
Quel est le pianiste célèbre supposé avoir travaillé ses mains séparément en piochant alternativement dans une coupe de chocolats ou de pâtes de fruits avec la main laissée libre ??

Oui ça semble a priori contradictoire puisqu'il dit en 2) qu'il ne faut pas travailler en accélérant progressivement le tempo, et en 3) qu'il faut bosser lentement. En fait ce n'est pas contradictoire, car une façon efficace de travailler est d'alterner le travail rapide et lent plutôt que de monter petit à petit la vitesse.Lee a écrit :On n'a pas besoin de parler de metronome, que je deteste, donc c'est reglé. Je ne comprends rien de ce que les 2 et 3 impliquent, pire, ils me semblent contradictoire. Déjà, si jouer lentement n'est pas la solution pour les passages rapides, comment faire pour memoriser s'il faut jouer lentement ?BluePhoenix05 a écrit :2) Practicing slowly hands together and gradually ramping up the speed is what we tend to do intuitively, but it turns out to be one of the worst ways to practice because it wastes so much time and you are training the hands to execute slow motions that are different from what you need at the final speed. Technique for speed is acquired by discovering new hand motions, not by speeding up a slow motion; i.e., the hand motions for playing slowly and fast are different. [...] Speeding up a slow play is like asking a horse to speed up a walk to the speed of a gallop — it can’t. [...]
3) In order to memorize well, and be able to perform well, you must practice slowly, even after the piece can be played easily at speed. This is counter-intuitive because you always perform at speed, so why practice slowly and waste so much time? Playing fast can be detrimental to performance as well as to memory. Playing fast can cause “fast play degradation”[...] However, practicing slowly is tricky because you should not practice slowly until you can play fast! Otherwise, you would have no idea if your slow play motion is right or wrong. [...]Peut-être vos (ses) conseils sont pour les pianistes qui font déjà très bien la lecture à vue. J'ai quand même besoin d'apprendre lentement avant tout.
C'est le point avec lequel je suis un peu moins confortable avec Chang. Je ne travaille quasiment jamais mains séparées, mais pourtant les arguments qu'il développe font sens. En travaillant mains séparées, on peut parfois isoler un problème sans être pollué par l'autre main. Quoi qu'il en soit, je pense que c'est plutôt quelque chose à faire pour zoomer sur un problème non résolu, mieux entendre et observer ce qu'il se passe et très bien posséder chaque main sans utiliser de phénomènes de "compensation" (on ne se rend pas compte que parfois une main est en réalité fragile, alors qu'elle semble solide tant qu'elle peut se reposer/caler sur l'autre : jouer mains séparées révèle ces fragilités).Lee a écrit :Les mains séparés, on a déjà parlé, la raison pour laquelle je ne joue pas mains séparés, alors, je m'ennuie tellement que j'ai l'impression que mes oreilles sont en mode "off" je trouve cela conteproductif.BluePhoenix05 a écrit :1) Separating the hands for practice (1.2.7) is counter-intuitive because you need to practice each hand, then both together, so that it looks like you have to practice three times instead of just once hands together. Why practice hands separately, which you will never use in the end? [...]
De ce que je comprends, il ne s'agit pas du tout de ça. Il ne recommande pas du tout d'apprendre la partition à la table avant de commencer à la jouer. J'utilise énormément (essentiellement ?) la mémoire kinesthésique donc je suis tout à fait d'accord avec toi. En revanche, je connais mes morceaux par cœur bien longtemps avant le moment où je peux les jouer correctement, et ensuite je travaille par cœur. On peut très bien avoir un passage dans la tête qu'on n'est pas encore capable de bien jouer au tempo, ne serait-ce qu'après l'avoir beaucoup répété lentement au départ avec partition. Une fois qu'on n'a plus de partition sous le nez, le travail lent/rapide/lent/rapide pour posséder le texte dans les doigts est beaucoup plus productif.Lee a écrit :Je ne comprends rien de comment on peut memoriser un morceau avant de le jouer. Si je me souviens bien, c'est quelque chose Strumpf fait systematiquement, je ne suis pas capable, j'ai besoin des gestes pour que ça creuse dans mon memoire. Je ne peux pas étudier une partition, ça me parle même pas, j'ai aucune idée comment ça sonne.BluePhoenix05 a écrit :4) Most people feel uncomfortable trying to memorize something they can’t play, so they instinctively learn a piece first, and then try to memorize it. It turns out that you can save a lot of time by memorizing first and then practicing from memory (we are talking about technically challenging music that is too difficult to sight read). [...]
Pour les accords, essaie par exemple avec la main droite de jouer un accord simple comme do-mi b-sol au milieu du clavier avec 1-2-4, puis d’enchaîner le même accord à l'octave au dessus, puis une troisième fois à l'octave encore au dessus. Si tu veux faire ça très vite, il va être impossible de préparer la position des accords avant de les jouer car ça prend beaucoup de temps et crispe le main. Le seul moyen est de se projeter sur l'accord, en faisant davantage attention à ne pas interrompre son geste que de jouer les bonnes notes (même si au début ça ressemble à deux clusters). Une fois que le geste est fluide, tu peux commencer à viser les notes. Une fois qu'on sait le faire avec 3 fois le même accord, on peut modifier légèrement d'un accord à l'autre pour apprendre à changer la position des doigts en cours du déplacement plutôt qu'à l'arrivée juste au dessus des touches.Lee a écrit : Et pour terminer, j'ai aucune idée ou notion de comment faire ces 2 trucs :Okay a écrit :Pour bien jouer des passages en accords ou octaves, il faut parvenir à ne pas les préparer. Pour attraper le geste on est donc conduit à ne pas nécessairement chercher à jouer les bonnes notes au début, car in fine ce que fait le bras est plus important que de tomber sur les bonnes touches au départ (j'ai observé que chercher à jouer les bonnes notes au départ produit par défaut le mauvais geste).
Autre truc non intuitif esquissé dans ce fil, on peut parfois donner une meilleure impression de jeu lié en ne jouant pas lié. Dans la même série, plus les bras sont détendus et utilisent peu leur force dans le forte, plus le son se projette avec puissance.
BluePhoenix05 a écrit : D'ailleurs dans le même prolongement, j'ai envie d'aller plus loin encore. On voit régulièrement sortir le conseil "travaille au métronome !" dès qu'on entend le moindre écart de rythme/irrégularité. Pour moi ce n'est pas s'attaquer à l'éventuel vrai problème à la source (tension dans le corps qui amène à "tirer" sur le tempo sans s'en rendre compte? manque d'écoute dû à une focalisation sur les gestes/la synchonisation ? déséquilibre dans les gestes qui conduit à "précipiter" un trait sans le vouloir? etc.), et donc le métronome n'est pas toujours suceptible de le résoudre.
En fait je travaille davantage MS maintenant que plus jeune, où vraiment je ne le faisais jamais. C'est vrai que si on inclut la problématique du déchiffrage dans cette démarche, je conçois que ça puisse changer des choses.Lee a écrit :@ Okay Merci pour ces détails, maintenant c'est très clair. Pour les mains séparées, souviens-tu si tu avais travaillé MS très jeune, avant de pouvoir faire la lecture à vue aussi bien ?
C'est très intéressant, tu devrais détailler ta façon de travailler, pour nous tous, car on ne parle pas forcément tous de la même chose avec l'expression "travailler au métronome". Est-ce que tu travailles par petites sections répétées en boucle, au métronome ? et/ou le morceau entier au métronome ? Et à partir de quel moment/dans quels cas travailles-tu sans ? l'utilises-tu systématiquementPresto a écrit : Pour le travail technique il est pour moi indispensable, Je suis personnellement totalement incapable de travailler des variantes sans métronome. il me permet de maintenir un tempo lent et de graduer les progressions. l'alternance travail lent / rapide ne fonctionne pas chez moi, j'ai besoin des vitesses intermédiaires pour voir poindre 2-3 difficultés que je n'aurais pas vues et je ne "contrôle" ces vitesses qu'avec le métronome.
Pour travailler la régularité, je ne connais rien de pire que de maintenir une pulsation très lente, tous les défauts apparaissent au grand jour. D'expérience, je me suis aperçu que de travailler à 30 par exemple est aussi excellent pour le rythme car la pulsation "rentre" dans la main.
En même temps je m'interroge, ça peut devenir une pratique routinière et paresseuse. Je sais pas...
je suis d'accord aussi, je suis content d'être conforté dans mon écouteModerato Cantabile a écrit :Lee: je suis tout à fait d'accord avec Oupsi . Tu sembles avoir une excellente oreille "douée pour la polyphonie"
La dernière phrase dit tout : le legato au piano, ce n'est PAS la "liaison physique" de la définition "classique"...Okay a écrit :Pour le legato, il se trouve qu'on peut souvent phraser plus naturellement en ne jouant pas legato, car il est beaucoup plus difficile d'avoir un jeu égal en liant physiquement les notes. Je pense que l'égalité s'obtient en évitant le legato (encore un truc contre-intuitif ?). Un jeu bien phrasé non lié a l'air davantage lié qu'un jeu lié non phrasé...
Oui, la lecture à vue et la technique pianistique sont des compétences distinctes qu'on peut acquérir... Par exemple jouer MS ne va pas directement faire progresser en lecture à vueOkay a écrit :C'est peut-être une attitude désinhibante face aux partitions (mon tout premier prof - qui m'a tout de même supporté un an - disait que c'était un comportement "boulimique", ce qui décrivait plutôt bien cette réalité avec le recul), et une école redoutable si le but unique est de savoir déchiffrer à vue peu importe la difficulté (en fait maintenant je sais que ces débuts chaotiques m'ont tout de suite appris à faire des tris efficaces en déchiffrant un texte). Mais je suis persuadé que c'est globalement un exemple à ne suivre sous aucun prétexte si on veut vraiment jouer du piano ...
C'est tout à fait ça pour moi aussiOkay a écrit :C'est le point avec lequel je suis un peu moins confortable avec Chang. Je ne travaille quasiment jamais mains séparées, mais pourtant les arguments qu'il développe font sens. En travaillant mains séparées, on peut parfois isoler un problème sans être pollué par l'autre main. Quoi qu'il en soit, je pense que c'est plutôt quelque chose à faire pour zoomer sur un problème non résolu, mieux entendre et observer ce qu'il se passe et très bien posséder chaque main sans utiliser de phénomènes de "compensation" (on ne se rend pas compte que parfois une main est en réalité fragile, alors qu'elle semble solide tant qu'elle peut se reposer/caler sur l'autre : jouer mains séparées révèle ces fragilités).
Oupsi a écrit : Simple, c'est la partie d'un tout, qui a une vie propre, et qui prend encore plus de vie lorsqu'elle échange avec les autres parties; mais pour échanger en toute plénitude, il faut bien qu'elle soit consciente d'elle-même, naturelle par elle-même, et consciente de sa relation aux autres parties.
Ce n'est qu'une question lexicale mais je crois que tu te doutes que je ne suis pas du tout d'accord avec çaBluePhoenix05 a écrit :La dernière phrase dit tout : le legato au piano, ce n'est PAS la "liaison physique" de la définition "classique"...Okay a écrit :Pour le legato, il se trouve qu'on peut souvent phraser plus naturellement en ne jouant pas legato, car il est beaucoup plus difficile d'avoir un jeu égal en liant physiquement les notes. Je pense que l'égalité s'obtient en évitant le legato (encore un truc contre-intuitif ?). Un jeu bien phrasé non lié a l'air davantage lié qu'un jeu lié non phrasé...
Je sais, on en a déjà discuté sur le forumOkay a écrit : Ce n'est qu'une question lexicale mais je crois que tu te doutes que je ne suis pas du tout d'accord avec ça![]()
Mais s'il y a lieu de distinguer les deux notions de ligne et direction, alors pour moi, jouer "lié" ne suffit pas à créer du "legato", et encore moins à phraser.Okay a écrit :Pour répondre à ta question, pour moi c'est oui et oui
Et le Hanon, tu le "travailles" ou tu le "joues" (comme un morceau) ?nox a écrit :Je ne travaille pas du tout mains séparées non plus.
En fait je ne "travaille" pas. Je joue une fois chaque pièce, en rejouant éventuellement plus lentement certains passages.
Nous sommes sur un forum français, il faut rester français : pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?Okay a écrit :Je pense qu'on simplifie énormément, et qu'on couvre naturellement toutes les possibilités si l'on conçoit
Translation? No thanks, Margaret, I'll pass on this one.BluePhoenix05 a écrit :Et même sans faire de faux-accents, enchaîner deux notes en faisant en sorte que l'entrée de la 2e se fasse dans le prolongement de la 1ere, sans heurt, en douceur et "en phase" avec la fin de la 1ere, en fonction du temps pris entre les attaques des 2 notes, et en écoutant le "decay" de la 1ere (mais ça ne suffit pas non plus), est une question de son très difficile, pour créer du legato (étirement de la ligne), et tout ça aussi en l'insérant dans un phrasé.
Ce n'est pas un "mini" phrasé local non plus... Bien que dans une liaison de deux notes (two-note slur), il n'est pas évident de distinguer ce qu'on mettrait sur le dos du phrasé et ce qu'on mettrait dans le legato (mais est-ce si important?).
On ne se mettra pas d'accord sur le vocabulaire, mais ce n'est pas bien grave ... je donne mon point de vue une dernière fois pour la cohérence du fil :BluePhoenix05 a écrit :Mais s'il y a lieu de distinguer les deux notions de ligne et direction, alors pour moi, jouer "lié" ne suffit pas à créer du "legato", et encore moins à phraser.Okay a écrit :Pour répondre à ta question, pour moi c'est oui et oui
Si on fait de faux accents, ça rompt le legato.
oui, je l'emploie vraiment beaucoup ce métronome, sinon j'accélère et travaille sans rigueur.BluePhoenix05 a écrit :Moderato, ton témoignage sur le métronome qui t'a aidé à enchaîner le morceau entier avec plus de fluidité, à prendre un peu plus de hauteur, est très intéressant, merci. Est-ce que les effets subsistent quand tu le retires ? ça donne quoi ?moi aussi je suis plutôt en phase avec Moderato, c'est au métronome que je trouve le bon tempo, souvent je joue trop vite et presse ou ralentis quand ça m'arrange ...
C'est très intéressant, tu devrais détailler ta façon de travailler, pour nous tous, car on ne parle pas forcément tous de la même chose avec l'expression "travailler au métronome". Est-ce que tu travailles par petites sections répétées en boucle, au métronome ? et/ou le morceau entier au métronome ? Et à partir de quel moment/dans quels cas travailles-tu sans ? l'utilises-tu systématiquement?
non, je n'ai pas une pulsation très sûre c'est pour ça que constamment je vérifie avec le métronome. dans Scarlatti c'est métronome obligatoire assez souvent aussi, pour monter des passages délicats, assurer un tempo, vérifier la métrique, sinon j'ai de graves surprisesBluePhoenix05 a écrit : Il y a des choses pour lequelles le cerveau a besoin d'un "temps différencié" d'assimilation (ou intégration/compilation/encapsulation) et pour lesquelles on ne peut pas enchaîner avec régularité (ce qui est normal). Dans ces cas-là, je ne trouve pas profitable d'imposer une contrainte de régularité supplémentaire par le métronome, même si on diminue la pulsation dans l'optique d'"égaliser" le tempo par le bas. Mais peut-être qu'en fait tu as une pulsation très sûre et tu n'as pas vraiment besoin de faire d'effort pour suivre le métronome, il n'est là que pour te rassurer. Sinon je ne suis pas systématiquement contre le métronome, dans certains types de travail on peut s'en remettre à lui pour "gérer" la pulsation, afin qu'on puisse se concentrer sur d'autres choses - je l'ai déjà évoqué, je crois.
Tu sembles vraiment "metronome-addict" selon l'expression de Moderato!Presto a écrit :oui, je l'emploie vraiment beaucoup ce métronome, sinon j'accélère et travaille sans rigueur.
EN ce moment je travaille l'op.10 1. par deux mesures. au métronome
60, 70, 80, 90 et 100 dans une bonne dizaine de variantes, par exemple :
[...]
3. ensuite à 60 à la croche les exercices de Cortot, autant de fois que nécessaire pour que ça soit propre :
- les deux mesures avec le mouvement qu'il faut (ou que j'en ai capté à mon niveau pour l'instant)
[...]
- puis en doubles notes comme des gouttes d'eau qui tombe do-sol / sol-do / do-mi, pas plus qu'à 80, sinon ce n'est pas propre.[...]
Je monte tout ce petit monde de 60 à 100, à 100 et là j'ai fait mon job et on verra...
L'inconvénient c'est que c'est chronophage et que l'unité de compte est au moins la dizaine d'heures de travail par mesure... mais je progresse donc ...