Le dernier post de Sylvie m'a incité à ouvrir ce fil, car il nous invitait à parler des oeuvres qu'on prend du plaisir à jouer et à rejouer.
Et bien moi je vis exactement l'inverse pour la majorité des morceaux que j'apprends. J'espère que ce sujet n'a pas déjà été abordé, mais si c'est le cas, n'hésitez pas à me renvoyer au fil correspondant si vous l'avez sous le coude, merci

Donc personnellement, il m'arrive de découvrir et d'écouter des morceaux joués par d'autres, que je trouve absolument sublimes. Mais dès que je commence à les travailler, les décortiquer, voir les petits rouages sous le capot, eh bien le morceau perd tout son charme.
Par exemple, j'ai été transporté par le passage en mineur de la Lettre à Elise joué par Lisitsa quand je l'ai découvert il n'y a pas si longtemps (car on ne l'entend pratiquement jamais dans la vie quotidienne, contrairement au début en majeur). J'ai trouvé ce passage absolument hypnotique et saisissant, et tellement expressif. Mais maintenant que je l'ai joué et rejoué, toute la magie a disparu, et quand je le joue ou que je l'entends jouer, même par Lisitsa, je ne ressens presque rien.
Idem pour la Goutte d'Eau de Chopin que je suis en train d'apprendre. Il y a quelques mois encore, le passage en mineur (oui, je suis très fan de mineur et pas du tout fan de majeur) me transportait, c'était l'extase quand je l'écoutais. Maintenant que je l'ai répété, que j'ai buté dessus, que j'ai fait mille efforts pour timbrer mes accords, aujourd'hui, même en écoutant Horowitz ou Argerich jouer ce morceau, je reste pratiquement de marbre.
Je trouve ça terrible, j'ai maintenant presque peur d'apprendre les oeuvres que j'aime car je risque de ne plus savoir les apprécier une fois apprises... j'en ai parlé à ma prof qui a paru interloquée et n'a rien répondu... Cela n'arrive-t-il donc qu'à moi ? Mais comment font les concertistes ???
Merci.