Vous êtes gentils avec vos "ça va venir tout seul".

Je prends le risque de dire que vous avez suivi un cursus bien balisé, conservatoire dès 8 ans, bon prof., travail régulier pendant des années et vers 18-20 ans, tous les morceaux du répertoire à votre portée sans forcer, avec de bonnes bases de lecture, de technique des doigts, de maîtrise du clavier etc. Je ne suis pas vraiment débutant, puisque je joue n'importe quoi de Bach sans lever mon nez de la partition (sauf par moments, en cas de grand déplacement, plutôt rares dans son répertoire), mais ça ne m'empêche pas de mal connaître mon clavier, puisqu'il ne s'agit pas de déchiffrage, mais du jeu d'un morceau acquis.
Bien qu'il lui arrive souvent d'un peu trop forcer le trait, RationalPianist a raison dire que ça ne marche pas avec ceux qui "n'ont pas de talent". Plus qu'une question de talent, qui donnera évidemment un petit "plus", il y a un problème de bases. Quand on ne les a pas, ou qu'on les acquiert après coup, ce qui est mon cas, on est obligé de cibler les difficultés pour déconstruire ce qui a été mal construit pour mieux rebâtir, autrement, on entretient ses défauts indéfiniment et sans le vouloir.
Quand une construction a de mauvaises fondations, il est souvent préférable de la raser et de recommencer. Malheureusement, avec ce type d'apprentissage, on ne rase jamais complètement, il reste toujours plein de briques. Déjà qu'il faut avoir la volonté de tout reprendre à zéro. C'est ce que j'ai fait (avec beaucoup de masochisme) il y a quelques années, mais ça ne me suffit pas. Donc, je suis bien obligé de "me poser des questions" et d'analyser ce qui ne va pas, sinon, ça ne vient pas tout seul.
Mais bon, dans tous vos éléments de réponse, je trouve des indications intéressantes, le tout, c'est de les mettre en perspective et de comprendre pourquoi tel procédé marche avec untel, et qu'est-ce qui, dedans, a une chance de marcher avec soi. Parfois, le simple fait de savoir qu'une méthode carrément opposée est aussi viable permet de relativiser et de ne pas faire de fixation sur certains trucs dogmatiques (du genre "tu ne joueras qu'avec les doigts arrondis" ou, à l'inverse, "qu'avec les doigts aplatis"). A partir de là, on peut persévérer sans trop craindre de perdre du temps.
Cent fois sur le métier, remettez votre ouvrage (moi aussi, je connais de beaux proverbes).
