Lee a écrit :Merci Midas.

Est-ce que tu le fais des dans Bach ?
(Tu peux rassurer Mme Midas que Wlad reçevra le toucher de la mort avant qu'il ne prenne le perroquet pour son riz.)
Pas d'inquiétude, elle sait bien que son Hulk de mari ne se laissera pas impressionner par un Dracula d'opérette. Quant à moi, je plains d'avance toute personne qui croirait que c'est plus facile de s'en prendre à elle plutôt qu'à moi à cause de sa petite taille.
Pour répondre à ta question, je n'arpège que rarement les accords dans Bach s'ils ne sont pas indiqués, comme par exemple dans le prélude n°8 du premier livre ou la Fantaisie chromatique, où l'usage veut qu'on les joue en montant puis en descendant. D'une manière générale, je ne rajoute que peu d'ornementations, pour les raisons suivantes, qu'il me paraît utile d'exposer:
- La musique de Bach est plus polyphonique que celles des autres baroques, rajouter des ornementations risquerait de brouiller un discours musical déjà complexe.
- Bach indique généralement un minimum d'ornements, dans ses préludes ou ses fugues, bien plus dans ses suites qui s'y prêtent mieux. Généralement, je m'en tiens à ce minimum et je complète éventuellement par imitation; dans une fugue, par exemple, l'ornementation n'est souvent pas répétée dans les réexpositions, le fait de les rappeler permet de mettre en valeur ladite réexposition. Par contre, dans les réexpositions da capo des suites, il est fortement recommandé d'en mettre à profusion, c'est ce que montre Bach dans certaines sarabandes des suites anglaises, et ce sont des ornementations qui sortent largement des conventions, pour se rapprocher davantage des improvisations.
- Le piano se prête nettement moins bien que le clavecin aux ornementations baroques, d'une part parce que sa dynamique lui permet plus facilement de s'en passer, d'autre part parce qu'à mon avis, leur rendu n'est pas du tout le même, du fait de l'attaque moins incisive que celle de la corde grattée d'un clavecin. Les trilles prolongés et les arpèges sonnent très bien au piano, surtout qu'il est possible de jouer précisément sur la force du son, de faire des crescendos ou decrescendos sur les trilles (ce dont je ne me prive pas), mais c'est beaucoup moins évident sur les ornements très resserrés; il me semble qu'ils sont plus difficiles à faire au piano qu'au clavecin.
A noter qu'il existe un ornement propre au baroque qu'on ne retrouve plus jamais par la suite à ma connaissance: l'arpège barré. Chaque barre dans l'accord arpégé signale qu'il faut jouer la note intermédiaire, sans la tenir dans l'accord final, ce qui revient à dérouler un fragment de gamme (majeure, mineure, chromatique) dont seules les notes de l'accord harmonique seraient tenues à la fin. Là aussi, Bach en use dans ses suites.