Est-on limité par notre piano?

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huizinga
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Est-on limité par notre piano?

Message par huizinga »

Bonjour,
Je m'interrogeais sur les limitations que pouvait constituer la facture de notre piano. Est-ce que, selon vous, cela peut limiter la progression de notre technique, notamment du point de vue des nuances, si l'on se contente de travailler sur un piano droit de faible ou moyenne gamme? A partir d'un certain niveau, doit-on donc nécessairement changer de piano (et travailler par exemple sur un piano à queue) pour espérer encore progresser?
Pour infirmer cette thèse, je repensais à Alexandre Tharaud, pianiste professionnel et, d'après un entretien qu'il me semblait avoir lu, déclarait ne travailler que sur des pianos droits chez des personnes qu'il connaissait.
Et je crois qu'ici, sur le forum, il y a également pas mal de pianistes de niveau quasiment professionnel qui semblent travailler sur des pianos de faible/moyenne gamme.
Qu'en pensez-vous?
Line-Marie

Re: Est-on limité par notre piano?

Message par Line-Marie »

c'est comme si tu demandais , si une 2CV peut- t'emmener d'un point A à un point B et est-ce que ce ne serait pas mieux avec une Mercedes ou une Jaguar....
J'ai eu pendant 25 ans un petit Schimmel droit 116 que j'avais acheté neuf. J'ai eu beaucoup de plaisir au début et puis pendant quasiment 20 ans je n'ai que très rarement joué dessus.
Quand j'ai repris le piano fin 2009, ce piano me suffisait. Et puis au bout d'un an de travail avec un super prof exigeant, j'ai trouvé le piano trop petit, c'est à dire comme si mes pieds ayant grandis , je constatais que mes chaussures sont trop petites et me font même un peu mal.
J'ai eu la chance de pouvoir m'offrir un Bechstein droit 131. Ce fut magique ! j'étais transportée par le son, je le suis toujours .... J'ai progressé grâce à ce piano car c'était plus facile que sur le Schimmel pour chercher des sonorités différentes, et techniquement j'ai trouvé qu'il m'offrait d'immenses possibilités.
Depuis plus de 18 mois, un Bösendorfer 200 est entré dans ma vie. Et là un autre monde s'est ouvert à moi. Une palette sonore infinie, grâce à une VRAIE pédale UC, une mécanique très bien réglée qui permet de faire des recherches encore plus approfondies.... si le choix s'offre à toi, entre un excellent piano droit et un excellent piano à queue, évidement tu choisiras le piano à queue. Nous sommes des pianistes amateurs qui , pour la plupart, jouent très rarement en public. donc presque 99% du temps passé sur un piano, c'est du temps passé sur TON piano. donc autant qu'il soit le meilleur possible.
En ce qui concerne ALexandre Tharaud, oui il semble qu'il ne possède plus son propre piano à queue, mais les amis qui lui prête le leur, possèdent quasiment tous un magnifique piano à queue. de plus , ce pianiste qui donne plus d'une centaine de concerts par an, ne joue quasiment que sur d'excellents pianos. donc il n'y a aucune comparaison possible entre un pianiste professionnel reconnu et un pianiste amateur comme toi ou moi.
huizinga
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Re: Est-on limité par notre piano?

Message par huizinga »

strumpf a écrit : si le choix s'offre à toi, entre un excellent piano droit et un excellent piano à queue, évidement tu choisiras le piano à queue.
En fait, je posais la question plutôt pour des raisons "métaphysiques" (peut-être même fantasmatiques) que pour un projet concret car je n'ai pas vraiment les moyens financiers d'acheter actuellement un piano à queue. Et puis comme je suis contraint de travailler le plus souvent sur un système silencieux, je ne crois pas que le rapport coût/bénéfice en vaille la peine en ce qui me concerne. A moins qu'il y ait des grandes différences, pour une même marque, entre les systèmes silencieux, selon la facture du piano?
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Mona
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Re: Est-on limité par notre piano?

Message par Mona »

Je pense que même en jouant du piano depuis peu de temps (c'est mon cas, 4 ans de piano), si on travaille régulièrement et de façon engagée, on est rapidement limité par un piano de qualité médiocre... Evidemment, pas besoin pour moi d'avoir un piano d'exception pour avancer, mais je ressens quand même, à mon niveau, la nécessité d'une mécanique précise, sensible, et d'une sonorité riche. J'essaie autant que possible d'être attentive au son, à la qualité du toucher, à la musicalité, et du coup, un piano permettant un jeu nuancé est important... Je n'ai pas la technique suffisante pour exploiter vraiment le potentiel d'un bon piano, mais je vois à quel point mon jeu est différent sur un piano médiocre et sur un piano de qualité. Et on éprouve évidemment un plaisir décuplé sur un bon instrument... C'est aussi une source de motivation importante, on a envie de progresser encore plus... Et du coup 2 ans après, il faut acheter un piano encore meilleur !! :D
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Oupsi
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Re: Est-on limité par notre piano?

Message par Oupsi »

J'aime beaucoup mon piano, un Schimmel droit que j'ai acheté neuf fin 2005, et je ne peux pas dire que je me sente "limitée" par ce piano pour l'instant, en revanche ma perception a changé depuis 2005! Je le trouve trop sonore et je trouve que sa pédale manque de finesse. Mais ça m'oblige à chercher un son qui me plaise quand je travaille, et pour l'instant j'améliore l'expression de mon jeu sur ce piano, donc ça va.

Quand je joue sur un excellentissime piano, je joue d'abord très maladroitement; quand je finis mon morceau j'ai envie de recommencer et ce n'est qu'au bout de plusieurs essais ou séances que j'arrive à adapter mon jeu à la qualité du piano et là, si ça se passe bien, le plaisir est évidemment immense. Pour le toucher ça peut venir assez rapidement, pour la pédale c'est une tout autre affaire, je pense que c'est ce qui prend le plus de temps. Ça m'est arrivé de jouer sur de très bons pianos sans arriver à bien m'adapter, donc sensation de petit canard qui joue dans la cour des cygnes!

C'est un peu à cause de cette lenteur d'adaptation, et du fait que je me sente, au plan pianistique et même auditif, dans une sorte de phase intermédiaire, que je ne suis pas certaine que ce soit le bon moment pour moi de changer de piano. Je crois qu'il faut que je me connaisse mieux, que je me sente plus sûre de mon goût et de mes préférences, donc pour l'instant j'essaye des pianos quand je peux, j'aime jouer sur les pianos de mes amis, et petit à petit je me forgerai mon idée pour choisir un piano qui vraiment me fasse grandir en étant pleinement à mon goût.

J'aime aussi énormément la sensation d'arriver à faire chanter un vilain moche piano tout insignifiant. C'est comme dans la chanson Don Juan de Brassens, "Cette fille est trop vilaine, il me la faut!"
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