Comparatif Bohemia 132 et Samick 131

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Koll
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Comparatif Bohemia 132 et Samick 131

Message par Koll »

Un petit tour chez un revendeur m'a permis d'essayer trois pianos droits de grande taille, un Samick 131 coréen, le même indonésien, et le Bohémia concerto 132, alignés côte à côte.
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Voici mes impressions:

Le 26 février dernier, j'écrivais, en comparant avec le Bohemia 125 Pro:


"Le Samick WSU131MD est le plus grand des deux. A noter que ce modèle est - contrairement aux autres Samick en présentation - fabriqué en Corée, et non en Indonésie, comme les instruments de la série J.
Son prix s'en ressent puisqu'il est affiché à 6790€, contre 4880€ pour le modèle 131 indonésien.
Si l'on demande quelle est la différence, un vendeur répond: "une moindre longévité" pour les modèles fabriqués en Indonésie.
Je ne sais si la fabrication coréenne s'arrête définitivement et si le modèle essayé est une fin de série.

Au premier abord, en plaquant un accord, on trouve un instrument assez puissant avec des basses profondes. La longueur du son est tout à fait correcte.
En continuant, on compare les registres:
- les basses sont vraiment impressionnantes pour un droit, la taille de l'instrument n'étant pas étrangère à cela.
- les medium sont chaleureux tout en restant clairs et "tiennent tête" aux basses.
- arrive la mauvaise surprise, la faiblesse des aigus, complètement étouffés par les autres registres. Même en les jouant seuls, on se rend compte de leur manque de puissance: aucun projection, son qui s'éteint tout de suite.
On retrouve ces caractéristiques dès que l'on joue quelques morceaux: difficile de faire des nuances dans ce cas, il faut sans arrêt "brider" les basses et les médiums et "cravacher sur les aigus" pour obtenir un bon équilibre.
Certes on pourra en harmonisant diminuer la puissance des autres registres, mais que restera-t-il de la chaleur des basses et des médiums?

La mécanique est agréable, nettement plus que sur les petits modèles, essayés plus rapidement, mais elle devient fatigante à la fin.
Essais de trilles longs, d'arpèges, de traits, d'octaves...
Une assez bonne répétition, mais cette sensation de fatigue qui revient."


A cette description que je ne renie pas, il faut ajouter que ce modèle coréen est équipé d'une pédale tonale, assez rare sur un piano droit.


On est évidemment tenté de le comparer à son "frère indonésien" le Samick JS 131 MD:

Première surprise, assez désagréable: la mécanique semble "cotonneuse", pas franche, ce qui rend sa maîtrise difficile.
Quelques essais sur des trilles, des arpèges, des octaves, renforcent cette impression: va-ton pouvoir domestiquer ce clavier?
En revanche, l'équilibre si mauvais entre basses et aigus sur le Coréen, ne ressort pas autant, ces derniers étant moins "faiblards": des nuances doivent être possibles.

Cependant, la sonorité globale de l'instrument laisse apparaître une sensation de flou, même si l'on ne joue pas fortissimo.
On a beau surveiller sa pédale afin de pas noyer l'ensemble, et bien essayer de faire ressortir les nuances, le manque de précision sonore est évident sur l'instrument.
Pourtant, le timbre reste convenable: pas de basses métalliques, ni d'aigus criards, mais ce flou permanent.

Impression très mitigée donc, sur ce modèle indonésien, très en deçà du coréen décrit plus haut.


Le Bohemia Concerto 132 (7000€) provoque une tout autre sensation:

Dès les premières notes on a le sentiment de changer d'univers: certes ce piano est puissant - moins que les Samick en apparence - mais aucune sensation "brouillonne" ne vient troubler le jeu.

- les basses sont assez majestueuses, mais pas tonitruantes, avec beaucoup de fondamental, sans étouffer le reste du registre.
- les médium sont clairs et permettent des nuances sans problèmes.
- les aigus se détachent parfaitement, permettant de faire ressortir un chant.

La puissance ne vient donc pas tout écraser et permet des contrastes ainsi que des crescendos sans en mettre inutilement "plein la vue".

Certes, la mécanique semble un peu lourde au premier abord: c'est souvent la caractéristique des pianos tchèques.
Cependant, après quelque temps on s'habitue et le clavier permet néanmoins d'enchaîner des traits sans problèmes. Evidemment, ce n'est pas la vélocité d'un B211!
De même, quand on passe à un Seiler ou un Sauter de même taille, on monte encore d'un cran pour les possibilités musicales.

Conclusion: construire un piano droit grand modèle n'est pas si facile que cela à réaliser sans que l'instrument ne devienne un "m'as-tu vu" peu enclin à la musicalité.
Si Bohémia se sort bien de cet exercice pour un prix correct, il n'en est pas de même pour Samick.



En marge des ces essais, je signale un autre Bohemia: le R114, bien agréable, sauf pour les basses, un peu courtes et manquant d'ampleur.
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philmumu
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Re: Comparatif Bohemia 132 et Samick 131

Message par philmumu »

Merci pour ce comparatif détaillé et des plus intéressant !

Heureux possesseur d'un JS131, je ne me retrouve cependant pas dans tous les points que tu mentionnes, bien qu'assez d'accord sur d'autres.

Si je suis bien convaincu que le Bohemia 132 est un gros cran au-dessus (mais son prix aussi :wink: - un seiler sera certainement encore mieux et encore un peu plus cher, etc...), de même que sur la différence de qualité entre le JS131 indonésien vs le JS131 coréen, je ne constate par contre pas du tout le flou dans le clavier et dans le son. Le mien me semble justement très précis et réactif, surtout comparé à d'autres pianos sur lesquels j'ai de temps en temps l'occasion de jouer (un vieux Yam d'étude chez mes parents, des U1 et U3 d'occase chez mon vendeur, un Pleyel chez un ami...). Je reconnais volontier que les basses sont très puissantes, ce qui peux se qualifier pour certains de tape à l'oeil (ou aux oreilles), et que les médiums manquent un peu de présence. Ceci étant, je trouve toutefois l'ensemble relativement homogène.

J'ai toutefois une précision importante à apporter : il semble que chez Samick, la préparation des instruments en sortie d'usine est très en deça de ce qu'on trouve dans d'autres marques ou les instruments semblent mieux harmonisés (dixit mon vendeur qui travaille en direct avec l'importateur en Belgique). Il est donc très important de passer par un vendeur qui soit à même de très bien préparer le piano avant de le livrer. J'ai eu cette chance, et on 131 sonne vraiment très bien (aussi bien que le U3 d'occase pour lequel j'hésitais avant de trancher pour le Samick neuf). J'ai pu essayer mon piano avant qu'il ne soit préparé, et c'était une véritable casserole (j'étais à deux doigts d'annuler ma commande :D ). Il est donc possible que les 2 Samicks que tu as eu l'occasion d'essayé n'ai pas été préparé au top, mais juste accordés pour être mis en magasin sans plus de finitions.

Enfin, le son est une question de goût, et je suppose que ceux qui sont plus attirés par les Yamahas apprécieront les Samicks, alors que ceux qui préfèrent les son plus ronds lui préfèreront les piano allemands ou le Bohemia.
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