l'orgue.
L'emploi de la pédale syncopée entre chaque enchaînement harmonique s'impose de lui-même comme adjuvant du legato.
Bonjour JPS,JPS1827 a écrit :Bonjour André,
encore un travail très soigneux que tu postes ! Indépendamment des conseils d'interprétation qu'on t'a déjà donné, je pense qu'il serait bien que tu profites du fait que tu le sais parfaitement pour faire un véritable travail sur le son. Que ce soit dans le motif du début ou dans le choral final, je pense que tu as un son trop "direct" qui nuit à l'impression de legato, qu'il faudrait remplacer par un son plus "sophistiqué". C'est une notion qui est difficile à expliquer. Disons que la différence objective consiste en quelques millisecondes de retard (son "chantant") ou d'avance ("son direct") dans l'attaque du doigt. Cela s'obtient en ayant une impression différente au moment d'attaquer le doigt, comme si, ayant le doigt prêt à jouer, on décidait de l'attaquer délicatement sans être pressé de jouer sur le temps et en évitant toute impression de percussion ; je ne sais pas si c'est compréhensible dit comme ça.
Sinon, le passage modulant avant l'arrivée du choral sonne un peu sec, je pense qu'il y faut des pédales un peu plus nourries.
Salut Wlad,Wladyslaw a écrit:
Moi mon cher Dédé, en toute honnêteté, je dois dire que je n'ai pas l'impression d'entendre du Chopin.
Est-ce que tu chantes dans ta tête ?
Sinon, tu as l'air immense face à ton piano, tu mesures combien ?
Tout à fait, je jouais un si naturel au lieu d'un si b aux mesures 95 et 111 ce qui a été rectifié dans ma nouvelle version ci-dessus.Ans00 a écrit:
Ah, oui, j'ai oublié : il y a une faute de texte, il me semble, mesure 95, vers 3:02, l'harmonisation sous le second ré de la grande phrase montante n'est pas bonne, et à nouveau lors de sa répétition.
En début de partition "languido e rubato" sont mentionnés ce qui peut donner peut-être un effet plus libre donc moins métronomique.Caralire a écrit:
Bravo d'abord pour ton travail et l'évolution depuis le précédent enregistrement. L'ambiance d'un nocturne de Chopin est cette fois bien présente, en particulier dans la première moitié. Il reste seulement un court passage de trois mesures à 0:20 où tu presses ta main gauche qui s'exprime seule et on perd la pulsation à trois temps, c'est déstabilisant à l'écoute.
Pourrais-tu développer un peu ?...La deuxième partie me paraît globalement plus hésitante, et en particulier vers 3:50. J'ai l'impression que tu perds le fil de ton discours, tu n'est plus au commandes et ce n'est pas incarné.
"Religioso" et "sotto voce" sont mentionnés à partir de la mesure 89 et par ailleurs aussi "sotto voce" à la mesure 51. Il me semble qu'augmenter l'amplitude irait à contre-sens des intentions du compositeur (ce qui m'était probablement reprochable dans ma première version.)De manière générale, l'enregistrement ne te rend pas forcément justice, mais les nuances ne me paraissent qu'ébauchées. Je t'encourage à augmenter l'amplitude et à mettre plus de passion dans les forte.
Elle me semble meilleure aussi même si elle n'est pas encore au top ! Je n'aurais pas dû effacer la première version qui me déplaisait. On aurait pu comparer...BluePhoenix a écrit:
Je crois que la 2e version est un peu meilleure mais je ne me souviens plus trop de la 1ere...
J'ai probablement trop accentué ces accents. S'agissant de la première partie, j'aurais dû les attaquer de moins haut ce qui aurait été suffisant.Pour moi il reste à améliorer le legato et un peu plus d'élasticité serait bienvenu à mon avis.
Pour le problème de son je n'aime souvent pas la façon dont tu essaies de réaliser les accents (trop accentués). En fait quand un accent (ou sfz) est indiqué, c'est une marque d'expression, ça ne veut pas dire qu'on veut forcément un son "direct" systématiquement.
Pour la partie religioso, les accords sont un peu trop "égaux", je ferais les 3e temps plus doux et je dessinerai mieux les progressions.
Sur le rythme croche pointée double (vers la fin), je sens comme un accent sur la double... Mais c'est difficile d'expliquer le son et le geste associé qu'il faudrait.
Bien sûr que rien ne vaut une discussion autour d'un piano ! Même si je ne vais pas aller plus loin avec ce nocturne, je considère que tes remarques sont très constructives et qu'elles m'aideront à améliorer d'autres morceaux.Mes. 7 j'ai l'impression que le ré est trop fort, alors qu'il doit "venir du" fa précédent (fin de la phrase).
Mes. 77 : je trouves que tu relâches la tension trop tôt alors qu'il y a plein des mesures qui arrivent pour "refroidir"
Pas évident de faire des remarques en vrac sans pouvoir discuter autour d'un piano de comment du conçois le nocturne, je suis allé vers ce qui était le plus facile à expliquer par écrit...