Prendre des risques
Prendre des risques
Ca fait un moment que j'ai envie de poster sur la prise de risques dans le jeu. Mon travail actuel sur la Barcarolle de Chopin me décide enfin.
La grande question sous-jacente est la recherche d'un compromis équilibré entre prise de risques et sécurité dans l'exécution. Le problème est à mon sens réel car ne prendre aucun risque rend le jeu préformaté, bride l'élan musical, détruit la spontanéité. Au contraire, prendre trop de risques mène à plus de notes à côté, et éventuellement à une perte graduelle du contrôle.
Cette notion résume selon moi la différence majeure entre les enregistrements plus anciens et les actuels. Avant on pouvait prendre des risques, car quelques fausses notes n'était pas rédhibitoires. Attention, je n'entends pas que les preneurs de risques n'ont pas une technique très sûre. Je dis que prendre des risques mène nécessairement à tomber plus souvent à côté. La moindre prise de risques prend notamment la forme d'un jeu plus près du clavier et d'une plus grande économie des gestes.
Il est très clair que certains pianistes accueillent volontiers la prise de risque dans leur jeu avec plus ou moins de bonheur, et que d'autres la rejettent plus nettement.
En vrac, j'ai le sentiment que des pianistes comme Michelangeli, Zimermann, Hamelin, Brendel, Pollini minimiseraient les risques.
A l'opposé, Richter, Argerich, Rubinstein, Sokolov prennent souvent beaucoup de risques.
J'ai volontairement choisi des exemples que je trouve emblématiques, mais je ne vois quasiment aucun pianiste n'ayant pas de fort penchant pour l'une des deux approches.
En définitive, le jeu des preneurs de risques semble plus naturel tandis que ceux privilégiant la sécurité semble plus contrôlé. La prise de risques permet plus de créativité, la sécurité permet un plus grand contrôle du beau son (en particulier dans la force). Je me refuse de trancher sur l'impossible supériorité d'un rapport au piano sur l'autre. Les deux approches offrent des avantages et des inconvénients qui sont complémentaires. Autre exemple : un jeu contrôlé permet de construire une interprétation, un jeu libéré lui donne du souffle.
Une des plus grandes difficultés de l'exécution musicale est selon moi cette capacité à dépasser le jeu contrôlé, qui est inévitable lorsqu'on travaille, à un jeu libéré mais sûr. Dans la Barcarolle, c'est un peu la quadrature du cercle pour moi.
Pour rajouter à la complexité de la question, je ressens dans la même œuvre certains jours l'envie de jouer contrôlé et d'autres jours l'envie de prendre des risques, j'ignore si c'est dicté par le besoin de sécurité.
Des avis ?
La grande question sous-jacente est la recherche d'un compromis équilibré entre prise de risques et sécurité dans l'exécution. Le problème est à mon sens réel car ne prendre aucun risque rend le jeu préformaté, bride l'élan musical, détruit la spontanéité. Au contraire, prendre trop de risques mène à plus de notes à côté, et éventuellement à une perte graduelle du contrôle.
Cette notion résume selon moi la différence majeure entre les enregistrements plus anciens et les actuels. Avant on pouvait prendre des risques, car quelques fausses notes n'était pas rédhibitoires. Attention, je n'entends pas que les preneurs de risques n'ont pas une technique très sûre. Je dis que prendre des risques mène nécessairement à tomber plus souvent à côté. La moindre prise de risques prend notamment la forme d'un jeu plus près du clavier et d'une plus grande économie des gestes.
Il est très clair que certains pianistes accueillent volontiers la prise de risque dans leur jeu avec plus ou moins de bonheur, et que d'autres la rejettent plus nettement.
En vrac, j'ai le sentiment que des pianistes comme Michelangeli, Zimermann, Hamelin, Brendel, Pollini minimiseraient les risques.
A l'opposé, Richter, Argerich, Rubinstein, Sokolov prennent souvent beaucoup de risques.
J'ai volontairement choisi des exemples que je trouve emblématiques, mais je ne vois quasiment aucun pianiste n'ayant pas de fort penchant pour l'une des deux approches.
En définitive, le jeu des preneurs de risques semble plus naturel tandis que ceux privilégiant la sécurité semble plus contrôlé. La prise de risques permet plus de créativité, la sécurité permet un plus grand contrôle du beau son (en particulier dans la force). Je me refuse de trancher sur l'impossible supériorité d'un rapport au piano sur l'autre. Les deux approches offrent des avantages et des inconvénients qui sont complémentaires. Autre exemple : un jeu contrôlé permet de construire une interprétation, un jeu libéré lui donne du souffle.
Une des plus grandes difficultés de l'exécution musicale est selon moi cette capacité à dépasser le jeu contrôlé, qui est inévitable lorsqu'on travaille, à un jeu libéré mais sûr. Dans la Barcarolle, c'est un peu la quadrature du cercle pour moi.
Pour rajouter à la complexité de la question, je ressens dans la même œuvre certains jours l'envie de jouer contrôlé et d'autres jours l'envie de prendre des risques, j'ignore si c'est dicté par le besoin de sécurité.
Des avis ?
Modifié en dernier par Okay le lun. 21 mai, 2012 11:28, modifié 1 fois.
- natty_dread78
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Re: Prendre des risques
Hello,
Grande et intéressante question. Je rajouterais Horowitz en "star" de la prise de risques. C'est ce qui explique qu'il y ait souvent des fausses notes dans ces interprétations. Mais aussi le fait qu'elles soient si personnelles, qu'il y ait tant de personnalité.
Horowitz disait:
"I must tell you I take terrible risks. Because my playing is very clear, when I make a mistake you hear it. If you want me to play only the notes without any specific dynamics, I will never make one mistake. Never be afraid to dare. "
Traduction approximative: "Je prends des risques énormes. Mon jeu étant tres clair, quand je fais une erreur ca s'entend. Si je voulais je ne pourrais jouer que les notes sans aucune dynamique, et je ne ferais aucune erreur. N'ayez jamais peur d'oser".
J'ai personnellement un fort penchant pour les pianistes à forte personnalité, avec des interprétations qui leur sont propres: Richter, Horowitz, S. Francois...
En ce qui me concerne, j'ai différents styles, selon les circonstances. Quand je joue seul, je prends souvent des risques, j'essaye des choses, au risque de me planter. Quand je joue devant du monde ou que je m'enregistre, je joue beaucoup plus controlé.
C'est quelques fois le cas avec les grands pianistes. Controlé pendant les enregistrements studio, beaucoup plus risqué, libéré pendant les concerts live. C'est un peu le cas de Richter. Ces lives sont souvent extraordinaires, et quelques fois peu académiques. Par exemple, des tempo ultra risqués dans des sonates de Beethoven:
Appassionata: http://www.youtube.com/watch?v=rneg0esoWF8
Op2 no 1: http://www.youtube.com/watch?v=T_Y8o6ZP50E&t=14m20s (une belle fausse note dans celle la).
En ce qui te concerne, il me semble que tu es plus du coté du controle du jeu, du moins dans tes enregistrements. Ce n'est pas du tout une critique. En plus je ne t'ai pas entendu jouer en live, ou seul.
Peut etre que c'est une étape nécessaire. Qui veut jouer risqué doit savoir jouer controlé. Le contraire ne marche pas.
Pour ma part, je regrette un peu le temps ou la musique comptait plus que le controle ou la perfection technique, la performance. Comme le disait Horowitz (encore):
"Perfection itself is imperfection".
Grande et intéressante question. Je rajouterais Horowitz en "star" de la prise de risques. C'est ce qui explique qu'il y ait souvent des fausses notes dans ces interprétations. Mais aussi le fait qu'elles soient si personnelles, qu'il y ait tant de personnalité.
Horowitz disait:
"I must tell you I take terrible risks. Because my playing is very clear, when I make a mistake you hear it. If you want me to play only the notes without any specific dynamics, I will never make one mistake. Never be afraid to dare. "
Traduction approximative: "Je prends des risques énormes. Mon jeu étant tres clair, quand je fais une erreur ca s'entend. Si je voulais je ne pourrais jouer que les notes sans aucune dynamique, et je ne ferais aucune erreur. N'ayez jamais peur d'oser".
J'ai personnellement un fort penchant pour les pianistes à forte personnalité, avec des interprétations qui leur sont propres: Richter, Horowitz, S. Francois...
En ce qui me concerne, j'ai différents styles, selon les circonstances. Quand je joue seul, je prends souvent des risques, j'essaye des choses, au risque de me planter. Quand je joue devant du monde ou que je m'enregistre, je joue beaucoup plus controlé.
C'est quelques fois le cas avec les grands pianistes. Controlé pendant les enregistrements studio, beaucoup plus risqué, libéré pendant les concerts live. C'est un peu le cas de Richter. Ces lives sont souvent extraordinaires, et quelques fois peu académiques. Par exemple, des tempo ultra risqués dans des sonates de Beethoven:
Appassionata: http://www.youtube.com/watch?v=rneg0esoWF8
Op2 no 1: http://www.youtube.com/watch?v=T_Y8o6ZP50E&t=14m20s (une belle fausse note dans celle la).
En ce qui te concerne, il me semble que tu es plus du coté du controle du jeu, du moins dans tes enregistrements. Ce n'est pas du tout une critique. En plus je ne t'ai pas entendu jouer en live, ou seul.
Peut etre que c'est une étape nécessaire. Qui veut jouer risqué doit savoir jouer controlé. Le contraire ne marche pas.
Pour ma part, je regrette un peu le temps ou la musique comptait plus que le controle ou la perfection technique, la performance. Comme le disait Horowitz (encore):
"Perfection itself is imperfection".
In piano veritas.
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Re: Prendre des risques
Chez Brendel, par exemple, c'est l'oeuvre qui est au centre et non le show technique et virtuose de l'interprète. Cela implique une certaine humilité face à la partition dont sont capables certains immenses musiciens. Cette approche exige un contrôle absolu, sans artifice, ainsi qu'une maîtrise technique hors du commun. Le risque est alors de ne pas emporter l'adhésion totale d'un public venu écouter une prouesse.
Nous sommes ici face à deux conceptions esthétiques qui s'opposent. Chacun aura ses préférences en fonction de sa sensibilité.
Nous sommes ici face à deux conceptions esthétiques qui s'opposent. Chacun aura ses préférences en fonction de sa sensibilité.
Re: Prendre des risques
J'ai très soigneusement évité de mentionner Horowitz afin d'éviter que le post dérive, mais je suis évidemment d'accord.
Merci beaucoup pour les citations, toujours très intéressant.
Une de tes remarques me donne envie de rebondir sur une sous-question très intéressante. Peut-on vraiment dire qu'un jeu contrôlé a nécessairement moins de personnalité ?
Je ne pense pas, il est moins démonstratif et moins communicatif, donc la personnalité est moins accessible. Cependant, un jeu très contrôlé peut contenir nombre de partis pris très forts (à l'extrême du contrôle : Gould). Les choix d'interprétation peuvent être davantage construits et on ressent davantage la recherche que dans un jeu plus libre. Ca a tout son intérêt lorsque le compositeur ou l'oeuvre supporte très mal une pulsation assouplie (Bach, Mozart, Mendelssohn, Saint-Saens, Ravel, Prokofiev...).
Quant à moi, tu as raison, je penche définitivement vers un jeu contrôlé quand je m'enregistre. D'une part, j'ai du mal à me libérer de la caméra et lorsque je prends des risques (ce que je préfère de loin faire), mon jeu devient plus vivant mais plus fébrile précisément lorsque j'enregistre. Je compense alors par du contrôle et une surconcentration. Du coup, plus difficile de se projeter en avant. Celà n'est pas nécessaire lorsque je m'affranchis de tout stress. Idéalement, il faudrait soit que j'enregistre tout le temps, soit qu'on m'enregistre par surprise.
Merci beaucoup pour les citations, toujours très intéressant.
Une de tes remarques me donne envie de rebondir sur une sous-question très intéressante. Peut-on vraiment dire qu'un jeu contrôlé a nécessairement moins de personnalité ?
Je ne pense pas, il est moins démonstratif et moins communicatif, donc la personnalité est moins accessible. Cependant, un jeu très contrôlé peut contenir nombre de partis pris très forts (à l'extrême du contrôle : Gould). Les choix d'interprétation peuvent être davantage construits et on ressent davantage la recherche que dans un jeu plus libre. Ca a tout son intérêt lorsque le compositeur ou l'oeuvre supporte très mal une pulsation assouplie (Bach, Mozart, Mendelssohn, Saint-Saens, Ravel, Prokofiev...).
Quant à moi, tu as raison, je penche définitivement vers un jeu contrôlé quand je m'enregistre. D'une part, j'ai du mal à me libérer de la caméra et lorsque je prends des risques (ce que je préfère de loin faire), mon jeu devient plus vivant mais plus fébrile précisément lorsque j'enregistre. Je compense alors par du contrôle et une surconcentration. Du coup, plus difficile de se projeter en avant. Celà n'est pas nécessaire lorsque je m'affranchis de tout stress. Idéalement, il faudrait soit que j'enregistre tout le temps, soit qu'on m'enregistre par surprise.
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Re: Prendre des risques
A moindre niveau (c'est peu dire), j'ai exactement la même attitude que toi. Lorsque je m'enregistre j'essaie de tout contrôler, quand je suis seul sans enregistrement je me lâche, et enfin lorsque je joue en live devant un public c'est entre les 2 : je contrôle, mais une fausse note en live est beaucoup moins grave qu'une fausse note en enregistrement, donc je me lâche un plus qu'en enregistrement, surtout quand je suis en plein dedans (au milieu de l'interprétation), au début on est stressé donc on essaie de contrôle au maximum, et la fin il ne faut pas la louper, donc re-contrôle, le milieu est plus libre et on peut prendre des risques.Okay a écrit :D'une part, j'ai du mal à me libérer de la caméra et lorsque je prends des risques (ce que je préfère de loin faire), mon jeu devient plus vivant mais plus fébrile précisément lorsque j'enregistre. Je compense alors par du contrôle et une surconcentration. Du coup, plus difficile de se projeter en avant. Celà n'est pas nécessaire lorsque je m'affranchis de tout stress. Idéalement, il faudrait soit que j'enregistre tout le temps, soit qu'on m'enregistre par surprise.
Enfin là je parlais de mon cas personnel, et en définitive, je pense que les 3 approches sont essentiels pour la progression (jouer seul/enregistrement/live).
Et je suis d'accord avec natty : "Qui veut jouer risqué doit savoir jouer controlé. Le contraire ne marche pas."
Ma chaine youtube : http://www.youtube.com/MrBigrounours
- natty_dread78
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Re: Prendre des risques
C'est vrai, personnalité n'est pas le mot exact. Par exemple, il est évident que le jeu de Gould a énormément de personnalité. Par personnalité, j'entendais peut etre plus "unique", au sens ou on reconnait immédiatement le pianiste grace à son interprétation unique. Par exemple, on reconnait assez facilement un Richter, Horowitz, Samson... Bien sur, on reconnait aussi un Pollini, avec sa grande rigueur et son controle absolu. Mais c'est moins évident, je trouve. Des pianistes qui jouent comme Pollini, il y en a beaucoup actuellement, par exemple la fameuse Lisitsa. Plus controlé tu meurs. Toute comparaison exclue, bien sur et sans dénigrer en rien Pollini, qui est exceptionnel dans son genre. Mais trouver un pianiste qui joue Chopin comme Samson, ou Scriabine comme Horowitz ? C'est beaucoup plus difficile.Okay a écrit : Une de tes remarques me donne envie de rebondir sur une sous-question très intéressante. Peut-on vraiment dire qu'un jeu contrôlé a nécessairement moins de personnalité ?
Je ne pense pas, il est moins démonstratif et moins communicatif, donc la personnalité est moins accessible. Cependant, un jeu très contrôlé peut contenir nombre de partis pris très forts (à l'extrême du contrôle : Gould). Les choix d'interprétation peuvent être davantage construits et on ressent davantage la recherche que dans un jeu plus libre. Ca a tout son intérêt lorsque le compositeur ou l'oeuvre supporte très mal une pulsation assouplie (Bach, Mozart, Mendelssohn, Saint-Saens, Ravel, Prokofiev...).
La prise de risque, c'est justement risquer des choses que les autres n'osent pas, ou ne savent pas faire car ils n'ont pas l'imagination, la créativité, ou la spontanéité pour le faire. Des basses, des fortissimos tonitruants comme Horowitz, des tempos atypiques comme Richter, ou faire ressortir des notes, des choses que l'on n'avait jamais entendues avant comme Samson dans les études de Chopin.
Risquer faire de l'art en somme.
In piano veritas.
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Re: Prendre des risques
Je suis en phases avec toutes vos remarques.
Juste cette petite nuance.
Quand j'étudiais encore le piano, dans les années 70 80 90, en conservatoire, prendre des risques, c'était vouloir jouer plus vite et plus fort que son voisin. Les méthodes me semblaient délirantes, où on compense l'imperfection technique par l'esbroufe.
J'ai pris mes distances avec le piano, en partie à cause de cette course au niveau sonore, et à l'absence de grande réflexion esthétique ni grande compréhension du texte. Finalement, tout les élèves passaient par les mêmes figures imposées, sans tenir compte de leur personnalité, ou de leur sensibilité.
Aujourd'hui, mes enfants en conservatoire, sont soumis à peu près au même traitement. Il n'est pas rare qu'on demande à mon fils de cavaler, de bidonner, et je veille au grain (ce qui occasionne quelques tensions avec le professeur). On continue de massacrer Bach à l'ancienne mode, comme des machines à écrire, de taper sur Beethoven sous prétexte qu'il était sourd (alors que nous savons tous qu'il était si sourd qu'il a toujours cru être peintre), de jouer lourd et fort, sans chercher à conduire les phrasés, sans avoir d'idée bien nette de l'esthétique de l'époque. C'est à croire que le poids des traditions et la reproduction des schémas sont plus forts que les avancées musicales récentes ayant conduit à remettre en cause bien des dogmes (je pense à la redécouverte baroque ainsi qu'à l'approche exigeante de certaines pages de musique contemporaine).
Nous ne sommes pas dans le cadre des grands pianistes cités plus haut, mais dans celui de l'apprentissage.
Je ne veux pas pour autant donner l'impression de généraliser. Je sais qu'il doit bien exister des professeurs de grande qualité. Mais que c'est difficile à débusquer... J'en ai autant à dire pour l'enseignement le plus dogmatique du chant.
Juste cette petite nuance.
Quand j'étudiais encore le piano, dans les années 70 80 90, en conservatoire, prendre des risques, c'était vouloir jouer plus vite et plus fort que son voisin. Les méthodes me semblaient délirantes, où on compense l'imperfection technique par l'esbroufe.
J'ai pris mes distances avec le piano, en partie à cause de cette course au niveau sonore, et à l'absence de grande réflexion esthétique ni grande compréhension du texte. Finalement, tout les élèves passaient par les mêmes figures imposées, sans tenir compte de leur personnalité, ou de leur sensibilité.
Aujourd'hui, mes enfants en conservatoire, sont soumis à peu près au même traitement. Il n'est pas rare qu'on demande à mon fils de cavaler, de bidonner, et je veille au grain (ce qui occasionne quelques tensions avec le professeur). On continue de massacrer Bach à l'ancienne mode, comme des machines à écrire, de taper sur Beethoven sous prétexte qu'il était sourd (alors que nous savons tous qu'il était si sourd qu'il a toujours cru être peintre), de jouer lourd et fort, sans chercher à conduire les phrasés, sans avoir d'idée bien nette de l'esthétique de l'époque. C'est à croire que le poids des traditions et la reproduction des schémas sont plus forts que les avancées musicales récentes ayant conduit à remettre en cause bien des dogmes (je pense à la redécouverte baroque ainsi qu'à l'approche exigeante de certaines pages de musique contemporaine).
Nous ne sommes pas dans le cadre des grands pianistes cités plus haut, mais dans celui de l'apprentissage.
Je ne veux pas pour autant donner l'impression de généraliser. Je sais qu'il doit bien exister des professeurs de grande qualité. Mais que c'est difficile à débusquer... J'en ai autant à dire pour l'enseignement le plus dogmatique du chant.
- JPS1827
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Re: Prendre des risques
Découvrant cette très intéressante discussion ce soir, je suis d'accord avec les points de vue qui ont été exprimés, mais je voudrais ajouter quelques remarques en espérant relancer la discussion :
- la prise de risque me paraît une donnée inhérente au concert, et en cela un peu antinomique avec la réalisation d'enregistrements. En cela, beaucoup d'artistes m'ont comblé au disque dans les années 70 (Pollini, Maria Joao Pires, Perahia, Brendel etc.) alors que je me suis bien ennuyé à leurs concerts (j'ai entendu Pollini au TCE au moins 8 fois, j'ai toujours trouvé ça long bien que ce fut du magnifique piano, Maria Joao Pires, Perahia et Brendel m'ont tous surpris par l'absence de projection sonore de leur interprétation, bien qu'il n'y eut rien à leur reprocher sur la forme et le fond). Réciproquement des artistes qui ont parfois été malmenés par les critiques de disque se sont révélés d'une puissance communicative assez incroyable (celui qui m'a le plus étonné a été Kissin il y a quelques années, alors que j'y étais allé pas convaincu a priori, mais je me rappelle aussi de prodigieux récitals d'Ashkenazy). Deux cas sont à part pour moi : Michelangeli (que j'ai entendu deux fois en live sans annulation) ne prenait pas de risques, mais était hypnotisant par son économie pianistique justement (il est assez effarant d'entendre les deux cahiers des Brahms-Paganini joués avec un son peu volumineux, mais qui vous force à vous concentrer pour écouter, par un pianiste qui a l'air de ne pas bouger du tout !), et Gilels dont je ne sais pas s'il prenait des risques (je l'ai entendu trois fois en live, et j'ai chaque fois eu la même impression de voir Héphaistos en train d'activer ses forges, voir http://www.youtube.com/watch?v=EWxtgOR8X2Y#t=7m06s ), je crois qu'il en prenait mais se préparait à cela en passant un temps incroyable à travailler lentement. Quand à Martha Argerich je ne l'ai entendue qu'une fois, dans le 3ème concerto de Prokofiev, je pense que c'était sans risque ce jour-là pour elle, mais c'était superbe. Je ne pense pas qu'on puisse dire que le jeu contrôlé ait moins de personnalité, mais les pianistes qui ont une personnalité peu affirmée évitent souvent de prendre des risques.
- ensuite, je ne suis pas sûr qu'on ait le choix, il est dans la nature musicale des uns ou des autres de privilégier l'exactitude de l'exécution ou bien la spontanéité de l'expression ; personnellement je n'ai jamais réussi à jouer sans prendre de risques, et quand j'essaie, ça n'améliore pas franchement les choses.
- d'autre part les risques ne sont pas uniquement pianistiques, jouer pianissimo certains passages comme le faisait Horowitz dans Scarlatti comporte aussi de gros risque quand c'est dans une grande salle ; modifier le son d'un accord au moment de le jouer comporte aussi le risque d'être déconcentré par la "bouffée musicale" qui peut surprendre l'interprète presque autant que le public, et lui faire accrocher les notes qui suivent (vécu!)
- pour répondre à Krisprolls, je suis un peu surpris de ce que tu dis sur l'enseignement, qui a peut-être dérivé à cause de l'inflation de concours internationaux. Mes professeurs ne m'ont jamais poussé à jouer vite et fort (l'une disait même qu'il fallait être un meilleur pianiste que ceux que nous étions à la classe pour pourvoir se permettre de jouer moins vite). Par ailleurs les jurys de concours sont souvent (mais pas toujours) conquis par les prouesses pianistiques. D'autre part tu dis : "Chez Brendel, par exemple, c'est l'oeuvre qui est au centre et non le show technique et virtuose de l'interprète. Cela implique une certaine humilité face à la partition dont sont capables certains immenses musiciens. Cette approche exige un contrôle absolu, sans artifice, ainsi qu'une maîtrise technique hors du commun. Le risque est alors de ne pas emporter l'adhésion totale d'un public venu écouter une prouesse". Je comprends bien, et je pense que Brendel est en cela un grand artiste, mais le public peut ne pas adhérer simplement parce que l'humilité vis à vis de la partition est loin d'être suffisante pour faire partager quelque chose (mais il était peut-être dans un mauvais jour la seule fois où je l'ai entendu en concert).
Pour finir je pense que chaque pianiste a une nature musicale profonde qu'il réalise plus ou moins parfaitement. Ce qui me paraît sûr c'est que l'enregistrement (même en live) ne permet pas de savoir à qui on a affaire. Quand j'étais jeune, il était de bon ton de critiquer le mauvais goût d'Horowitz ou les insuffisances pianistiques de Cortot, ou les irrégularités de Samson François, alors que ceux qui les avaient entendus nous disaient "vous n'avez aucune idée de ce que c'était". La prise de risque en terme de générosité expressive, d'acceptation de s'"exposer" leur avait parue inouïe. En ce sens j'aimerais bien savoir ce que donne en public une pianiste comme Valentina Lisitsa qui semble ne pas mettre beaucoup de significations derrière les notes sur youtube, mais qui pourrait se révéler très différente si elle prenait des risques, et le concert pousse à prendre plus de risque que l'enregistrement, comme l'a bien fait remarquer bigrounours
- la prise de risque me paraît une donnée inhérente au concert, et en cela un peu antinomique avec la réalisation d'enregistrements. En cela, beaucoup d'artistes m'ont comblé au disque dans les années 70 (Pollini, Maria Joao Pires, Perahia, Brendel etc.) alors que je me suis bien ennuyé à leurs concerts (j'ai entendu Pollini au TCE au moins 8 fois, j'ai toujours trouvé ça long bien que ce fut du magnifique piano, Maria Joao Pires, Perahia et Brendel m'ont tous surpris par l'absence de projection sonore de leur interprétation, bien qu'il n'y eut rien à leur reprocher sur la forme et le fond). Réciproquement des artistes qui ont parfois été malmenés par les critiques de disque se sont révélés d'une puissance communicative assez incroyable (celui qui m'a le plus étonné a été Kissin il y a quelques années, alors que j'y étais allé pas convaincu a priori, mais je me rappelle aussi de prodigieux récitals d'Ashkenazy). Deux cas sont à part pour moi : Michelangeli (que j'ai entendu deux fois en live sans annulation) ne prenait pas de risques, mais était hypnotisant par son économie pianistique justement (il est assez effarant d'entendre les deux cahiers des Brahms-Paganini joués avec un son peu volumineux, mais qui vous force à vous concentrer pour écouter, par un pianiste qui a l'air de ne pas bouger du tout !), et Gilels dont je ne sais pas s'il prenait des risques (je l'ai entendu trois fois en live, et j'ai chaque fois eu la même impression de voir Héphaistos en train d'activer ses forges, voir http://www.youtube.com/watch?v=EWxtgOR8X2Y#t=7m06s ), je crois qu'il en prenait mais se préparait à cela en passant un temps incroyable à travailler lentement. Quand à Martha Argerich je ne l'ai entendue qu'une fois, dans le 3ème concerto de Prokofiev, je pense que c'était sans risque ce jour-là pour elle, mais c'était superbe. Je ne pense pas qu'on puisse dire que le jeu contrôlé ait moins de personnalité, mais les pianistes qui ont une personnalité peu affirmée évitent souvent de prendre des risques.
- ensuite, je ne suis pas sûr qu'on ait le choix, il est dans la nature musicale des uns ou des autres de privilégier l'exactitude de l'exécution ou bien la spontanéité de l'expression ; personnellement je n'ai jamais réussi à jouer sans prendre de risques, et quand j'essaie, ça n'améliore pas franchement les choses.
- d'autre part les risques ne sont pas uniquement pianistiques, jouer pianissimo certains passages comme le faisait Horowitz dans Scarlatti comporte aussi de gros risque quand c'est dans une grande salle ; modifier le son d'un accord au moment de le jouer comporte aussi le risque d'être déconcentré par la "bouffée musicale" qui peut surprendre l'interprète presque autant que le public, et lui faire accrocher les notes qui suivent (vécu!)
- pour répondre à Krisprolls, je suis un peu surpris de ce que tu dis sur l'enseignement, qui a peut-être dérivé à cause de l'inflation de concours internationaux. Mes professeurs ne m'ont jamais poussé à jouer vite et fort (l'une disait même qu'il fallait être un meilleur pianiste que ceux que nous étions à la classe pour pourvoir se permettre de jouer moins vite). Par ailleurs les jurys de concours sont souvent (mais pas toujours) conquis par les prouesses pianistiques. D'autre part tu dis : "Chez Brendel, par exemple, c'est l'oeuvre qui est au centre et non le show technique et virtuose de l'interprète. Cela implique une certaine humilité face à la partition dont sont capables certains immenses musiciens. Cette approche exige un contrôle absolu, sans artifice, ainsi qu'une maîtrise technique hors du commun. Le risque est alors de ne pas emporter l'adhésion totale d'un public venu écouter une prouesse". Je comprends bien, et je pense que Brendel est en cela un grand artiste, mais le public peut ne pas adhérer simplement parce que l'humilité vis à vis de la partition est loin d'être suffisante pour faire partager quelque chose (mais il était peut-être dans un mauvais jour la seule fois où je l'ai entendu en concert).
Pour finir je pense que chaque pianiste a une nature musicale profonde qu'il réalise plus ou moins parfaitement. Ce qui me paraît sûr c'est que l'enregistrement (même en live) ne permet pas de savoir à qui on a affaire. Quand j'étais jeune, il était de bon ton de critiquer le mauvais goût d'Horowitz ou les insuffisances pianistiques de Cortot, ou les irrégularités de Samson François, alors que ceux qui les avaient entendus nous disaient "vous n'avez aucune idée de ce que c'était". La prise de risque en terme de générosité expressive, d'acceptation de s'"exposer" leur avait parue inouïe. En ce sens j'aimerais bien savoir ce que donne en public une pianiste comme Valentina Lisitsa qui semble ne pas mettre beaucoup de significations derrière les notes sur youtube, mais qui pourrait se révéler très différente si elle prenait des risques, et le concert pousse à prendre plus de risque que l'enregistrement, comme l'a bien fait remarquer bigrounours
- thiagoromano
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Re: Prendre des risques
Je vous dirais que je prefère prendre des risques mais essayer créer des choses nouvelles, au lieu de jouer avec trop de securité et ne créer que des bâillements. 

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Re: Prendre des risques
Merci pour cette analyse et ces nombreux exemples parfaitement choisis.
Oui, je reconnais que j'ai sans doute exagéré dans mon commentaire (jouer vite et fort), et confondu quelques cas particuliers à une règle générale. C'est probablement à cause d'un ressenti personnel très vif à l'égard de l'une de mes prof de piano, dont je pourrais vous parler longuement tant elle était caricaturale.
Je maintiens cependant qu'il faille une dose extraordinaire de dépassement pour prendre le risque de s'effacer devant la partition. Le moindre faux pas, le moindre pain vient brutalement casser la magie, comme un gros sparadrap sur le nez de la Joconde. J'ai toujours trouvé cette maîtrise beaucoup plus difficile à atteindre qu'un jeu plus relâché, plus rubato, plus emphatique, et donc à mon sens, plus affecté.
J'ai exactement la même approche avec le chant et c'est pourquoi j'ai mille fois plus d'empathie pour des "coloristes" proches du texte, avec cette économie de moyens qui rend l'interprétation ciselée et transparente, que pour les grosses machines dotées d'énormes moteurs et développant un nombre incalculable de chevaux vapeurs mais qui confondent émotion et pression acoustique.
Tu as cependant parfaitement raison pour dissocier la prestation live de celle du disque. C'est très comparable à la différence du jeu d'acteur entre ciné et théâtre.
La projection sonore est bien-sûr indispensable en concert, alors qu'elle n'est pas aussi cruciale au disque (quoique) et le disque nous a habitué à une discipline d'une pureté absolue, qu'on peut finir par trouver aseptisée, mais qui est un domaine artistique pour lui-même, avec ses codes et ses conventions. Vaste débat...
Au final, je me demande de plus en plus ce qu'on entend par "prendre des risques" ? Aller plus loin dans les tempos, chercher l'étonnement sonore en accentuant tel effet, jouer de façon plus poussée avec l'agogie, lâcher tout contrôle pour vivre une sorte de transe ?
Le risque à mes yeux est de déplacer le curseur. Je garde une certaine méfiance pour un interprète qui se place au centre, tandis qu'il se doit de servir l'oeuvre (cela ne veut pas dire jouer plat et bête, mais avoir au contraire l'intelligence d'en dévoiler les beautés).
Ou encore, à l'inverse, prendre des risques n'est-il pas de proposer au public un voyage intimiste, sans masque technique gratuit, sans facilité (et j'ai en tête une tournée en compagnie de Jean-Claude Pennetier pour le Via Crucis de Liszt, d'une telle raréfaction qu'on cessait de respirer... Chaque note était plus contrôlée et douloureuse que la précédente, les larmes ruisselaient sur nos visages).
Il va de soi que le piano se fait reflet du pianiste qui le joue. Lorsque Pennetier joue Liszt, il est intensément méditatif, et nous invite à prier avec lui. La musique se fait alors acte bouleversant et mystérieux.
Oui, je reconnais que j'ai sans doute exagéré dans mon commentaire (jouer vite et fort), et confondu quelques cas particuliers à une règle générale. C'est probablement à cause d'un ressenti personnel très vif à l'égard de l'une de mes prof de piano, dont je pourrais vous parler longuement tant elle était caricaturale.
Je maintiens cependant qu'il faille une dose extraordinaire de dépassement pour prendre le risque de s'effacer devant la partition. Le moindre faux pas, le moindre pain vient brutalement casser la magie, comme un gros sparadrap sur le nez de la Joconde. J'ai toujours trouvé cette maîtrise beaucoup plus difficile à atteindre qu'un jeu plus relâché, plus rubato, plus emphatique, et donc à mon sens, plus affecté.
J'ai exactement la même approche avec le chant et c'est pourquoi j'ai mille fois plus d'empathie pour des "coloristes" proches du texte, avec cette économie de moyens qui rend l'interprétation ciselée et transparente, que pour les grosses machines dotées d'énormes moteurs et développant un nombre incalculable de chevaux vapeurs mais qui confondent émotion et pression acoustique.
Tu as cependant parfaitement raison pour dissocier la prestation live de celle du disque. C'est très comparable à la différence du jeu d'acteur entre ciné et théâtre.
La projection sonore est bien-sûr indispensable en concert, alors qu'elle n'est pas aussi cruciale au disque (quoique) et le disque nous a habitué à une discipline d'une pureté absolue, qu'on peut finir par trouver aseptisée, mais qui est un domaine artistique pour lui-même, avec ses codes et ses conventions. Vaste débat...
Au final, je me demande de plus en plus ce qu'on entend par "prendre des risques" ? Aller plus loin dans les tempos, chercher l'étonnement sonore en accentuant tel effet, jouer de façon plus poussée avec l'agogie, lâcher tout contrôle pour vivre une sorte de transe ?
Le risque à mes yeux est de déplacer le curseur. Je garde une certaine méfiance pour un interprète qui se place au centre, tandis qu'il se doit de servir l'oeuvre (cela ne veut pas dire jouer plat et bête, mais avoir au contraire l'intelligence d'en dévoiler les beautés).
Ou encore, à l'inverse, prendre des risques n'est-il pas de proposer au public un voyage intimiste, sans masque technique gratuit, sans facilité (et j'ai en tête une tournée en compagnie de Jean-Claude Pennetier pour le Via Crucis de Liszt, d'une telle raréfaction qu'on cessait de respirer... Chaque note était plus contrôlée et douloureuse que la précédente, les larmes ruisselaient sur nos visages).
Il va de soi que le piano se fait reflet du pianiste qui le joue. Lorsque Pennetier joue Liszt, il est intensément méditatif, et nous invite à prier avec lui. La musique se fait alors acte bouleversant et mystérieux.
- bach_addict
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Re: Prendre des risques
Krisprolls a écrit :Lorsque Pennetier joue Liszt, il est intensément méditatif, et nous invite à prier avec lui. La musique se fait alors acte bouleversant et mystérieux.



« L'inconvénient du piano, c'est que chaque bonne note est située entre deux mauvaises. » A.Schnabel
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Re: Prendre des risques
??? Dubitatif ?
Je t'assure que c'est du vécu. Intensément.
Je t'assure que c'est du vécu. Intensément.
Re: Prendre des risques
Peut être que Bach addict aurait une autre manière d'exprimer cela. L'intensité se partage aujourd'hui plus facilement que "l'invitation à la prière"....
On a tous vécu des moments phénoménaux à l'écoute de nos grands interprètes. Très récemment par ailleurs j'ai eu le souffle coupé plusieurs fois en écoutant "intensément" la 1ère ballade de Chopin par Horowitz.
On a tous vécu des moments phénoménaux à l'écoute de nos grands interprètes. Très récemment par ailleurs j'ai eu le souffle coupé plusieurs fois en écoutant "intensément" la 1ère ballade de Chopin par Horowitz.
"Le reflet est pour les couleurs ce que l'écho est pour les sons." Joseph Joubert
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Re: Prendre des risques
Faut-il préciser je suis parfaitement athée et que cet emploi du mot prière était une métaphore. A ne pas forcément prendre au sens "religieux" du terme.