Rescapé d'une séance d'enregistrement de ce week-end, dans une acoustique sèche au possible, voici tant bien que mal la transcription de Liszt de "Isoldes Liebestod", scène finale du monument de Wagner "Tristan et Iseult"
Ce n'est pas le rendu que je voulais, et j'ai hésité avant de le publier. Mais ça pourrait lancer une discussion intéressante sur la musique de Wagner que je trouve vraiment fascinante en m'y étant plongé pour l'occasion.
La mort d'Iseult
La mort d'Iseult
Modifié en dernier par nox le mer. 11 févr., 2015 9:11, modifié 1 fois.
- jean-séb
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Re: La mort d'Iseult
Bien d'accord avec toi pour le côté fascinant de la musique de Wagner et la jouer au piano est un excellent moyen de se l'approprier, de la mieux comprendre, d'en jouir. Les transcriptions sont souvent trop difficiles pour les pianistes d'un niveau moins élevé que le tien, mais on peut quand même avoir des plaisirs intenses au déchiffrage de certaines œuvres ou passages (Parsifal, par exemple) tellement les harmonies sont bouleversantes.
En revanche, les transcriptions, pour l'auditeur, sont quand même à mille lieues de l'original pour orchestre, même quand elles sont faites par des génies comme Liszt ou autres.
Elles sont cependant très intéressantes en musique vivante, mais elles pâtissent généralement de l’enregistrement.
C'est le cas de ton enregistrement, et notamment du début, la batterie de la main gauche est cent fois trop forte, trop présente, et empêche d'entendre, d'apprécier la magie du thème de la main droite qui doit s'élever au-dessus de la brume imperceptible de la main gauche. Très difficile à réaliser au piano je suppose, et surtout très difficile à enregistrer à cause des corrections automatiques souvent faites par les appareils qui grossissent le son de la main gauche. Cependant, le rendu de Rudy montre ce à quoi il faut à mon avis parvenir :
https://www.youtube.com/watch?v=AQsihzXebis
En tout cas, tu as dû te faire plaisir en jouant ce morceau admirable : quel bonheur de démiurge ce doit être de pouvoir faire naître sous ses doigts tant d'images puissantes. J'aurais sûrement moi aussi beaucoup de plaisir et d'admiration à t'entendre "en vrai" !
En revanche, les transcriptions, pour l'auditeur, sont quand même à mille lieues de l'original pour orchestre, même quand elles sont faites par des génies comme Liszt ou autres.
Elles sont cependant très intéressantes en musique vivante, mais elles pâtissent généralement de l’enregistrement.
C'est le cas de ton enregistrement, et notamment du début, la batterie de la main gauche est cent fois trop forte, trop présente, et empêche d'entendre, d'apprécier la magie du thème de la main droite qui doit s'élever au-dessus de la brume imperceptible de la main gauche. Très difficile à réaliser au piano je suppose, et surtout très difficile à enregistrer à cause des corrections automatiques souvent faites par les appareils qui grossissent le son de la main gauche. Cependant, le rendu de Rudy montre ce à quoi il faut à mon avis parvenir :
https://www.youtube.com/watch?v=AQsihzXebis
En tout cas, tu as dû te faire plaisir en jouant ce morceau admirable : quel bonheur de démiurge ce doit être de pouvoir faire naître sous ses doigts tant d'images puissantes. J'aurais sûrement moi aussi beaucoup de plaisir et d'admiration à t'entendre "en vrai" !
Re: La mort d'Iseult
J'avais la même impression concernant la main gauche mais je me demandais si c'était le piano mal réglé...pour moi les basses du piano sonnent très bizarres, à la fois très sonores et creux.
“Wrong doesn't become right just because it's accepted by a majority.” - Booker Washington
Re: La mort d'Iseult
C'est sûr que le piano et l'acoustique n'aident pas (Yamaha et moi, on n'est décidément pas amis), mais on va pas se mentir y'a clairement un travail à faire côté pianiste aussi.
En fait pour moi le problème est qu'il faudrait rehausser toutes les nuances d'un cran ou deux. Très facile dans une salle de concert, impensable sinon...C'est la seule solution que je vois pour garder à la fois des tremolos très serrés, très maîtrisés sur le plan sonore, et qui ne restent que l'ombre du chant. A noter aussi une difficulté, d'après les versions orchestrales que j'ai écoutées, la dernière note de chaque phrase du chant est en fait chantée par les trémolos :
mi b - la b - la b - sol - sol b - la b - si b - fa. Ce fa, c'est le tremolo qui le joue. C'est un sacré équilibre à trouver du coup.
En tout cas je confirme : c'est à la fois captivant et frustrant à travailler.
Captivant parce qu'il y a un véritable langage wagnérien à s'approprier et à découvrir.
Frustrant parce que pour rendre justice à cette oeuvre, il faut outre 10 doigts pas maladroits, avoir deux ou trois têtes tellement il y a de choses à suivre et à réaliser en parallèle. Et certes, l'effet produit est loin (disons différent) de ce qui se passe quand cette musique est jouée par un orchestre et vient couronner 4h d'opéra intenses.
En fait pour moi le problème est qu'il faudrait rehausser toutes les nuances d'un cran ou deux. Très facile dans une salle de concert, impensable sinon...C'est la seule solution que je vois pour garder à la fois des tremolos très serrés, très maîtrisés sur le plan sonore, et qui ne restent que l'ombre du chant. A noter aussi une difficulté, d'après les versions orchestrales que j'ai écoutées, la dernière note de chaque phrase du chant est en fait chantée par les trémolos :
mi b - la b - la b - sol - sol b - la b - si b - fa. Ce fa, c'est le tremolo qui le joue. C'est un sacré équilibre à trouver du coup.
En tout cas je confirme : c'est à la fois captivant et frustrant à travailler.
Captivant parce qu'il y a un véritable langage wagnérien à s'approprier et à découvrir.
Frustrant parce que pour rendre justice à cette oeuvre, il faut outre 10 doigts pas maladroits, avoir deux ou trois têtes tellement il y a de choses à suivre et à réaliser en parallèle. Et certes, l'effet produit est loin (disons différent) de ce qui se passe quand cette musique est jouée par un orchestre et vient couronner 4h d'opéra intenses.
Re: La mort d'Iseult
Bon le son est quand même vraiment pas terrible en effet.
Je referai un enregistrement, mais je ne sais pas trop où. Peut-être à l'occasion d'un concert en avril/mai si ça se concrétise. A suivre
Je referai un enregistrement, mais je ne sais pas trop où. Peut-être à l'occasion d'un concert en avril/mai si ça se concrétise. A suivre

Re: La mort d'Iseult
J’ai écouté, c’est du bon boulot bravo. Alors oui, c’est clair que le piano est extrêmement limitant, on devine qu’il offre très peu de possibilités sonores, à un tel point qu’il en est difficile de dire grand-chose de constructif pour une version de ce niveau. Il ne faut pas blâmer Yamaha en général, et assimiler cette marque aux pianos incontrôlables qui claquent comme celui là. Le son Yamaha peut aussi être très précis, riche et moelleux sur un instrument bien entretenu (même un droit).
Donc dans ces conditions, impossible de te dire qu’on aimerait des trémolos plus fondus à gauche (peut-être le seraient-ils sur un autre piano), plus de sensualité dans la section à partir de 1:30, ou que la dernière page scintille davantage. En revanche, on sent que c’est déjà bien charpenté, qu’il y a une intention de soigner les plans et le legato. Mais aussi en quelques rares endroits un peu de nervosité parasite ou au contraire des attentes peut-être excessives.
On aimerait t’entendre sur un instrument dont l'état offre de vraies dynamiques !
Donc dans ces conditions, impossible de te dire qu’on aimerait des trémolos plus fondus à gauche (peut-être le seraient-ils sur un autre piano), plus de sensualité dans la section à partir de 1:30, ou que la dernière page scintille davantage. En revanche, on sent que c’est déjà bien charpenté, qu’il y a une intention de soigner les plans et le legato. Mais aussi en quelques rares endroits un peu de nervosité parasite ou au contraire des attentes peut-être excessives.
On aimerait t’entendre sur un instrument dont l'état offre de vraies dynamiques !
Re: La mort d'Iseult
J'avoue que je ne suis jamais tombé sur ce type d'instrument. Les Yamaha sont de très bons instruments, mais qui réclament de la part du pianiste une énorme précision (mais qui offrent aussi du coup énormément de possibilités sur les plans sonores) et beaucoup de contrôle. De fait quand je joue sur ces instruments je ne me sens pas du tout en sécurité, très exposé.Okay a écrit :Le son Yamaha peut aussi être très précis, riche et moelleux sur un instrument bien entretenu (même un droit).
A mon niveau, j'ai encore beaucoup besoin d'être "assisté" par l'instrument et d'avoir plus de confort. Typiquement pour cet enregistrement, je n'ai jamais pu "lâcher la bride" émotionnellement, tellement je devais me concentrer sur le piano.
Re: La mort d'Iseult
Ayant possédé un U3 je peux en témoigner ... assez miraculeux après le passage de l'accordeur, même ses aigus étaient assez ronds. Mais j'avoue que 90% du temps, les Yam que j'ai joués réagissaient comme celui de ton enregistrement. En fait, les seuls qui étaient très agréables étaient ceux de certaines salles de cours du CNR et ceux entretenus par leur propriétaire particulier. En outre, c'est une marque dont j'adore la mécanique. Sinon ça peut être un calvaire où en effet la grande attention nécessaire pour contrôler le son rend assez nerveux.
En fait, un très bon piano réclame aussi énormément de précision, sauf que dans ce cas c'est parce qu'il restitue les moindres inflexions de ton jeu. Tandis que le Yam qui claque, tu dois être précis pour ne pas partir dans le décor. La notion de précision n'a du coup aucun rapport. C'est comme un écran très haute résolution comparé à celui d'une game boy (désolé pour les plus jeunes) : le premier peut être bluffant de réalisme si l'image est bien filmée, tandis que sur le second il suffit de quelques pixels de travers pour fausser la représentation.
Le très bon piano qui est précis, en fait il t'assiste comme tu dis, car il répond au doigt et à l'oeil. Il se laisse dompter, il est de ton côté. Ce n'est pas une question de niveau à mon avis, c'est objectivement très inconfortable de jouer sur un piano à la réponse dynamique assez binaire. Il ne s'agit pas d'être assisté, mais que le piano se laisse contrôler.
En fait, un très bon piano réclame aussi énormément de précision, sauf que dans ce cas c'est parce qu'il restitue les moindres inflexions de ton jeu. Tandis que le Yam qui claque, tu dois être précis pour ne pas partir dans le décor. La notion de précision n'a du coup aucun rapport. C'est comme un écran très haute résolution comparé à celui d'une game boy (désolé pour les plus jeunes) : le premier peut être bluffant de réalisme si l'image est bien filmée, tandis que sur le second il suffit de quelques pixels de travers pour fausser la représentation.
Le très bon piano qui est précis, en fait il t'assiste comme tu dis, car il répond au doigt et à l'oeil. Il se laisse dompter, il est de ton côté. Ce n'est pas une question de niveau à mon avis, c'est objectivement très inconfortable de jouer sur un piano à la réponse dynamique assez binaire. Il ne s'agit pas d'être assisté, mais que le piano se laisse contrôler.