jean-séb a écrit :Je n'aime pas beaucoup la seconde version, rapide, mais la première, avec toutefois un curieux côté sautillant dû à l'exagération des notes piquées, n'est pas sans intérêt. Toutefois, le piquage de notes est inconstant et je me demande pourquoi. Est-ce profondément pensé, inspiré, aléatoire, capricieux ?
Effectivement le piquage est inconstant, la raison principale est celle évoquée par mieuvotar :
mieuvotar a écrit :Merci Davsad pour t'être lancé.
Ta version 1, avec ses notes piquées et son tempo assez lent, m'a tout de suite rappelé un peu
celle de Gould
D'ailleurs, son "piquage" n'est, chez lui non plus, pas uniforme sur l'ensemble des mesures...
T'en étais-tu inspiré à l'époque ?
C'était il y a quelques années, youtube ne regorgeait pas encore de vidéos et je découvrais par hasard sur un ancien cd le CBT interpreté par Gould. J'avais d'abord trouvé son interprétation du premier prélude tout à fait repoussante, j'ai presque eu envie d'éteindre le stéréo immédiatement. Puis, après plusieurs écoutes j'ai trouvé un certains charme à ce côté piqué, mais ce qui m'interpelait le plus, c'était justement le fait qu'il ne piquait pas toutes les mesures de la même manière, du moins sur l'interprétation que j'avais. Du coup, j'en étais arrivé à me poser la question suivante : " Y a-t-il un équilibre parfait que l'on pourrait atteindre dans ce prélude en trouvant les "bonnes" mesures à "piquer" et celles à lier ou à piquer autrement ? " Bien-sûr cet équilibre devait être trouvé de manière instinctive, pas sur le papier en suivant une logique "mathématique".
Et c'est ce que j'ai maladroitement tenté de faire. Bien-sûr, le fait que je ne connaissais rien ou pas grand chose ni du style de Bach, ni de l'histoire du CBT, ni de la musique en général font que j'ai aboutie à ce que j'ai appelé "des expérimentations du débutant qui s'amuse avec ce qu'il ne connait pas".
Et pour l'histoire de la 2e version, tout simplement, lorsque je finissais de jouer la première, lente et sèche, je ne pouvais m'empêcher de rejouer ce prélude de manière plus coulante, plus fluide, au point que je jouais toujours ces deux versions d'une seule traite, elles représentaient pour moi un "tout".
Arabesque44 a écrit :les deux interprétations de davsad illustrent bien le côté polymorphe de l'oeuvre.
Celle qui est rapide est plutôt plus agréable à mon oreille, mais me semble trop éloignée de ce que souhaitait Bach.
Arabesque c'est une question intéressante que tu poses, je ne sais pas s'il existe des sources qui nos permettent d'avoir une idée de la vitesse à laquelle Bach exécutait ce prélude. Pourtant il lui arrive parfois de mettre des indications de tempo ou de style, mais dans la majorité du CBT ce n'est pas le cas. Peut-être justement que conscient du caractère polymorphe de ces préludes et fugues, il ne voulait pas brider l'instinct musical des interprètes des temps futurs ?
