Chronique d'une pianiste passionnée

[sylvie piano]

LE CONCERT VIVANT : UN RAPPORT ESSENTIEL

Si les enregistrements sont des outils merveilleux , le concert vivant est irremplaçable.
L'émotion ressentie décuple. L'éphémère donne une préciosité. On se blottit, on entre dans une dimension insoupçonnée.
Une oeuvre mille fois écoutée nous attrape au vol et nous la redécouvrons différente, unique.
Vivre à Nantes est un privilège. C'est la ville de la Folle Journée. Je ne connais aucun festival comparable.
C'est un moment rare , absolument éblouissant: cette foultitude de concerts , le public tellement divers, les jeunes interprètes, les orchestres, la musique partout et pendant cinq jours consécutifs.
Un bain de jouvence! cette année encore!
Les places ,c'est pour Samedi.... Mais auparavant, les conversations se bousculent ..."Qui fait la queue? Tu y vas quels jours? Tu as vu il y a Corboz cette année encore!..."
Pour les enfants, il y a vraiment des concerts adaptés. Pour les professionnels aussi , c'est l' incroyable festival!
Mon coeur bat déjà en me remémorant toutes ces émotions vécues les années précédentes, nous nous réservons ces quelques jours entiers.
Nous fermons à double tour le reste de nos vies. Ce ne sera que musique , cinq jours dédiés à notre passion!
Cinq jours de folie! Préparés dans les moindres détails, ne pas manquer l'immanquable! Le messie, la nuit transfigurée...Et le piano! Le concerto de Grieg, et Bach cette année!
De Rémi Géniet à Zhu Xiao-Mei en passant par Matan Porat sans oublier Laloum et Berezovsky et Giusano et Perez.......
De Vendredi à Samedi nous ne dormirons pas, nous attendrons samedi soir, nos billets en poche....

[katy]

Si j'étais à Nantes j'irais certainement...Chaque année ça me chagrine. Néanmoins j'aurais un peu envie de me faire l'avocat du diable :
j'ai été à des concerts organisés par René Martin à Paris, des folles journées à plus petite échelle, c'est pas cher certes... l'agressivité des gens avant les concerts m'a beaucoup déplu (pas de places numérotées... ) Les artistes sont mis dans des conditions pas faciles... ca marche du tonnerre, certes, mais on sait aussi qu'ils ne peuvent pas beaucoup répéter, qu'ils enchaînent les prestations. Ca démocratise la musique, je sais... j'ai de la peine à être 100 % enthousiasmée par le mode d'organisation. A mon goût trop de concerts, trop de monde, trop de tout Ca fait limite un peu "industrie". Enfin en cherchant la peite bête, ceux qui sont sur place ont bien raison d'en profiter.
Toujours en me faisant l'avocat du diable, ayant beaucoup de disques Mirare, étant allée à ces concerts à Paris et ayant vu un peu comment ça fonctionne... René Martin fait quand même un peu la pluie et le beau temps dans le monde du piano... Il y a des gens qui ne sont jamais invités, certains qui me semblent véritablement "fabriqués" par lui, fortement mis en avant... Je pourrais citer quelques noms de très bons pianistes français qui semblent totalement en-dehors de ce circuit...Pourquoi ?

[Arabesque44]

Si j'étais à Nantes j'irais certainement...Chaque année ça me chagrine. Néanmoins j'aurais un peu envie de me faire l'avocat du diable :
j'ai été à des concerts organisés par René Martin à Paris, des folles journées à plus petite échelle, c'est pas cher certes... l'agressivité des gens avant les concerts m'a beaucoup déplu (pas de places numérotées... ) Les artistes sont mis dans des conditions pas faciles... ca marche du tonnerre, certes, mais on sait aussi qu'ils ne peuvent pas beaucoup répéter, qu'ils enchaînent les prestations. Ca démocratise la musique, je sais... j'ai de la peine à être 100 % enthousiasmée par le mode d'organisation. A mon goût trop de concerts, trop de monde, trop de tout Ca fait limite un peu "industrie". Enfin en cherchant la peite bête, ceux qui sont sur place ont bien raison d'en profiter.
Toujours en me faisant l'avocat du diable, ayant beaucoup de disques Mirare, étant allée à ces concerts à Paris et ayant vu un peu comment ça fonctionne... René Martin fait quand même un peu la pluie et le beau temps dans le monde du piano... Il y a des gens qui ne sont jamais invités, certains qui me semblent véritablement "fabriqués" par lui, fortement mis en avant... Je pourrais citer quelques noms de très bons pianistes français qui semblent totalement en-dehors de ce circuit...Pourquoi ?

Tout cela me semble parfaitement exact! Et pendant plusieurs années, j'avais même totalement cessé de les fréquenter pour ces raisons. Le système de réservation n'est pas équitable ( des quantités de places sont bloquées d'avance, même pour ceux qui font la queue des heures de nuit!) et la cohue sur place peut dissuader de revenir. En effet, pas de places numérotées( sauf pour les concerts de l'auditorium) les gens arrivent 1h à l'avance et défendent leur place bec et ongles... Bref il faut s'attendre à passer pas mal de temps debout, et il ne faut pas choisir des concerts trop rapprochés, faute de quoi on se retrouve très mal placé ( pour le même prix). Quant-à déguster un café ou un sandwich...vaut mieux apporter ses provisions!
Pour ce qui est du choix des interprètes, ça sent un peu le copinage ce qui ne me dérange pas plus que ça. Le choix reste très large.
Je garde un souvenir ébloui des premières éditions, où on pouvait encore avoir des places pour le concert de clôture le jour même!
Je réserverai tout de même quelques places par internet dimanche un peu au "petit bonheur", avec une préférence pour les horaires matinaux, un peu moins de monde. Mais il ne faut pas se leurrer, les concerts les plus "cotés" sont complets avant même d'être mis en vente pour le public lambda.

[katy]

Tout cela me semble parfaitement exact! Et pendant plusieurs années, j'avais même totalement cessé de les fréquenter pour ces raisons. Le système de réservation n'est pas équitable ( des quantités de places sont bloquées d'avance, même pour ceux qui font la queue des heures de nuit!) et la cohue sur place peut dissuader de revenir. En effet, pas de places numérotées( sauf pour les concerts de l'auditorium) les gens arrivent 1h à l'avance et défendent leur place bec et ongles... Bref il faut s'attendre à passer pas mal de temps debout, et il ne faut pas choisir des concerts trop rapprochés, faute de quoi on se retrouve très mal placé ( pour le même prix). Quant-à déguster un café ou un sandwich...vaut mieux apporter ses provisions!

C'est exactement ce qui s'est passé quand j'y étais à Paris, personnellement j'ai détesté cette ambiance pré-concert sans compter la perte de temps, en ayant pris des billets plusieurs mois à l'avance, j'ai attendu 2 heures pour chaque concert ! Les concerts en eux-mêmes étaient supers mais je n'ai pas essayé d'en voir d'autres. Un des pianistes que je suis allée voir a suscité des réactions totalement hystériques de groupies en furie qui m'ont aussi pas mal déconcertée. En dépit de la qualité des concerts je suis restée très mitigée sur cette expérience.

[sylvie piano]

La folle journée mérite de se lever tôt pour obtenir des places, ou pas . Chacun voit ce qui prime. Il y a des salles avec des places numérotées qui permettent de ne pas faire de queues lors des concerts.
Avec internet on a perdu l'habitude de faire la queue pour obtenir des places.Auparavant c'était habituel. Il me semble que pour écouter Horowitz ou d'autres, les gens se bousculaient. Je ne sais pas si il y a une meilleure solution. Je m'y adapte. Même si je note que les débuts de la folle journée avaient un parfum très particulier! J'espère que Arabesque et Katy y trouveront leur bonheur! L'an prochain on pourrait organiser une attente partagée!

LE PIANISTE :UN SCULPTEUR

Pourquoi un pianiste peut-il passer des heures à son instrument sans ressentir la moindre fatigue ou lassitude?
Si l'instrument est digne, s'il est riche, si sa palette nous correspond, il n'y a plus de limites.
Le son petit à petit devient une matière sonore qu'on sculpte à dessein. Elle est vivante.
L’instrument n’est plus que le prolongement de notre inconscient profond. Une symbiose totale révèle une toute puissance intime et nourrissante.L'oeuvre est alors revisitée dans l'instant,recréée à chaque seconde.
La respiration trouve sa place, installe la distance, les apnées choisies font rebondir les sensations d'accords en guirlandes.Le pianiste est sous l'emprise du sculpteur de sons, il donne forme, "sa" forme. Beethoven surgit , dense et fier , et noble et invulnérable.
Le cerveau clignote, les doigts courent ou se reposent, les sons jaillissent, la matière explose.
Les sensations les plus fortes je les ai après les élans incontrôlables des passages difficiles qui repoussent les limites, lorsque le triomphe fait place au recueillement.
Comme si des perles de douceur ruisselaient sur une âme conjointe avec celle du compositeur .
Un apaisement serein qui permet de quitter quelques heures le clavier qui resplendira demain....