strumpf a écrit :Okay, je ne sais pas si tu as lu ce qu'écrit Guy Sacre sur cette Arietta :
Souvenirs (en mi bémol majeur, tempo di valse) dernière du recueil et dernière Pièce Lyrique, reprend de façon saisissante l'Arrietta qui constitua 34 ans plus tôt, la première.
Grieg a transformé les deux temps de la pièce d'origine en valse hésitation; hésitation de la mémoire, qui suspend le thème, le fait basculer de mo bémol à ré, à si bémol , revenir à mi bémol et s'arreter d'un coup, en plein essor, comme fauché par la barre de mesure. Et cet arrêt nous bouleverse, encore plus irrémédiable que la question sans réponse du Warum de Schumann.
Je n'avais pas pensé à regarder, merci. C'est tout à fait ça cette pièce, une déroutante question sans réponse !
Lee a écrit :Mais la dernière était publié en 1901 selon Wikipedia, et Grieg est mort en 1907. Ce n'est pas lui qui l'avait justement voulu boucler ces Pièces Lyriques ?
Merci Lee. Donc oui c'est un geste clairement prémédité. J'aimerais comprendre pourquoi en fait ... il ne savait pas combien d'années il pourrait encore écrire bien sur, mais j'ai du mal à me faire à l'idée qu'un créateur rende son tablier comme ça de manière si anticipée. Je pense à Chopin qui a griffonné des mazurkas pour chanter sa Pologne jusqu'à la toute fin, dans un état de santé misérable ...
La seule idée qui me vient est la perte d'envie ... l'hypothèse est plus audacieuse et repose sur la grande inégalité de qualité des pièces lyriques, qui à mes yeux comportent des bijoux, de jolies pièces, et des choses que je trouve à la limite de l'insipide. Donc devant autant d’hétérogénéité, je ne peux pas n’empêcher de penser que certains cahiers sont des commandes qu'il fallait honorer, par exemple écrire 2 petites choses dans la hâte pour un contrat promettant un opus de 5 pièces. Plus d'envie ? plus de demandes de l'éditeur ? l'impression d'avoir déjà tout dit et de se redire ? l'intuition que la fin est proche ? Mystère ...