le travail des " thème et variations"
Re: le travail des " thème et variations"
Sylvie va découvrir que beaucoup de posts ont une furieuse tendance à dévier sur quelques débats très récurrents, dont "pour ou contre les exercices" n'est pas le moins fameux.
En même temps, en lançant un fil sur la pédagogie offerte par une certaine forme musicale, le terrain était brulant et propice pour faire un rapprochement entre les variations et une forme d'exercices (tant de cahiers varient le thème sur ce principe).
En même temps, en lançant un fil sur la pédagogie offerte par une certaine forme musicale, le terrain était brulant et propice pour faire un rapprochement entre les variations et une forme d'exercices (tant de cahiers varient le thème sur ce principe).
Re: le travail des " thème et variations"
Vu qu'on est HS encore avec le même S, je me psychoanalyse : je ne fais pas d'exercices, car j'ai peur de finir à jouer la musique comme une exercice, ce que on entend des fois même chez les pros, techniquement parfait mais sans âme ou expression...
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Re: le travail des " thème et variations"
Ca me rappelle une excuse que j'avais balancé à une prof quand j'avais 12-13 ans pour refuser de jouer du Bach : "si je me mets à jouer du Bach, ça va détruire ma façon de jouer Chopin". J'ignorais bien sur que ma manière de jouer Chopin était HS et que le travail dans Bach allait plus tard m'aider à l'améliorer ...
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Re: le travail des " thème et variations"
Vous me piquez au vif Wandarmok !!!!(humour de pêcheur, puisqu'il y a du poisson dans l'air !).... Si je me place du point de vue de l' enseignante je dirais que bien-sûr j'utilise des formes d'exercices pour aborder des notions essentielles. Il faut savoir travailler une gamme, c'est long, ce doit être très musical. Rien de plus dangereux et néfastes que tous ces exercices et études et gammes mal travaillés. Mais voilà, ce sont des outils et je les manipule en tant que tels.
Si je me place du point de vue de la pianiste que je suis, qui travaille 4 à 5 h par jour c'est une tout autre démarche !!!!
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Sylvie Piano http://courspianocollectif.com/
Re: le travail des " thème et variations"
Hmmm, bravo Lee!Lee a écrit :Vu qu'on est HS encore avec le même S, je me psychoanalyse : je ne fais pas d'exercices, car j'ai peur de finir à jouer la musique comme une exercice, ce que on entend des fois même chez les pros, techniquement parfait mais sans âme ou expression...
Un nouvel angle d'attaque, de mémoire il ne me semble pas avoir été utilisé, du moins recemment:
"Je ne fais pas d'exos


Et ça rime en plus...
EDIT: j'ai dit "comme un robot", j'ai pas osé dire "comme Lang Lang"...



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Re: le travail des " thème et variations"
Jouons alors des variations de Czerny plutôt que ses études !
http://www.youtube.com/watch?v=JgWWAGzB6lQ
Comme Guy Sacre j'ai une préférence pour les Brahms-Schumann parmi les cahiers de variations de Brahms, je ne les ai jamais travaillées mais ça me tenterait bien. Pareil pour le Thème et variations de Fauré.
J'ai beaucoup joué les Etudes symphoniques de Schumann autrefois, un de mes chevaux de bataille avec les 32 de Beethoven
(et merci au passage à Sylvie).
Du point de vue des professeurs le travail des variations fait toujours "du bien" car il oblige à se concentrer sur divers problèmes techniques de façon bien précise avant de commencer à les enchaîner. je suis assez d'accord avec ca
http://www.youtube.com/watch?v=JgWWAGzB6lQ
Comme Guy Sacre j'ai une préférence pour les Brahms-Schumann parmi les cahiers de variations de Brahms, je ne les ai jamais travaillées mais ça me tenterait bien. Pareil pour le Thème et variations de Fauré.
J'ai beaucoup joué les Etudes symphoniques de Schumann autrefois, un de mes chevaux de bataille avec les 32 de Beethoven
(et merci au passage à Sylvie).
Du point de vue des professeurs le travail des variations fait toujours "du bien" car il oblige à se concentrer sur divers problèmes techniques de façon bien précise avant de commencer à les enchaîner. je suis assez d'accord avec ca
Re: le travail des " thème et variations"
J'ai eu la chance de pouvoir travailler les Variations sur un thème de Schumann de Brahms. Je les ai toutes travailler mais je n'en ai joué qu un tiers en public. J'ai vraiment aimé ce travail. Les variations de Brahms sont vraiment toutes différentes et dans chaque petite variations, il y a un microcosme à créer. Depuis plusieurs mois, j'étudie avec autant de passion, les Variations Sérieuses de Mendelsohn. .....j'adore. ...j'aimerais bien lesjjouer en public. ....
Re: le travail des " thème et variations"
J'ai toujours eu un problème avec les Variations Sérieuses ... je les ai beaucoup travaillées, mais je n'ai jamais pu sincèrement les aimer. C'est un chef d'oeuvre, mais non, rien à faire pour moi. Au contraire des Brahms-Schumann, que je joue parfois pour me faire plaisir sans les avoir travaillées, mais qui me touchent réellement. C'est quand même une oeuvre drolement troublante, tous ces symboles (citations de Robert et Clara en abondance), et surtout le côté crepusculaire du dernier Brahms déjà entier dans cette oeuvre de jeunesse.
Re: le travail des " thème et variations"
Je n'ai pas dit que ton approche était mauvaise, mais qu'elle ne suffisait pas pour caractériser le travail effectué via un exercice.BluePhoenix05 a écrit : Alors explique nous stp en quoi mon approche serait mauvaise pour arriver à jouer ces gammes/Hanon/"exercices" ? En quoi diffèrerait ton approche des exercices par rapport aux morceaux ?
Par exemple, si tu dois travailler un trait en tierce dans un morceau, dans l'idéal si je suis votre manière de voir les choses, je présume qu'il faudrait, à chaque fois qu'on le travaille, y mettre la même intention et la même musicalité que si on le jouait dans le feu de l'action.
Et à force de répéter, on s'auto-diagnostique pour savoir où ça pêche, et on se concentre sur le point qui pose problème, de plus en plus (mais sans jamais se départir de la musicalité). C'est certainement possible, mais quelle gymnastique intellectuelle ! Se concentrer sur un micro-défaut tout en gardant un certain recul !
Pour ma part, je n'en suis pas capable, j'ai une approche plus "Cortot" du travail, en décomposant difficulté par difficulté et en ramenant ça à des formules de travail simples et quasiment déconnectées de tout contexte musical. C'est mon passage du pouce qui pose problème dans cette mesure, ou la position de la main qui n'est pas bonne ? Eh bien je déconnecte toute musique pendant un moment pour ne travailler que la mécanique, j'ai zoomé, zoomé, zoomé, au point que je vois précisément le geste qui coince, et que je peux le travailler "séparément" sans trahir le résultat final, je dezoomerai ensuite progressivement pour remonter au niveau de la mesure, puis des mesures, puis du passage, puis de l'oeuvre complète, pour m'en assurer.
Bon. Ce travail purement mécanique, si j'ai eu à le faire, c'est pour moi que j'ai quelque part un trou dans ma technique.
Extrapolons : si je savais jouer parfaitement tous les exercices du monde (Cramer, Clementi, Czerny y tutti quanti), aurais-je eu le problème ? Je ne pense pas (mais c'est là que nos points de vue diffèrent).
Pourquoi je pense ça ? Parce que la grande majorité du répertoire pour piano a été écrit par....des pianistes ! Et que ces gestes étaient donc naturels pour eux.
Ces pianistes/compositeurs s'exprimaient naturellement avec leur instrument, ils exploitaient leur immense maîtrise technique en la mettant au service de leurs compositions, et ne développaient pas une nouvelle technique à chaque morceau !
Ma façon de voir les choses est que j'essaye de me rapprocher le plus possible de ça : je ne veux pas apprendre à jouer des pièces, je veux apprendre à maîtriser mon instrument pour mettre cette maîtrise au service des oeuvres que je joue.
Pour que, si j'étais Brahms, Liszt ou Chopin, je puisse moi aussi écrire ces oeuvres en considérant ces gestes comme naturels.
Les exercices, les gammes, le hanon etc... sont pour moi autant d'outils de diagnostic pour me dire : "en dehors de tout contexte musical, qui peut me permettre de masquer mes défauts ou de les contourner, que suis-je réellement capable de faire ?"
Par exemple, suis-je capable de jouer quelques notes conjointes, à l'unisson, avec un simple passage du pouce (une gamme, donc) ? Est-ce que je maîtrise suffisamment mes sensations, mes doigts, pour arriver à ça ? Et est-ce que j'y arrive pianissimo ? Et piqué ?
Je peux être capable de jouer au tempo "La ronde des lutins", mais si je ne suis pas capable de jouer une simple gamme pianissimo-staccato, c'est que je ne maîtrise pas vraiment mon jeu dans ce morceau. Et je me dis que si je maîtrisais mon instrument au point de savoir faire cette gamme pianissimo-staccato, mon interprétation de la Ronde des lutins n'en serait que plus maîtrisée, plus propre, et plus juste. Je supprimerais en fait une part d'aléa, liée aux nuances, aux doigtés, voire à l'instrument...
C'est ma conviction, ma manière de voir les choses.
Je ne dis pas que c'est la seule, ou qu'elle est plus juste, mais c'est je crois ce qu'on essaye de faire en travaillant des exercices.
Je ne sais plus si je l'ai déjà dit par ailleurs, mais je me rappelle d'un passage dans la biographie de Liszt : à son arrivée chez Czerny, l'enfant Liszt (8 ou 9 ans je crois) avait déjà conquis ses galons de concertiste, et savait déjà jouer les oeuvres les plus difficiles de son temps, les concerti de Hummel et compagnie. Il était reconnu des plus grands.
Czerny lui donne à travailler le Gradus de Clementi...
A la fin, Liszt étant malade de devoir travailler ce recueil, Czerny lui demande de jouer une gamme chromatique, à l'unisson, sur tout le clavier de l'extrême grave à l'extrême aigu, crescendo. Liszt s'exécute, et Czerny lui dit : "rappelle-toi de quelle manière tu jouais cela à ton arrivée chez moi ? C'était inégal, boîteux. Tous ces progrès que tu as fait, tu les dois au Gradus"
Je suis convaincu que cette manière de voir les choses a aidé à façonner le plus grand pianiste ayant jamais vécu.
Modifié en dernier par nox le lun. 29 sept., 2014 18:46, modifié 3 fois.
Re: le travail des " thème et variations"

EN fait quand je travaillais les Variations Brahms Schumann, sur l'une d'elle , ma prof m'a dit que cette variation ressemblait à l'une des Variations Sérieuses. Comme je ne connaissais pas du tout, que je ne les avais jamais entendues, elle m'a passé la partition et j'ai déchiffré la Variation en question. C'était il y a deux ans. J'avais trouvé cette musique très ardue.
Fin mai 2014, j'ai ouvert la partition et je ne sais pas pourquoi, j'ai eu envie de travailler cette œuvre. Je suis entrée dans le monde de la première étonnée par le son... et puis en les travaillant chacune au fur et à mesure, pour chacune d'elle c'était une découverte, une gourmandise délicieuse qui m'a poussée à travailler beaucoup pour surmonter les difficultés techniques..... je vais de découverte en découverte de moi et de l’œuvre... j'adore !
Re: le travail des " thème et variations"
Lee a écrit :Je n'ai pas tout écouter (pour quelques uns j'étais contente de pouvoir les couper) mais déjà j'adore plusieurs des variations (pas toutes) parmi les Brahms sur une thème de Schumann.
JPS1827 a écrit :Comme Guy Sacre j'ai une préférence pour les Brahms-Schumann parmi les cahiers de variations de Brahms, je ne les ai jamais travaillées mais ça me tenterait bien.
Je pense que ce n'est pas un hasard. Ces variations sont quand même différents que les autres variations, non ?Okay a écrit :Au contraire des Brahms-Schumann, que je joue parfois pour me faire plaisir sans les avoir travaillées, mais qui me touchent réellement. C'est quand même une oeuvre drolement troublante, tous ces symboles (citations de Robert et Clara en abondance), et surtout le côté crepusculaire du dernier Brahms déjà entier dans cette oeuvre de jeunesse.

EDIT: Je m'égare avec tous ces exercices d'exercices. Je vois la réponse dans une réponse de Strumpf pas vu :
strumpf a écrit :J'ai eu la chance de pouvoir travailler les Variations sur un thème de Schumann de Brahms. Je les ai toutes travailler mais je n'en ai joué qu un tiers en public. J'ai vraiment aimé ce travail. Les variations de Brahms sont vraiment toutes différentes et dans chaque petite variations, il y a un microcosme à créer. Depuis plusieurs mois, j'étudie avec autant de passion, les Variations Sérieuses de Mendelsohn. .....j'adore. ...j'aimerais bien lesjjouer en public. ....
Modifié en dernier par Lee le lun. 29 sept., 2014 19:02, modifié 1 fois.
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Re: le travail des " thème et variations"
Je travaille exactement comme tu le fais. S'il y a un vrai problème, je retire temporairement le contexte musical et me fabrique un exercice sur mesure, c'est ce que tu appelles zoomer. Ensuite je réintégre le contexte. On ne peut pas garder toute la musique 100% de temps, c'est impossible d'après moi.nox a écrit :Par exemple, si tu dois travailler un trait en tierce dans un morceau, dans l'idéal si je suis votre manière de voir les choses, je présume qu'il faudrait, à chaque fois qu'on le travaille, y mettre la même intention et la même musicalité que si on le jouait dans le feu de l'action.
Et à force de répéter, on s'auto-diagnostique pour savoir où ça pêche, et on se concentre sur le point qui pose problème, de plus en plus (mais sans jamais se départir de la musicalité). C'est certainement possible, mais quelle gymnastique intellectuelle ! Se concentrer sur un micro-défaut tout en gardant un certain recul !
Pour ma part, je n'en suis pas capable, j'ai une approche plus "Cortot" du travail, en décomposant difficulté par difficulté et en ramenant ça à des formules de travail simples et quasiment déconnectées de tout contexte musical. C'est mon passage du pouce qui pose problème dans cette mesure, ou la position de la main qui n'est pas bonne ? Eh bien je déconnecte toute musique pendant un moment pour ne travailler que la mécanique, j'ai zoomé, zoomé, zoomé, au point que je vois précisément le geste qui coince, et que je peux le travailler "séparément" sans trahir le résultat final, je dezoomerai ensuite progressivement pour remonter au niveau de la mesure, puis des mesures, puis du passage, puis de l'oeuvre complète, pour m'en assurer.
Je ne pense absolument pas que faire ce travail trahit un trou dans ta technique. Tu as juste eu à gérer une configuration qui était nouvelle pour toi, parmi l'infinité de configurations et de gestes qu'on peut rencontrer dans le repertoire, ce qui arrive à tous les pianistes de tous niveaux. Les exercices ou autres passages en tierces auraient pu, ou pas, faciliter ce passage.nox a écrit :Bon. Ce travail purement mécanique, si j'ai eu à le faire, c'est pour moi que j'ai quelque part un trou dans ma technique.
Extrapolons : si je savais jouer parfaitement tous les exercices du monde (Cramer, Clementi, Czerny y tutti quanti), aurais-je eu le problème ? Je ne pense pas (mais c'est là que nos points de vue diffèrent).
Pourquoi je pense ça ? Parce que la grande majorité du répertoire pour piano a été écrit par....des pianistes ! Et que ces gestes étaient donc naturels pour eux.
Pire que ça. Jouer les tierces des Brahms-Paganini ne permet pas du tout de jouer l'opus 25 n°6, et vice versa. En fait rien ne permet de jouer ça à part de le travailler en soi à mon sens.nox a écrit :d'autant que comme vous le dites si bien, chers ardents défenseurs du travail "à la pièce", chaque morceau à ses spécificités, et ce n'est pas parce qu'on sait faire les tierces de la berceuse de Chopin qu'on saura faire celles des variations Paganini de Brahms.
C'est un idéal impossible à atteindre. Il y a certes une boite à outils qui permet de travailler mieux et plus vite, et la plus fournie elle est le mieux c'est. Mais le couteau suisse absolu permettant de tout jouer est un leurre de l'esprit. Si c'était possible, il suffirait de bien savoir déchiffrer et d'avoir une bonne mémoire, et on pourrait tout jouer sans effort. Et non, on transpire toute sa vie à acquérir de nouvelles compétences pianistiques.nox a écrit :Ces pianistes/compositeurs s'exprimaient naturellement avec leur instrument, ils exploitaient leur immense maîtrise technique en la mettant au service de leurs compositions, et ne développaient pas une nouvelle technique à chaque morceau !
Ma façon de voir les choses est que j'essaye de me rapprocher le plus possible de ça : je ne veux pas apprendre à jouer des pièces, je veux apprendre à maîtriser mon instrument pour mettre cette maîtrise au service des oeuvres que je joue.
Si tu peux bien jouer la ronde des lutins au tempo, c'est que tu sais faire beaucoup plus que jouer des gammes (la mobilité du pouce pose des problèmes bien plus compliqués), mais que tu n'es pas forcément capable de parfaitement jouer une gamme. Paradoxal il est vrai.nox a écrit :Je peux être capable de jouer au tempo "La ronde des lutins", mais si je ne suis pas capable de jouer une simple gamme pianissimo-staccato, c'est que je ne maîtrise pas vraiment mon jeu dans ce morceau. Et je me dis que si je maîtrisais mon instrument au point de savoir faire cette gamme pianissimo-staccato, mon interprétation de la Ronde des lutins n'en serait que plus maîtrisée, plus propre, et plus juste. Je supprimerais en fait une part d'aléa, liée aux nuances, aux doigtés, voire à l'instrument...
Tu peux merveilleusement jouer Feux-Follets et Mazeppa sans parfaitement savoir faire une seule gamme, et buter devant presque n'importe quel Liszt un peu coton en maitrisant parfaitement toutes les gammes ... ne nous trompons pas d'objetif.
Re: le travail des " thème et variations"
Eh bien justement non, pour répondre à ton dernier point !
Pour moi, rien n'est plus difficile que l'égalité parfaite, qu'on ne rencontre pour ainsi dire jamais dans un morceau ! Si je sais jouer avec une égalité parfaite, c'est que ma maîtrise est totale, et que peux ensuite sans problème décliner ça en ajoutant des crescendos ou autres effets musicaux.
Pour moi, rien n'est plus difficile que l'égalité parfaite, qu'on ne rencontre pour ainsi dire jamais dans un morceau ! Si je sais jouer avec une égalité parfaite, c'est que ma maîtrise est totale, et que peux ensuite sans problème décliner ça en ajoutant des crescendos ou autres effets musicaux.
Re: le travail des " thème et variations"
Mais pourquoi cette configuration nouvelle me pose-t-elle problème, alors que beaucoup d'autres inconsciemment n'en posent aucun ? C'est là que le "trou" dans la technique arrive pour moi. Et c'est pour moi symptomatique d'un manque de maîtrise. Dans l'idéal, jouer devrait être aussi naturel que parler.Okay a écrit : Je ne pense absolument pas que faire ce travail trahit un trou dans ta technique. Tu as juste eu à gérer une configuration qui était nouvelle pour toi, parmi l'infinité de configurations et de gestes qu'on peut rencontrer dans le repertoire, ce qui arrive à tous les pianistes de tous niveaux. Les exercices ou autres passages en tierces auraient pu, ou pas, faciliter ce passage.
Liszt savait tout jouer a prima vista avec sa technique phénoménale...Il parlait véritablement à travers son piano, idem pour Chopin.
Voilà mon idéal...Impossible à atteindre, peut être, mais c'est mon asymptote quotidienne

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Re: le travail des " thème et variations"
Nox, "tu fais l'âne pour avoir du son". Après tout tu peux travailler comme tu veux, chacun ses problèmes. Les différences et les similitudes que tu évoques entre technique et mécanisme ont déjà été abordées par bien des chercheurs très compétents en pédagogie pianistique. Leimer qualifiait déjà de "folie" le fait de travailler séparément sa technique pour pouvoir l'utiliser dans les morceaux, il exagérait probablement, mais toi aussi ; je sais très bien que ce n'est pas vraiment ce que tu fais, tu es un musicien et tu sais instinctivement que certaines configurations très semblables ne s'abordent pas de la même façon en fonction des œuvres où elles se trouvent.
Re: le travail des " thème et variations"
Mais finalement, vous n'êtes pas de tout hors sujet. C'est toujours la même thème à débattre, avec juste quelque petites variations, et aussi intéressant que la grande partie des T&V que j'ai pu écouter.



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Re: le travail des " thème et variations"
Ce serait bien que d'autres boxeurs A viennent alimenter le débat, pour ne pas avoir à réfuter à ad nauseam les arguments (de chaque camp)
Remplace "gammes/Hanon" par "extrait de morceau" et cela sert tout aussi bien d'outil de diagnostic.
Cela m'amène un prolongement du débat peut-être plus intéressante, car après avoir bossé la "technique pure", faudrait-il travailler la "musique pure" ?
Comment fais-tu pour travailler la musicalité dans tes morceaux ? On arrive à jouer bien les notes, pourtant on n'est pas satisfait, il manque quelque chose, un "liant", comment cela se travaille-t-il ? Est-ce que ça vient d'un coup quand on est touché par la grâce sur scène ?
Je suis le premier à rechercher les astuces physique (ou mentales) concrètes qui permettent d'améliorer son jeu, car augmenter ses possibilités techniques permet d'augmenter sa palette sonore dans lesquelles on n'hésite alors pas à piocher pour être plus expressif/musical. Lorsque j'avais des remarques du type "là ça doit être diaphane, léger comme du brouillard", "imagine un basson/une flûte/violoncelle qui vibre", "imagine une maison hantée sous la pluie", etc. ben ça ne m'aidait pas concrètement à jouer mieux, j'avais plutôt des trous dans les notes si j'essayais de jouer piano (aujourd'hui je sais un peu mieux quels moyens techniques expérimenter pour obtenir un certain son associé à une certaine image).
Mais il faut aussi se rendre compte que pas mal de problèmes techniques sont issus d'une mauvaise pensée musicale (inconsciemment on a une idée du rendu qu'on veut, mais le moyen intuitif/conscient qu'on met en oeuvre est contradictoire, d'où blocage technique, d'origine mentale/musicale). Le corps "sait" faire beaucoup de choses (ouvrir et fermer la main est naturel ; quand on ramasse un crayon tombé par terre on y arrive du premier coup, ça devrait être pareil si on vise une note située deux octaves plus bas), il faut lui laisser la possibilité de les réaliser, dissoudre l'appréhension du clavier qu'on peut avoir. Aussi travailler musicalement (je sais que la formulation est un peu générale...) permet régulièrement de débloquer des problèmes techniques.
On (Okay) l'a déjà dit, il n'y a pas de "qui peut le plus peut le moins". Et puis des crescendos bien étalés dans le temps, savamment dosés, sans que le son devienne dur à la fin... ce n'est pas une mince affaire !
Pour que jouer devienne aussi naturel que parler, il faut savoir à l'avance (même un instant d'avance) ce qu'on a à dire - et on peut parler tout en faisant des fausses notes, on comprend quand même ce qui est dit.

Selon toi, la musique sert de cache-misère à la technique ? On perçoit moins bien un défaut technique parce qu'on joue musical ?nox a écrit :Les exercices, les gammes, le hanon etc... sont pour moi autant d'outils de diagnostic pour me dire : "en dehors de tout contexte musical, qui peut me permettre de masquer mes défauts ou de les contourner, que suis-je réellement capable de faire ?"
Remplace "gammes/Hanon" par "extrait de morceau" et cela sert tout aussi bien d'outil de diagnostic.
Tu pars du principe qu'une gamme représente de la technique "pure", "essentialisée", alors c'est une formule musicale comme une autre, il n'y rien de plus dur ou moins dur, plus évident ou moins évident.nox a écrit :Par exemple, suis-je capable de jouer quelques notes conjointes, à l'unisson, avec un simple passage du pouce (une gamme, donc) ? Est-ce que je maîtrise suffisamment mes sensations, mes doigts, pour arriver à ça ? Et est-ce que j'y arrive pianissimo ? Et piqué ?
Cela m'amène un prolongement du débat peut-être plus intéressante, car après avoir bossé la "technique pure", faudrait-il travailler la "musique pure" ?
Comment fais-tu pour travailler la musicalité dans tes morceaux ? On arrive à jouer bien les notes, pourtant on n'est pas satisfait, il manque quelque chose, un "liant", comment cela se travaille-t-il ? Est-ce que ça vient d'un coup quand on est touché par la grâce sur scène ?
Je suis le premier à rechercher les astuces physique (ou mentales) concrètes qui permettent d'améliorer son jeu, car augmenter ses possibilités techniques permet d'augmenter sa palette sonore dans lesquelles on n'hésite alors pas à piocher pour être plus expressif/musical. Lorsque j'avais des remarques du type "là ça doit être diaphane, léger comme du brouillard", "imagine un basson/une flûte/violoncelle qui vibre", "imagine une maison hantée sous la pluie", etc. ben ça ne m'aidait pas concrètement à jouer mieux, j'avais plutôt des trous dans les notes si j'essayais de jouer piano (aujourd'hui je sais un peu mieux quels moyens techniques expérimenter pour obtenir un certain son associé à une certaine image).
Mais il faut aussi se rendre compte que pas mal de problèmes techniques sont issus d'une mauvaise pensée musicale (inconsciemment on a une idée du rendu qu'on veut, mais le moyen intuitif/conscient qu'on met en oeuvre est contradictoire, d'où blocage technique, d'origine mentale/musicale). Le corps "sait" faire beaucoup de choses (ouvrir et fermer la main est naturel ; quand on ramasse un crayon tombé par terre on y arrive du premier coup, ça devrait être pareil si on vise une note située deux octaves plus bas), il faut lui laisser la possibilité de les réaliser, dissoudre l'appréhension du clavier qu'on peut avoir. Aussi travailler musicalement (je sais que la formulation est un peu générale...) permet régulièrement de débloquer des problèmes techniques.
Attention, tu es en train d'établir un classement par difficulté !nox a écrit :Pour moi, rien n'est plus difficile que l'égalité parfaite, qu'on ne rencontre pour ainsi dire jamais dans un morceau ! Si je sais jouer avec une égalité parfaite, c'est que ma maîtrise est totale, et que peux ensuite sans problème décliner ça en ajoutant des crescendos ou autres effets musicaux.

J'ai envie de dire que tu ne percevait pas les problèmes dans ces autres cas (c'est tout à fait normal, on a l'impression que ça va à peu près bien, mais en fait on est encore incapable d'entendre "plus loin"), mais là on est en train de conjecturer dans un cas vraiment très général sans base solide.nox a écrit :Mais pourquoi cette configuration nouvelle me pose-t-elle problème, alors que beaucoup d'autres inconsciemment n'en posent aucun ? C'est là que le "trou" dans la technique arrive pour moi. Et c'est pour moi symptomatique d'un manque de maîtrise.
Ton but est d'arriver à déchiffrer à vue de façon parfaite ? Mais, toi qui déchiffre excellemment bien, tu sait très bien que c'est facile d'impressionner les gens ainsi, de faire de la "jolie musique", ce n'est pas pour autant qu'on a l'impression de fabriquer de l'art. Liszt arrivait peut-être à jouer comme ça, mais je ne pense que ce soit ainsi qu'il préparait ses concerts.nox a écrit :Dans l'idéal, jouer devrait être aussi naturel que parler.
Liszt savait tout jouer a prima vista avec sa technique phénoménale...Il parlait véritablement à travers son piano, idem pour Chopin.
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Pour que jouer devienne aussi naturel que parler, il faut savoir à l'avance (même un instant d'avance) ce qu'on a à dire - et on peut parler tout en faisant des fausses notes, on comprend quand même ce qui est dit.
Et ça, tu l'appliques bien sur un morceau, nox ! pas en piochant un exercice à côté (?)Okay a écrit :Je travaille exactement comme tu le fais. S'il y a un vrai problème, je retire temporairement le contexte musical et me fabrique un exercice sur mesure, c'est ce que tu appelles zoomer. Ensuite je réintégre le contexte. On ne peut pas garder toute la musique 100% de temps, c'est impossible d'après moi.nox a écrit :Par exemple, si tu dois travailler un trait en tierce dans un morceau, dans l'idéal si je suis votre manière de voir les choses, je présume qu'il faudrait, à chaque fois qu'on le travaille, y mettre la même intention et la même musicalité que si on le jouait dans le feu de l'action.
Et à force de répéter, on s'auto-diagnostique pour savoir où ça pêche, et on se concentre sur le point qui pose problème, de plus en plus (mais sans jamais se départir de la musicalité). C'est certainement possible, mais quelle gymnastique intellectuelle ! Se concentrer sur un micro-défaut tout en gardant un certain recul !
Pour ma part, je n'en suis pas capable, j'ai une approche plus "Cortot" du travail, en décomposant difficulté par difficulté et en ramenant ça à des formules de travail simples et quasiment déconnectées de tout contexte musical. C'est mon passage du pouce qui pose problème dans cette mesure, ou la position de la main qui n'est pas bonne ? Eh bien je déconnecte toute musique pendant un moment pour ne travailler que la mécanique, j'ai zoomé, zoomé, zoomé, au point que je vois précisément le geste qui coince, et que je peux le travailler "séparément" sans trahir le résultat final, je dezoomerai ensuite progressivement pour remonter au niveau de la mesure, puis des mesures, puis du passage, puis de l'oeuvre complète, pour m'en assurer.
Quelques traductions de poèmes chinois à ma sauce
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Re: le travail des " thème et variations"
Je pense que la vie de Nox avec son piano est compliquée. Son obsession du contrôle total me questionne, d'autant qu'il y a tout de même certaines petites imperfections techniques qui subsistent....Peut-être pas assez de gammes ? 

Sylvie Piano http://courspianocollectif.com/
Re: le travail des " thème et variations"
Si on lui donne le bénéfice du doute, il n'a probablement pas encore trouvé le bon piano... 

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Re: le travail des " thème et variations"
En tant que «boxeur A» temporaire, je souhaitais revenir sur le sujet des exercices.
Certains ont dit, fort justement d'ailleurs, qu'il n'y avait aucune chance ou presque de rencontrer la difficulté travaillée dans un exercice. Mais, à mon avis, le but, ce n'est pas de savoir maîtriser la légèreté du pouce comme demande machin dans sa trucmuchième sonate. Le réel objectif, c'est d'acquérir une véritable polyvalence dans la technique.
Prenons un exemple : une basse d'Alberti dans une sonate de Mozart, pour laquelle il faut soigneusement alléger le pouce. Je travaille ce passage, je pique, ... Bref. Au bout d'un moment, le problème est résolu.
Deux semaines plus tard, je commence une sonate de Haydn, où la basse d'Alberti n'est pas écrite de la même manière, dans une position peu ergonomique, rapide, ou peu importe ... Que fais-je ? Je retravaille ce passage, je pique, ... Et ça passe au bout de quelques temps.
Par cette méthode de travail, a-t-on gagné du temps ? Celui qui a travaillé une difficulté X dans un morceau X devra la retravailler dans un morceau Y, Z, ...
Alors que celui qui a fait intelligemment des exercices intelligemment conçus pourra surmonter toutes les difficultés du même genre.
Et je pense que c'est ce qu'on peut comprendre par principes "rationnels" de la technique pianistique : on prend le problème en remontant le plus loin possible de la difficulté, pour couvrir un champ technique le plus large possible.
Certains ont dit, fort justement d'ailleurs, qu'il n'y avait aucune chance ou presque de rencontrer la difficulté travaillée dans un exercice. Mais, à mon avis, le but, ce n'est pas de savoir maîtriser la légèreté du pouce comme demande machin dans sa trucmuchième sonate. Le réel objectif, c'est d'acquérir une véritable polyvalence dans la technique.
Prenons un exemple : une basse d'Alberti dans une sonate de Mozart, pour laquelle il faut soigneusement alléger le pouce. Je travaille ce passage, je pique, ... Bref. Au bout d'un moment, le problème est résolu.
Deux semaines plus tard, je commence une sonate de Haydn, où la basse d'Alberti n'est pas écrite de la même manière, dans une position peu ergonomique, rapide, ou peu importe ... Que fais-je ? Je retravaille ce passage, je pique, ... Et ça passe au bout de quelques temps.
Par cette méthode de travail, a-t-on gagné du temps ? Celui qui a travaillé une difficulté X dans un morceau X devra la retravailler dans un morceau Y, Z, ...
Alors que celui qui a fait intelligemment des exercices intelligemment conçus pourra surmonter toutes les difficultés du même genre.
Et je pense que c'est ce qu'on peut comprendre par principes "rationnels" de la technique pianistique : on prend le problème en remontant le plus loin possible de la difficulté, pour couvrir un champ technique le plus large possible.