Le métronome, je l'utilse également très peu (peut-être trop peu ?), et ce de 4 manières différentes :
1)
comme outil de diagnostic : on vérifie qu'on est capable de tenir la pulsation (tous les morceaux ne se prêtent pas forcément à cet exercice)
--> on joue le morceau (ou le mouvement ou la page, bref une grande section) en entier avec le métronome, on cerne les passages où on a tendance à accélerer ou ralentir, c'est souvent le signe de problèmes techniques dans ces passages.
--> on joue au métronomeles passages repérés, plusieurs fois, cela peut permettre d'identifier précisément quel transfert de notes pose problème. On reprend alors un travail technique lent "comme d'habitude".
2) en tant qu'UN moyen
pour aider à caler le rythme sur la pulsation dans un passage rythmiquement délicat :
on a compris l'enchaînement des notes (coordination des doigts et des mains, quelle note vient avant quelle autre, et quelle note
lâcher après quelle autre, ex: polyrythmie), on peut s'aider du métronome pour mettre l'ensemble en place (le travail de coordination précédent a été réalisé en faisant "abstraction" de la pulsation).
--> on travaille donc un passage particulier, et il s'agit d'UN moyen en plus d'autres, donc on n'utilse pas ça de façon systématique !
On peut également essayer MS au métronome.
3)
pour "reposer" la pulsation intérieure
On joue un passage ou une grande section comme si le prof nous mettait en confiance à côté en battant la pulsation (vos profs ont tous déjà fait ça, non ? à moins que vous n'ayez jamais eu de pb de rythme)
Ce moyen permet de se concentrer sur d'autres aspects (musicaux ou techniques) sans avoir à se focaliser sur le maintien de la pulsation régulière.
Oui on PEUT faire/travailler la musique en jouant au métronome !
Je pense que ce travail permet d'obtenir un certain relâchement qui peut être propice à certains progrès techniques, et à découvrir certains aspects musicaux de l'oeuvre qui peuvent nous apparaître avec cette vision différente.
(encore une fois, ce n'est pas un travail systématique et tous les morceaux ne s'y prêtent pas forcément)
Ce moyen peut être apparenté ou utilisé conjointement au précédent.
4) comme partenaire de musique de chambre
Comme dans la pièce
MM51 de Mauricio KAGEL
Je l'utilise assez peu pour vérifier les indications de tempo sur les partitions (mais c'est toujours intéressant). Mon tempo est souvent trop différent (parce que l'indication est erronée? le métronome de l'époque assez précis/performant/sujet à erreurs?) et l'indication ne me fera pas changer d'avis facilement

. Je préfère écouter des versions d'autres pianistes (si des enregistrements existent), l'indication métronomique seule a trop peu de sens (et vous avez remarqué que certains morceaux contemporains indiquent la durée totale [indicative, j'espère] qu'est censée faire l'oeuvre tout à la fin ???!

).
De toute façon pour revenir à l'anecdote Beethoven/Chopin, le tempo c'est une histoire d'humeur, d'acoustique, de piano (de longueur du son, comme un chanteur qui a beaucoup de souffle), de vitesse du cerveau (estimation subjective du temps qui passe / en semaine, stressé, je joue plus vite que le w-e / je pense que le cerveau de Martha fonctionne très très rapidement, ce qui expliquerait que ses tempi me semblent souvent très rapide bien que musicaux et cohérents, mais il doit lui paraître tout à fait "normal" pour elle).
Je n'utilise donc pas (plus) le métronome de la façon suivante :
- jouer un morceau en entier avec, en attendant que le temps passe pendant les notes longues, en comptant les "bips"
Pour "activer" la musicalité, je ne connais pas d'autre moyen que compter à haute voix si on "perd" la pulsation (ça m'arrive souvent d'ailleurs)
- encore moins pour jouer un morceau entier MS au métronome ! quelle utilité ?
- pour déchiffrer (on déchiffre pour le plaisir quand même !)
- en accélérant progressivement dans l'étude d'un morceau
pour simplifier, on travaille à 3 vitesses : vitesse lente / vitesse(s) moyenne(s) / tempo final. Vitesse lente pour le travail technique, vitesse moyenne (plus ou moins lente) pour permettre au cerveau de "prendre de l'avance" (anticiper) sur la suite, petit à petit on mémorise et on connaît bien techniquement/musicalement ce que veut jouer. Ce qui permet de jouer vite tout de suite. On règle les problèmes techniques subsistant ou non précédemment détectés en revenant au travail lent.
Voyez-vous des choses critiquables dans mon approche ? Je suis avide de retours, je vois bien que je n'adopte pas la même manière de travailler que Jean-Luc.