Lorsque je lis vos proses, je me dis qu'il y a encore du chemin à faire pour défendre le rapport qualité/expressivité, plutôt que le rapport qualité/prix qui tire inexorablement la facture de pianos vers le bas, pour ne pas dire vers sa chute annoncée... Mais je ne désarmerai pas, je continue à défendre ce qui tient la route!
3 accords et réglages par an devraient suffire largement en conservatoire,
pour des pianos droits (4 à 5 pour des pianos à queue). Dans le cas des fameux pianos "dont je tairais le nom", il n'en est rien. Ceux que je rencontre dans ma région ont besoin de 6 à 7 interventions par an; 3 seulement sont budgétées, donc les 3 à 4 supplémentaires sont "pour ma pomme". J'ajoute à cela les dépannages en pagaille pour des problèmes alarmants sur des pianos neufs: usure précoce des garnitures de fourches, casse de fourches, casse de bâtons d'échappement, casse de touches, casse "spontanée" de pointes d'accroche, réglage de l'échappement qui ne tient pas, vis de fixations "foirées" d'origine, etc.

La tenue d'accord reste cependant acceptable si l'on y passe le temps: au moins 1h40 par accord, alors que le standard d'une reprise d'accord est plutôt de 45 minutes sur les pianos d'autres marques (mes accords tiennent "naturellement" très longtemps dans le temps, c'est une chance)...
Je ne vends aucun piano, d'aucune marque, mais je suis forcé de constater que Yamaha produit des instruments qui, bien que très pauvres en musicalité, tiennent la route dans le cas d'usages intensifs. Les Kawai actuels ont la musicalité en plus, mais leur robustesse est tout à fait remarquable, et comparable à Yamaha.
Il est de mon devoir, en toute conscience professionnelle, de ne pas "la fermer"; je vais sans doute me faire huer, agresser, voire censurer, mais je suis proprement scandalisé par l'attitude des vendeurs de pianos qui proposent des pianos "jetables" avec un grand sourire, et qui bien sûr sous-traitent l'entretien des dits pianos pour ne pas avoir à le gérer eux-mêmes (dans ma région, c'est ainsi).
C'est pourquoi je refuse aujourd'hui systématiquement toute intervention sur ces pianos "à problèmes", et je renvoie leurs propriétaires vers la personne qui les leur a vendus pour qu'ils gèrent les conséquences de leurs actes.
