La question peut en effet se poser lorsque l'on compare les modèles d'une même marque, mais rassurez vous, à ce niveau de "prestige", les marques ont tout intérêt à aller chercher l'excellence dès leurs premiers modèles, afin de ne pas se mettre à dos toute une partie de leurs fidèles (et aussi parce que les marques ont une éthique et un savoir faire à défendre)!

Et pour compenser, certaines marques ont une "famille" qui, elle, répond à des normes qualités moins poussées: Essex et Boston pour Steinway, Zimmermann et Hoffmann pour Bechstein, etc.
Chez Steinway, les "petits" pianos n'ont pas forcément le rendu musical et la qualité de toucher escomptée, même si l'on peut croiser certains M ou O réellement excellents, mais ils sont peu nombreux. Le modèle S, lui, est particulièrement affecté par sa courte taille; si les aigus s'en sortent bien, il sonne globalement assez "boîte à chaussures" et ne séduit pas forcément les musiciens (mais plutôt les décorateurs d'intérieurs

). Le toucher est rarement excellent, on sent que ces petits pianos sont des instruments "à compromis techniques", malgré une mécanique très exigeante.
Chez Steingraeber, le modèle 170 est un véritable ovni... En effet, ce piano fut un véritable choc lors de son lancement, tant il est parfait à tous points de vue. Sa taille est vite oubliée, car la conception de ce piano a utilisé la largeur pour disposer les cordes selon un plan tout à fait inédit, et le résultat est sublime; projection, profondeur, tout y est. Au niveau mécanique, malgré les rapports de levier assez courts, on atteint l'excellence également, car Steingraeber a été très loin dans le souci d'une conception performante et expressive. A mon sens, c'est le meilleur "petit 1/4 de queue" que l'on puisse actuellement trouver.
Chez Bösendorfer, l'intérêt du modèle 155 est assez discuté et discutable, car il n'apporte pas grand chose à la gamme, en terme de musicalité; c'est un modèle qui permet à Bösendorfer de se placer sur la gamme des "petits pianos", avant tout (on sent très nettement la patte de Yamaha derrière cette démarche). Personnellement, je vous encourage à essayer un 170, car c'est un très bon piano, même s'il n'a pas l'équilibre du Steingraeber, mais il s'en sort admirablement bien; c'est un piano puissant qui projette, mais on peut lui demander toute une palette en velouté, si l'harmonisation a été soignée. Le toucher est particulier, ce n'est pas un piano "standard", et la préparation est à suivre de près pour que vous puissiez obtenir un instrument expressif. Mais lorsque les fées se sont penchées sur ce piano, c'est un excellent modèle!
Enfin, un instrument trop rarement présent en France: le Fazioli 156. Dans cette taille là, en dessous de 170, c'est pour moi LE piano à essayer. Aucun compromis technique ou sonore, même si la taille est courte, mais le rendu musical est au rendez-vous. Les basses ne sont pas "énormes", entendons-nous bien, mais elles sont particulièrement bien définies et timbrées, ce qui évite la sensation de limite. La mécanique a été entièrement pensée pour que le toucher ne donne pas cette sensation fuyante que l'on trouve chez Steinway; si vous croisez ce modèle, jouez-le tout simplement, sans a priori.
