Sont-ce nos partitions préférées que nous jouons le mieux ?
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Sont-ce nos partitions préférées que nous jouons le mieux ?
Il arrive que l'on ait à jouer des musiques qui ne nous touchent pas particulièrement, voire que nous n'aimons pas. Cependant à la faveur d'un événement public il s'avère que nous la jouons très bien, même beaucoup mieux que celle qui nous tient tant à coeur.
Il ne suffit pas d'aimer, de bien réaliser pour créer une véritable émotion.
L'émotion que nous ressentons en jouant n'a quelquefois rien à voir avec le ressenti du public.
Il faut donc faire confiance aux oreilles bienveillantes qui vous chuchotent... " cette musique te va bien !"
Et garder pour l'intimité de sa chambre celle qui nous remplit mais qui ne remplit que nous.....
Pour ma part il y a aussi des oeuvres que j'aime jouer et que je n'aime pas vraiment écouter, c'est la relation physique au clavier qui me porte, ça m'amuse !
C'est pourquoi chaque choix est important et doit être déterminé par le but fixé.
Il ne suffit pas d'aimer, de comprendre et d'être bon pianiste. L'alchimie entre l'oeuvre, l'individu, le piano, le moment de la vie.... est secrète....
Et puis il y a ces oeuvres incontournables, essentielles, qui vous habitent totalement et pour toute votre vie.....
Il ne suffit pas d'aimer, de bien réaliser pour créer une véritable émotion.
L'émotion que nous ressentons en jouant n'a quelquefois rien à voir avec le ressenti du public.
Il faut donc faire confiance aux oreilles bienveillantes qui vous chuchotent... " cette musique te va bien !"
Et garder pour l'intimité de sa chambre celle qui nous remplit mais qui ne remplit que nous.....
Pour ma part il y a aussi des oeuvres que j'aime jouer et que je n'aime pas vraiment écouter, c'est la relation physique au clavier qui me porte, ça m'amuse !
C'est pourquoi chaque choix est important et doit être déterminé par le but fixé.
Il ne suffit pas d'aimer, de comprendre et d'être bon pianiste. L'alchimie entre l'oeuvre, l'individu, le piano, le moment de la vie.... est secrète....
Et puis il y a ces oeuvres incontournables, essentielles, qui vous habitent totalement et pour toute votre vie.....
Sylvie Piano http://courspianocollectif.com/
Re: Sont-ce nos partitions préférées que nous jouons le mieu
Clairement non. Les morceaux que j'aime le plus sont souvent ceux qui m'intimident le plus. Je les vois tellement grands que je les idéalise certainement, et au final je me dis que je ne pourrai pas leur rendre justice.
C'est typiquement le cas de la sonate D960 de Schubert, ou de l'op.110.
C'est typiquement le cas de la sonate D960 de Schubert, ou de l'op.110.
Re: Sont-ce nos partitions préférées que nous jouons le mieu
Question intéressante.
Pour un amateur elle se pose peut-être différemment que pour un professionnel, en tout cas dans le versant "décision" de la chose.
Ne pouvant consacrer au piano qu'un temps limité; ne pouvant consacrer à la connaissance et à la pleine assomption de l'émotion musicale qu'un temps limité, quel serait l'intérêt pour un amateur de passer du temps sur une oeuvre qui ne lui inspire pas d'émotions fortes ou un amour puissant?
Quand au versant "qualité", là oui, mais je crois que si les morceaux que l'on préfère ne sont pas ceux que l'on joue le mieux, c'est parce qu'un bout de chemin reste à faire. J'ai remarqué que lorsque je joue quelque chose qui me touche profondément, je m'encombre l'esprit d'idées, de raisonnements, de recherches, d'images, d'expériences, de rapprochements (et je saoûle un peu mon professeur), comme si je voulais justifier à mes yeux cette première émotion qui m'a fait adorer le morceau, et ça finit par parasiter le jeu. Il faudrait retrouver l'innocence, la simplicité, pour que l'amour du morceau reste pur et nu.
Pour un amateur elle se pose peut-être différemment que pour un professionnel, en tout cas dans le versant "décision" de la chose.
Ne pouvant consacrer au piano qu'un temps limité; ne pouvant consacrer à la connaissance et à la pleine assomption de l'émotion musicale qu'un temps limité, quel serait l'intérêt pour un amateur de passer du temps sur une oeuvre qui ne lui inspire pas d'émotions fortes ou un amour puissant?
Quand au versant "qualité", là oui, mais je crois que si les morceaux que l'on préfère ne sont pas ceux que l'on joue le mieux, c'est parce qu'un bout de chemin reste à faire. J'ai remarqué que lorsque je joue quelque chose qui me touche profondément, je m'encombre l'esprit d'idées, de raisonnements, de recherches, d'images, d'expériences, de rapprochements (et je saoûle un peu mon professeur), comme si je voulais justifier à mes yeux cette première émotion qui m'a fait adorer le morceau, et ça finit par parasiter le jeu. Il faudrait retrouver l'innocence, la simplicité, pour que l'amour du morceau reste pur et nu.
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Re: Sont-ce nos partitions préférées que nous jouons le mieu
Assez d'accord avec Nox et Oupsi : quand on aime passionnément un morceau , on se met soi-même la barre très haut et pour peu que l'on soit un peu porté sur l'auto-critique , notre interprétation trouvera rarement grâce à nos yeux en comparaison de celle qui nous a fait découvrir et adorer ce morceau .
Par ailleurs à notre exigence de perfection parfois démesurée viendra s'ajouter une bonne part d'affectif qui risque de nous encombrer (sans parler de tout le fatras d'Oupsi !
) : on risque de manquer de recul ou plutôt d'un certain détachement nécessaire pour vraiment bien jouer .
Ensuite tout est question de temps : lorsque cela fait des années que l'on joue un morceau aimé , vingt fois remis sur le métier , il y a quand même des chances pour qu'on le joue vraiment bien .
A l'inverse un morceau qui nous touche moins pourra être parfaitement joué car nous aurons plus de recul et un auditeur nous dira qu'il nous correspond vraiment bien même si nous pensons y avoir un peu manqué d'âme , mais juste un peu , perceptible par nous seulement ....
"Pour ma part il y a aussi des oeuvres que j'aime jouer et que je n'aime pas vraiment écouter, c'est la relation physique au clavier qui me porte, ça m'amuse !"
Et je suis tout à fait d'accord avec cela , ça m'arrive souvent ces derniers temps .
Par ailleurs à notre exigence de perfection parfois démesurée viendra s'ajouter une bonne part d'affectif qui risque de nous encombrer (sans parler de tout le fatras d'Oupsi !

Ensuite tout est question de temps : lorsque cela fait des années que l'on joue un morceau aimé , vingt fois remis sur le métier , il y a quand même des chances pour qu'on le joue vraiment bien .

A l'inverse un morceau qui nous touche moins pourra être parfaitement joué car nous aurons plus de recul et un auditeur nous dira qu'il nous correspond vraiment bien même si nous pensons y avoir un peu manqué d'âme , mais juste un peu , perceptible par nous seulement ....

"Pour ma part il y a aussi des oeuvres que j'aime jouer et que je n'aime pas vraiment écouter, c'est la relation physique au clavier qui me porte, ça m'amuse !"
Et je suis tout à fait d'accord avec cela , ça m'arrive souvent ces derniers temps .

"Il faut que cela soit si gai , si gai , que l'on ait envie de fondre en larmes ."
Re: Sont-ce nos partitions préférées que nous jouons le mieu
Je partage cette expérience. Cela a été le cas pour des choses "contemporaines" (des choses aussi très classiques!) auxquelles j'ai été confronté dans mes études et qui ne me parlaient au début pas du tout. Je me raccrochais alors à l'aspect ludique du jeu au clavier.sylvie piano a écrit : Pour ma part il y a aussi des oeuvres que j'aime jouer et que je n'aime pas vraiment écouter, c'est la relation physique au clavier qui me porte, ça m'amuse !
Un peu dans la veine de ce que je racontais plus haut, on peut aborder des choses inconnues, éventuellement désagréables, parce que le prof les met sur notre route. Ce que j'aime jouer aujourd'hui est globalement assez différent de ce que j'aimais au début de mes études. Je ne serais jamais allé de moi-même vers certains répertoires qui ne m'attiraient guère (contemporain, jazz moderne, musiques orientales, etc) sans y avoir été amené.Oupsi a écrit :quel serait l'intérêt pour un amateur de passer du temps sur une oeuvre qui ne lui inspire pas d'émotions fortes ou un amour puissant?
La différence entre un fou et moi, c'est que je ne suis pas fou. Salvador Dali.
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Re: Sont-ce nos partitions préférées que nous jouons le mieu
Ce plaisir digital a d'ailleurs été évoqué à plusieurs reprises sur ce forum :Gracou a écrit :Je partage cette expérience. Cela a été le cas pour des choses "contemporaines" (des choses aussi très classiques!) auxquelles j'ai été confronté dans mes études et qui ne me parlaient au début pas du tout. Je me raccrochais alors à l'aspect ludique du jeu au clavier.sylvie piano a écrit : Pour ma part il y a aussi des oeuvres que j'aime jouer et que je n'aime pas vraiment écouter, c'est la relation physique au clavier qui me porte, ça m'amuse !
jean-séb a écrit :Tout à fait d'accord sur ce plaisir. Mais c'est quand même mieux s'il y a un peu de musique dedans. Pour ma part, je n'ai pas de plaisir dans des gammes pures, mais si elles sont intégrées dans un exercice de Czerny ou une sonate de Clementi avec les petites harmonies qui vont bien, alors là, ça change tout !RationalPianist a écrit :Personne ne parle ici de plaisir digital au piano. Perso, j'adore jouer des trucs techniques "non-musical" pour le plaisir de la sensation de fusion entre son corps et le clavier.[...]Et c'est une sensation géniale de courir sur son clavier rien que pour le plaisir de fusion entre soi et les touches.
natty_dread78 a écrit :Cela dit j'avoue que j'aime bien les pratiquer, en particulier le 3ème cahier, ca m'apporte un certain plaisir. Mais en réfléchissant, il est possible que ce plaisir soit uniquement lié au plaisir digital de jouer, et pas au Hanon en lui meme.
Re: Sont-ce nos partitions préférées que nous jouons le mieu
Oui il y a des oeuvres que j'aime jouer mais que je n'aime pas forcément écouter. ....enfin c'est quand même subjectif de dire cela. ...tout dépend de l'interprète lorsque j'écoute.
J'ai découvert que je n'aime pas travailler ni Bach, ni Mozart, malgré mon amour de ces deux compositeurs. ..
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Re: Sont-ce nos partitions préférées que nous jouons le mieu
Tout pareil, Strumpf ! Ils sont si exigeants de précision et de coeur…… Il faut vraiment du courage, du temps et de la volonté !…..
ET SI NOUS VALIONS MIEUX QUE LE BONHEUR ? - Franz Liszt.
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Re: Sont-ce nos partitions préférées que nous jouons le mieu
Moi c'est Schubert que je n'aime pas trop jouer. Pourtant j'aime beaucoup l'écouter! Je "culpabilise" un peu de ça, mais apparemment je ne suis pas la seule! Ma partition préférée de Chopin est la 1ère ballade. Je rêve de l'apprendre, mais je n'ai pas le niveau 

"Je suis croyante, ma religion est la musique". Valérie.
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Re: Sont-ce nos partitions préférées que nous jouons le mieu
J'ai beaucoup de plaisir à jouer certains morceaux qui ne pourtant ne me "transportent" pas totalement, mais qui ont des particularités d'écriture qui les rendent amusantes à jouer, et , il faut bien l'avouer, font de l'effet assez facilement ( tout le contraire d'un Bach ou d'un Mozart
)
Je pense par exemple à certaines pièces de Granados ou Albéniz ( je m'amuse bien avec "Andaluza" et "Rumores de la Caleta" , "Asturias doit être aussi assez jubilatoire à jouer...si on arrive à plaquer les accords sans tomber à côté!)
J'avais aussi bien aimé jouer, un peu pour les mêmes raisons, le Solfeggietto de CPE Bach, et autrefois "Laideronnette impératrice des pagodes" des contes de ma Mère l'Oye de Ravel.

Je pense par exemple à certaines pièces de Granados ou Albéniz ( je m'amuse bien avec "Andaluza" et "Rumores de la Caleta" , "Asturias doit être aussi assez jubilatoire à jouer...si on arrive à plaquer les accords sans tomber à côté!)
J'avais aussi bien aimé jouer, un peu pour les mêmes raisons, le Solfeggietto de CPE Bach, et autrefois "Laideronnette impératrice des pagodes" des contes de ma Mère l'Oye de Ravel.
Re: Sont-ce nos partitions préférées que nous jouons le mieu
Oui, un travail d'orfèvre, où tout défaut s'entend. ..DIDIER25 a écrit :Tout pareil, Strumpf ! Ils sont si exigeants de précision et de coeur…… Il faut vraiment , du temps et de la volonté !…..
j'ai découvert aussi la jubilation de jouer Liszt. ...j'ai trouvé qu'il y a vraiment un équilibre dans le jeu...on sent l'homme de théâtre, l'amoureux d'opéra.