Etudes de musique?

[Mlle.Spleen]

Bonsoir tout le monde !

Comme je le disais dans le sujet de présentation, je souhaiterais vous poser quelques questions quant à la poursuite d’études de musique. Pour cela, il faut que je vous explique ma situation, qui est assez particulière... Je m’excuse d’avance pour la longueur de mon « exposé », je n’ai pas vraiment l’esprit de synthèse…

J'ai commencé le piano à l'âge de 4 ans; j’ignore ce qui m'avait décidé à en faire, mais je me souviens avoir lourdement insisté auprès de mes parents – puis auprès du directeur, un peu réticent à cause de mon âge – pour m'inscrire au Conservatoire de ma ville. « Vous êtes trop jeune », m’avait-il dit, « nous n’acceptons les enfants qu’à partir de 6 ans. Il faut être au moins en CP, et savoir lire ». Ce à quoi j’avais répondu que j’étais en CP, et que je savais lire déjà depuis un moment. Je n’étais pas prête à abandonner, je savais ce que je voulais, je l’ai toujours su : je voulais faire du piano.
Le directeur a fini par céder, et à la rentrée de septembre 1998, je commençais les cours de piano. J’ai tout de suite accroché. J’étais passionnée par cet instrument, et il me convenait : je progressais très vite, on disait que j’avais du talent, on me faisait sauter des niveaux au Conservatoire. J’ai rapidement commencé à m’intéresser à la musique classique, à aller à des concerts avec mes parents ou mes grands-parents. Ecouter des œuvres, étudier la musique, même la théorie et le solfège : tout ceci me captivait. C’était une véritable révélation : voir les artistes sur scène, entendre la musique… Je rêvais d’être moi aussi à leur place, un jour, quand je serais adulte. Je n’en ai jamais vraiment beaucoup parlé, pensant que mon rêve était ridicule. Autour de moi, les gens dénigraient les études et les carrières artistiques, jugées trop instables. Pour tout le monde, la musique n’était pas une carrière envisageable pour moi, et même si j’étais tout sauf une élève modèle, sérieuse et travailleuse, j’avais d’excellentes notes, deux ans d’avance à l’école, bref : je devais faire de la médecine, du droit, des classes préparatoires, des grandes écoles mais pas de la musique. Pianiste ou chef d’orchestre, comme je le souhaitais : c’était un rêve grotesque.

C’est vers l’âge de 12-13 ans que ma vie a pris un autre tournant. Je suis tombée malade ; j’avais de plus en plus de mal à jouer au piano, à faire du sport (une de mes autres passions), à suivre à l’école… J’ai difficilement supporté cette douleur incessante, et tous les obstacles que cela engendrait dans mes activités. Mais le plus pénible, c’était l’incompréhension : mon professeur pensait que je ne travaillais pas assez, et ne voulait pas croire à un problème de santé. J’avais l’impression que mon rêve se brisait ; j’ai commencé à m’éloigner du piano, à moins jouer, à renoncer au travail. J’étais jeune, et sûrement un peu immature, je n’ai pas vraiment su gérer cette nouvelle situation. En entrant en Terminale, j’avais 15 ans et mon état se dégradait de plus en plus ; j’ai dû arrêter toutes mes activités, y compris le piano. Je devais passer un examen de « fin d’études » (je ne me souviens plus du nom de celui-ci), qui m’aurait permis de commencer les études supérieures dans un conservatoire régional ou national dès l’obtention du baccalauréat. Mais mon professeur refusait de m’y présenter, disant que j’avais du potentiel mais que je ne travaillais pas assez. Elle disait vouloir me motiver en m’interdisant de passer cet examen, pour m’inciter soi-disant à « faire des efforts »…

Pendant mon année de Terminale, je n’ai pas vraiment touché au piano ; j’ai très mal vécu de devoir abandonner mes projets. Sur les conseils de mes amis, malgré tout, j’ai décidé de présenter l’option musique au baccalauréat. Je ne l’ai pas vraiment préparée – là encore, mon caractère un peu trop paresseux et désinvolte pour tout ce qui avait de près ou de loin rapport avec l’école, et mes problèmes de santé m’ont desservie ; et ayant déjà une autre option, je ne pouvais pas suivre les cours. Le jour de l’épreuve, j’ai réussi la théorie, mais je n’ai pas pu jouer mon morceau, m’arrêtant en plein milieu de celui-ci, incapable de bouger mes doigts. Quelle déception pour moi qui n’était pas habituée à l’échec, mais surtout je ne pouvais pas accepter que la douleur prenne le dessus sur la passion. Après avoir obtenu mon baccalauréat en juin 2010 – et une note correcte en musique malgré tout –, ne sachant pas vraiment quoi faire plus tard, je suis entrée en classe préparatoire littéraire. Durant toute ma première année, je n’ai pas touché une seule fois au piano. J’avais envie d’oublier mon rêve et de passer à autre chose.

Puis, à la fin de l’année, je suis tombée par hasard sur une interprétation du deuxième concerto pour piano de Rachmaninov, un des premiers morceaux que j’avais entendus étant petite (peut-être une des raisons pour laquelle j’ai voulu faire du piano…). Tout ce que j’avais voulu enfouir au fond de ma mémoire me revenait. Je n’ai pas pu m’empêcher de recommencer à jouer. Les débuts ont été difficiles ; j’avais perdu pas mal d’agilité, de dextérité, et oublié un bon nombre des morceaux que je jouais auparavant. De plus, je ne me mettais au piano que de façon sporadique, étudiant à Paris et étant en internat (le piano était chez mes parents). Je pouvais encore jouer un peu, mais pas assez à mon goût. Pendant les grandes vacances cependant, j’ai recommencé à jouer régulièrement, plusieurs heures par jour, malgré la douleur. Mon rêve était encore présent : pianiste ou chef d’orchestre, rien d’autre ne me plaisait vraiment (même si j’aimais la littérature, la philosophie, les langues étrangères et tout ce que j’étudiais en prépa, je n’étais pas capable de travailler pour l’école et de me concentrer, alors que je pouvais jouer plusieurs heures au piano sans éprouver d’ennui et de désintérêt).

Aujourd’hui, les études musicales m’attirent encore. J’ai recommencé à faire du piano, et même si j’ai travaillé seule, je pense avoir progressé depuis que j’ai quitté le Conservatoire. Je me suis surtout améliorée en déchiffrage et en interprétation, et j’ai le sentiment de mieux connaître et comprendre la musique. Je me demande simplement comment rentrer à nouveau dans le système musical : j’aimerais reprendre le piano au Conservatoire, et apprendre la direction d’orchestre. Je ne sais pas vraiment comment m’y prendre, en revanche. Mes recherches m’amènent toutes à la même conclusion : si je veux poursuivre des études musicales, il faut que je m’inscrive en Conservatoire (d’arrondissement, puis régional et enfin national, si bien sûr j’y arrive) et à Paris, ils requièrent tous une audition voire un concours.
Je ne sais pas comment m’y préparer : en effet, le problème principal que je rencontre en travaillant seule, c’est que je n’arrive pas vraiment à aller au bout d’un morceau. Dès que je bloque sur un passage, je ne trouve pas de solution et au bout de quelques temps, je finis par abandonner. Je manque un peu de discipline personnelle, et j’ai besoin d’émulation, c’est pourquoi il m’est difficile de travailler seule. J’ai appris des choses durant ces derniers mois, mais je pense avoir besoin d’un professeur pour progresser davantage en vue de reprendre les études de musique. Ainsi, je ne sais pas vraiment comment travailler les auditions, comment faire pour arriver à présenter un morceau décent – peut-être devrais-je prendre un professeur particulier ? Comment m’y prendre, à qui m’adresser ? Je ne sais pas si je vais y arriver, notamment à cause de ma santé qui ne s’est pas vraiment améliorée (au contraire) mais j’ai l’espoir que cela aille mieux jour ou que je puisse bénéficier d’un traitement qui me facilite un peu le quotidien : et il me semble qu’il y a des limites d’âge pour la plupart des Conservatoires, ce qui fait que je ne peux pas vraiment attendre de guérir… Il me faudra sans doute plus de travail qu’un autre un étudiant en bonne santé, pour gérer la douleur, les problèmes de coordination et de contrôle des mouvements et tous les autres désagréments, mais si c’est vraiment ce qui me plaît, je pourrai faire ce sacrifice. Je peux toujours essayer et renoncer si c’est trop difficile pour moi. Je pense continuer, en revanche, de faire des études à côté, ne sachant pas si je pourrai vraiment tenir physiquement pour ces études (c’est pour cela qu’il me faudra attendre de quitter la prépa, formation trop lourde au niveau des horaires pour envisager quelque autre formation en parallèle).

J’aimerais donc avoir vos avis et vos conseils sur ma situation, si vous pensez que c’est possible, sur la formation que vous me conseillez d’emprunter, sur la façon dont je dois procéder afin de trouver un professeur particulier, le genre de morceaux à présenter en audition…

Merci d’avance pour vos réponses.

L.

[fugue]

Bonjour Mlle Spleen.

Je n'ai pas les connaissances nécessaires pour répondre à ton questionnement - D'autres sauront car encore "dans le circuit".
Mais ton histoire me retourne complètement et m'a franchement émue.
Je ne sais pas de quoi tu souffres, mais j'espère de tout coeur que ta santé va s'améliorer et que ces souffrances se cassent au loin

Tout ça, c'est un discours facile et je m'en excuse.
Bon courage à toi. Je te souhaite de ne plus avoir à choisir ce pseudo dans un avenir que je souhaite proche et d'arriver à nouveau à t'épanouir, dans et par la musique.

Un prof me semble déjà une bonne idée pour commencer à reprendre une forme d'encadrement par contre...

[JPS1827]

Oui, nous ne savons pas grand-chose sur ton niveau réel, mais il est indispensable de se préparer avec un professeur pour tout concours d'entrée dans un établissement d'enseignement.
Après, il faut quand même savoir que, sauf si tu te révèles extraordinairement douée (ce qui est possible mais rare) tu n'as pratiquement aucune chance de devenir pianiste soliste ou accompagnateur, et peu de chances de devenir professeur de piano en conservatoire (le niveau des recrutements est aujourd'hui extrêmement élevé). En revanche, avec tes années de prépa, tu peux, en même temps que des études instrumentales et si tu as une bonne oreille, faire de solides études musicales théoriques qui peuvent te permettre de travailler dans la musique (enseignement du solfège, de l'harmonie, analyse musicale, chef de chœur, voire chef d'orchestre bien que beaucoup plus compliqué, musicologue etc.). Je pense que pour être admis à s'inscrire dans une classe de direction d'orchestre, il faut justifier d'importantes connaissances préalables en solfège, harmonie, écriture musicale, connaissances des instruments.
Donc, vas y, mais en tachant d'être consciente des réalités, et en sachant que ça te demandera autant de travail que la prépa littéraire.
Quoi qu'il en soit, travailler ton piano vraiment sérieusement pendant quelques années ne sera jamais une perte de temps, même si tu ne deviens pas pianiste professionnel ou professeur, il est quasiment indispensable de jouer assez correctement du piano pour tous les métiers que j'ai cités (et il y en a d'autres que j'ai oubliés). Par ailleurs si tu veux être instrumentiste, tu peux parallèlement au piano essayer d'étudier un autre instrument qui te plaise en exigeant des études moins longues, et qui se commence moins tôt habituellement, dans lequel tu seras donc moins en difficulté du fait d'un début tardif (en évitant donc les instruments à cordes qui nécessitent tous un apprentissage depuis l'enfance pour pouvoir atteindre un haut niveau). Je connais par exemple un garçon qui est entré au CNSMP en cor à 22 ans en s'étant mis à travailler sérieusement assez tard, et qui débute maintenant un autre cuivre.
Enfin si tu fais finalement un métier qui n'a rien à voir avec la musique, tu retireras un enrichissement personnel à vie de ces années d'études.

Première chose à faire, te trouver un vrai prof qui t'évite de perdre encore du temps (tu n'es pas obligée de le voir toutes les semaines si tu n'en a pas les moyens, mais il faut travailler avec un but, et le RV avec son professeur est un vrai but). Il te faut un professeur qui comprenne tes problèmes et ne soit pas négatif avec le fait que tu te mets tard au travail.

[zebestovol]

Il me semble qu'une clé importante de ton histoire est pour nous de connaitre le mal dont tu souffres. Est-ce que tu pourrais nous en faire part?

[bach_addict]

savoir exactement de quelle maladie souffre MlleSpleen ne nous regarde probablement pas...je ne voudrais pas créer de polemique là dessus, mais restons à notre place.

[Mlle.Spleen]

Je vous remercie d'avoir pris le temps de me lire et de me répondre.
En ce qui concerne ce dont je souffre, c'est un peu compliqué à expliquer et même les médecins se divisent à ce sujet, donc je ne tiens pas forcément à entrer dans les détails, vu que ce n'est pas tout à fait le propos [disons juste que c'est une maladie neurologique avec entre autres des atteintes osseuses, d'où les problèmes que j'ai rencontrés au piano]...

Pour ce qui est de mon niveau réel, je n'arrive pas non plus à l'évaluer... Je me doute bien que j'ai très peu de chances de pouvoir faire carrière dans ce domaine, du moins en instrument, mais j'aimerais surtout suivre des études supérieures de musique, réintégrer un cursus académique. Que j'y parvienne ou non, je ne me pose pas encore la question: j'aimerais juste essayer de me lancer dans cette filière parce que c'est quelque chose que j'ai toujours voulu faire, et que c'est maintenant ou jamais... Je n'ai pas envie de regretter plus tard de ne jamais avoir essayé. Après, la direction d'orchestre m'attire beaucoup depuis des années; j'avais contacté un Conservatoire d'arrondissement à Paris, et apparemment, il y a des épreuves d'entrée (théorique: harmonie, analyse, solfège, etc... et pratique: épreuve de direction avec piano - je ne sais même pas vraiment en quoi cela consiste :/). Donc un cursus théorique (du genre Musicologie) pourrait peut-être m'aider à préparer ce genre d'épreuves...?

Pour le professeur, comment faut-il s'y prendre pour en trouver un ? A qui s'adresser ?

Merci encore et bonne soirée.

[Praeludium]

Après, la direction d'orchestre m'attire beaucoup depuis des années; j'avais contacté un Conservatoire d'arrondissement à Paris, et apparemment, il y a des épreuves d'entrée (théorique: harmonie, analyse, solfège, etc... et pratique: épreuve de direction avec piano - je ne sais même pas vraiment en quoi cela consiste :/). Donc un cursus théorique (du genre Musicologie) pourrait peut-être m'aider à préparer ce genre d'épreuves...?

Tous ces cours (écriture, solfège, analyse), tu les trouves en conservatoire et avec des gens super compétents (à 80% de chances. En contrepoint dans mon CRR on se tape du rigoureux stérile et pompier, enfin bon...). Je crois qu'il y a toujours de la place dans les disciplines genre écriture, analyse et compagnie, et que (sauf si tu veux rentrer au cnsmdp) c'est, si tu es motivée et que tu as déjà une pratique musicale, relativement facile d'y rentrer. Il y a peut être plus d'émulation et des cours plus intéressants (les cours d'harmonie je les ai toujours eu tout seul avec le prof et un piano pendant une heure ou une heure trente, par exemple).
L'avantage c'est d'étudier ces disciplines avec 4 ou 5 heures de cours par semaine en conservatoire en tout plutôt que de faire tout un cursus de musicologie pour finalements quelques heures de ces matières sur tout le cursus.

En bref, je crois que la logique de ce qu'il demande c'est que tu aies déjà étudié sérieusement ces disciplines avant d'étudier la direction. Ca peut se faire en conservatoire et c'est ce qu'à ta place je ferais.

[Mlle.Spleen]

D'accord, merci pour cette réponse
Cette alternative me paraît intéressante. Je vais donc me renseigner sur l'entrée en Conservatoire d'arrondissement à Paris, en écriture et analyse, pour me préparer à la direction d'orchestre. Pour le Conservatoire, il y a une différence entre les arrondissements ou c'est à peu près la même chose ?

[Praeludium]

J'ai oublié de répondre tout ça pour dire : je ne sais pas, je n'habite pas du tout en région parisienne.
Pour choisir les conservatoires c'est souvent en fonction des profs dans des disciplines précises, je crois. S'il y a "la classe de x" qui est très réputée en écriture, ben peu importe le conservatoire le niveau sera bon. Ce sera aussi plus dur d'y rentrer. Mais je ne peux pas plus te renseigner. Ca se fait pas mal au bouche à oreille ce genre de chose je crois.
Mais enfin je ne pense pas que tu puisses te retrouver avec un incompétent, quelque soit le conservatoire d'arrondissement.

(Tu peux aussi aller parler aux profs de direction d'orchestre pour te renseigner ils sauront mieux que moi et c'est toujours bien d'aller voir les profs avant)