concert amical en Bourgogne le 2 mars

[Oupsi]

Merci beaucoup Fugue!
(j'espère bien arriver un jour à poster / jouer un public un morceau sans autant d'accrocs. Ce qui me complique la vie pour avancer, c'est le côté incompréhensible de la plupart des fautes. Je ne comprends pas pourquoi j'en fais tant. En plus l'ambiance était très agréable chez Strumpf et j'avais eu le temps de m'habituer au piano, à tout, donc je n'avais pas du tout le trac horrible et paralysant que j'ai eu à d'autres occasions de jeu en public, j'étais juste un peu nerveuse).

Je suis pour l'abolition des complexes, pour poster, pour commenter... et pour jouer, bien sûr!

[Florestan]

Les erreurs que tu fais nous en apprennent beaucoup moins sur toi comme musicienne que les choses que tu réussis, donc on s'en fiche. Il y a de très beaux passages avec du naturel dans la respiration et une belle souplesse.
Continue sur la voie de l'inspiration!

[JPS1827]

Oui, toujours énormément de poésie chez Oupsi !

[Lee]

Très contente que Oupsi vend la mèche elle-même, je peux maintenant dire plusieurs fois, j'avais le souffle coupé, les larmes aux yeux : Oupsi joue du piano exactement comme elle écrit, avec tout son cœur. Très émouvant, et comme tous ces enregistrements, l'enregistrement ne rend pas de tout justice à comment c'était en vrai...

[Line-Marie]

Oui, un enregistrement ne reflète qu'une partie de la réalité. Bien sûr nous avons entendu tes hésitations Oupsi mais tout à coup tu nous fais entrer dans un monde délicat, poétique et il y a alors une écoute profonde de tous...

[Oupsi]

Merci beaucoup pour ces belles écoutes très encourageantes.
Quand je regarde rétrospectivement le parcours depuis trois ans, je mesure ce que m'ont apporté deux choses, d'abord le fait de travailler avec un professeur extrêmement respectueux et intelligent (et patient!), et ensuite ce forum, et oui, les possibilités qui se sont offertes de dialoguer, de réfléchir à voix haute à sa pratique en quelque sorte, et de réunir à travers ces rencontres les conditions pour trouver une voie d'expression.
Nous en avons parlé avec Strumpf après ce concert, et elle-même a acquis cette conviction grâce à son travail avec un excellent professeur d'une grande sensibilité: en plus de tout le travail, il faut des conditions d'accueil pour la musique. Lors de ce concert, grâce à la gentillesse de toute la famille, au beau piano bien préparé, chacun se sent un peu unique, on se sent comme une plante dans un bon terreau. C'est tellement important. Jamais je n'aurais osé cet abandon de jouer en public ou d'essayer d'exprimer quelque chose sans cette sensation d'accueil bienveillant et si j'étais restée toute seule dans mon coin. Donc toute ma gratitude à ceux qui organisent ces rencontres, qui ouvrent leur maison et rendent tout cela possible. C'est précieux.

[Marie-france]

Oupsi, merci d'avoir mis en ligne ton beau Debussy. Tu vois, malgré tes hésitations, nous avons tous pu plonger dans ton bel univers musical. Je suis contente que tu arrives à t'écouter.
Et je suis sûre que tu vas trouver des solutions.
Doubidoudom m'a dit pendant notre petite pause, suite à mon Brahms complètement raté, quelque chose qui m'a interpellée et je crois qu'il a absolument raison. Et si ce n'était pas tout simplement un manque de concentration. Je m'en suis rendue compte depuis quelque temps, et le fait que doubidoudom me l'ait redit me conforte dans cette idée.

Nous en avons parlé avec Strumpf après ce concert, et elle-même a acquis cette conviction grâce à son travail avec un excellent professeur d'une grande sensibilité: en plus de tout le travail, il faut des conditions d'accueil pour la musique. Lors de ce concert, grâce à la gentillesse de toute la famille, au beau piano bien préparé, chacun se sent un peu unique, on se sent comme une plante dans un bon terreau. C'est tellement important. Jamais je n'aurais osé cet abandon de jouer en public ou d'essayer d'exprimer quelque chose sans cette sensation d'accueil bienveillant et si j'étais restée toute seule dans mon coin. Donc toute ma gratitude à ceux qui organisent ces rencontres, qui ouvrent leur maison et rendent tout cela possible. C'est précieux.

Alors là, je trouve cela absolument vrai et ce "terreau" propice à la musique, au partage et à la confiance, est l'écrin dans lequel nous avons tous envie de déposer le meilleur de nous-même.
Merci strumpf...

[Oupsi]

Oui, vous avez entièrement raison, mais la question est: quelle concentration, et concentrée sur quoi? J''ai posé hier la question à mon professeur et, en sage oriental qu'il est, il m'a répondu un truc du genre, "concentration sur rien en particulier". Il ne croit pas tellement aux balises etc. D'après lui tout cela est antérieur, cela se construit avant. Au moment du jeu c'est autre chose qui se déploie. Mais oui, c'est une forme de concentration.

J'ajoute, Marie-France, qu'il m'a semblé que tu t'approches beaucoup plus et beaucoup mieux de cet état quand tu joues par coeur, en tout cas dimanche c'était flagrant, il m'a semblé.

[Marie-france]

Oui, vous avez entièrement raison, mais la question est: quelle concentration, et concentrée sur quoi?

Tout d'abord, effectivement, savoir son morceau par cœur. Tu as raison. Le fait de lever le nez toutes les 3 secondes ou inversement d'avoir l'oeil rivé sur la lecture empêche le cerveau de se consacrer à la musique. Un acteur pourrait-il être convaincant et entrer dans son personnage s'il devait avoir son texte devant le nez?
Après, la concentration, pour moi, c'est parvenir à entrer entièrement dans le rôle d'acteur/interprète. Ecouter la musique avant qu'elle ne démarre pour la retrouver et anticiper son déroulement dans le temps tout en oubliant tout ce qui ne fait pas parti de la musique, c'est à dire, le public (dans ce qu'il a de perturbant, car on peut aussi avoir besoin de lui pour communiquer avec lui), la lumière, la température de l'air, enfin tout ce que le cerveau a besoin normalement de traiter, mais qui entrave le but que l'on se fixe, à savoir, pénétrer dans la musique, les sons, et dévoiler l'univers musical. Pour cela, on doit retrouver ce qui a été fait lors de l'apprentissage du morceau: les repères, les gestes, les sensations auditives... tout ce qui a participé à la construction de ton travail.
Bon, je ne sais pas si je suis claire et je dois .
Qu'en penses-tu?

[Ombre71]

Moi je dis: Bravo, Bravo, BRAVO!!!!
J'ai adorer les Jeux d'eau de Marie-France, L'impromptu de Schubert de Mylène, L'arabesque de Debussy d'Oupsi, Le Mompou et Le Poulenc de Strumpf, et tout le reste du programme.
Je remercie ceux qui m'ont encouragé pendant le concert et également ceux qui ont apprécié mon Beethoven assez hésitant à mon goût.
Doubidoudom à très bien jouer, j'aurais aimé l'écouter encore une fois .

[Oupsi]

@ Marie-France: Et bien, dans de bonnes conditions comme c'était le cas dimanche, le public, peu nombreux et hyper généreux dans son écoute n'avait rien de perturbant, je crois que justement parce que le contexte était si favorable ça permet d'isoler d'autres problèmes, en tout cas c'est ce que j'ai ressenti dimanche et que je retrouve dans l'enregistrement. Je crois, dans mon cas, qu'il y a une déconcentration interne, de moi à moi, parce que je dédie une partie de mon énergie à mettre une sorte de tampon administratif "validé" ou "pas validé" pratiquement à chaque note que je joue, essentiellement sur sa qualité sonore, ce qui est très fatigant pour le cerveau et du coup je ne suis pas disponible pour la suite, alors j'y vais au petit bonheur la chance et là évidemment hop surgit l'erreur! C'est difficile à rattraper ensuite, mais même si j'y arrive, je retombe dans le même piège quelques mesures plus loin. Ce qui me fait dire ça c'est aussi que l'erreur peut suivre un moment de "validation", aussi bien qu'un moment d'insatisfaction, et du coup le fait d'être satisfaite de cette manière là est aussi encombrant et nocif pour la suite que le fait d'être insatisfaite! Il faut peut-être se faire un tout petit peu plus confiance, se faire crédit sur le fait que oui le son va bien, le phrasé va plutôt bien aussi, donc ne pas tellement s'en préoccuper, c'est le mouvement général qui doit faire l'objet de l'attention et de la concentration. En tout cas c'est un peu la conclusion que je tire aujourd'hui de cette expérience enrichissante. (mais bon, comme toujours, c'est plus facile à dire qu'à faire!)

edit: ce que j'essaye de cerner explique peut-être une sensation difficile à exprimer, que vous connaissez peut-être ou pas, je ne sais pas, c'est comme d'avoir l'impression de jouer de manière "moins intéressante" quand on joue en public. Je ne dis pas moins bien, mais moins intéressant, c'est-à-dire que soi-même on est un peu déçu du peu d'intérêt de ce sur quoi l'attention se porte à ce moment là. Comme si on s'attachait à des aspects qui ne le méritent pas vraiment, et du coup, d'autres aspects, qui eux sont intéressants, soit passent à la trappe, soit sont réussis en quelque sorte malgré soi.

@ Ombre, ton morceau était beau et très bien conduit, je suis vraiment admirative de ton aisance, tu fais des progrès rapides et surtout solides, c'est toute une vie de musique qui s'ouvre devant toi, quelle chance!

[Marie-france]

Je crois, dans mon cas, qu'il y a une déconcentration interne, de moi à moi, parce que je dédie une partie de mon énergie à mettre une sorte de tampon administratif "validé" ou "pas validé" pratiquement à chaque note que je joue, essentiellement sur sa qualité sonore, ce qui est très fatigant pour le cerveau et du coup je ne suis pas disponible pour la suite, alors j'y vais au petit bonheur la chance et là évidemment hop surgit l'erreur!

Ah oui, c'est sûr que si tu regardes en arrière tu ne peux que te rater.

Ce qui me fait dire ça c'est aussi que l'erreur peut suivre un moment de "validation", aussi bien qu'un moment d'insatisfaction, et du coup le fait d'être satisfaite de cette manière là est aussi encombrant et nocif pour la suite que le fait d'être insatisfaite!

Oui, l'erreur à ce moment-là ne vient pas du fait que tu aies "validé" ou pas ce que tu viens de faire, mais parce que tu regardes en arrière.

...c'est le mouvement général qui doit faire l'objet de l'attention et de la concentration. En tout cas c'est un peu la conclusion que je tire aujourd'hui de cette expérience enrichissante. (mais bon, comme toujours, c'est plus facile à dire qu'à faire!)

Voilà! Il faut regarder en avant. Ce qui est fait est fait, tu ne pourras de toute façon pas retourner en arrière.
Une petite question: joues-tu chez toi le morceau en entier en te disant que tu dois le jouer entièrement coûte que coûte, quelque erreur qu'il y ait, sans t'arrêter. Simplement pour voir le bout de ton morceau. Te dire je commence et je ne m'arrête pas quoiqu'il arrive. Pour ça, tu es obligée de regarder toujours devant. Après tu fais le topo.

[Marie-france]

Je remercie ceux qui m'ont encouragé pendant le concert et également ceux qui ont apprécié mon Beethoven assez hésitant à mon goût.

C'est à dire tout le monde
Il était très bien ton Beethoven! Bravo à toi!

[Oupsi]

@ Marie-France: Oui, chez moi je joue comme ça. Mais (de la poule et de l'oeuf, quelle est l'origine?) chez moi je ne fais pas d'erreurs aussi surprenantes. Parce que sur l'essentiel, je me fais confiance, et je travaille, j'expérimente, donc je m'intéresse. Je pense que cette orientation de l'intérêt est une bonne piste. Jouer en public en étant intéressé par ce qu'on fait, comme un enfant qui est intéressé par sa manière de poser les cubes l'un sur l'autre et jubile de ce même intérêt, sans se dire je mets ma main comme ci pour saisir le cube, je le pose comme ça, etc.; ce qui l'intéresse et le réjouit c'est la hauteur de plus en plus vertigineuse de sa construction.

[Marie-france]

@ Marie-France: Oui, chez moi je joue comme ça. Mais (de la poule et de l'oeuf, quelle est l'origine?) chez moi je ne fais pas d'erreurs aussi surprenantes. Parce que sur l'essentiel, je me fais confiance, et je travaille, j'expérimente, donc je m'intéresse.

Oui et tu te fais par là même, une vision prospective de ce que tu vas faire.
Lors du concert, avant de jouer Brahms, je me suis orientée sur la peur d'une mémoire défaillante en 2è page.. J'ai été totalement déstabilisée.
Pour Ravel une demi-heure plus tard, je me suis dit, j'ai envie de le jouer car je peux le faire....

[Oupsi]

Oui, à une nuance près, c'est que cette vision, comme pour l'enfant qui manipule des formes, n'est féconde que si elle est "ouverte". Si je me dis seulement "je suis capable", "je peux" etc., bizarrement c'est (pour moi) encore une fermeture.

(mais bon, cette nuance que j'introduis c'est peut-être simplement pour moi un "rappel" de quelque chose qui chez toi vient naturellement, l'abandon à la forme, le déroulé de la musique)

[Marie-france]

Je ne suis pas sûre d'avoir bien saisi ton propos.

[Oupsi]

Ce que je veux dire, c'est que pour moi, cet "intérêt" dont je parle, et que j'essaye de garder vivant n'est pas lié à "moi", à mes capacités, à mes possibilités; une formulation du genre "Yes I can" c'est la dernière chose à laquelle je dois penser si je veux jouer. La confiance, quand elle est là, me vient d'un oubli de "moi". Mais je crois que c'est une position très personnelle.

[Marie-france]

Bon, là, il me faut réfléchir pour bien comprendre et bien répondre, cela m'évitera de dire n'importe quoi ... enfin si j'ai une réponse..
Je reviens dans un moment.

[Oupsi]

Je pense qu'on parle de la même chose, sauf que moi je découvre quelque chose qui pour toi est complètement naturel, c'est tout, j'en fais toute une histoire alors que c'est sans doute un préalable tout à fait évident.