Bonsoir,
Voici tirées de mes lectures quelques "perles". Pour ceux qui ne s'y seraient (encore) plongés, Emil Cioran est ce penseur ténébreux dont les réflexions, sous forme d'aphorismes, laissent entrevoir deux palliatifs : le sarcasme, et Bach.
En somme, Bach comme ultime échappatoire.
Alors, pour information ou pour mémoire, un petit florilège.
Veuillez noter que par "Dieu", il désigne un absolu, sans doute celui que visent certains artistes, écrivains, philosophes métaphysiciens, mais aussi scientifiques, sans toutefois, loin s'en faut pour Cioran, se définir comme "croyants" au sens où nous l'entendons communément.
« Bach : langueur de cosmogonie ; échelles de larmes sur laquelle gravissent nos désirs de Dieu ; architecture de nos fragilités, dissolution positive - et la plus haute - de notre volonté ; ruine céleste dans l'Espoir ; seul mode de nous perdre sans effondrement et de disparaître sans mourir... » Précis de décomposition
« Sans Bach, la théologie serait dépourvue d'objet, la création fictive, et le néant péremptoire. » Syllogismes de l'amertume
« Offrande musicale, Art de la fugue, Variations Goldberg : j'aime en mesure, comme en philosophie et en tout, ce qui fait mal par l'insistance, par la récurrence, par cet interminable retour qui touche aux dernières profondeurs de l'être et y provoque une délectation à peine soutenable. » Écartèlement
« À Saint-Séverin, en écoutant, à l'orgue, L'Art de la fugue, je me disais et redisais : "Voilà la réfutation de tous mes anathèmes." » Aveux et anathèmes
Tiré de Tout Bach (sorte d'encyclopédie bachophile ou bacholâtre, je ne sais pas...) :
Dans un entretien en langue anglaise avec le critique musical Benjamin Ivry, paru dans Newsweek, Cioran fait une ultime profession de foi, en 1989, avant de sombrer dans la maladie :
« Sans Bach, Dieu serait diminué. Sans Bach, Dieu serait un type de troisième ordre. Bach est la seule chose qui vous donne l'impression que l'univers n'est pas raté. Tout y est profond, réel, sans théâtre. On ne peut supporter Liszt après Bach. Sans Bach, je serais un nihiliste absolu. »
Bref,
« S'il y a quelqu'un qui doit tout à Bach, c'est bien Dieu, parce que Bach est la preuve de l’existence de Dieu. » Syllogismes de l'amertume
[Cioran] Bach et l'absoluité
[Cioran] Bach et l'absoluité
Modifié en dernier par babaz le dim. 09 oct., 2011 9:51, modifié 1 fois.
« Il ne cria pas plus devant l’abîme qu’il n’avait crié devant les hommes. » L’Homme qui rit, Hugo
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Re: [Cioran] Bach et l'absoluité
passionnant.
Merci
Quel est ce livre : "Tout Bach" ?
Albert
Merci
Quel est ce livre : "Tout Bach" ?
Albert
Re: [Cioran] Bach et l'absoluité
Merci !Halbert a écrit :passionnant.
Merci
Quel est ce livre : "Tout Bach" ?
Albert
Il s'agit de cet ouvrage (http://www.amazon.fr/Tout-Bach-Bertrand ... 497&sr=8-1) se présentant sous la forme d'une encyclopédie thématique.
« Il ne cria pas plus devant l’abîme qu’il n’avait crié devant les hommes. » L’Homme qui rit, Hugo
Re: [Cioran] Bach et l'absoluité
Merci Babaz. J'aime Cioran, et je n'avais jamais lu (ou n'y avais à l'époque pas prêté attention) ses aphorismes sur Bach. Passionnant en effet.
Re: [Cioran] Bach et l'absoluité
C'est en considérant le pessimisme extrême de sa pensée auquel tu n'as pu échapper en le lisant, que l'on prend me semble-t-il la mesure de ce que signifient, pour Cioran, de telles concessions. "La réfutation de tous mes anathèmes !".Mona a écrit :Merci Babaz. J'aime Cioran, et je n'avais jamais lu (ou n'y avais à l'époque pas prêté attention) ses aphorismes sur Bach. Passionnant en effet.
Merci à toi
Modifié en dernier par babaz le jeu. 01 sept., 2011 13:08, modifié 2 fois.
« Il ne cria pas plus devant l’abîme qu’il n’avait crié devant les hommes. » L’Homme qui rit, Hugo
- bach_addict
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- Enregistré le : lun. 27 déc., 2010 18:46
je lui décerne le prix
Paulo Coehlo du verbiage philosophico-patatoïdal, le prix est un single dédicacé des Tranxen 200 "Et vice et versa".
Musique, maestro !
L'hémorragie de tes désirs
S'est éclipsée sous l'azur bleu dérisoire
Du temps qui se passe
Contre duquel on ne peut rien
Être ou ne pas être
Telle est la question
Sinusoïdale
De l'anachorète
Hypochondriaque
[Refrain]
Mais tu dis (bis)
Que le bonheur est irréductible
Et je dis
Et il dit
Que ton espoir n'est pas si désespéré
À condition d'analyser
Que l'absolu ne doit pas être annihilé
Par l'illusoire précarité de nos amours
Destituées
Et vice et versa (bis)
Et il faut que tu arriveras
À laminer tes rancoeurs dialectiques
Même si je suis con...
...vaincu que c'est très difficile
Mais comme moi, dis toi
Qu'il est tellement plus mieux
D'éradiquer les tentacules de la déréliction
Et tout deviendra clair
[Refrain]
Mais tu dis (bis)
Que le bonheur est irréductible
Et je dis
Et il dit
Que ton espoir n'est pas si désespéré
À condition d'analyser
Que l'absolu ne doit pas être annihilé
Par l'illusoire précarité de nos amours
Destituées
Et vice et versa (bis)
D'où venons nous ?
Où allons nous ?
J'ignore de le savoir
Mais ce que je n'ignore pas de le savoir
C'est que le bonheur
Est à deux doigts de tes pieds
Et que la simplicité réside dans l'alcôve
Bleue, et jaune, et mauve et insoupçonnée
De nos rêveries mauves et bleues, et jaunes et pourpres
Et paraboliques
Et vice et versa
[Refrain]
Mais tu dis (bis)
Que le bonheur est irréductible
Et je dis
Et il dit
Que ton espoir n'est pas si désespéré
À condition d'analyser
Que l'absolu ne doit pas être annihilé
Par l'illusoire précarité de nos amours
Et qu'il ne faut pas cautionner l'irréalité
Sous des aspérités absentes
Et désenchantées
De nos pensées iconoclastes
Et désoxydées
Par nos désirs excommuniés
De la fatalité
Destituée
Et vice et versa (bis)
Musique, maestro !
L'hémorragie de tes désirs
S'est éclipsée sous l'azur bleu dérisoire
Du temps qui se passe
Contre duquel on ne peut rien
Être ou ne pas être
Telle est la question
Sinusoïdale
De l'anachorète
Hypochondriaque
[Refrain]
Mais tu dis (bis)
Que le bonheur est irréductible
Et je dis
Et il dit
Que ton espoir n'est pas si désespéré
À condition d'analyser
Que l'absolu ne doit pas être annihilé
Par l'illusoire précarité de nos amours
Destituées
Et vice et versa (bis)
Et il faut que tu arriveras
À laminer tes rancoeurs dialectiques
Même si je suis con...
...vaincu que c'est très difficile
Mais comme moi, dis toi
Qu'il est tellement plus mieux
D'éradiquer les tentacules de la déréliction
Et tout deviendra clair
[Refrain]
Mais tu dis (bis)
Que le bonheur est irréductible
Et je dis
Et il dit
Que ton espoir n'est pas si désespéré
À condition d'analyser
Que l'absolu ne doit pas être annihilé
Par l'illusoire précarité de nos amours
Destituées
Et vice et versa (bis)
D'où venons nous ?
Où allons nous ?
J'ignore de le savoir
Mais ce que je n'ignore pas de le savoir
C'est que le bonheur
Est à deux doigts de tes pieds
Et que la simplicité réside dans l'alcôve
Bleue, et jaune, et mauve et insoupçonnée
De nos rêveries mauves et bleues, et jaunes et pourpres
Et paraboliques
Et vice et versa
[Refrain]
Mais tu dis (bis)
Que le bonheur est irréductible
Et je dis
Et il dit
Que ton espoir n'est pas si désespéré
À condition d'analyser
Que l'absolu ne doit pas être annihilé
Par l'illusoire précarité de nos amours
Et qu'il ne faut pas cautionner l'irréalité
Sous des aspérités absentes
Et désenchantées
De nos pensées iconoclastes
Et désoxydées
Par nos désirs excommuniés
De la fatalité
Destituée
Et vice et versa (bis)
« L'inconvénient du piano, c'est que chaque bonne note est située entre deux mauvaises. » A.Schnabel
- bach_addict
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Re: [Cioran] Bach et l'absoluité
et sinon tu joues du piano parfois ?babaz a écrit :Emil Cioran est ce penseur ténébreux dont les réflexions, sous forme d'aphorismes, laissent entrevoir deux palliatifs : le sarcasme, et Bach.
« L'inconvénient du piano, c'est que chaque bonne note est située entre deux mauvaises. » A.Schnabel
Re: [Cioran] Bach et l'absoluité
Il m'arrive d'essayer.bach_addict a écrit :et sinon tu joues du piano parfois ?babaz a écrit :Emil Cioran est ce penseur ténébreux dont les réflexions, sous forme d'aphorismes, laissent entrevoir deux palliatifs : le sarcasme, et Bach.
« Il ne cria pas plus devant l’abîme qu’il n’avait crié devant les hommes. » L’Homme qui rit, Hugo