par contre, rapport à la discussion au dessus, je ne te conseille pas du tout d'orienter le sujet sur les supposées différences de "sociologie" entre les peuples, et surtout pas des exemples du genre, "lorsque les Allemands ont un dictateur, c'est Hitler, mais quand les français, eux, ont un dictateur, c'est Napoléon". C'est...hautement polémique, facilement contestable, bref, la recette pour un désastre.
C'est polémique pour ceux qui veulent créer de la polémique s'il est polémique de dire que les Français n'ont jamais mis Hitler au pouvoir. Les faits historiques sont des faits. Quant au côté très contestable, les travaux sociologiques récents de gens comme Emmanuel Todd sur la relation entre famille souche historique et système politique mis en place dans différents pays et par voie de conséquence sur la sociologie des peuples sont très parlants et assez peu contestés. On pourrait même dire qu'ils font un peu référence.
Le sens de mon message que vous évoquez, Bach Addict ne vous aura sans doute pas échappé. Il visait, via un certain détour historique, je le concède , à déconseiller à Max d'aborder son thème sous l'aspect dictature et propagande.
Bonusmalus a écrit :
Deuxième: les arts se sont généralement fort bien accommodés de toutes les dictatures non par esprit de soumission mais parce que par essence, ils sont là pour sublimer des sentiments et on ne sublime jamais aussi bien que quand les limites sont présentes. On peut même dire que c'est dans un cadre contraint que les plus grands artistes se sont exprimés: l'église a été a la fois dictature et émancipation pour les artistes: dictature car le cadre était strictement défini, émancipatrice car elle a instruit des gens et ces gens, se jouant des contraintes ont rendu des abstractions magnifiques de l'âme humaine. Les régimes dictatoriaux, idem, même si leur règne a généralement été court: d'un côté contraintes et risque de mort ou d'aller en taule, de l'autre, gros moyen mis en œuvre pour chanter les louanges du modèle politique. On voit donc qu'en réalité, dans cette perspective, le choix est quasi illimité: jusqu’à Haydn, les musiciens appartenaient à une cour et devaient donc se soumettre au maître qui les nourrissait. Si on élargit et qu'on veut être un peu fumeux, tout musicien qui a utilisé un modèle en le dépassant est dans cette perspective de libération de l'humain: Beethoven s'approprie les contraintes de la forme sonate et fait exploser le genre.
Ce n'est pas faux, mais l'idée de "sublimation" me paraît très insuffisante. Il s'agit beaucoup plus de "subversion". la subversion est une des constantes de l'art, qui échappe le plus souvent aux dictateurs d'ailleurs. Staline traquait l'esprit petit-bourgeois chez Chostakovitch et d'autres compositeurs, pouvait prendre la symphonie Leningrad par le bout qui l'arrangeait, en tant que symbole de la résistance russe face à l'envahisseur nazi, alors que des critiques ont pu y voir une œuvre anti-stalinienne. Quoi qu'il en soit l'œuvre met en scène une violence extrême qui doit frapper l'auditeur et ne le force nullement à y associer la résistance russe (il peut associer en fait ce qu'il veut, on ne peut jamais empêcher les gens de penser, on ne peut que les empêcher d'écrire et de parler). L'artiste suscite sans cesse des associations d'idées et des évocations "interdites par la dictature" chez l'auditeur ou le spectateur. Bien entendu la subversion est très présente dans la peinture et la littérature. L''art permet finalement de dire de façon voilée quelque chose qui est le plus souvent interdit.
Bonusmalus a écrit :les travaux sociologiques récents de gens comme Emmanuel Todd sur la relation entre famille souche historique et système politique mis en place dans différents pays et par voie de conséquence sur la sociologie des peuples sont très parlants et assez peu contestés. On pourrait même dire qu'ils font un peu référence.
oui mais les courants de pensée vont et viennent, 10 ou 20 ans après ils ne font plus toujours si référence que ça quand la pensée unique a changé; c'est de toute manière risqué pour un élève de 3e de s'embarquer sur une discussion "borderline", puisqu'à un petit écart de langage prêt, on se retrouve à dire, en gros, que tel ou tel "peuple" est plus ou moins "facho" qu'un autre, ce que perso j'éviterais de dire devant des inconnus (d'autant que ça se discute, même si bien sûr on comprend l'idée générale), mais surtout dans le cadre d'un examen ça peut sérieusement coincer. Enfin bref, c'est pas un forum politique non plus donc je m'arrêterai là.
« L'inconvénient du piano, c'est que chaque bonne note est située entre deux mauvaises. » A.Schnabel
JPS1827 a écrit :Ce n'est pas faux, mais l'idée de "sublimation" me paraît très insuffisante. Il s'agit beaucoup plus de "subversion". la subversion est une des constantes de l'art, qui échappe le plus souvent aux dictateurs d'ailleurs. Staline traquait l'esprit petit-bourgeois chez Chostakovitch et d'autres compositeurs, pouvait prendre la symphonie Leningrad par le bout qui l'arrangeait, en tant que symbole de la résistance russe face à l'envahisseur nazi, alors que des critiques ont pu y voir une œuvre anti-stalinienne. Quoi qu'il en soit l'œuvre met en scène une violence extrême qui doit frapper l'auditeur et ne le force nullement à y associer la résistance russe (il peut associer en fait ce qu'il veut, on ne peut jamais empêcher les gens de penser, on ne peut que les empêcher d'écrire et de parler). L'artiste suscite sans cesse des associations d'idées et des évocations "interdites par la dictature" chez l'auditeur ou le spectateur. Bien entendu la subversion est très présente dans la peinture et la littérature. L''art permet finalement de dire de façon voilée quelque chose qui est le plus souvent interdit.
Oui, je suis assez d'accord, mais la subversion n'est pas une recherche, un but de l'art. Elle y est inhérente de par l'expression de l'âme humaine qu'est capable de rendre l'artiste créateur. C'est le propre de l'artiste (de l'art) qui traduit cette souffrance ou disons, toute chose ressentie suffisamment fort, en un langage quasi universel pour une culture donnée. Pour récapituler, l'art n'est subversif que parce qu'il représente la (une) vérité. C'est le mensonge qui l'entoure qui le rend subversif. Ce que Mozart raconte de l'âme humaine est potentiellement bien plus subversif que ce qu'en racontent les Beatles ou n'importe quel groupe de rap (que je ne mets pas dans le même panier que le Beatles).
max84140 a écrit :Mon prof de musique, m'a conseillé de jouer la nocturne n°20 de Chopin, qui est lié au sujet par le biais du film "Le pianiste".
Je pense que je vais essayer de le jouer
Je ne sais pas si c'est une bonne idée, car l'écriture même de ce nocturne n'est absolument pas liée à une quelconque dictature. C'est juste par l'intermédiaire du film et par le témoignage du héros que c'est lié, mais il n'y a finalement aucun rapport entre la musique de Chopin et la 2ème guerre mondiale.
En revanche, tu pourrais prendre des musiques écrites dans le cadre d'une opposition politique :
- la Révolutionnaire de Chopin vs l'invasion de la Pologne par les Russes
- un extrait de la 3ème symphonie de Beethoven (tu peux prendre une transcription de Liszt si tu veux), écrite en hommage à Bonaparte (intitulée Bonaparta initialement) que Beethoven admirait pour ses prises de positions pendant la révolution française, mais qui changea d'avis lorsque Beethoven apprit que Napoléon fut proclamé empereur. C'est évidemment pas de la dictature, mais je trouve intéressant de montrer cet aspect de la personalité de Beethoven qui, en profond humaniste, ne pouvait tolérer qu'un homme tel que lui puisse être empereur.
- quelque chose de Chostakovitch qui a passé sa vie à se rebeller contre le pouvoir communiste de l'Union Soviétique, mais qui se "rebellait" au travers de ses compositions. A creuser, je n'ai pas le temps de trop chercher, mais il me semble que ça pourrait coller pile-poil à ton sujet initial.
Le morceau m'étant proposé par mon prof de musique, je ne me suis pas vraiment posé la question.
Mais c'est vrai qu'en y pensant, le rapport n'est pas très présent...
Je vais donc me repencher sur le choix du morceau, en m'aidant de vos conseils.
Bah, si c'est pour le brevet des collèges, faut pas exagérer. Ce n'est pas une thèse de musicologie non plus. Tu racontes 3 salades sur Chopin sur son rapport avec la Pologne (en quoi ça peut s'apparenter à musique et dictature en tirant un peu par les cheveux) et puis ça va. A moins que tu te sentes capable d'aborder les pièces plus costaudes qui t'ont été conseillées. Mais, 2c1, ça risque de faire un peu court pour la révolutionnaire. Schosta, idem...