Je n'ai pas la culture de Yannis pour faire des associations savantes qui me permettraient de te dire que <<tu chauffes>>, mais géographiquement, c'est sûr, <<tu as froid>>!
On ne vend pas la musique. On la partage. Leonard Bernstein
Et il t'a pas laissé un indice Yannis ? Sinon parti comme c'est parti, il sera revenu que la réponse n'aura pas été trouvée.
Mais l'intro de l'orchestre me dit quelque chose.
Il s'agit du poème symphonique Les Djnns de César Franck, écrit en 1884. Une œuvre mineure si on la compare avec les Variations symphoniques dont elle a été le précurseur. Mais les Djinns resteront à jamais dans l'histoire de la musique puisque c'est la première fois que le piano s'intègre dans l'orchestre sans jouer le rôle du soliste. Les «djinns» (d'où aussi celui d'Alaaddin) sont l'équivalent des anges pour l'Islam. Ce poème symphonique est une «musique à programme» (comme l'Apprenti sorcier de Dukas ou la Nuit sur le mont chauve de Mussorgsky), basée sur le poème suivant de Victor Hugo :
Murs, ville
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise
Tout dort.
Dans la plaine
Nait un bruit.
C'est l'haleine
De la nuit.
Elle brame
Comme une ame
Qu'une flamme
Toujours suit.
La voix plus haute
Semble un grelot.
D'un nain qui saute
C'est le galop.
Il fuit, s'élance,
Puis en cadence
Sur un pied danse
Au bout d'un flot.
La rumeur approche,
L'écho la redit.
C'est comme la cloche
D'un couvent maudit,
Comme un bruit de foule
Qui tonne et qui roule
Et tantot s'écroule
Et tantot grandit.
Dieu! La voix sépulcrale
Des Djinns!... - Quel bruit ils font!
Fuyons sous la spirale
De l'escalier profond!
Déjà s'éteint ma lampe,
Et l'ombre de la rampe..
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu'au plafond.
C'est l'essaim des Djinns qui passe,
Et tourbillonne en sifflant.
Les ifs, que leur vol fracasse,
Craquent comme un pin brulant.
Leur troupeau lourd et rapide,
Volant dans l'espace vide,
Semble un nuage livide
Qui porte un éclair au flanc.
Ils sont tout pres! - Tenons fermée
Cette salle ou nous les narguons
Quel bruit dehors! Hideuse armée
De vampires et de dragons!
La poutre du toit descellée
Ploie ainsi qu'une herbe mouillée,
Et la vieille porte rouillée,
Tremble, à déraciner ses gonds.
Cris de l'enfer! voix qui hurle et qui pleure!
L'horrible essaim, poussé par l'aquillon,
Sans doute, Ô ciel ! s'abat sur ma demeure.
Le mur fléchit sous le noir bataillon.
La maison crie et chancelle penchée,
Et l'on dirait que, du sol arrachée,
Ainsi qu'il chasse une feuille sechée,
Le vent la roule avec leur tourbillon!
Prophète! Si ta main me sauve
De ces impurs démons des soirs,
J'irai prosterner mon front chauve
Devant tes sacrés encensoirs!
Fais que sur ces portes fidèles
Meure leur souffle d'étincelles,
Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes
Grince et crie à ces vitraux noirs!
Ils sont passés! - Leur cohorte
S'envole et fuit, et leurs pieds
Cessent de battre ma porte
De leurs coups multipliés.
L'air est plein d'un bruit de chaînes,
Et dans les forêts prochaines
Frissonnent tous les grands chênes,
Sous leur vol de feu pliés!
De leurs ailes lointaines
Le battement décroit.
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l'on croit
Ouir la sauterelle
Crier d'une voix grêle
Ou pétiller la grêle
Sur le plomb d'un vieux toit.
D'étranges syllabes
Nous viennent encor.
Ainsi, des Arabes
Quand sonne le cor,
Un chant sur la grêve
Par instants s'élève,
Et l'enfant qui rêve
Fait des rêves d'or.
Les Djinns funèbres,
Fils du trépas,
Dans les ténèbres
Pressent leur pas;
Leur essaim gronde;
Ainsi, profonde,
Murmure une onde
Qu'on ne voit pas.
Ce bruit vague
Qui s'endort,
C'est la vague
Sur le bord;
C'est la plainte
Presque éteinte
D'une sainte
Pour un mort.
On doute
La nuit...
J'écoute: -
Tout fuit,
Tout passe;
L'espace
Efface
Le bruit.
Poème tiré des Orientales (1829). Notez le fait que les vers deviennent plus longs quand la tension monte, on les lira alors plus vite ce qui ne fait qu'accroître davantage la tension et ce qui rend ce poème particulièrement propice à l'adaptation musicale. D'autre part Franck aimait beaucoup les histoires d'anges et de démons (ses adversaires disaient qu'il était très bon peintre de la bonté angélique, mais incapable de décrire le Mal). Voilà, j'espère que vous avez apprécié, que vous soyez franckistes ou non.
Merci pour votre participation et à la semaine prochaine !!
Modifié en dernier par Stereden le dim. 05 mars, 2006 13:01, modifié 1 fois.
On ne vend pas la musique. On la partage. Leonard Bernstein
Mince, trop tard !!!!!!!!!!!
j'ai emprunté le disque de ces poèmes symphoniques cette semaine...
ça m'aurait été assez facile....
Merci Yannis, merci Stereden !
Effectivement le poème de Hugo est magnifique. En tout cas, il correspond très exactement aux goûts de Franck qui aimait aussi beaucoup les légendes. Il avait notamment mis en musique auparavant un poème symphonique appelé "Le chasseur maudit" basé sur des légendes germaniques.
Merci en tout cas à Yannis et Stereden de nous avoir fait (re)découvrir cette musique.
Les «djinns» (d'où aussi celui d'Alaaddin) sont l'équivalent des anges pour l'Islam.
Non ce n'est pas ça. Ce sont des esprits malins qui cherchent à égarer celui qui cherche la vérité. Donc c'est loin d'être des anges, ce serait même plutôt le contraire.
DJINN
L'Islam admet l'existence des djinns, esprits invisibles, qui, comme les hommes, ont été créés pour adorer Dieu : " Je n'ai créé les Djinns et les .hommes que pour qu'ils m'adorent " (S. LI, 56). Ils ont été créés " de feu clair" : " Quant aux Djinns, nous les avons créés, auparavant, du feu de la fournaise ardente " (S. XV, 27). " Il crée les Djinns d'un feu pur " (S. LV, 15). Ils ont des yeux, des oreilles et un coeur ; il est écrit à propos de ceux d'entre eux qui sont maléfiques : " Ils ont des coeurs avec lesquels ils ne comprennent rien ; ils ont des yeux avec lesquels ils ne voient pas, ils ont des oreilles avec lesquelles ils n'entendent pas ", étant réfractaires à la Parole divine comme les infidèles. Il existe des djinns mâles et des djinns femelles qui procréent par conséquent : " Là, ils rencontreront celles dont les regards sont chastes et que ni homme ni djinn n'a jamais touchées avant eux " (S. LV, 56).
Il y a de bons et de mauvais djinns. Au même titre que les hommes, ils périront tous et seront ressuscités, ensuite rassemblés au Jour du Jugement dernier. "
A vrai dire j' l'ignorais, je n'ai donc aucun mérite (ni aucune responsabilité).
Celà dit on rouve d'autres articles, semblant moins documentés (pas la même érudition vis-à-vis des textes : en particulier les sites musulmans citent les 2 aspects, bien et mal) qui indiquent plutôt une idée maléfique :
"djinn, créature divine au pouvoir maléfique citée dans le Coran, communément redoutée par les hommes, et dont la figure fait partie intégrante des..."
J'aurais pour ma part tendance à croire... les croyants !
BM
Je ne crains pas le suffrage universel, les gens voteront comme on leur dira.
A. de Tocqueville