Bonjour,
Hier soir j'étais à Fête des Loges dans ma ville. Partout très fort, inéchappable, des tubes d'aujourd'hui, Louane, Stromae ou autres méconnaissables sauf des boum-boum-boum. Nous avons manger des premiers concertos de Tchaikovsky dans un faux diner américain dans lequel il mettait au moins 6 fois "Runaround Sue" avant de passer aux autres chansons américaines des années 50.
J'aurais bien voulu voyager dans le temps, voir et écouter la musique des fêtes foraines françaises d'antan. J'ai appris que la Fête des Loges existe depuis 1652. Voilà de Wikipedia, un dessin de Philibert-Louis Debucourt de Fête des Loges de 18ème siècle :
Alors je vous pose la question : quels jolis airs aurions-nous entendu dans les fêtes foraines d'antan ?
Musique des fêtes foraines anciennes
Musique des fêtes foraines anciennes
Modifié en dernier par Lee le sam. 11 juil., 2015 11:50, modifié 2 fois.
“Wrong doesn't become right just because it's accepted by a majority.” - Booker Washington
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Re: Musique des fêtes foraines anciennes
Strauss certainement
Vu la vogue des partitions piano conducteur à une époque ou les kiosques à musique étaient un lieu de rassemblement et de diffusuon de la msique sans doute beaucoup d'arrangements d'opéra
Sans oublier les orgues de barbarie
Un petit texte glané sur la toile
À la foire de Neuilly
Nous recevons les vers suivants d’un auteur anonyme
La musique tintamarre,
L’or du costume en chamarre
Rit sous la lumière d’or :
C’est la chanson du décor.
Viens nous en ô ma jolie
Célébrer notre folie
Et tout le plaisir cueilli
A la fête de Neuilly
Nous irons parmi la foule
Qui roule, coule et s’écoule
Bras en anses de paniers,
En ménage de portiers.
Nous verrons chaque baraque,
Et pour te complaire, braque,
Je serai ton truchement
Ecoute mon boniment.
L’éclair bleu des jarretelles
A lui, parmi les dentelles
Et fait rêver le puceau
Aux vélos de Barusseau
Nos mignonnes sont brisées,
Du sang perle en fleurs rosées
Aux lèvres que nous baisons
Quand on a vu les Pezons
Célimène se balade,
Tati rit à la parade
Et lui crie au dos : Eh va !
Où donc est la fleur qu’Eve a
Dans le paradis terrestre
Et dans la maison champêstre
Où notre bonne maman
Nous la montre avec Adam
Or, Mimi Pinson s’épate
Et ronronne et fait la chatte,
Et trouve toujours très bien
Delille en magicien.
Mais tombe une grâce austère,
Et pour n’être pas sévère
Au théâtre de Lauret,
Il faudrait être un goret
Dans le cinématographe,
Un monsieur pince et dégrafe
Sa voisine en profitant
De la sombreur d’un instant.
Mais près de là, chez Marseille,
Une belle ardeur s’éveille :
La cocotte aux reins brisés
Songe à d’inconnus baisers.
Partons pour d’autres rivages,
Allons-y de nos voyages,
De Félix au grand Lama
Mène le cyclorama
As-tu passé par les Caires,
As-tu connu les mouquères,
Près des déserts où Morès
A goûté le népanthès.
Ventres d’or, grâces pamées :
Nous irons voir les almées,
En beaux cheveux bruns ou roux
Dans la baraque d’Auroux
Le clown toujours en révolte
Saute et tourne et vire-volte,
Tout en grattant son benjo,
Dans le théâtre Esmenjaud
Mais la femme à barbe étale
Une toison magistrale
Qui, sans en faire un Eros,
Fait envie à Monsieur Strauss.
Maintenant, prenons la fuite,
Je te montrerai la suite,
Si ce n’est déjà de trop,
Dans un prochain numéro.
(Paris-Forain n° 4, dimanche 28 juin 1896)
Vu la vogue des partitions piano conducteur à une époque ou les kiosques à musique étaient un lieu de rassemblement et de diffusuon de la msique sans doute beaucoup d'arrangements d'opéra
Sans oublier les orgues de barbarie
Un petit texte glané sur la toile
À la foire de Neuilly
Nous recevons les vers suivants d’un auteur anonyme
La musique tintamarre,
L’or du costume en chamarre
Rit sous la lumière d’or :
C’est la chanson du décor.
Viens nous en ô ma jolie
Célébrer notre folie
Et tout le plaisir cueilli
A la fête de Neuilly
Nous irons parmi la foule
Qui roule, coule et s’écoule
Bras en anses de paniers,
En ménage de portiers.
Nous verrons chaque baraque,
Et pour te complaire, braque,
Je serai ton truchement
Ecoute mon boniment.
L’éclair bleu des jarretelles
A lui, parmi les dentelles
Et fait rêver le puceau
Aux vélos de Barusseau
Nos mignonnes sont brisées,
Du sang perle en fleurs rosées
Aux lèvres que nous baisons
Quand on a vu les Pezons
Célimène se balade,
Tati rit à la parade
Et lui crie au dos : Eh va !
Où donc est la fleur qu’Eve a
Dans le paradis terrestre
Et dans la maison champêstre
Où notre bonne maman
Nous la montre avec Adam
Or, Mimi Pinson s’épate
Et ronronne et fait la chatte,
Et trouve toujours très bien
Delille en magicien.
Mais tombe une grâce austère,
Et pour n’être pas sévère
Au théâtre de Lauret,
Il faudrait être un goret
Dans le cinématographe,
Un monsieur pince et dégrafe
Sa voisine en profitant
De la sombreur d’un instant.
Mais près de là, chez Marseille,
Une belle ardeur s’éveille :
La cocotte aux reins brisés
Songe à d’inconnus baisers.
Partons pour d’autres rivages,
Allons-y de nos voyages,
De Félix au grand Lama
Mène le cyclorama
As-tu passé par les Caires,
As-tu connu les mouquères,
Près des déserts où Morès
A goûté le népanthès.
Ventres d’or, grâces pamées :
Nous irons voir les almées,
En beaux cheveux bruns ou roux
Dans la baraque d’Auroux
Le clown toujours en révolte
Saute et tourne et vire-volte,
Tout en grattant son benjo,
Dans le théâtre Esmenjaud
Mais la femme à barbe étale
Une toison magistrale
Qui, sans en faire un Eros,
Fait envie à Monsieur Strauss.
Maintenant, prenons la fuite,
Je te montrerai la suite,
Si ce n’est déjà de trop,
Dans un prochain numéro.
(Paris-Forain n° 4, dimanche 28 juin 1896)
- jean-séb
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Re: Musique des fêtes foraines anciennes
Il y a 100 ans, en pleine guerre, je ne sais pas si le cœur était à la fête foraine encore qu'il faille bien remonter le moral des troupes et de l'arrière.
On aurait entendu beaucoup de musique oubliable, des airs en vogue, mais surtout, on l'aurait entendu MOINS FORT. Les Limonaires et les orgues de Barbarie ne nous perçaient pas les oreilles de la même manière. Il y aurait eu des airs de valse, Waldteufel plutôt que Strauss (surtout pendant la guerre). Ou alors, si l'on jouait du Strauss, c'était notre Strauss à nous, Isaac Strauss, bien oublié aujourd'hui. Peut-être parfois un orchestre d'harmonie sous un kiosque.
En revanche, si l'on remonte plus loin, aux foires du XVII et XVIIIe siècles, là est la naissance de l'opéra-comique. Pas mal, quand même.
On aurait entendu beaucoup de musique oubliable, des airs en vogue, mais surtout, on l'aurait entendu MOINS FORT. Les Limonaires et les orgues de Barbarie ne nous perçaient pas les oreilles de la même manière. Il y aurait eu des airs de valse, Waldteufel plutôt que Strauss (surtout pendant la guerre). Ou alors, si l'on jouait du Strauss, c'était notre Strauss à nous, Isaac Strauss, bien oublié aujourd'hui. Peut-être parfois un orchestre d'harmonie sous un kiosque.
En revanche, si l'on remonte plus loin, aux foires du XVII et XVIIIe siècles, là est la naissance de l'opéra-comique. Pas mal, quand même.
Re: Musique des fêtes foraines anciennes
Merci pour ces jolies contributions. Je ne connaissais pas Isaac Strauss, mais j'aurais préféré entendre ça hier !
https://www.youtube.com/watch?v=N_G4nDd1cBU
https://www.youtube.com/watch?v=N_G4nDd1cBU
Je me suis mal exprimé, je voulais dire il y a 110 ans, 125 ans, 150 ans, etc.jean-séb a écrit :Il y a 100 ans, en pleine guerre, je ne sais pas si le cœur était à la fête foraine encore qu'il faille bien remonter le moral des troupes et de l'arrière.
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Re: Musique des fêtes foraines anciennes
désolée, il faut revoir mon PC, je fais des doublons tout le temps. 

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Re: Musique des fêtes foraines anciennes
C'est ce que j'avais compris pour ma part d'où StraussJe me suis mal exprimé, je voulais dire il y a 110 ans, 125 ans, 150 ans, etc.
Il est sûr qu'à certaines périodes il valait mieux ne pas jouer de Strauss en France sous peine de finir comme le héros malheureux du roman de Teulé "mangez-le si vous voulez" roman par ailleurs savoureux si je peux me permettre ...