Votre première émotion pianistique. ...
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Votre première émotion pianistique. ...
Vous rappelez vous de cette toute première fois où le piano a parlé à votre coeur et où l'envie a d'un seul coup motivé votre effort?
"Je suis rentrée dans un salon où un piano à queue en bois assez clair trônait bourgeoisement. C'était un Sauter. Le décor de cette pièce ne correspondait en rien à ce que je côtoyais d'ordinaire . Un très joli intérieur. C'était ma première visite chez mon professeur qui venait de m'accepter dans sa classe au conservatoire. En réalité, je ne savais rien du piano, j'avais dû balbutier une petite valse avec un certain aplomb cependant lors de l'examen d'entrée pour qu'il m'acceptât parmi ses élèves!
Au clavier devant moi une petite fille blonde était installée,toutes deux nous avions les cheveux tressés, il lui demanda de jouer son morceau devant moi. Elle ne semblait guère enthousiaste à cette idée.
J'étais debout, serrant avec force la poignée de mon petit cartable noir, mon manteau me tenait très chaud.
Soudain comme une fusée elle lança la première gamme! Je fus saisie! Ses petits doigts couraient sur le clavier, sa bouche serrée et appliquée semblait boudeuse, mais j'étais transportée par ce feu d'artifice de La Majeur! Je ne perdais pas une note, cette cavalcade résonnait comme une fanfare. Le son mat du piano dans cette pièce aux tapis colorés, aux fauteuils en velours bleu m'apparaissait comme le plus parfait au monde, cette musique était unique, elle s'incarnait comme LA musique! !!
Lorsqu'elle cessa, mon coeur battait la chamade ." Si un jour je joue ce morceau, alors je serai la plus heureuse du monde" .Telle fut ma pensée à cet instant. J'avais 9 ans....
Ce chef d'oeuvre était une petite pièce de Arne "Allegro en la Majeur"....
Lorsque quelques mois plus tard, ce fut à mon tour de le travailler, je courus de toutes mes forces pour rentrer chez moi, je déposais la partition sur le pupitre et me jetais, sur le clavier. Je soignais l'articulation, les phrasés, les mordants. Je voulais que tout fût parfait. Le temps s'arrêta.
Ce soir là je ne pus quitter mon piano avant d'avoir lu ces deux pages. "
L'émotion vibre ce soir encore à cette évocation...
Je ne savais pas que le piano venait d'entrer dans ma vie , qu'avec lui ma vraie vie commençait, que je ne serai plus jamais seule.
"Je suis rentrée dans un salon où un piano à queue en bois assez clair trônait bourgeoisement. C'était un Sauter. Le décor de cette pièce ne correspondait en rien à ce que je côtoyais d'ordinaire . Un très joli intérieur. C'était ma première visite chez mon professeur qui venait de m'accepter dans sa classe au conservatoire. En réalité, je ne savais rien du piano, j'avais dû balbutier une petite valse avec un certain aplomb cependant lors de l'examen d'entrée pour qu'il m'acceptât parmi ses élèves!
Au clavier devant moi une petite fille blonde était installée,toutes deux nous avions les cheveux tressés, il lui demanda de jouer son morceau devant moi. Elle ne semblait guère enthousiaste à cette idée.
J'étais debout, serrant avec force la poignée de mon petit cartable noir, mon manteau me tenait très chaud.
Soudain comme une fusée elle lança la première gamme! Je fus saisie! Ses petits doigts couraient sur le clavier, sa bouche serrée et appliquée semblait boudeuse, mais j'étais transportée par ce feu d'artifice de La Majeur! Je ne perdais pas une note, cette cavalcade résonnait comme une fanfare. Le son mat du piano dans cette pièce aux tapis colorés, aux fauteuils en velours bleu m'apparaissait comme le plus parfait au monde, cette musique était unique, elle s'incarnait comme LA musique! !!
Lorsqu'elle cessa, mon coeur battait la chamade ." Si un jour je joue ce morceau, alors je serai la plus heureuse du monde" .Telle fut ma pensée à cet instant. J'avais 9 ans....
Ce chef d'oeuvre était une petite pièce de Arne "Allegro en la Majeur"....
Lorsque quelques mois plus tard, ce fut à mon tour de le travailler, je courus de toutes mes forces pour rentrer chez moi, je déposais la partition sur le pupitre et me jetais, sur le clavier. Je soignais l'articulation, les phrasés, les mordants. Je voulais que tout fût parfait. Le temps s'arrêta.
Ce soir là je ne pus quitter mon piano avant d'avoir lu ces deux pages. "
L'émotion vibre ce soir encore à cette évocation...
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Sylvie Piano http://courspianocollectif.com/
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Re: Votre première émotion pianistique. ...
A l'école maternelle, en rangs par deux nous traversions le préau pour entrer en classe lorsque j'ai été subjugué par les sons d'un piano joué par la directice.
Je suis resté à l'arrêt complètement retourné. Malheureusement, j'ai dû suivre les autres et ce n'est que beaucoup plus tard que j'ai pû me payer un piano et des leçons.
Je suis resté à l'arrêt complètement retourné. Malheureusement, j'ai dû suivre les autres et ce n'est que beaucoup plus tard que j'ai pû me payer un piano et des leçons.
- zende
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Re: Votre première émotion pianistique. ...
j'étais petite ; nous avions des voisins qui avaient un piano, et je savais qu'ils étaient riches, donc dans ma tête le piano était réservé aux riches. Il devait y avoir des conditions draconiennes pour pouvoir accéder au roi des instruments de musique, pour savoir lire les partitions, avoir un professeur à domicile. Tout cela me semblait inaccessible et magique. Ce n'était pas pour moi. Mais un jour j'ai osé enfoncer une des touches, et j'ai été très surprise de réussir à émettre un joli son, sans être riche, sans avoir de professeur à domicile, sans avoir appris le solfège.
Re: Votre première émotion pianistique. ...
Bon ben moi ça va être moins glamour comme première émotion pianistique... je crains qu'elle n'ait été déclenchée, vers 11 ans, par l'écoute de Richard Clayderman...
Et c'est vrai en plus !! Pour la jeune pré-adolescente émotive et passionnée que j'étais, c'était la quintessence du Sublime... Bon on a la culture qu'on peut hein !....
J'ai conservé un mauvais goût certain pour les niaiseries à l'eau de rose et autres mélodies sirupeuses pour midinettes écervelées. Ce qui ne m'a nullement empêchée il y a maintenant bientôt 5 ans, de me plonger avec délice dans l'univers de la musique classique. Et je dirais que ma seconde émotion pianistique s'est produite lors de mon tout premier cours, où le simple fait de poser mes mains sur un clavier (numérique !) m'est apparu comme un vrai miracle ! Continuer le piano a d'emblée été une évidence, jamais démentie depuis. (...mais j'écoute toujours d'infâmes bluettes...)

J'ai conservé un mauvais goût certain pour les niaiseries à l'eau de rose et autres mélodies sirupeuses pour midinettes écervelées. Ce qui ne m'a nullement empêchée il y a maintenant bientôt 5 ans, de me plonger avec délice dans l'univers de la musique classique. Et je dirais que ma seconde émotion pianistique s'est produite lors de mon tout premier cours, où le simple fait de poser mes mains sur un clavier (numérique !) m'est apparu comme un vrai miracle ! Continuer le piano a d'emblée été une évidence, jamais démentie depuis. (...mais j'écoute toujours d'infâmes bluettes...)
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Re: Votre première émotion pianistique. ...
Chère Mona, loin de moi l'idée de juger de la valeur d'une émotion... le fameux Richard a donné naissance à bien des pianistes je pense ! La balade à Adeline.... Vous voyez, je connais !;-) le romantisme des jeunes filles aussi....
Sylvie Piano http://courspianocollectif.com/
- Marie-france
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Re: Votre première émotion pianistique. ...
@ sylvie piano : Quelle belle histoire! Tu as aussi du talent pour l'écriture. On aimerait lire la suite...
Pour ma part, je serais incapable de vous dire quand j'ai commencé à aimer le piano. Depuis que je suis en mesure de m'asseoir devant je suppose puisqu'il y en avait un chez moi, et que mes parents en jouaient. Par contre, je me souviens de ce qui a déclenché chez moi mon désir de véritablement apprendre le piano. J'avais 11 ans. J'ai vu ce jour-là à la télé (certainement chez quelqu'un car nous n'avions pas de téléviseur), un jeune homme d'environ 14 ans jouer je ne sais quelle magnifique musique sur un beau piano à queue noir avec une lumière orangée axée sur les mains. Ça a été le déclic, et je n'en ai plus jamais démordu. Par contre, je n'avais pas dû voir le public, sinon, j'aurais probablement passé mon chemin

Pour ma part, je serais incapable de vous dire quand j'ai commencé à aimer le piano. Depuis que je suis en mesure de m'asseoir devant je suppose puisqu'il y en avait un chez moi, et que mes parents en jouaient. Par contre, je me souviens de ce qui a déclenché chez moi mon désir de véritablement apprendre le piano. J'avais 11 ans. J'ai vu ce jour-là à la télé (certainement chez quelqu'un car nous n'avions pas de téléviseur), un jeune homme d'environ 14 ans jouer je ne sais quelle magnifique musique sur un beau piano à queue noir avec une lumière orangée axée sur les mains. Ça a été le déclic, et je n'en ai plus jamais démordu. Par contre, je n'avais pas dû voir le public, sinon, j'aurais probablement passé mon chemin

- jean-séb
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Re: Votre première émotion pianistique. ...
Autant je me souviens bien de ma première émotion en musique classique vers 6 ans (un disque d'une symphonie de Mozart qui me paraissait barbant auparavant et qui soudain m'a paru enchanteur), autant je ne conserve aucun souvenir d'une première émotion pianistique dans mes premières années. Mes parents n'étaient pas musiciens et on n'écoutait pas beaucoup de disques (à part le fameux Mozart !) à la maison. Mais j'avais des cousins éloignés qu'on fréquentait assez régulièrement les week-ends et leur fils de six ans plus âgé que moi prenait des leçons de piano avec une vieille demoiselle sympathique et un peu farfelue. L'année de mes 6 ans, il nous gratifiait régulièrement de la Marche Turque ; je ne peux pas dire que ça m'ait emballé, mais ce n'était pas désagréable, et je m'y étais bien accoutumé. Il n'en a pas fallu plus pour qu'on me juge un avenir prometteur et que la vieille demoiselle me donne aussi des leçons. Mais je n'étais pas un élève assidu ni spécialement doué et je ne crois pas que les morceaux que je jouais me procurassent beaucoup d'émotions. En dehors des petits concerts d'élèves de fin d'année, je n'ai pas eu l'occasion d'assister à des concerts de pianistes et mon univers musical classique était assez limité au piano. Après Chopin et Schubert, le piano me paraissait peu compréhensible : Debussy m'était hermétique, Ravel désagréable. Je me rappelle en revanche bien plus tard, passé la vingtaine, quand j'ai assisté à un concert consacré à Debussy et quand j'ai ressenti la même impression qu'avec mon premier Mozart : l'impression que les oreilles se débouchent soudain, que ce qui était confus devient merveilleusement limpide. Un coup de baguette magique.
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Re: Votre première émotion pianistique. ...
Finalement ce n'est pas tant mon histoire avec le piano qui m'importe mais bien celle qui débute avec chacun de mes petits élèves. C'est ma révélation ce soir ! Une blondinette aux grands yeux bleus, qui n'avait jamais vu un piano... Elle a écarquillé ses yeux devant mon Schimmel trop fier, voire arrogant... Je l'ai conduite devant le modeste Yamaha droit, elle s'assit en lui tournant le dos avec pudeur, comme je l'encourageais à lui faire face, elle a levé son regard clair, cherchant un réconfort. J'ai alors posé sa main déjà grande pour une fillette de 7 ans, do, mi.... Très vite le petit air s'est échappé, mes doigts d'expérience guidant les siens, invisibles cependant... Elle a levé son regard azur vers moi, son sourire illuminait son visage, je lui ai souri à mon tour songeant que cet instant cadeau du premier rendez-vous était à chaque fois et pour chaque enfant une source d'émotion unique et nouvelle. Puis nous nous sommes retournés vers le grand piano, c'est moi qui me suis installée, et ses yeux et ses oreilles dévoraient la guirlande sonore, le spectacle des marteaux, le rougeoiement de la table d'harmonie cuivrée la fascinaient.
Chopin !
De nouveau j'ai posé sa main sur le clavier, ensemble nous avons égrèné la petite chanson...
Ses yeux n'ont plus quitté les miens, nous nous retrouverons en Septembre...
Et si c'était sa première émotion ?
Chopin !
De nouveau j'ai posé sa main sur le clavier, ensemble nous avons égrèné la petite chanson...
Ses yeux n'ont plus quitté les miens, nous nous retrouverons en Septembre...
Et si c'était sa première émotion ?
Sylvie Piano http://courspianocollectif.com/
Re: Votre première émotion pianistique. ...

La différence entre un fou et moi, c'est que je ne suis pas fou. Salvador Dali.
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Re: Votre première émotion pianistique. ...
Les « anciens » du forum l’ont déjà sans doute lu… Je me répète, je radote.
Ce message n’est pas pour eux, mais pour Sylvie, nouvelle venue ici et initiatrice de bons sujets s’il en est.
Mon petit mot a été, en son temps, (2010) sur les antennes de France musique, comme bien d’autres, tout le monde le sait.
Donc rien que pour elle, Sylvie, une redif’ tant prisée de tous les programmes estivaux chaque année…
Le piano de papier
Le petit garçon, en sortant de l’école, attendit comme tous les jours de la semaine, sa presque voisine, une jolie petite fille de son âge. Ils rentraient toujours ensemble, se tenant par la main ;
Ce jour là, en traversant le square devant leurs écoles (du temps où la mixité n’existait pas), ils s’assirent sur un banc. Il faisait déjà beau en ce début de printemps et la petite fille chantonnait. Le petit garçon se prit à l’accompagner…
De son cartable, il sorti presque religieusement une feuille double de papier sur laquelle il avait dessiné, de mémoire, une sorte de clavier. Posé sur ses genoux, il entreprit de jouer pour accompagner – en chantant – son amoureuse.
- Ce n’est pas comme ça ! lui dit-elle soudain.
- Mais… c’est comment alors ?
Et la petite fille de se mettre au piano de papier pour montrer à son jeune ami la façon de jouer cette jolie mélodie de Brahms, cette berceuse si connue. Un peu vexé et honteux, le petit garçon ne dit rien et, une fois la mélodie terminée, rangea son piano de papier ; ils rentrèrent, silencieux, toujours en se tenant par la main.
- Maman ! Je veux apprendre le piano ! S’écria-t-il en rentrant chez lui.
- Le piano… et pourquoi pas les Beaux-arts ! lui répondit sa mère afférée aux tâches ordinaires.
La conversation coupa court après les sempiternelles « tu as fait tes devoirs ? » etc. On ne reparla plus jamais de piano.
Plus tard, beaucoup plus tard, un bon demi siècle plus tard le petit garçon devenu grand, devenu vieux, s’est vu offrir un soir de Noël, un cadeau peu ordinaire. Son épouse lui tendit une enveloppe. À l’intérieur, un nom, une adresse et le numéro de téléphone… d’un professeur de piano. Et le vieux bonhomme, à présent à la retraite, s’est mis à apprendre enfin. Chaque fois qu’il pose ses mains sur le clavier, il ne peut s’empêcher de penser à la petite fille du square, à son piano de papier… C’est qu’il en avait tant parlé !
Je le sais, c’était moi, le petit garçon.
En fait, plusieurs émotions liées au piano.
Les larmes aux yeux avec ma copine de l’époque… (dire zaux zyeux !)
La gifle à mon retour à la maison… (qui n’aura servi à rien !)
Précision tout de même, tout est vrai !
Ce message n’est pas pour eux, mais pour Sylvie, nouvelle venue ici et initiatrice de bons sujets s’il en est.
Mon petit mot a été, en son temps, (2010) sur les antennes de France musique, comme bien d’autres, tout le monde le sait.
Donc rien que pour elle, Sylvie, une redif’ tant prisée de tous les programmes estivaux chaque année…
Le piano de papier
Le petit garçon, en sortant de l’école, attendit comme tous les jours de la semaine, sa presque voisine, une jolie petite fille de son âge. Ils rentraient toujours ensemble, se tenant par la main ;
Ce jour là, en traversant le square devant leurs écoles (du temps où la mixité n’existait pas), ils s’assirent sur un banc. Il faisait déjà beau en ce début de printemps et la petite fille chantonnait. Le petit garçon se prit à l’accompagner…
De son cartable, il sorti presque religieusement une feuille double de papier sur laquelle il avait dessiné, de mémoire, une sorte de clavier. Posé sur ses genoux, il entreprit de jouer pour accompagner – en chantant – son amoureuse.
- Ce n’est pas comme ça ! lui dit-elle soudain.
- Mais… c’est comment alors ?
Et la petite fille de se mettre au piano de papier pour montrer à son jeune ami la façon de jouer cette jolie mélodie de Brahms, cette berceuse si connue. Un peu vexé et honteux, le petit garçon ne dit rien et, une fois la mélodie terminée, rangea son piano de papier ; ils rentrèrent, silencieux, toujours en se tenant par la main.
- Maman ! Je veux apprendre le piano ! S’écria-t-il en rentrant chez lui.
- Le piano… et pourquoi pas les Beaux-arts ! lui répondit sa mère afférée aux tâches ordinaires.
La conversation coupa court après les sempiternelles « tu as fait tes devoirs ? » etc. On ne reparla plus jamais de piano.
Plus tard, beaucoup plus tard, un bon demi siècle plus tard le petit garçon devenu grand, devenu vieux, s’est vu offrir un soir de Noël, un cadeau peu ordinaire. Son épouse lui tendit une enveloppe. À l’intérieur, un nom, une adresse et le numéro de téléphone… d’un professeur de piano. Et le vieux bonhomme, à présent à la retraite, s’est mis à apprendre enfin. Chaque fois qu’il pose ses mains sur le clavier, il ne peut s’empêcher de penser à la petite fille du square, à son piano de papier… C’est qu’il en avait tant parlé !
Je le sais, c’était moi, le petit garçon.
En fait, plusieurs émotions liées au piano.
Les larmes aux yeux avec ma copine de l’époque… (dire zaux zyeux !)
La gifle à mon retour à la maison… (qui n’aura servi à rien !)
Précision tout de même, tout est vrai !
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Re: Votre première émotion pianistique. ...
Si émue par cette lecture évocatrice, merci cher Jipé !!!
Ainsi je vois que mon romantisme incurable n'est pas une maladie si orpheline... Que l'espoir que je place dans l'art et la musique en particulier vibre dans d'autres coeurs !
Les chemins de la vie tiennent à un fil, à une feuille... Les souvenirs liés à la musique ne vieillissent pas, un petit air et le coeur coule... C'est si joli cette image sur un banc,. Désuet, d'une époque proche mais si lointaine pour notre monde d'aujourd'hui. Je voudrais remonter le temps,m'asseoir sur le banc, écouter Brahms... Je voudrais accueillir le petit garçon de retour à la maison, lui demander de chanter sa chanson et lui promettre qu'un jour il aura son piano, le laisser rêver... Mais vous rêvez toujours n'est-ce pas, et ce petit garçon, même si sa musique a sommeillé de longues années, vous l'avez retrouvé, cajolé,bercé...
Ainsi je vois que mon romantisme incurable n'est pas une maladie si orpheline... Que l'espoir que je place dans l'art et la musique en particulier vibre dans d'autres coeurs !
Les chemins de la vie tiennent à un fil, à une feuille... Les souvenirs liés à la musique ne vieillissent pas, un petit air et le coeur coule... C'est si joli cette image sur un banc,. Désuet, d'une époque proche mais si lointaine pour notre monde d'aujourd'hui. Je voudrais remonter le temps,m'asseoir sur le banc, écouter Brahms... Je voudrais accueillir le petit garçon de retour à la maison, lui demander de chanter sa chanson et lui promettre qu'un jour il aura son piano, le laisser rêver... Mais vous rêvez toujours n'est-ce pas, et ce petit garçon, même si sa musique a sommeillé de longues années, vous l'avez retrouvé, cajolé,bercé...
Sylvie Piano http://courspianocollectif.com/
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Re: Votre première émotion pianistique. ...
Je pense que je ne me souviens pas de ma toute première émotion pianistique, c'est trop loin dans mon enfance. Tout ce dont je me souviens, c'est que j'ai eu envie de faire du piano après avoir vu des enfants (prodiges??) en jouer à la télévision, et j'ai dit à ma mère que je voulais faire comme eux. L'année suivante, ma mère m'a inscrit chez la seule prof régulière que j'ai jamais eue (j'ai déjà raconté cette rencontre tout à fait spéciale sur le forum il y a quelques années).
En revanche, je me souviens très bien d'un événement particulier qui m'a tellement marqué que j'en garde un souvenir très fort encore à présent : avec cette prof donc, je travaillais la fantaisie en ré mineur de Mozart (je devais avoir 12 ans, donc ça faisait 5/6 ans que j'avais commencé le piano). On avait déjà passé des heures sur la partie lente, ma prof s'arrachait les cheveux à chaque fois en hurlant "où est musique, Jean-Louk? Où est musique?" Je m'arrêtais de jouer ne disant rien, elle me regardait avec un regard très incisif...
Puis elle s'est calmée d'un seul coup et m'a dit de recommencer. Elle m'a laissé jouer jusqu'à la fin en ne disant pas un seul mot. Puis elle m'a dit : "je vais te montrer". Je me suis levé, elle s'est mise au piano et à joué tout le morceau.
J'avais pourtant entendu des enregistrements (2 ou 3), mais là c'était le paradis. La partie lente était merveilleuse d'émotion et de simplicité, la partie plus rapide très galante et malicieuse. Dans mon souvenir, c'est la plus belle interprétation que j'ai jamais entendue. Lorsqu'elle a fini de jouer, j'en avais les larmes aux yeux. Elle m'a dit : "tu as entendu musique?" J'ai hoché la tête tout penaud et elle m'a embrassé sur le front d'un baiser très sonore
... Le cours s'est achevé ainsi, et à peine rentré chez moi, je me suis jeté sur le piano en essayant de reproduire ce que je venais d'entendre. Je n'y suis jamais arrivé, mais le cours suivant, elle m'a félicité en me disant : "Jean-Louk, il y avait musique ici, mais pas toujours. On va reprendre."
En réalité, ma prof jouait assez peu "en vrai". Elle me montrait beaucoup, mais ne jouait pas souvent. Bon, ne jouons pas les faux modestes, j'ai remporté un premier prix avec ce morceau quelques mois plus tard.
En revanche, je me souviens très bien d'un événement particulier qui m'a tellement marqué que j'en garde un souvenir très fort encore à présent : avec cette prof donc, je travaillais la fantaisie en ré mineur de Mozart (je devais avoir 12 ans, donc ça faisait 5/6 ans que j'avais commencé le piano). On avait déjà passé des heures sur la partie lente, ma prof s'arrachait les cheveux à chaque fois en hurlant "où est musique, Jean-Louk? Où est musique?" Je m'arrêtais de jouer ne disant rien, elle me regardait avec un regard très incisif...

Puis elle s'est calmée d'un seul coup et m'a dit de recommencer. Elle m'a laissé jouer jusqu'à la fin en ne disant pas un seul mot. Puis elle m'a dit : "je vais te montrer". Je me suis levé, elle s'est mise au piano et à joué tout le morceau.
J'avais pourtant entendu des enregistrements (2 ou 3), mais là c'était le paradis. La partie lente était merveilleuse d'émotion et de simplicité, la partie plus rapide très galante et malicieuse. Dans mon souvenir, c'est la plus belle interprétation que j'ai jamais entendue. Lorsqu'elle a fini de jouer, j'en avais les larmes aux yeux. Elle m'a dit : "tu as entendu musique?" J'ai hoché la tête tout penaud et elle m'a embrassé sur le front d'un baiser très sonore

En réalité, ma prof jouait assez peu "en vrai". Elle me montrait beaucoup, mais ne jouait pas souvent. Bon, ne jouons pas les faux modestes, j'ai remporté un premier prix avec ce morceau quelques mois plus tard.
Re: Votre première émotion pianistique. ...
J'avais déjà lu ton histoire, Jean-Luc, ta prof. russe m'avait marqué, mais je ne suis pas sûr que tu y avais mis les mêmes détails. Par contre, je ne me rappelle pas avoir lu celle de Jypé. Des "radotages" comme celui-là, on en redemande.
C'est vraiment une belle histoire, j'espère que tu réussis à progresser loin malgré l'âge avancé de tes débuts.
Quant à mon histoire, que j'ai déjà également exposée par ailleurs, je vais la remettre ici pour le "rassemblement". Ma mère jouait du piano, aussi loin que je m'en souvienne, elle a toujours joué. Au début, je dois dire que ça me cassait les pieds, notamment quand elle m'envoyait bouler si j'avais le malheur de l'interrompre avant qu'elle ait fini son morceau. J'ai un mauvais souvenir de la deuxième arabesque de Debussy qu'elle jouait beaucoup, et que je n'aimais guère, à l'époque, à cause du silence au milieu suivi d'un "broum-bouloum pom-pom pom-boum..." que je trouvais lourdaud. Mais petit à petit, j'ai fait attention à ses autres morceaux: les variations "Ah, vous dirai-je Maman" de Mozart (ça alors!
), la Fantaisie chromatique et Fugue, qui me fascinait par le déferlement romantique de ses chromatismes et par le contrepoint implacable de sa fugue, ainsi que des impromptus de Schubert. Mes frères et moi l'avions enregistrée sur une bande magnétique (les cassettes venaient d'apparaître), malheureusement perdue (et nous nous étions fait enguirlander par un de ses frères, dont nous avions effacé les enregistrements de "Johnny" de sa jeunesse).
J'aimais tellement entendre ces morceaux que je m'introduisait entre le mur d'angle et le piano pour être en plein dans la résonance. Malheureusement, j'étais un enfant difficile, et j'étais le seul d'une fratrie de 4 que ma mère n'a jamais mis au piano, à cause de mon tempérament velléitaire. C'est maintenant moi qui en joue le plus, mais j'ai commencé tard et pris beaucoup de défauts que j'ai peiné à éliminer. En tous cas, les morceaux du répertoire de ma mère sont au mien, maintenant, et ce sont mes oncles (en particulier celui qui m'a enguirlandé pour avoir effacé "Johnny") qui aiment m'entendre les jouer et leur rappeler leur soeur.

Quant à mon histoire, que j'ai déjà également exposée par ailleurs, je vais la remettre ici pour le "rassemblement". Ma mère jouait du piano, aussi loin que je m'en souvienne, elle a toujours joué. Au début, je dois dire que ça me cassait les pieds, notamment quand elle m'envoyait bouler si j'avais le malheur de l'interrompre avant qu'elle ait fini son morceau. J'ai un mauvais souvenir de la deuxième arabesque de Debussy qu'elle jouait beaucoup, et que je n'aimais guère, à l'époque, à cause du silence au milieu suivi d'un "broum-bouloum pom-pom pom-boum..." que je trouvais lourdaud. Mais petit à petit, j'ai fait attention à ses autres morceaux: les variations "Ah, vous dirai-je Maman" de Mozart (ça alors!

J'aimais tellement entendre ces morceaux que je m'introduisait entre le mur d'angle et le piano pour être en plein dans la résonance. Malheureusement, j'étais un enfant difficile, et j'étais le seul d'une fratrie de 4 que ma mère n'a jamais mis au piano, à cause de mon tempérament velléitaire. C'est maintenant moi qui en joue le plus, mais j'ai commencé tard et pris beaucoup de défauts que j'ai peiné à éliminer. En tous cas, les morceaux du répertoire de ma mère sont au mien, maintenant, et ce sont mes oncles (en particulier celui qui m'a enguirlandé pour avoir effacé "Johnny") qui aiment m'entendre les jouer et leur rappeler leur soeur.
- Moderato Cantabile
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- Enregistré le : ven. 01 juil., 2011 13:48
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Re: Votre première émotion pianistique. ...
Que de belles histoires ici !
Merci Sylvie piano pour ce joli sujet . Malheureusement je ne vois pas comment je pourrais y contribuer car je n'ai aucun souvenir de cette sorte ...
J'ai entendu du piano depuis ma plus tendre enfance (disques) et ai décidé d'apprendre à en jouer sans déclic particulier . Et je ne me souviens vraiment pas avoir écouté quelqu'un jouer et me procurer ce genre d'émotion ...
Quant à mon premier cours de piano ..... cela a été une grosse déception ......
Donc je me contenterai de lire, avec grand plaisir, les anecdotes des amis Pmistes !
Midas : pourquoi ne pas avoir rendu un petit hommage à ta maman avant de nous jouer ces magnifiques Variations l'autre jour ? Je crois que nous l'aurions tous apprécié ... Bon en même temps c'est vrai que le clin d'oeil était déjà dans le titre !
Jean-Luc : on ne se lasse pas de tes souvenirs d'enfance et de la personnalité si haute en couleurs de ta professeur . Merci mille fois de nous les faire partager !

Merci Sylvie piano pour ce joli sujet . Malheureusement je ne vois pas comment je pourrais y contribuer car je n'ai aucun souvenir de cette sorte ...
J'ai entendu du piano depuis ma plus tendre enfance (disques) et ai décidé d'apprendre à en jouer sans déclic particulier . Et je ne me souviens vraiment pas avoir écouté quelqu'un jouer et me procurer ce genre d'émotion ...
Quant à mon premier cours de piano ..... cela a été une grosse déception ......

Donc je me contenterai de lire, avec grand plaisir, les anecdotes des amis Pmistes !
Midas : pourquoi ne pas avoir rendu un petit hommage à ta maman avant de nous jouer ces magnifiques Variations l'autre jour ? Je crois que nous l'aurions tous apprécié ... Bon en même temps c'est vrai que le clin d'oeil était déjà dans le titre !

Jean-Luc : on ne se lasse pas de tes souvenirs d'enfance et de la personnalité si haute en couleurs de ta professeur . Merci mille fois de nous les faire partager !

"Il faut que cela soit si gai , si gai , que l'on ait envie de fondre en larmes ."
Re: Votre première émotion pianistique. ...
C'était bien dans mon intention, juste avant ou juste après avoir joué. Mais... patatras! ou plutôt "patatrac", je n'étais plus en état de faire quoi que ce soit, à part ramasser fébrilement mes partitions, en craignant d'avoir déjà trop accaparé du temps prévu pour ce long concert (et je passais en premier).Moderato Cantabile a écrit : Midas : pourquoi ne pas avoir rendu un petit hommage à ta maman avant de nous jouer ces magnifiques Variations l'autre jour ? Je crois que nous l'aurions tous apprécié ... Bon en même temps c'est vrai que le clin d'oeil était déjà dans le titre !![]()
J'oubliais de dire, à propos de la "Fantaisie chromatique et fugue", qu'il était mon morceau préféré. Ma mère me racontait souvent que je faisais partie de l'auditoire lorsqu'elle l'a passée à un examen, mais... de l'intérieur! il s'agit peut-être finalement de ma première émotion pianistique, auquel cas, j'enfonce tous les Pianomajeuriens, qui dit mieux?

Par contre, son morceau fétiche, à elle, c'était le premier mouvement du concerto italien. C'était le dernier qu'elle jouait encore parfois longtemps après avoir arrêté de travailler le piano (à cause d'un panaris, et parce qu'elle s'est consacrée au chant choral). Donc, JPS a contribué à mon hommage sans le savoir.

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Re: Votre première émotion pianistique. ...
La première fois que j'ai ressenti le besoin de faire du piano c'était à l'écoute du koln concert de Keith Jarrett, finalement assez tardivement car j'avais 23 ans...! Conseillé par un fanatique chez un disquaire au fin fond de la bavière (!), je n'ai mesuré que plus tard l'impact de ce disque sur ma vie. Il représentait tout ce que je recherchais au travers de la pratique musicale et tout particulièrement la liberté d'expression. Faire sortir mes émotions au travers du jeu, une sorte de thérapie...
Re: Votre première émotion pianistique. ...
Ma première émotion forte pianistique qui m'a vraiment pris au tripes était les Tableaux d'un exposition de Mussorgsky. Je devais avoir 10 ans. Je me souviens encore du jour où mon père a posé ce vinyle de Sviatoslav Richter sur la platine. L'autre face contenait des sonates de Scarlatti jouées par Emil Gilels, que je n'ai pas su apprécier à leur juste valeur à l'époque (vous avez pu vous rendre compte que ça a changé depuis). J'ai immédiatement été transporté dans un autre monde par cette gigantesque pièce de Mussorgsky. C'était tellement grandiloquent, tellement différent de ce que j'avais entendu à l'époque. Quand, ma mère me passait des disques, c'était principalement des sonates de Mozart. Ma prof me faisait travailler plutôt du Bach, Haydn, Mozart, Clementi, Bartok, Khatchaturian. La musique romantique m'était quasiment inconnue. Donc, là, j'entrais de plein pied dans une nouvelle dimension. Un monde complètement nouveau s'ouvrait à moi. J'ai décidé d'explorer ce monde en profondeur. J'ai écouté ce disque à plusieurs reprises dans les semaines qui ont suivi (ça a fini par énervé ma mère). Puis je suis passé à Schubert : je suis tombé amoureux de sa "Truite" et cet amour dure encore aujourd'hui.
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Re: Votre première émotion pianistique. ...
Bonjour,
Je risque d'en faire bondir certains, bien que ça ne soit pas mon but, aucunement. Mais voilà, c'est ainsi.
J'ai débuté petit, j'aimais bien le son de l'instrument, mais pas du tout la pédagogie des deux vieilles dames chez qui tout ça se passait. Globalement, ça me paraissait suranné, vieillot, ça suintait l'ennui. Quand on a déménagé, ma mère m'a demandé si on gardait le piano, j'ai répondu non. J'avais huit ans.
Par la suite, j'ai entendu des gens qui faisaient avec la musique des choses que je trouvais intéressantes. J'ai écouté beaucoup Genesis, à l'époque où ce groupe était totalement inconnu du grand public. Dans cette période, ils produisaient une musique de qualité, rien à voir avec ce qu'ils sont devenus quand Peter Gabriel est parti. Ensuite, Genesis a sombré dans de la variété, et encore, pour être poli.
Il y avait donc Genesis. A cette époque, j'ai éprouvé l'envie d'avoir à nouveau un piano. J'ai tenté de prendre des cours, mon frère m'a adressé à une fille qu'il connaissait, et bon, ma foi, son approche à elle, c'était la méthode rose. Donc ça m'a rapidement gonflé, et je me suis retrouvé seul.
Dans l'intervalle, et c'est là qu'on arrive à l'émotion pianistique, un jour on m'a prêté un lecteur de cassettes et dedans était restée une bande, que j'ai écoutée. Il y avait vraiment de tout et de rien, c'était le vrac complet là-dedans, du Chicago, du ceci, du cela... Et tout à la fin de la seconde face, un truc super étrange, vraiment.
Au début, ça commençait comme un morceau de je ne sais quel folklore, pays de l'Est ? Un type qui chantait dans je ne sais quelle langue, avec un violoniste qui produisait un bourdon. Ma foi, bon, j'ai failli passer, et puis j'ai écouté la suite. Et le type s'excitait, tant et plus et tout à coup, batterie, basse, est-ce que je sais... Tout ça entrait en même temps, et non, ça n'était pas du folklore des Balkans, certainement pas. Et là, j'ai entendu un chorus qui m'a infiniment touché, une sonorité faussement douce mais qui pouvait devenir agressive, un timbre que je ne connaissais pas... L'attaque ressemblait à celle d'un piano, mais... J'y reviendrai. Voilà que dans ce morceau, des choeurs entraient à leur tour, et des phrases incantatoires étaient répétées.... Tout ça suivait une progression et les sons étaient étagés de façon à respecter cette idée de crescendo... Le final, étourdissant, laissait l'impression de gens qui s'acharnent sur la note finale, comme des hystériques.
J'étais déconcerté par ce morceau. De qui pouvait-il bien s'agir ?
En moins d'une semaine, j'étais accro. Je ne supportais plus que cette musique. Les autres me faisaient l'effet d'être vides, jolies, mais dénuées de profondeur. Complètement superficielles.
J'ai fait le tour des disquaires de Toulon. Je leur décrivais ce que j'avais entendu, ça ne leur parlait pas. Jusqu'à un qui m'a dit : "ça, ça doit être Magma". Il m'a fait écouter le double live, c'était ça. Je suis rentré avec la galette sous le bras, j'ai écouté une fois chez moi. Et je suis entré dans leur univers. Ma vie en a été changée.
Quant au piano, puisque c'en était un, il s'agissait du FENDER RHODES. Voilà mon émotion pianistique. J'ai entendu le Rhodes dans Magma, pour moi il est indissociable de ce groupe et j'adore ce son, je m'en régale, je pourrais l'écouter à l'infini. J'adore sa sonorité faussement sucrée, qui devient très vite nerveuse quand on enfonce les touches plus fortement. On appelle ça vélo-switch, ou timbre dynamique, c'est cette capacité à changer de timbre en fonction de la dynamique. Voilà, je vous ai saoulés avec mes histoires de piano électrique, scandale, j'aime un son de piano électrique, oui. Mais au moins vous avez appris quelque chose, et puis que diable, même si ça n'avait servi à rien, j'ai bien aimé raconter mon histoire, moi.
Bon, je suis prêt pour vos réactions, je devine qu'elles ne seront guère positives mais tant pis...
A vous,
Je risque d'en faire bondir certains, bien que ça ne soit pas mon but, aucunement. Mais voilà, c'est ainsi.
J'ai débuté petit, j'aimais bien le son de l'instrument, mais pas du tout la pédagogie des deux vieilles dames chez qui tout ça se passait. Globalement, ça me paraissait suranné, vieillot, ça suintait l'ennui. Quand on a déménagé, ma mère m'a demandé si on gardait le piano, j'ai répondu non. J'avais huit ans.
Par la suite, j'ai entendu des gens qui faisaient avec la musique des choses que je trouvais intéressantes. J'ai écouté beaucoup Genesis, à l'époque où ce groupe était totalement inconnu du grand public. Dans cette période, ils produisaient une musique de qualité, rien à voir avec ce qu'ils sont devenus quand Peter Gabriel est parti. Ensuite, Genesis a sombré dans de la variété, et encore, pour être poli.
Il y avait donc Genesis. A cette époque, j'ai éprouvé l'envie d'avoir à nouveau un piano. J'ai tenté de prendre des cours, mon frère m'a adressé à une fille qu'il connaissait, et bon, ma foi, son approche à elle, c'était la méthode rose. Donc ça m'a rapidement gonflé, et je me suis retrouvé seul.
Dans l'intervalle, et c'est là qu'on arrive à l'émotion pianistique, un jour on m'a prêté un lecteur de cassettes et dedans était restée une bande, que j'ai écoutée. Il y avait vraiment de tout et de rien, c'était le vrac complet là-dedans, du Chicago, du ceci, du cela... Et tout à la fin de la seconde face, un truc super étrange, vraiment.
Au début, ça commençait comme un morceau de je ne sais quel folklore, pays de l'Est ? Un type qui chantait dans je ne sais quelle langue, avec un violoniste qui produisait un bourdon. Ma foi, bon, j'ai failli passer, et puis j'ai écouté la suite. Et le type s'excitait, tant et plus et tout à coup, batterie, basse, est-ce que je sais... Tout ça entrait en même temps, et non, ça n'était pas du folklore des Balkans, certainement pas. Et là, j'ai entendu un chorus qui m'a infiniment touché, une sonorité faussement douce mais qui pouvait devenir agressive, un timbre que je ne connaissais pas... L'attaque ressemblait à celle d'un piano, mais... J'y reviendrai. Voilà que dans ce morceau, des choeurs entraient à leur tour, et des phrases incantatoires étaient répétées.... Tout ça suivait une progression et les sons étaient étagés de façon à respecter cette idée de crescendo... Le final, étourdissant, laissait l'impression de gens qui s'acharnent sur la note finale, comme des hystériques.
J'étais déconcerté par ce morceau. De qui pouvait-il bien s'agir ?
En moins d'une semaine, j'étais accro. Je ne supportais plus que cette musique. Les autres me faisaient l'effet d'être vides, jolies, mais dénuées de profondeur. Complètement superficielles.
J'ai fait le tour des disquaires de Toulon. Je leur décrivais ce que j'avais entendu, ça ne leur parlait pas. Jusqu'à un qui m'a dit : "ça, ça doit être Magma". Il m'a fait écouter le double live, c'était ça. Je suis rentré avec la galette sous le bras, j'ai écouté une fois chez moi. Et je suis entré dans leur univers. Ma vie en a été changée.
Quant au piano, puisque c'en était un, il s'agissait du FENDER RHODES. Voilà mon émotion pianistique. J'ai entendu le Rhodes dans Magma, pour moi il est indissociable de ce groupe et j'adore ce son, je m'en régale, je pourrais l'écouter à l'infini. J'adore sa sonorité faussement sucrée, qui devient très vite nerveuse quand on enfonce les touches plus fortement. On appelle ça vélo-switch, ou timbre dynamique, c'est cette capacité à changer de timbre en fonction de la dynamique. Voilà, je vous ai saoulés avec mes histoires de piano électrique, scandale, j'aime un son de piano électrique, oui. Mais au moins vous avez appris quelque chose, et puis que diable, même si ça n'avait servi à rien, j'ai bien aimé raconter mon histoire, moi.
Bon, je suis prêt pour vos réactions, je devine qu'elles ne seront guère positives mais tant pis...
A vous,
Modifié en dernier par renaissanceman le dim. 06 juil., 2014 0:43, modifié 1 fois.
- Moderato Cantabile
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Re: Votre première émotion pianistique. ...
"Garde-toi , tant que tu vivras , de juger les gens sur la mine".
Allons donc , renaissanceman , pourquoi faire ainsi un procès d'intention à tout un groupe de gens que tu ne connais pas ?
Oui , la majorité des gens ici aime le piano , de préférence acoustique . Et alors ? ce n'est pas pour autant que l'on est incapable de s'intéresser à autre chose .
Ton histoire est belle , fort joliment racontée (j'ai eu autant de plaisir à la lire que toi à l'écrire) et elle me donne envie de découvrir Magma et le Fender Rhodes .
Allons donc , renaissanceman , pourquoi faire ainsi un procès d'intention à tout un groupe de gens que tu ne connais pas ?

Oui , la majorité des gens ici aime le piano , de préférence acoustique . Et alors ? ce n'est pas pour autant que l'on est incapable de s'intéresser à autre chose .

Ton histoire est belle , fort joliment racontée (j'ai eu autant de plaisir à la lire que toi à l'écrire) et elle me donne envie de découvrir Magma et le Fender Rhodes .
"Il faut que cela soit si gai , si gai , que l'on ait envie de fondre en larmes ."
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Re: Votre première émotion pianistique. ...
Moi aussi j'ai été fan de Génésis de la bonne époque (et je le suis encore)!
(J'avais d'ailleurs retranscrit quelques morceaux : watcher of the sky, Giant Hogwood, the trick of the tail..).
Sinon, une émotion pianistique dont je me souviens (parmi d'autres): un petit prélude de Bach en ré mineur d'1/2 page très mélancolique..
Et puis ma foi, mes 1ères émotions musicales viennent des berceuses que me chantait ma Maman pour m'endormir quand j'étais tout petit: "le chevalier de l'ombre", "la belle est au jardin d'amour", "forêts forêts les cimes fort élevées"... . Je doute que quelqu'un les connaisse, mais rien que les évoquer me donne la nostalgie..
Ma mère voulait devenir chanteuse d'opéra mais finalement, elle a opté pour la politique... Et c'est moi qui ai pris le relais..
Ah j'oubliais: les préludes et fugues pour CBT de Bach qu'elle travaillait, notamment le prélude en ré mineur du 1er volume, mais aussi des petits préludes ou fugues.
(J'avais d'ailleurs retranscrit quelques morceaux : watcher of the sky, Giant Hogwood, the trick of the tail..).
Sinon, une émotion pianistique dont je me souviens (parmi d'autres): un petit prélude de Bach en ré mineur d'1/2 page très mélancolique..
Et puis ma foi, mes 1ères émotions musicales viennent des berceuses que me chantait ma Maman pour m'endormir quand j'étais tout petit: "le chevalier de l'ombre", "la belle est au jardin d'amour", "forêts forêts les cimes fort élevées"... . Je doute que quelqu'un les connaisse, mais rien que les évoquer me donne la nostalgie..
Ma mère voulait devenir chanteuse d'opéra mais finalement, elle a opté pour la politique... Et c'est moi qui ai pris le relais..
Ah j'oubliais: les préludes et fugues pour CBT de Bach qu'elle travaillait, notamment le prélude en ré mineur du 1er volume, mais aussi des petits préludes ou fugues.