Bonjour,
Je dirais que ces inventions sont toutes difficiles pour l'indépendance des mains. Comme beaucoup de pièces de Bach. Donc c'est vraiment normal que vous éprouviez de la difficulté qui plus est si vous chantez en même temps. À titre très personnel, je ne vois pas trop l'intérêt de cet exercice car la voix de la main gauche vous saute naturellement aux yeux (aux oreilles) au moins lorsque vous la travaillez séparément. Lorsque vous mettez ensemble, outre le fait de faire ressortir les voix de chaque main, vous êtes parfois obligé, selon moi, de privilégier une voix plutôt que l'autre. A ce moment précis intervient le problème de l'équilibre (ou du déséquilibre) entre les mains. Ce que je vais dire va paraître bête tellement cela semble évident mais vous devez donc être 200% à l'écoute de ce que vous produisez sur votre instrument. Aussi chanter ne parasite-t-il pas votre écoute ?
J'ai récemment joué les 15 inventions à un concert d'amateurs et je trouve que chacune est une petite pépite avec ses intérêts propres (quel plaisir d'ailleurs de les enchaîner un peu comme on construirait un cycle de variations même si c'est différent). Titi du 34 mentionne la numéro 13 (la mineur). Elle n'est pas plus difficile qu'une autre. Si elle vous plaît, vous pouvez l'aborder. Surtout qu'elle fait partie de celle avec lesquelles on peut jouer sur le tempo : plusieurs sont possibles, comme pour la quatrième (ré mineur), la huitième en fa majeur, la quatorzième en si bémol majeur (on rappelle qu'ils ne sont pas mentionnés sur la partition). Sur un plan technique, celle en mi bémol (n°5) vous aidera assurément, je pense. Elle est par ailleurs assez passionnée. Sur le plan du travail de l'écoute, il y a la seconde, c'est vrai, mais aussi celle en mi mineur (n°6) et la 9ème en fa mineur est très intéressante : presque ingrate au départ, plus vous la jouez, plus elle se révèle (et vous révèle, d'ailleurs...

). C'est aussi le cas de la 11ème mais c'est encore "pire". Celle-ci, je ne vous la conseillerais pas car vous aurez sûrement du mal à y prendre du plaisir, à votre niveau je veux dire. C'est celle qui demande le plus "d'interprétation" sans quoi elle peut rester insipide et ce serait dommage.
Une autre peut vous permettre de travailler sur la reprise, puisque c'est la seule invention à en posséder une : celle en mi. Il faut prendre garde à ne pas répéter de la même manière la seconde fois. C'est intéressant de dramatiser et d'amplifier cette reprise.
Sinon, la plus passionnée est la dernière en si mineur mais c'est aussi je pense la plus dure.
Vous l'aurez constaté, attention aux doigtés dans Bach, c'est la clef. Personnellement, il me semble que chaque pianiste doit privilégier ceux avec lesquels il se sent le plus à l'aise (les morphologies des mains changent tellement d'une personne à une autre, y a-t-il une vérité là-dedans ?), le but étant toujours la musique et pas le dogme.
Bon travail et j'espère ne pas m'être trompé dans les numéros...
