gestion du trac...

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Oupsi
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Re: gestion du trac...

Message par Oupsi »

Okay a écrit :A tous les coups je vais peut-être me sentir obligé d’éditer tout ce message quand j’aurai le CD. On verra bien.
Le moment venu, n'édite surtout rien! tu commenteras si tu le souhaites, ce sera sans doute intéressant (je te souhaite d'agréables surprises d'ailleurs au moment où tu te réécouteras, car ce n'est pas du tout exclu!).
Ce sont deux moments, deux vérités!

Merci pour ce beau compte rendu!
sylvie piano
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Re: gestion du trac...

Message par sylvie piano »

J'ai du mal avec le tutoiement mais ça viendra ! :D C'est certain que c'est la confrontation régulière avec le public qui est la clé... Dans 5 jours again ! Profitez bien !
Mes propres expériences en public ces dernières années ont été en musique de chambre, ce qui n'a absolument rien à voir même quand les oeuvres sont très difficiles. Vos expériences et analyses de ce rapport au jeu en public m'intéressent d'autant plus ! Bravo de vous y confronter ! J'irai écouter votre version YouTube ! Si vous voyez l'état de ma partition travaillée... Je vais investir dans une nouvelle version vierge ! Mais ce sera peut-être pour la rentrée, j'avais envie d'un été doux, avec moins d'ambition. Le 1er nocturne de Fauré ( À propos mi bémol mineur, quelle couleur déjà ? :shock:) l'opus 117 de Brahms....
J'ai hâte de lire votre analyse comparative entre les deux concerts. C'est vraiment une aide précieuse. !!!
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Okay
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Re: gestion du trac...

Message par Okay »

Je pense que ca sera encore tout different dans 5 jours, a suivre. J'espere pouvoir partager des enregistrements.

Ah le premier nocturne, il est rouge foncé, pourpre. Qu'est ce qu'il est beau ce début, j'ai plus de mal avec la partie centrale que je trouve un peu moins inspirée. C'est tellement beau Fauré.
Bon courage pour les Brahms, le travail du son n'est pas de la tarte dans l'opus 117.
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JPS1827
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Re: gestion du trac...

Message par JPS1827 »

Okay a écrit :Cette approche, en me concentrant vraiment sur le sens de la musique m’a imposé contre toute attente de jouer avec une énorme prise de risque du début à la fin. Je l’ai parfois (souvent ?) payé sur la précision, mais je peux dire que j’étais littéralement « possédé » sur scène. Des collègues que je vois tous les jours m’ont dit ne jamais avoir vu ce faciès. J’ai communiqué ma musique avec une intensité que je ne soupçonnais pas, et j’ai mis du temps à redescendre après (suis-je vraiment redescendu ?).

…Mais ça n’a pas raté : sur scène avec l’adrénaline je n’ai quasiment pas correctement passé une seule de ces grappes d’accords. La grosse différence avec avant, c’est qu’avant j’aurais auto-saboté tout le reste de la sonate, submergé par l’énervement de ce que j’ai raté. J‘aurais perdu moyens et concentration, je me serais trouvé en mode « il va falloir subir mon jeu en mode automatique jusqu’à la fin ». Aujourd’hui, j’ai réussi à immédiatement cesser de mortellement m’en vouloir, et je me suis reconcentré de suite sur la beauté de cette musique, sur le moment présent, à ce que je pouvais offrir au public en cachant le pianiste derrière l'oeuvre. Ca m’a littéralement sauvé de la débâcle. Je pense que ça s’est à peu près correctement passé jusqu’à la coda, où par contre, beaucoup de basses n’étaient pas très nettes (j’ai senti un problème de tension avant les toutes dernières, que j’ai du coup bien réussies en détendant le bras).
Alors là, vraiment bravo d'avoir réussi à te reconcentrer sur ce que tu voulais faire entendre. Ca fait plusieurs semaines que tu cherches dans ce sens et tu a l'air de progresser vraiment bien dans cette voie (pour ma part, bien que ressentant parfaitement la justesse de tout ce que tu as pu exprimer sur ce sujet, je n'y arrive pas du tout, je suis toujours en mode "que va-t-il se passer ?").
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Lee
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Re: gestion du trac...

Message par Lee »

Okay a écrit :je dis "vous" également, mais tout le monde se tutoie sur le forum
Presque, mais pas tous.
sylvie piano a écrit :J'ai du mal avec le tutoiement mais ça viendra !
Ce n'est pas nécessaire de se forcer.

Merci Okay pour partager autant avec nous tes pensées et tes étapes pour gérer le trac, même pour ceux qui jouent pas souvent en public, c'est très intéressant de te lire et peut-être bénéfique.
“Wrong doesn't become right just because it's accepted by a majority.” - Booker Washington
pimousse
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Re: gestion du trac...

Message par pimousse »

Okay a écrit : PS : il y avait une personne du forum dans le public. On a découvert cette semaine qu'on travaillait au même endroit. Elle s'exprimera si elle le souhaite.
j'étais là ! (quelle chance de pouvoir se détendre avec un concert le midi sur son lieu de travail :P !) … et peux donc témoigner, de ce qui ne se sentira pas complètement sur un cd.
Tout d’abord mes félicitations à nouveau Okay, merci pour ta prestation très réussie et joliment choisie. Je n’ai personnellement rien remarqué de ce qui semble t’avoir déçu au regard de tes exigences.
J'ai réalisé ton état de stress uniquement en te croisant après le concert, effectivement on sentait bien là que tu sortais d'une épreuve de trac et étais encore dans un état un peu second. Etonnant, car ceci ne transparaissait pourtant pas pendant ton jeu; tu as réellement su communiquer tes émotions musicales et apparaissais "habité" -c'est le bon mot- par ces morceaux, d'où un retour vraiment positif du public (tu es le seul qui a eu droit à des applaudissements intermédiaires me semble-t-il, ce qui aide à enchaîner plus sereinement vraisemblablement).

Un bon entraînement pour la semaine prochaine donc ? Car jouer devant un auditoire potentiellement très large de collègues et pas forcément avertis me semble un exercice particulièrement difficile, qui en a déstabilisé plusieurs autres.
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Okay
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Re: gestion du trac...

Message par Okay »

Merci beaucoup pimousse d'être venue, et d'avoir fait ce retour.
Tout d'abord désolé si j'étais vraiment bizarre en sortant de la salle, j'étais en effet dans un état absolument décalé, incapable de discuter. Je ne me souviens plus très bien mais j'espère au moins ne pas avoir été impoli.

C'est cool si j'ai pu camoufler ma nervosité sur scène, j'ai déjà été bien plus nerveux mais je ne respirais pas la sérénité, loin de là. Je suis surtout content d'avoir enfin réussi à briser le mur qui me séparait du public, que mes idées soient passées. C'est vrai que les applaudissements m'ont surpris, ça m'a permis d'oublier pour de bon ce qui m'avait déçu dans Scriabine. Maintenant, il va me falloir trouver un équilibre entre cette communication et la précision. J'ai beaucoup appris, et j'ai qu'une hâte, y retourner.

JPS, j'ignore si ça peut t'aider, mais avec le recul, je crois que le déclic m'est vraiment venu après avec le documentaire sur Trifonov (le point de départ de mon fil sur la scène). En fait ce n'est pas cette histoire de surfer sur la vague qui a déclenché tout ça, ça s'est surtout passé lorsque son ancien prof (ou un chef d'orchestre, je ne sais plus) a dit un truc comme "je n'ai absolument jamais connu personne qui aime autant la musique qu'il joue". Là dessus je me suis dis "comment peut-il dire une chose pareille ? ok je ne joue pas du tout dans la galaxie de Trifonov, mais mince, moi aussi quand même, je l'adore la musique que je joue"
Puis j'ai beaucoup écouté Trifonov les jours suivants. Peu importe ses moyens superlatifs, Trifonov est d'abord un musicien dans sa chair, merveilleusement créatif et inspiré, car il est habité par sa musique, il ne pense qu'à elle lorsqu'il est sur scène, il s'immerge dans ce qu'elle exprime et rien d'autre, et la fait vivre pour de vrai sans discontinuer. C'est un interprète puissant et très communicant car la moindre note qu'il joue contient un sens profond et habité pour lui. Il y en a plein des pianistes aux moyens énormes, même comparables aux siens, mais sa différence à lui elle est là. Voilà pourquoi il fait cette carrière là.
En ouvrant les yeux là dessus, j'ai enfin pris la claque dont j'avais besoin, sans détourner la tête : j'ai du faire le constat amer qu'à l'instant précis où je la jouais en public, je ne l'aimais pas du tout autant que je croyais, ma musique. Je l'aimais avant et après avoir joué, mais pas au moment où je la jouais.
Ca c'est pour mon cas personnel, je n'ai pas la prétention d'inviter quiconque à un constat similaire. C'est personnel à chacun. Mais en tant que musicien, je trouve que c'est une question qui mérite au moins d'être posée.
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Re: gestion du trac...

Message par JPS1827 »

Okay a écrit :… j'ai du faire le constat amer qu'à l'instant précis où je la jouais en public, je ne l'aimais pas du tout autant que je croyais, ma musique. Je l'aimais avant et après avoir joué, mais pas au moment où je la jouais.
Ca c'est pour mon cas personnel, je n'ai pas la prétention d'inviter quiconque à un constat similaire. C'est personnel à chacun. Mais en tant que musicien, je trouve que c'est une question qui mérite au moins d'être posée.
Je trouve que tu décris bien ce qui m'arrive également ! je vais réfléchir à ça. En fait je m'aperçois que j'aime beaucoup plus la musique quand je déchiffre une œuvre pas trop difficile qui vient bien à la première lecture.
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Re: gestion du trac...

Message par sylvie piano »

C'est juste une idée... (Soufflée par la remarque de JPS). Avec des textes moins difficiles, parfaitement dominés car en dessous de son niveau maximal un nouveau ressenti serait plus facile à atteindre. Par exemple même si la pathétique est une oeuvre difficile, elle fait moins peur que l'opus 106.... C'est à dire baisser un peu ses objectifs pour comprendre, avancer, prendre confiance et ensuite graduellement augmenter la difficulté. Sans compter que jouer parfaitement des oeuvres de moyenne difficulté est en réalité beaucoup plus difficile que de jouer moyennement des oeuvres très difficiles !
Et du coup les pièces sont peut-être moins " usées " car c'est un peu cette usure du travail qui fait perdre le goût de l'oeuvre, non ?
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Doubidoudom
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Re: gestion du trac...

Message par Doubidoudom »

Merci et bravo Okay. je regrette de ne pas pouvoir venir t'entendre dans de bonnes conditions.
Trifonov (et surtout ta réaction à ce documentaire) ont été aussi très bénéfique pour moi. Je ne pense pas que ce soit une question de difficulté des pièces (même si évidemment on peut être plus perceptif quand on domine sans aucune peur), mais un "état d'esprit scénique". Je trouve relativement facile de trouver les vagues à la maison (et d'accord avec JPS dans le déchiffrage il se passe beaucoup de choses) alors que devant le public il faut oublier son statut de représentation. J'y arrive aussi plus facilement en musique à plusieurs (classique ou autre style d'ailleurs), car la connivence entre musiciens ou chanteurs entraîne naturellement cette joie d'être là qui transcende la musique.
Mais je remarque aussi que plus je fais de concert plus je me sens à l'aise et naturel. Rien ne remplace l'expérience.
Je suis aveugle mais on trouve toujours plus malheureux: j'aurais pu être noir. Ray Charles
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Re: gestion du trac...

Message par sylvie piano »

L'idée de la difficulté des pièces n'est bien entendu pas une fin en soi, c'était juste un moyen à un certain moment pour travailler un ressenti différent pendant le concert et ainsi avancer dans sa perception. Pour ma part, j'avais ainsi retrouvé une nouvelle envie de jouer en public en piano solo.
Avec des partenaires je pense que ça n'a tout simplement rien à voir. Vraiment rien.
Les chanteurs quant à eux ( classiques) ne peuvent jamais s'abandonner à un total lâcher-prise, la technique vocale ne permettant pas un seul instant de laisser l'émotion dominer l'instant. Je pense que c'est pour eux que le trac est le pire ennemi.
Mais nous sommes en réalité absolument tous d'accord, rien ne remplace les expériences multiples et régulières, et puis nous ne sommes vraiment pas égaux face aux manifestations du trac... Un prodige comme Trifonov, ou comme Nelson Freire développe forcément une technique de jeu public imparable ! Tant mieux pour nous qui les écoutons avec tant de bonheur !
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JPS1827
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Re: gestion du trac...

Message par JPS1827 »

@sylvie : je suis d'accord avec vous sur le fait que jouer vraiment bien des œuvres de difficulté modérée est beaucoup plus difficile que jouer moyennement des œuvres très difficiles ; je pense même qu'être conscient de cela est une condition importante pour pouvoir vraiment progresser. Néanmoins, dans mon expérience, ce qui diffère en scène avec ce type d'œuvre ce n'est pas le ressenti intérieur (qui reste pour moi le même ressenti d'insécurité) mais plutôt les conséquences du ressenti sur le jeu, qui est moins affecté négativement, mais bizarrement ça ne me met pas en confiance pour jouer le reste.

@doubidoudom : tout à fait d'accord avec toi

edit : ça s'est croisé avec le dernier message de Sylvie que je n'avais pas encore vu avant d'écrire celui-là
nox
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Re: gestion du trac...

Message par nox »

Bravo pour ce compte-rendu, et pour avoir le courage de jouer un tel programme.
Je ne m'en sentirais pas capable techniquement, et surtout musicalement. Sur de telles oeuvres, on ne peut jamais se permettre de rester à la surface, il faut plonger la tête dans la musique au début et ne la ressortir qu'à la fin. C'est très éprouvant je trouve.
Okay a écrit :je pense que j’aurais pu très bien jouer si je n’avais pas eu à attendre 1h30 sans toucher au piano. Après avoir répété en fin de matinée, ça me démangeait d’aller sur scène tout de suite partager ma musique, je me sentais bien. Entretemps j’ai un peu perdu mes sensations et me suis remis un peu à douter. Ca m’a rappelé les examens au conservatoire : on rentrait sur scène pour aller vers le piano en lâchant un autre piano (un droit dans une loge). Ca facilitait quand même infiniment les choses.
Oui hein ? Comme vous vous en êtes rendus compte quand on a joué place d'Italie, je ne supporte pas d'attendre et de ressasser, de réfléchir.
Si le concert est à 15h, j'arrive à 14h59, juste à temps pour m'asseoir au piano :mrgreen: Je trouve que ça joue énormément. J'ai besoin de préserver la spontanéité de ce que je joue, pour m'en émouvoir moi-même. Je ne dois pas sentir que cela correspond à un plan tracé à l'avance et que je ne fais que dérouler.

Un détail sinon : tu ne veux pas créer un fil à part ? Surtout si tu vas rejouer le même programme bientôt, je pense que beaucoup seront heureux de suivre tout ça.
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Okay
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Re: gestion du trac...

Message par Okay »

J'ai longtemps aussi pensé que des oeuvres moins difficiles pouvaient être un excellent moyen d'avoir un bon repère de confiance. Je n’en suis plus sûr du tout.
Tout le problème, c'est l'exigence décuplée lorsque c'est plus décanté. Si je mets quelques pains dans l'opus 106 mais que c'est joué de manière inspirée, ça ira très bien quand même. Par contre la pathétique (je l'ai jouée 2 fois en concours avec bonheur, mais je sais à quel point c'est très dur d'y faire quelque chose d'impeccable et beethovénien) et la sonate classique en général ne tolèrent pas la moindre anicroche. Du coup paradoxalement, les œuvres qui demandent un certain abatage au clavier peuvent être beaucoup moins anxiogènes que les œuvres où justement le pianiste et le public attendent (légitimement ?) un rendu vraiment impeccable. J’aurais une hésitation sérieuse si on me dit que je dois jouer dans 1 ou 2 mois une sonate, avec comme choix la pathétique, la pastorale ou l’opus 106.

Concernant la musique de chambre, oui, ça n’a rien à voir. C’est une attitude que je partage avec vous, j’adore jouer à plusieurs, et au-delà du bonheur de partager et converser la musique, il y a ce confort indéniable sur scène.
Et quelque part je trouve ça complètement idiot. Est-ce parce qu’on partage les risques avec d’autres ? Parce qu’on se dit que l’attention du public est divisée entre les musiciens ? Parce qu’on se dit que ça s’entendra moins si on rate quelque chose ?
Objectivement, on sait très bien qu’on entend tout autant un ratage en solo qu’en musique de chambre. Voire, on est encore plus responsabilisé en tant que chambriste. Donc à considérer le verre à moitié vide mais aussi à moitié plein, il est tout aussi irrationnel d’être à l’aise lorsqu’on est plusieurs sur scène, que d’être stressé lorsqu’on est seul. Ce constat recadre certaines choses, et a été l’une de mes pistes de réflexion.
nox a écrit :Un détail sinon : tu ne veux pas créer un fil à part ? Surtout si tu vas rejouer le même programme bientôt, je pense que beaucoup seront heureux de suivre tout ça.
Je pense que je le ferai si je peux diffuser l'enregistrement de vendredi, ou qu'il en ressort un comparatif intéressant avec ce que je ferai après-demain.
En attendant, j'ai reçu les photos du concert. J'en poste une seule où je n'apparais pas et surtout parce qu'elle symbolise pour moi l'essence du trac. Je pense que le trac est réellement maitraisé lorqu'en se plongeant dans cette photo, en s'imaginant dans le décor, on passe d'un état d'anticipation anxieuse à un état où on crève d'envie d'aller s'assoir sur cette banquette pour y offrir son programme. S'y exercer mentalement, visualiser tout ça pour de bon et souvent pour s'y acclimater, c'est aussi un très bon exercice anti-trac.
Fichiers joints
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BluePhoenix05
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Re: gestion du trac...

Message par BluePhoenix05 »

Merci pour ton compte-rendu, Okay. (La lumière violette fait penser à l'atmosphère tamisée d'un bar enfumé... #-o :lol: )
Si tu n'as pas cédé les droits sur ton enregistrement, tu devrais être libre de pouvoir le diffuser, on a hâte de t'entendre de nouveau :wink:
sylvie piano a écrit :Les chanteurs quant à eux ( classiques) ne peuvent jamais s'abandonner à un total lâcher-prise, la technique vocale ne permettant pas un seul instant de laisser l'émotion dominer l'instant. Je pense que c'est pour eux que le trac est le pire ennemi.
Je ne crois pas tellement à ce "mythe" qui fait des chanteurs des musiciens différents du "reste" :?
La technique en chant (classique ou autre), c'est comme au piano, on la travaille puis on l'oublie.
Si on rate quelque chose, on isole le problème et on bosse la technique.
Sur scène, on chante sans essayer de tout contrôler (parce que sinon ça se sent et on ne pense plus autant à la musique).
Si ça foire, tant pis, on fera mieux à la prochaine représentation !

Bien sûr il y a des spécificités dans le chant, comme pour les flûtistes, les pianistes ou les chefs d'orchestre, etc.
Par exemple il y a un truc au piano, c'est qu'on "ne fait rien" quand on tient une note, on doit d'ailleurs bien relâcher. (alors qu'en chant, on continue de soutenir et expirer l'air, au violon on tire l'archet, etc.)
Et dans cet espace où l'on "ne fait rien" (typiquement, si on tient des accords longs, par ex. dans la pathétique justement...), toutes sortes de pensées parasites peuvent envahir l'esprit, surtout si le son qu'on entend ne correspond pas à celui désiré (si par ex, il ne "tient" pas dans le temps).

C'est peut-être une des causes de la difficulté accrue des pièces "moins difficiles" telle que tu l'évoques, Okay.
D'ailleurs comme cela a été dit, tu as énormément de facillités là où c'est très virtuose avec beaucoup de notes, et tu sembles peut-être légèrement moins à l'aise sur les passages plus "tranquilles".
Les morceaux lents où l'esprit peut être accaparé par d'autres choses que la musique me font peur de la même manière.
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Okay
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Re: gestion du trac...

Message par Okay »

BluePhoenix05 a écrit :(La lumière violette fait penser à l'atmosphère tamisée d'un bar enfumé... #-o :lol: )
Si tu n'as pas cédé les droits sur ton enregistrement, tu devrais être libre de pouvoir le diffuser
Cette lumière a été vraiment pénible, comme je le disais. Ok, bon à savoir pour l'enregistrement. En effet, je n'ai absolument rien signé. J'ai découvert les micros et l'ingé son sur place.
BluePhoenix05 a écrit :
C'est peut-être une des causes de la difficulté accrue des pièces "moins difficiles" telle que tu l'évoques, Okay.
D'ailleurs comme cela a été dit, tu as énormément de facillités là où c'est très virtuose avec beaucoup de notes, et tu sembles peut-être légèrement moins à l'aise sur les passages plus "tranquilles".
Les morceaux lents où l'esprit peut être accaparé par d'autres choses que la musique me font peur de la même manière.
Mouais, je ne sais pas trop. Les passages non virtuoses me demandent potentiellement plus de concentration car généralement lorsque je les ai travaillés, j'ai vraiment "tout" travaillé. J'ai quasiment réfléchi à chaque note, travaillé le legato par paires, recherché le son partout, etc... (alors que travailler les passages virtuoses comme ça, c'est destructeur). Après il faut retrouver une nouvelle fraicheur sur scène, c'est difficile. Lorsque ça a l'air plus difficile, il y a une sorte d'élan sur scène, la kinesthésie est bien plus prépondérante dans le rapport au clavier. Du coup, parfois oui, il peut arriver que bizarrement ce soit en effet moins difficile. Disons que ça génère des préoccupations différentes.
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Re: gestion du trac...

Message par sylvie piano »

BluePhoenix05 a écrit : Je ne crois pas tellement à ce "mythe" qui fait des chanteurs des musiciens différents du "reste" :?
La technique en chant (classique ou autre), c'est comme au piano, on la travaille puis on l'oublie.
Si on rate quelque chose, on isole le problème et on bosse la technique.
Sur scène, on chante sans essayer de tout contrôler (parce que sinon ça se sent et on ne pense plus autant à la musique).
Si ça foire, tant pis, on fera mieux à la prochaine représentation !

.
On ne vous demande pas de croire ou de ne pas croire. Ce n' est absolument pas ce qu'on appelle un mythe !
Etre son propre instrument a forcément des incidences particulières. J'ai été accompagnatrice de chant lyrique et c'est juste une évidence.
Demandez à une reine de la nuit qui "foire"son contre-fa si c'est "tant pis! je ferai mieux à la prochaine représentation"....Juste qu'elle ne sera plus jamais sollicitée!!!!
Un chanteur classique contrôle tout!!!!!!!

Mais cela n'enlève rien au trac des instrumentistes, c'est juste totalement différent!

C'est vrai que les passages plus simples sont souvent ceux qui en concert peuvent déconcerter, peut-être les avons-nous moins travaillés ( en temps ), la mémoire kinesthésique ne joue pas de
la même façon dans ces passages. C'est pourquoi votre remarque sur la difficulté des textes est certainement judicieuse, ça ne résout pas le problème.
Et c'est vrai qu'en musique de chambre on se sent soutenu par le ou les partenaires même dans les solos difficiles...

La photo de Okay est juste ....saisissante.....!!!
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Re: gestion du trac...

Message par BluePhoenix05 »

Ah enfin un débat comme il en manquait cruellement ces temps-ci sur le forum :mrgreen: (nox est-il en vacances ?)

Je respecte votre avis, je pense que le mien n'est pas déraisonné non plus.
Je pratique le chant (à petite dose, certes ^^), et j'ai accompagné une chanteuse en musique de chambre pendant plus d'un an. Ma maigre expérience ne se compare sans doute pas à la votre, aussi pourrez-vous peut-être nous la faire partager !

Moi aussi quand je rate une note ou un passage au piano, j'en suis très affecté, et cela m'exaspère qu'un chanteur/chanteuse puisse considérer que cela n'est pas comparable à sa propre situation quand cela peut lui arriver, parce que "vous autres instrumentistes, vous ne pouvez pas comprendre" #-o , comme si, "nous autres instrumentistes", on ne vivait pas la musique de façon aussi intense :evil: .

Pour autant, quand je rate quelque chose, je n'en fais pas des tonnes non plus, cela ne signifie pas forcément que tout le reste était nul (même si dans mon cas c'est très plausible :mrgreen: ), et je ne comprends pas pourquoi les chanteurs (d'ailleurs cela arrive à n'importe quel musicien, pas uniquement les chanteurs) ne seraient pas aussi capables d'avoir ce recul-là au point d'en être effondré, de croire que toute critique les vise toujours personnellement et les atteint dans leur être le plus profond. ](*,)

Quand la technique est là, oui on contrôle tout, au piano comme en chant (classique ou non). On a la maîtrise totale du son et du phrasé. (Je pense, en tout cas)
On a alors tout loisir de se consacrer à la musique, et je pense qu'il ne faut pas être dans une démarche où l'on cherche à tout contrôler (en représentation), cela nuit au rendu musical. On doit faire confiance à sa technique quand on joue.

Si quelque chose n'a pas fonctionné, c'est qu'il y avait un problème, psychologique (trac, assurance) ou technique (et ça, certains ne veulent pas toujours le reconnaître). Ca peut se travailler (surtout si c'est d'origine technique) pour que ce soit mieux la prochaine fois.

Le truc qui est peut-être différent en chant, c'est qu'on apprend assez tôt (normalement) à ne pas forcer, que si un exercice ne marche pas un certain jour, qu'on n'arrive pas monter plus haut, et ben c'est pas grave on travaille autre chose, on réessaiera le lendemain (surtout ne pas forcer!).

On accepte facilement qu'un chanteur refuse de chanter par auto-préservation (que ce soit réel ou pas :mrgreen: , mais bon pour un concert, s'il se sent mal c'est tout à fait sensé, mieux vaut annuler un concert que ne plus pouvoir chanter toute sa vie).
Alors qu'à un pianiste, on n'hésite pas à lui demander d'accompagner plus vite, plus fort, plus doux ou plus "soutenu", même s'il n'y arrive pas encore techniquement, qu'il crispe et risque de mauvaises habitudes, parce que c'est "moins dommageable" :evil: .

Les chanteurs non classiques ne sont également pas épargnés par le trac.
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Re: gestion du trac...

Message par BluePhoenix05 »

Désolé Okay pour ma maladresse, je ne voulais pas dire que tu maîtrisais moins bien les passages moins brillants, au contraire. Seulement parfois cela me semblait moins réussi que les passages plus "techniques". Mais peut-être est-ce moi qui n'arrive pas à entendre ce qui va bien dans les passages lents et ce qui va moins bien dans les passages rapides :lol: . Aussi l'autre jour tu m'avais demander des avis, et je t'ai donné que des critiques sans te dire tout ce que j'avais trouvé bien :oops: .

De tout façon, comme vous avez pu le remarquer, j'aime bien critiquer, même quand je suis nul dans quelque chose (Meludia, etc.) :P :lol: , c'est parce que je reçois aussi bien volontiers la critique. 8)

Pour l'enregistrement des oeuvres non encore dans le domaine public (Prokoviev), j'ai l'impression que c'est aussi particulier concernant la diffusion (si un juriste sur le forum pouvait nous renseigner). J'avais posé la question à notre prof de droit mais il n'avait pas su répondre et c'était pas clair. Bon je ne pense pas qu'on en fasse tout en plat mais je me posais quand même la question.
Quelques traductions de poèmes chinois à ma sauce
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Okay
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Re: gestion du trac...

Message par Okay »

Ne te justifie absolument pas, toutes les critiques sont toujours les bienvenues, c'est bien aussi pour ça qu'on poste des enregistrements. Même si tu ne voulais pas dire quelque chose, c'est peut-être quand même bien vrai.
J'ai d'ailleurs essayé de tenir compte de ce que tu m'avais dit sur le début de Scriabine, et j'espère que ça se sentira dans l'enregistrement.
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