Chopin - Concerto en fa mineur

[Okay]

Merci beaucoup de nous faire partager cette représentation !!

Je viens d'écouter le premier mouvement jusqu'à la fin du développement, et il y a énormément de très bonnes choses, dont la liste est plutôt longue ! Mon message serait d'ailleurs plus long que ce qui suit si je devais juste dire tout le bon qu'il y a.
Donc quelques suggestions sur ce qui pourrait encore être amélioré dans ce premier mouvement seront sans doutes plus utiles ! Je précise que je n'ai jamais travaillé ce 2e concerto (contrairement au 1er qui m'a occupé presque un été entier), donc ce que je dirai n'est pas très mûrement réfléchi, et sûrement pas à prendre au pied de lettre vu le niveau de ton travail.

En fait, ce que j'ai le plus aimé c'est le tout début, l'entrée est suffisamment dramatique, et l'énoncé du premier thème trouve un bon compromis entre fierté des rythmes pointés, chant et respiration. Le chant qui suit (do do8 la fa ...) c'est pas mal du tout aussi. En fait ce qu'il y a de mieux dans ce début par rapport à la suite, c'est que tu prend le temps de savourer cette musique.
Les doubles croches méritent la même respiration, l'esprit de cette section n'est pas du tout "virtuose" (c-à-d pas démonstratif), c'est juste des guirlandes de notes qui vont un peu plus vite et qui permettent de faire la transition avec le 2e thème. Par exemple, même la montée qui développe un arpège d'accord diminué à 2 mains avec des mouvements contraires, tu accélères avec le crescendo alors que ce n'est pas utile, et ça bouscule ton discours... qui reste plus nerveux les quelques mesures suivantes.

Dans le deuxième thème, il y a de jolies choses, mais aussi certaines négligences. En fait, il n'est pas assez ému ... je sais, la limite entre jouer ému et maniéré est très fine, et assez dangereuse. Dans ce cas, je dirais plutôt plus "recueilli" c'est moins risqué. On est trop vite propulsé dans ce nouveau monde, et une fois qu'on y est, c'est trop terrestre... il faudrait être autour du piano pour illustrer ce que j'essaie de dire. Mais c'est souvent juste une simple histoire de respiration dans le chant. C'est compliqué cet équilibre entre permettre à la musique d'avancer, et faire attention au détail. Mais il ne faut pas rater les occasions de désigner certaines inflexions, comme si tu disais à ton auditeur "regarde comme c'est touchant cette appoggiature !". Voilà l'idée.

Même si l'écriture est différente, je ferait une remarque similaire dans le passage en carillon, aussi en la bémol, mais en doubles croches avec deux voies à la main droite. Il est vraiment difficile, et tu t'en sors très bien au niveau du mécanisme si j'ose dire. Mais il a le potentiel de nous parler beaucoup plus, avec une plus forte conscience de la ligne de la voix supérieure, et en reprenant ton souffle à toutes les carrures.

Le conseil que j'aurais qui peut vraiment aider sur l'ensemble, est de particulièrement soigner tous les départs de phrases. Tu le fais très souvent et ça se passe bien ces fois là. Je pense que les passages où tu n'es pas satisfait seraient encore plus naturellement convaincants en y réitérant le même soin. Il ne manque pas tant de travail pour porter ton interprétation à vraiment un super niveau, à ce stade il faut vraiment réfléchir dans le détail.

[JPS1827]

Merci beaucoup Okay pour ces remarques très judicieuses que je découvre en revenant de week-end ce soir. Je vais reprendre ça en me forçant vraiment à tout penser de façon mélodique. Ce qui est difficile c'est de persister dans cette voie jusqu'au jour du concert, car il y a un effet de surentraînement qui fait que parfois je n'entends plus que je joue trop vite, mais comme tu le dis, si on a suffisamment de passages qu'on a repérés pour les faire spécialement entendre au public, cela devrait tenir.

[JPS1827]

Car si tu adaptes ton jeu pour passer du Pleyel au Steinway, qu'en serait-il si tu devais par la suite passer du Steinway à autre chose! Je crois que la seule chose à faire est de pouvoir tester chaque piano avant chaque concert.

C'est tout à fait vrai, mais il y a des pianos et des acoustiques auxquels je trouve vraiment difficile de s'adapter.

[Okay]

Merci beaucoup Okay pour ces remarques très judicieuses que je découvre en revenant de week-end ce soir. Je vais reprendre ça en me forçant vraiment à tout penser de façon mélodique. Ce qui est difficile c'est de persister dans cette voie jusqu'au jour du concert, car il y a un effet de surentraînement qui fait que parfois je n'entends plus que je joue trop vite, mais comme tu le dis, si on a suffisamment de passages qu'on a repérés pour les faire spécialement entendre au public, cela devrait tenir.

Toujours beaucoup plus facile à dire qu'à faire !! C'est parfois vraiment pas facile de ne pas laisser la musique s'emballer, et de garder le contrôle. J'ai regardé Kissin hier soir sur Arte, qui diffusait un concert de l'an dernier. Et au contraire j'ai trouvé qu'il en faisait parfois trop dans son rubato, la variété de son phrasé. Difficile d'imaginer que c'est de la musique d'un adolescent de 20 ans sous ses doigts tellement c'était sophistiqué !