Pianiste ou...
Re: Pianiste ou...
Quant à ce que tu dis, Marie-France, c'est vrai qu'il y a des gens qui pensent que "être pianiste" ça veut dire pouvoir jouer à la demande n'importe quoi tout de suite. J'ai toujours trouvé ce genre de demandes, même lorsqu'elles se veulent bien intentionnées, un peu vulgaires en fait, voire inconsciemment agressives. C'est comme si on demandait à un chirurgien de découper un corps sur la nappe entre le fromage et le dessert, à un soldat de tirer un coup de mitraillette en visant le centre du lustre. Les artistes ne sont pas des singes.
-
- Messages : 1819
- Enregistré le : dim. 25 mai, 2014 23:59
- Mon piano : Schimmel K230
- Localisation : Nantes [44000]
- Contact :
Re: Pianiste ou...
Nous ne donnons pas le même sens aux mots. C'est tout. Simplement parce-qu' il n'y en a qu'un seul. Traductrice, c'est un métier. Je me débrouille en anglais, je ne me targuerai pas d'être traductrice même si je lis Hemingway.
Quant au ressenti des uns et des autres en jouant, je ne sais pas comment on peut imaginer ce que ressentent ceux qui vivent des situations qui nous sont inconnues.
Je skie, mais je crois bien ne pas pouvoir imaginer le ressenti d'un skieur en descente de géant.
Je ne vois pas en quoi il est vulgaire de demander un pianiste de jouer du piano... Un peu de simplicité !
Pianiste c'est un état. Rien à voir avec le chirurgien.....
Voilà un vrai critère certainement: un pianiste joue du piano " right now !".....
Je suis pianiste et chez nous à Noël, autour du piano on chante " le ptit renne au nez rouge ", " white Christmas " sans penser qu' il faudra mettre un disque quand je serai morte... Mais j'essaie de ne pas faire de fausses notes pour que le présent soit le plus plaisant possible !
Quant au ressenti des uns et des autres en jouant, je ne sais pas comment on peut imaginer ce que ressentent ceux qui vivent des situations qui nous sont inconnues.
Je skie, mais je crois bien ne pas pouvoir imaginer le ressenti d'un skieur en descente de géant.
Je ne vois pas en quoi il est vulgaire de demander un pianiste de jouer du piano... Un peu de simplicité !
Pianiste c'est un état. Rien à voir avec le chirurgien.....
Voilà un vrai critère certainement: un pianiste joue du piano " right now !".....
Je n'avais JAMAIS imaginé qu'on puisse avoir une telle pensée.... Ce côté morbide est curieux ( déjà le chirurgien....). Le piano ( à moins d'enregistrer), c'est l'immédiateté, le partage dans l'instant. Le présent, la vie ! L'amour des siens c'est maintenant. Pardon, mais ça me paraît vraiment tordu....Je pense qu'à ma mort, ceux qui ont aimé m'écouter se rappelleront de "comment" je joue (ils ne diront pas que je jouais bien ou mal, ils se rappelleront juste de ce que c'était).
Je suis pianiste et chez nous à Noël, autour du piano on chante " le ptit renne au nez rouge ", " white Christmas " sans penser qu' il faudra mettre un disque quand je serai morte... Mais j'essaie de ne pas faire de fausses notes pour que le présent soit le plus plaisant possible !
Sylvie Piano http://courspianocollectif.com/
Re: Pianiste ou...
Wow, morbide, tordu, c'est ma fête ce soir!
Bon je vais essayer d'expliquer. Franchement j'espère bien ne pas être morbide. J'essaye de qualifier le "être" dans l'expression "être pianiste".
Et je pense que ce n'est pas seulement "je joue du piano". Être, donc, je prends la chose un peu comme un tragédien, oui, qui va chercher le sens de l'humain depuis la naissance jusqu'à la mort, parce que notre vie se déploie entre ces deux lignes. S'il n'y avait pas en jeu quelque chose de cette dimension de l'être, pourquoi tant de scrupules à se dire "pianiste"? C'est tout à l'honneur de la sensibilité de la personne qui éprouve ces scrupules, cette pudeur, cette réticence. Et oui, je suis plus attirée par une personne qui modestement murmure sa tentative d'être pianiste, en rougissant et sans trouver les mots, que par celle qui hurle son état et en réclame reconnaissance à chaque instant. Je dis juste qu'il y a une autre manière de voir les choses, et qu'on peut considérer que dans être pianiste, ce qui compte, ce qui nous fait vivre et progresser, c'est être, plus que le présupposé social derrière pianiste (surtout lorsqu'il émane d'une demande extérieure), et que je vois une certaine injustice, par exemple, à ce qu'une pianiste de la finesse et sensibilité de Marie-France se sente en risque d'être désavouée, si elle s'affirme pianiste, par un verdict extérieur basé sur ce que serait dans je ne sais quelle encyclopédie du summum pianistique, le Vrai Authentique Légitime Pianiste et son Répertoire Disponible.
Bien sûr que le piano est un art du présent.C'est quelque chose qui se donne et se partage dans l'immédiat. Mais nous avons tous des souvenirs très précis et reconnaissables du jeu de telle ou telle personne. Je ferme les yeux, et je peux me laisser re-affecter par le pur souvenir du jeu de telle ou telle personne. Ce n'est pas un disque, c'est une trace, c'est-à-dire quelque chose de bien plus subjectif, incomplet, fragmentaire, mais de grande puissance.
Le style, c'est l'homme! (et la femme!) Une personne qui descend une piste de ski, si elle a un certain style, elle aussi laisse une empreinte visuelle dans ma rétine, je vais reconnaître ce style si je vois ce skieur un autre jour, sur une autre piste. C'est comme le grain d'une voix. L'arabesque d'un geste. Les jeux d'équilibre d'un danseur. Nous laissons des traces. En musique aussi. Ça dépasse notre personne. La chose la plus singulière, la plus immédiate et éphémère comme un battement d'aile de papillon, va laisser une trace tellement puissante et forte que c'est de vous avoir entendue jouer qu'un enfant voudra "devenir pianiste", et que cette trace restera en lui pendant des années; que telle personne traverse la France pour aller au concert de tel pianiste; que telle personne s'enchante à jouer à quatre mains avec telle autre et elle seulement. Plein de choses, de décisions, de résonances qui font que le présent du jeu de quelqu'un fructifie en nous au delà de ce temps limité.
Je me rappelle le jeu d'un ami pianiste disparu depuis maintenant plus de dix ans. C'est une trace que cette personne a laissée en moi. C'est un affect, c'est un effet du temps humain. Quelque chose de son jeu reste vivant en moi, pour des raisons mystérieuses que je n'essaye même pas d'expliquer, mais j'accorde une grande valeur à cette réapparition du passé que j'appelle une trace. Je trouve que c'est le contraire de la morbidité. C'est la victoire de la vie, la vie infinie. Comme je n'ai pas peur de retourner la pensée dans tous les sens, ce qui m'a été donné dans un sens, et dont je perçois les effets par l'activité aimante de ma mémoire, ma foi je ne vois pas ce qui m'interdit de le penser dans l'autre sens, à titre d'hypothèse.
Dans l'expression "être pianiste", c'est le verbe être que j'aime écouter... Et oui, il y a un début et une fin à tout.
Bon je vais essayer d'expliquer. Franchement j'espère bien ne pas être morbide. J'essaye de qualifier le "être" dans l'expression "être pianiste".
Et je pense que ce n'est pas seulement "je joue du piano". Être, donc, je prends la chose un peu comme un tragédien, oui, qui va chercher le sens de l'humain depuis la naissance jusqu'à la mort, parce que notre vie se déploie entre ces deux lignes. S'il n'y avait pas en jeu quelque chose de cette dimension de l'être, pourquoi tant de scrupules à se dire "pianiste"? C'est tout à l'honneur de la sensibilité de la personne qui éprouve ces scrupules, cette pudeur, cette réticence. Et oui, je suis plus attirée par une personne qui modestement murmure sa tentative d'être pianiste, en rougissant et sans trouver les mots, que par celle qui hurle son état et en réclame reconnaissance à chaque instant. Je dis juste qu'il y a une autre manière de voir les choses, et qu'on peut considérer que dans être pianiste, ce qui compte, ce qui nous fait vivre et progresser, c'est être, plus que le présupposé social derrière pianiste (surtout lorsqu'il émane d'une demande extérieure), et que je vois une certaine injustice, par exemple, à ce qu'une pianiste de la finesse et sensibilité de Marie-France se sente en risque d'être désavouée, si elle s'affirme pianiste, par un verdict extérieur basé sur ce que serait dans je ne sais quelle encyclopédie du summum pianistique, le Vrai Authentique Légitime Pianiste et son Répertoire Disponible.
Bien sûr que le piano est un art du présent.C'est quelque chose qui se donne et se partage dans l'immédiat. Mais nous avons tous des souvenirs très précis et reconnaissables du jeu de telle ou telle personne. Je ferme les yeux, et je peux me laisser re-affecter par le pur souvenir du jeu de telle ou telle personne. Ce n'est pas un disque, c'est une trace, c'est-à-dire quelque chose de bien plus subjectif, incomplet, fragmentaire, mais de grande puissance.
Le style, c'est l'homme! (et la femme!) Une personne qui descend une piste de ski, si elle a un certain style, elle aussi laisse une empreinte visuelle dans ma rétine, je vais reconnaître ce style si je vois ce skieur un autre jour, sur une autre piste. C'est comme le grain d'une voix. L'arabesque d'un geste. Les jeux d'équilibre d'un danseur. Nous laissons des traces. En musique aussi. Ça dépasse notre personne. La chose la plus singulière, la plus immédiate et éphémère comme un battement d'aile de papillon, va laisser une trace tellement puissante et forte que c'est de vous avoir entendue jouer qu'un enfant voudra "devenir pianiste", et que cette trace restera en lui pendant des années; que telle personne traverse la France pour aller au concert de tel pianiste; que telle personne s'enchante à jouer à quatre mains avec telle autre et elle seulement. Plein de choses, de décisions, de résonances qui font que le présent du jeu de quelqu'un fructifie en nous au delà de ce temps limité.
Je me rappelle le jeu d'un ami pianiste disparu depuis maintenant plus de dix ans. C'est une trace que cette personne a laissée en moi. C'est un affect, c'est un effet du temps humain. Quelque chose de son jeu reste vivant en moi, pour des raisons mystérieuses que je n'essaye même pas d'expliquer, mais j'accorde une grande valeur à cette réapparition du passé que j'appelle une trace. Je trouve que c'est le contraire de la morbidité. C'est la victoire de la vie, la vie infinie. Comme je n'ai pas peur de retourner la pensée dans tous les sens, ce qui m'a été donné dans un sens, et dont je perçois les effets par l'activité aimante de ma mémoire, ma foi je ne vois pas ce qui m'interdit de le penser dans l'autre sens, à titre d'hypothèse.
Dans l'expression "être pianiste", c'est le verbe être que j'aime écouter... Et oui, il y a un début et une fin à tout.
Re: Pianiste ou...
La belle poésie, un hymne à la vie. Quand tu n'es plus là, on reviendra également lire et relire tes beaux écrits, Oupsi.
Sylvie, il y a un peu plus qu'un an, on a perdu un PMiste bien apprécié, Roland. Fugue en a parlé dans le fil PMistes disparus. Pensant ou parlant de la mort n'est donc pas curieux ici pour nous...
Sylvie, il y a un peu plus qu'un an, on a perdu un PMiste bien apprécié, Roland. Fugue en a parlé dans le fil PMistes disparus. Pensant ou parlant de la mort n'est donc pas curieux ici pour nous...
“Wrong doesn't become right just because it's accepted by a majority.” - Booker Washington
-
- Messages : 1819
- Enregistré le : dim. 25 mai, 2014 23:59
- Mon piano : Schimmel K230
- Localisation : Nantes [44000]
- Contact :
Re: Pianiste ou...
Mais chère Oupsi, j'avais parfaitement compris... Savez-vous que cependant il n'est pas donné à tout le monde d'avoir ce type de mémoire ? Repenser à un moment avec émotion est une chose, ré entendre exactement le jeu de ce pianiste ( vous par exemple !) et toucher son " être " au plus profond est un mécanisme particulier, une chance inouïe.
C'est curieux lorsque j'avais évoqué cette idée vous aviez bondi.... Je parlais des " moi " successifs perceptibles à l'oreille. Vous parlez de l " être ".... Finalement je pense que nous sommes souvent tout à fait en harmonie vous et moi, simplement avec un vocabulaire différent !
Une question: entendez-vous toujours la voix des êtres aimés disparus même depuis des décennies ? C'est mon cas, et c'est bien doux, comme un secret. Ces quelques voix qui restent à mon oreille auraient peut-etre été musique de piano s'ils en avaient joué ?
Sincèrement je ne pense pas, il me reste leur voix, leurs petits mots, le moindre accent, la moindre articulation, leur rire aussi. Surtout.
C'est curieux lorsque j'avais évoqué cette idée vous aviez bondi.... Je parlais des " moi " successifs perceptibles à l'oreille. Vous parlez de l " être ".... Finalement je pense que nous sommes souvent tout à fait en harmonie vous et moi, simplement avec un vocabulaire différent !
Une question: entendez-vous toujours la voix des êtres aimés disparus même depuis des décennies ? C'est mon cas, et c'est bien doux, comme un secret. Ces quelques voix qui restent à mon oreille auraient peut-etre été musique de piano s'ils en avaient joué ?
Sincèrement je ne pense pas, il me reste leur voix, leurs petits mots, le moindre accent, la moindre articulation, leur rire aussi. Surtout.
Sylvie Piano http://courspianocollectif.com/
Re: Pianiste ou...
Oupsi, serais-tu "morbide", c'est de la noirceur que je lirais dans tes messages. Là, dans ta dissertation sur l'être, c'est une lumière éclatante que je vois et une belle profession de foi... Merci pour ce que tu écris, ce que tu as écrit dans le passé et ecrira encore sûrement longtemps (j'espère) sur PM.
Re: Pianiste ou...
Je rassure mes amis du forum: je suis en parfaite santé et j'ai bien l'intention de continuer mon petit bonhomme de chemin d'élève pianiste et de forumiste noctambule le plus longtemps possible!
-
- Messages : 3785
- Enregistré le : sam. 10 janv., 2009 12:01
- Mon piano : Schimmel C120, Nord Electro 6HP
Re: Pianiste ou...
Clairement, et depuis toujours, je ne suis pas "pianiste" mais je "joue du piano". Je trouve que se définir en tant que "pianiste" c'est trop présomptueux, comme d'autres ici, d'après ce que je viens de lire. C'est comme si quelqu'un qui faisait du théâtre en loisir disait "Je suis acteur" au lieu de "Je joue du théâtre".
Ma chaine youtube : http://www.youtube.com/MrBigrounours
Re: Pianiste ou...
Je me suis longtemps posé cette question et j'avoue qu'elle n'est pas pour moi tranchée à 100%.
D'un côté, il y a ce grand mot qui fait peur : "pianiste". Qu'est-ce que c'est un pianiste ? Plein de choses. Et pour faire vite, c'est plein de choses que je suis, mais aussi plein de choses que je ne suis pas. Peut-être qu'on rattache trop de choses à ce mot, comme si un pianiste se devait de frôler la perfection, omniscient, incollable, capable de tout.
D'un autre côté, une discussion avec un collègue qui m'avait fait voir les choses autrement. Pour lui, un débutant, dès qu'il a posé ses pattes sur l'instrument, qu'il en apprend les rudiments, est instrumentiste, donc pianiste. Cela ne veut pas dire "bon", ni "aguerri", juste qu'il essaie de jouer du piano. D'ailleurs, n'est-ce pas ce que nous faisons tous, peu importe notre niveau, essayer de jouer du piano ? Essayer de faire de la musique.
Nous entamons un beau jour ce long chemin sans fin. Certains iront plus ou moins loin, plus ou moins vite, pour quelques temps ou pour toute la vie. Mais au bout du compte, nous sommes tous sur le chemin du pianiste.
Je me demande, vous dites-vous plus facilement "musicien" que "pianiste" ?
D'un côté, il y a ce grand mot qui fait peur : "pianiste". Qu'est-ce que c'est un pianiste ? Plein de choses. Et pour faire vite, c'est plein de choses que je suis, mais aussi plein de choses que je ne suis pas. Peut-être qu'on rattache trop de choses à ce mot, comme si un pianiste se devait de frôler la perfection, omniscient, incollable, capable de tout.
D'un autre côté, une discussion avec un collègue qui m'avait fait voir les choses autrement. Pour lui, un débutant, dès qu'il a posé ses pattes sur l'instrument, qu'il en apprend les rudiments, est instrumentiste, donc pianiste. Cela ne veut pas dire "bon", ni "aguerri", juste qu'il essaie de jouer du piano. D'ailleurs, n'est-ce pas ce que nous faisons tous, peu importe notre niveau, essayer de jouer du piano ? Essayer de faire de la musique.
Nous entamons un beau jour ce long chemin sans fin. Certains iront plus ou moins loin, plus ou moins vite, pour quelques temps ou pour toute la vie. Mais au bout du compte, nous sommes tous sur le chemin du pianiste.
Je me demande, vous dites-vous plus facilement "musicien" que "pianiste" ?
La différence entre un fou et moi, c'est que je ne suis pas fou. Salvador Dali.
- Arabesque44
- Messages : 3927
- Enregistré le : lun. 07 oct., 2013 18:11
- Mon piano : Bechstein 175 Yamaha 155P
- Localisation : Nantes
Re: Pianiste ou...
C'est une question qui ne m'empêche pas de dormir, et à laquelle je vais répondre de façon bassement "terre-à-terre".
Si on me demande si je suis "pianiste" je sous-entends "professionnel" et je dis non, je joue du piano , en amateur. Inutile d'entretenir la confusion, ça ne tendrait pas longtemps.
Mais comme Gracou, je pense qu'il y a des circonstances où "pianiste" désigne toute personne utilisant ( plus ou moins bien!) un piano.
En voici deux exemples:
Dans une école de musique par exemple, ça n'étonnerait personne qu'en parlant des élèves, on oppose "les pianistes" aux "violonistes" ou aux "flûtistes". C'est plus simple que d'utiliser des périphrases.
Dans le domaine médical, on parlera des pathologies spécifiques des "pianistes" des "footballeurs" ou des "cyclistes" sans marquer une différence entre "pro" ou "pas-pro"!
Tiens au fait, si dans le domaine du sport on rencontre un peu le même problème avec "footballeur" ( désignation assez connoté "pro" ) par contre cycliste...
Si on me demande si je suis "pianiste" je sous-entends "professionnel" et je dis non, je joue du piano , en amateur. Inutile d'entretenir la confusion, ça ne tendrait pas longtemps.


Mais comme Gracou, je pense qu'il y a des circonstances où "pianiste" désigne toute personne utilisant ( plus ou moins bien!) un piano.
En voici deux exemples:
Dans une école de musique par exemple, ça n'étonnerait personne qu'en parlant des élèves, on oppose "les pianistes" aux "violonistes" ou aux "flûtistes". C'est plus simple que d'utiliser des périphrases.
Dans le domaine médical, on parlera des pathologies spécifiques des "pianistes" des "footballeurs" ou des "cyclistes" sans marquer une différence entre "pro" ou "pas-pro"!
Tiens au fait, si dans le domaine du sport on rencontre un peu le même problème avec "footballeur" ( désignation assez connoté "pro" ) par contre cycliste...

-
- Messages : 85
- Enregistré le : lun. 21 avr., 2014 5:26
- Mon piano : Kawai k3
- Localisation : Bretagne
Re: Pianiste ou...
Je ne pensais pas que ce post allait être si passionnant, il y en a qui ne se considère pas pianiste mais qu'on la plume superbe et qui sont vraiment intéressant à lire .

mes passions:La musique et le jardin:
www.unevieaujardin.unblog.fr
www.unevieaujardin.unblog.fr
Re: Pianiste ou...
Lee, Oupsi, j'adhère pleinement à votre vision des choses.
Quand à la trace qui reste à la fin d'une vie bien remplie, je n'ai pas été du tout choquée par la démonstration. Je crois que je ne l'aurais même pas relevé si Sylvie n'avait pas rebondi dessus. Mais il est probable que tout le monde n'a pas envie de penser que la vie a une fin, et que cette fin peut tomber comme un couperet n'importe quand (le plus tard possible j'y compte bien, et pas que pour moi en prime).
Je crois surtout que la vie est plus courte que l'on croit. J'ai 32 ans... où en suis-je? Est-ce que j'approche ne serait-ce que du tiers de ce que j'ai envie de réaliser dans cette vie? je n'en suis pas du tout sûre... Aussi, pour ne rien regretter, je m'efforce de vivre pleinement le plus souvent possible. Et ma relation avec le piano se nourrit certainement de cet état d'esprit. Dans la vie, je chéris les relations humaines, et les émotions qui me rendent un peu plus vivante. Le piano m'apporte cela, quand je suis hermétique à la peinture (manque d'éducation peut-être?), et pas assez bonne danseuse pour incarner des émotions par ce geste là. Je ne sais pas si autre chose que l'art peut apporter ce genre de chose.
Je crois que mon entourage me voit pianiste, mère, et pédagogue. Mais je ne saurais dire dans quel ordre. Les trois en même temps sans doute.
Quand à la trace qui reste à la fin d'une vie bien remplie, je n'ai pas été du tout choquée par la démonstration. Je crois que je ne l'aurais même pas relevé si Sylvie n'avait pas rebondi dessus. Mais il est probable que tout le monde n'a pas envie de penser que la vie a une fin, et que cette fin peut tomber comme un couperet n'importe quand (le plus tard possible j'y compte bien, et pas que pour moi en prime).
Je crois surtout que la vie est plus courte que l'on croit. J'ai 32 ans... où en suis-je? Est-ce que j'approche ne serait-ce que du tiers de ce que j'ai envie de réaliser dans cette vie? je n'en suis pas du tout sûre... Aussi, pour ne rien regretter, je m'efforce de vivre pleinement le plus souvent possible. Et ma relation avec le piano se nourrit certainement de cet état d'esprit. Dans la vie, je chéris les relations humaines, et les émotions qui me rendent un peu plus vivante. Le piano m'apporte cela, quand je suis hermétique à la peinture (manque d'éducation peut-être?), et pas assez bonne danseuse pour incarner des émotions par ce geste là. Je ne sais pas si autre chose que l'art peut apporter ce genre de chose.
Je crois que mon entourage me voit pianiste, mère, et pédagogue. Mais je ne saurais dire dans quel ordre. Les trois en même temps sans doute.
Re: Pianiste ou...
L'oubli, c'est ça qui est morbide. La mémoire, les sensations qui ravivent les souvenirs, les moments passés, les traces que tu évoques, sont autant d'étincelles de vie - Comme tu le dis si bien Oupsi , de la "vie infinie".Oupsi a écrit :j'accorde une grande valeur à cette réapparition du passé que j'appelle une trace. Je trouve que c'est le contraire de la morbidité. C'est la victoire de la vie, la vie infinie. Comme je n'ai pas peur de retourner la pensée dans tous les sens, ce qui m'a été donné dans un sens, et dont je perçois les effets par l'activité aimante de ma mémoire, ma foi je ne vois pas ce qui m'interdit de le penser dans l'autre sens, à titre d'hypothèse.
Je l'avais déjà évoqué il y a longtemps: je n'arrive pas à dire que je suis pianiste. Je dis toujours "apprentie pianiste": par pudeur et parce que j'ai le sentiment de ne pas pouvoir le devenir un jour.
Par contre, je ne reprocherai jamais à quelqu'un de se sentir ainsi et de dire "je suis Pianiste". Ca ne me pose pas question, ni problème. C'est, je dirais plutôt, quelque chose de personnel donc peu critiquable.
Par contre, j'aime à penser que je suis davantage un peu musicienne, petite mais musicienne quand même, quelque part (mon conjoint dirait peut-être: "dans tes rêves!"). Je le sens plus comme cela ( et musicien, on peut même l'être avec une flûte à bec, en sifflant, en chantant...

"Je crois que mon entourage me voit pianiste, mère, et pédagogue. Mais je ne saurais dire dans quel ordre. Les trois en même temps sans doute."
Dis donc Caralire, c'est déjà pas mal du tout!!
Re: Pianiste ou...
Si par "musicien", tu entends "qui fait preuve de musicalite", non, je ne le dis pas plus facilement car la aussi ce serait faire preuve de grande presomption, voire pretention.. Ce que je dis facilement, c'est que je suis melomane. Le jugement sur mon eventuelle musicalite, ce n'est certainement pas a moi de le porter.Gracou a écrit :Je me demande, vous dites-vous plus facilement "musicien" que "pianiste" ?
(PS: desole pour les accents manquants, suis un clavier UK en ce moment)
Re: Pianiste ou...
Je ne perçois aucune morbidité dans les propos d'Oupsi. Au contraire. Il s'agit de garder la trace de ce qui était précisément le plus vivant chez telle ou telle personne... Et pour Ouspi, le piano est ce qui est au plus près de son "essence vivante" (je ne sais pas comment qualifier ça...).... En ce sens, oui, "être pianiste" est tout à fait légitime...
-
- Messages : 1819
- Enregistré le : dim. 25 mai, 2014 23:59
- Mon piano : Schimmel K230
- Localisation : Nantes [44000]
- Contact :
Re: Pianiste ou...
Que d' incompréhensions ! Que de modes de fonctionnements différents ! C'est l'idée de vouloir laisser une trace qui ne me convainc pas, et surtout une trace choisie. Je suis trop adepte de la libre pensée.
Sylvie Piano http://courspianocollectif.com/
Re: Pianiste ou...
Je ne peux pas me mettre à la place de ceux qui ont laissé une trace en moi, mais ils seraient peut-être surpris de l'apprendre, ou peut-être même ne s'y reconnaîtraient-ils pas du tout! Je n'en sais rien. C'est une écriture sur les eaux, comme on dit; trace mouvante et qui n'a pas grand-chose à voir avec la volonté... C'est pour cela qu'il est extrêmement présomptueux d'espérer qu'une telle chose se produise, mais en même temps le désir est comme ça, très déraisonnable...
-
- Messages : 1819
- Enregistré le : dim. 25 mai, 2014 23:59
- Mon piano : Schimmel K230
- Localisation : Nantes [44000]
- Contact :
Re: Pianiste ou...
Je pense qu'à ma mort, ceux qui ont aimé m'écouter se rappelleront de "comment" je joue (ils ne diront pas que je jouais bien ou mal, ils se rappelleront juste de ce que c'était).
Je ne sais pas si c'est présomptueux. Pour ma part et sincèrement, ça m'est égal.C'est pour cela qu'il est extrêmement présomptueux d'espérer qu'une telle chose se produise,
En revanche qu'aujourd'hui et maintenant je partage qui je suis vraiment avec les miens et ceux qui me font confiance est essentiel. C'est peut-être encore plus présomptueux....
Sylvie Piano http://courspianocollectif.com/
Re: Pianiste ou...
Mais non, justement, il n'y a rien de choisi ou de volontaire là dedans ! Il ne s'agit pas du désir délibéré de laisser une trace, mais de quelque chose de nous qui fera trace, à notre insu, et qui s'imprimera chez l'autre.... A la fois ce qui est le plus singulier mais le moins maîtrisable...sylvie piano a écrit :Que d' incompréhensions ! Que de modes de fonctionnements différents ! C'est l'idée de vouloir laisser une trace qui ne me convainc pas, et surtout une trace choisie. Je suis trop adepte de la libre pensée.
-
- Messages : 1819
- Enregistré le : dim. 25 mai, 2014 23:59
- Mon piano : Schimmel K230
- Localisation : Nantes [44000]
- Contact :
Re: Pianiste ou...
Mais quelle idée de vouloir laisser une trace...ou d'imaginer qu'à notre insu se fera cette trace...
Sylvie Piano http://courspianocollectif.com/