En travaillant avant-hier ce morceau dont je met les 2 premières mesures en exemple, je suis parti sur une fausse route. En effet, je faisais tout à la main droite, ayant trouvé un doigé commode qui permettait d'accentuer quand même le ré et le do# de la 1ere mesure. La main droite faisait une sorte de perpetum mobile, allé retours tandis que la main gauche marquait les basses staccato mais très légérement. A la dernière mesure de la 1ere page, je marquais le sol à la main gauche en croisant par dessus la main droite.
Certes, j'y arrivais mais bon, c'était assez technique et assez hasardeux. Connaissant Schumann pour avoir écrit des passages peu commodes, je me dis "ça doit être un truc comme ça".
Mais, illumination, aujourd'hui, je pense avoir trouvé la bonne façon d"aborder le morceau. Mesure 1: je commence par la main droite mais je joue le dernier double triolet à la main gauche. Ce qui permet d'accentuer la 1ere note de ce double triolet (do#) sans forcer, le poids de la main gauche aidant.Et ainsi de suite... Pour la dernière mesure de la 1ere page, c'est la main droite qui frappera le sol ce qui est plus précis qu'un croisement de main pris dans la vitesse.
Résultat: cela devient beaucoup plus aisé ainsi et rend le morceau abordable malgré la difficulté apparente.
Moralité: il y a toujours un doigé optimum pour soi (qui ne conviendra peut-être pas à un autre exécutant), à nous de le trouver, de le déduire selon les indications de la partition. Je trouve cette recherche passionnante.
Et vous, est-ce que cela vous est arrivé de partir sur une mauvaise approche et de la corriger ensuite?
Bunte Blätter op 99 n°5
- jean-séb
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Re: Bunte Blätter op 99 n°5
Je ne connais pas ce morceau mais la façon dont il est écrit suggère voire impose effectivement d'utiliser la main gauche pour le dernier triolet ; sinon, il eût été loisible à l'auteur ou l'éditeur de tout écrire sur la portée supérieure.
Ton aventure me rappelle Rêverie de Schumann où, dès le premier accord (deuxième temps de la première mesure entière), l'accord de ma main gauche interfère avec celui de la main droite ; quand j'avais appris ce morceau, j'avais trouvé ingénieux de modifier la répartition des notes aux deux mains pour éviter cette interférence jusqu'à ce que je m'aperçoive que le rendu n'était pas le même en dépit de la logique (ce serait le même si la partition était jouée par un ordinateur, comme dans ton cas). Il semble que ce Schumann connaissait bien le piano et les pianistes !
Ton aventure me rappelle Rêverie de Schumann où, dès le premier accord (deuxième temps de la première mesure entière), l'accord de ma main gauche interfère avec celui de la main droite ; quand j'avais appris ce morceau, j'avais trouvé ingénieux de modifier la répartition des notes aux deux mains pour éviter cette interférence jusqu'à ce que je m'aperçoive que le rendu n'était pas le même en dépit de la logique (ce serait le même si la partition était jouée par un ordinateur, comme dans ton cas). Il semble que ce Schumann connaissait bien le piano et les pianistes !
- Kreisler
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Re: Bunte Blätter op 99 n°5
oui, je pense aussi que Schumann avait parfaitement compris le piano (il n'y a que lui pour avoir écrit la décennie 1830/1840, une telle accumulation de chefs d'oeuvre en si peu de temps laisse pantois). Quand on voit par ex la dernière mesure des papillons op2 et cet art de la résonance , accord final, notes laissées enfoncées dont on enlève une touche à chaque fois... cette voix du lointain de la 8°novelette etc...
Concernant la rêverie op 15, au passage que tu indiques, je garde tenu le fa et l'accord do-la main gauche, je garde enfoncé le fa main droite mais relâche fa-do (merci la pédale! je pourrais tout aussi bien relâcher le fa main gauche tenu par la pédale) pour pouvoir jouer les croches suivantes je ne sais pas si je fais bien. Rien que cette 1ere mesure est tout un travail sur la résonance, poids des doigts. Un enfant passera outre tout ces petits détails (les aura-t-il seulement remarqués?) à mon sens, essence de l'oeuvre. Ces kinderscenen ne s'adresse pas aux enfants mais bien à des adultes capable de comprendre toute la nostalgie, le regret de l'enfance passée.
Pour ceux qui pensent que chaque doigté est interchangeable, en fait non. Chaque doigt a une fonction bien particulière, au niveau poids, force, pris dans le mouvement ou la retombée, et il faut considérer toutes ces données quand on choisit un doigté. C'est tout un art en fait!
Concernant la rêverie op 15, au passage que tu indiques, je garde tenu le fa et l'accord do-la main gauche, je garde enfoncé le fa main droite mais relâche fa-do (merci la pédale! je pourrais tout aussi bien relâcher le fa main gauche tenu par la pédale) pour pouvoir jouer les croches suivantes je ne sais pas si je fais bien. Rien que cette 1ere mesure est tout un travail sur la résonance, poids des doigts. Un enfant passera outre tout ces petits détails (les aura-t-il seulement remarqués?) à mon sens, essence de l'oeuvre. Ces kinderscenen ne s'adresse pas aux enfants mais bien à des adultes capable de comprendre toute la nostalgie, le regret de l'enfance passée.
Pour ceux qui pensent que chaque doigté est interchangeable, en fait non. Chaque doigt a une fonction bien particulière, au niveau poids, force, pris dans le mouvement ou la retombée, et il faut considérer toutes ces données quand on choisit un doigté. C'est tout un art en fait!