Une leçon particulière avec Hélène Grimaud pour 19 Euros

Théorie, jeu, répertoire, enseignement, partitions
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dominique
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Message par dominique »

Je viens d'écouter les 2, c'est de toute façon du très beau piano dans les deux cas, moi je préfère la 2ème version, surtout dans la dernière page, pour la musicalité qui est plus naturelle. Les nuances sont faites avec l'oreille, en tenant compte de la dynamique du piano. En tout cas, merci à ces 2 interprètes de nous donner à entendre de si belles choses.
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yannis
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Message par yannis »

dominique a écrit :la 5 de l'Op. 10 et la 12 de l'Op.25 STP
Les voilà :
http://omega.enstb.org/yannis/mp3/luga-chop10-5.mp3
http://omega.enstb.org/yannis/mp3/luga-chop25-12.mp3
Bonne écoute !
Es gab eine Zeit, wo ich nur ungern über Schubert sprechen, nur Nächtens den Bäumen und Sternen von ihm vorerzählen mögen. [R. Schumann, 1838]
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dominique
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Message par dominique »

Super merci. Je crois que je n'aurai pas le temps de déjeuner aujourd'hui, j'ai déjà fait brulé le contenu d'une casserole ainsi que la casserole, prise comme j'étais à écouter les études-tableaux ! :evil:
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quasimodo
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Message par quasimodo »

Je peux aussi demander quelque chose ? je voudrais Op.10 N.6. Ma souffrance quotideienne du moment ...
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yannis
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Message par yannis »

On lance les paris ?

ayant écouté la première version, j'ai eu l'impression que la deuxième traînait, qu'elle (ou il) voulait donner trop d'importance aux croches de la main gauche (alors que dans la partition il est marqué molto marcato pour la main droite et rien pour la mg). C'est un Rachma un peu lourd, avec certes une belle ambiance vers la fin, mais une impression générale de lourdeur

la première version m'a plu davantage, je la trouve plus dynamique, plus légère, plus ironique, plus dans l'esprit "étude" que dans l'esprit "tableau"

ayant écouté le concerto 1 de Brahms par grigri (que je trouve catastrophique par sa lenteur) je parie donc que la première est de Lugansky et la deuxième de Grigri.
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yannis
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Message par yannis »

quasimodo a écrit :Je peux aussi demander quelque chose ? je voudrais Op.10 N.6. Ma souffrance quotideienne du moment ...
Ça y est : http://omega.enstb.org/yannis/mp3/luga-chop10-6.mp3

bon courage !
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Dirlopiano
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Message par Dirlopiano »

Je suis d'accord avec Yannis. J'ai cru reconnaître le jeu maniéré de HG dans le deuxième extrait. Je préfère de loin la première interprétation!
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MelleGould
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Message par MelleGould »

......jaime le jeu raffiné de nikolai ... :oops:
vous avez ecouté son disque 4sonates de beethov?
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BM607
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Message par BM607 »

Si c'est un vote...
Pour ma part je trouve le premier certes plus brillant, mais sonnant moins "Russe" que le second (je suis d'origine Russe, je suis déformé ?), qui lui est trop maniéré.

Bref, difficile, mais une légère préférence pour le premier en final (après 3 écoutes de chaque pour me fixer !).

Alors c'est qui ??? (je ne serais pas fichu de mettre un nom sur l'un ou l'autre).

BM

NB : il est très bien ce site, en ce moment... Pourvou que sa doure !
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quasimodo
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Message par quasimodo »

Bon, comme peu osent se mouiller, je donne la réponse.
La première version qui a aussi ma préférence... est celle d'Hélène Grimaud, contre toute attente. Mais c'était une autre Hélène, qui avait alors 14 ans et ne dansait pas encore avec les loups ni ne se prenait pas pour une femme de lettres...

En général Lugansky est sublime dans Rachmaninov mais sur cette pièce-ci, qui ne laisse pas la part belle aux fulgurances virtuoses, il s'est fait coiffer par la gamine dont le jeu laisse apparaître en filigrane le sourire sarcastique de Rachmaninov...
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BM607
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Message par BM607 »

Et bien finalement elle ne jouait pas si mal la Grigri.

Dommage qu'elle ait mal vieilli... :D

BM
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Marie-france
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Message par Marie-france »

Sur ce coup-là je me serais trompée.
J'aurais vu le contraire, raffinement à Lugansky et Fantaisie à HG.
Mais comme dit BM, le 1er sonne moins russe, donc, là il y avait un doute.
Pour les gens avertis je me demande quelle serait pour eux LA version la plus proche.
En tout cas, pour ma part, je préfère la 1è. mon côté féminin? :?
1 point pour HG :)
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MelleGould
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Message par MelleGould »

ohlallalalaaa...... :twisted: et toi BM tu evolues comment? forcement on ne joue pas de la manière et tant mieux!!!! serait tellement triste... :?
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quasimodo
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Message par quasimodo »

yannis a écrit :
quasimodo a écrit :Je peux aussi demander quelque chose ? je voudrais Op.10 N.6. Ma souffrance quotideienne du moment ...
Ça y est : http://omega.enstb.org/yannis/mp3/luga-chop10-6.mp3

bon courage !
Argh! Déception!
C'est propre, avec un contrôle sonore très fin.
Mais c'est si lent, et "maniéré", du coup le drame intrinsèque de la pièce ne ressort pas comme comme je le souhaiterais. On dirait... du Grimaud! lol :lol:
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MelleGould
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Message par MelleGould »

:mrgreen:
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quasimodo
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Message par quasimodo »

Je ne résiste pas à la tentation de faire les portraits croisés d’Hélène Grimaud et de l’autre jolie blonde du piano, Valentina Lisitsa, les deux étant, fort probablement, les principales candidates au titre de pianiste femme la plus populaire aux USA (dans leur génération, évidemment, sinon la mère Argerich reste évidemment la valeur incontournable).

Les points communs sautent aux yeux : jolies, blondes, je l’ai déjà mentionné, et aussi le fait qu’elles soient toutes deux en exil musical aux USA, enfin qu’elles sont de la même tranche d’âge (encore que celui de Valentina est une information que je n’ai jamais pu établir avec exactitude). Mais cela s’arrête là. Après, tout semble opposer ces deux personnalités.

D’abord leur enfance musicale : Hélène, enfant terrible est orientée vers le piano vers l’âge de huit ans pour canaliser un trop-plein d’énergie qui inquiète vivement ses parents. Elle s’éprend immédiatement de l’instrument, progresse prodigieusement… on connaît la suite : conservatoire, le grand cursus, l’élève modèle, en quelque sorte, si l’on occulte ses tensions avec un professeur qui lui assigne des pièces pour lesquelles elle ne se sent aucune affinité, et aussi sa petite révolte contre la mode « musique contemporaine » alors très vive au CNSMDP, Hélène ne vibre que pour les romantiques. Valentina, elle, est mise sur une banquette de piano dans la tendre enfance par des parents mélomanes mais non musiciens. Valentina est cabotine et apprécie de se donner en spectacle, mais elle a une sainte horreur du travail et des exercices pianistiques, au point que sa grand-mère doit lui courir après dans toute la maison pour la faire asseoir au piano pour sa séance quotidienne d’une demi-heure. « Je ne cessais de regarder la pendule tant j’avais hâte que ces demi-heures, les plus longues du mondes, se terminent enfin ». Plus tard, adolescente, elle donne à la maisonnée l’illusion d’un travail acharné en répétant mécaniquement les passages difficiles de ses pièces, alors que, posés à la place des partitions, elle lisait des romans. Elle veut devenir championne d’Echecs et ne prend aucunement au sérieux le piano. Grâce à sa mémoire photographique des partitions et une excellente lecture à vue, elle parvient tant bien que mal à passer les grades, mais sans plus.

Un dernier point commun c’est que l’amour d’un homme a joué un rôle majeur dans leurs vies. Pour Hélène, c’est son engagement pour les loups qui en a résulté. Pour Valentina, c’est tout simplement… sa carrière de pianiste professionnelle : elle s’éprend d’Alexei (qui deviendra son mari), lequel est un élève brillant au conservatoire de Kiev. Elle décide de se mettre à travailler sérieusement pour pouvoir attirer son attention et le séduire.

Hélène est avant tout une femme de disques : elle enregistre son premier à quatorze ans. En 2003 elle signe pour DG, une major qui met en branle sa grosse machine marketing pour pousser cette artiste déjà charismatique. Hélène est hyper médiatisée, chose qu’elle semble apprécier car elle aime parler (et écrire). Contrat oblige (sans doute), Hélène se montre prolifique sur le plan discographique. Le Chopin/Rachmaninov du début de cette année est respectable mais ne révolutionne rien dans le jeu, en revanche Hélène a conçu elle-même son découpage de la sonate N.2 de Rachmaninov et s’en sort très bien, à mon avis.

Valentina a certes enregistré des disques, mais presque par hasard, chez Audiofon, (feu ?) label indépendant de Miami, spécialisé dans les prises de son en direct sans retouches. Le dernier album remonte à 1999. En revanche elle s’est lancée dans le support DVD qu’elle produit elle-même ; après les Etudes de Chopin, son deuxième consacré aux transcriptions par Liszt des chansons de Schubert vient de paraître. Expériences intéressantes mais qui déçoivent par le fait que les prises de vues ne soient pas entièrement en direct. En tout cas Valentina est « accro » à la scène. Son calendrier de concerts est impressionnant, par opposition avec Hélène qui se produit plus parcimonieusement.

(a suivre)
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quasimodo
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Hélène vs. Valentina (suite)

Message par quasimodo »

Dans l’approche du répertoire, le contraste est frappant. Alors qu’Hélène reste circonspecte et se consacre principalement (mais non exclusivement) aux romantiques, Valentina semble se jeter avidement sur tout ce qui lui chante, avec une prédilection marquée pour les pièces de grande virtuosité. Hélène donne une image d’interprète réfléchie et plus ou moins « spécialiste » tandis que Valentina, au risque d’apparaître comme superficielle se donne l’éclectisme et l’audace comme maître-mots.

Sur la scène, elles ont en commun de donner la part belle au langage du corps mais de manières très différentes, voire opposées. Chez Hélène on remarquera surtout les expressions faciales, souvent graves ou méditatives, se voulant reliées au contenu dramatique et émotionnel de la musique qu’elle joue, alors que Valentina, le visage souvent orné d’un sourire impavide, peut-être un peu suspect aux yeux de certains, fait participer tout son corps à la fête, allant jusqu’à danser sur les rythmes enjoués ou à esquisser le mouvement de se lever de sa banquette dans les moments paroxysmiques.

Les tenues vestimentaires sont aussi diamétralement opposées. Hélène aime une sophistication discrète, choisissant souvent (toujours ?) le pantalon. Valentina s’en tient à la sacro sainte robe longue mais toujours coupée de manière à exacerber ses charmes féminins. Hélène a surpris à deux reprises avec sa coiffure, il fut un temps où elle coupa ses cheveux presque à la garçon, puis aujourd’hui elle se teint en brune. Valentina arbore fièrement une chevelure abondante d’une orgueilleuse et incandescente blondeur naturelle.

Pourtant, paradoxalement, c’est l’exubérante Valentina qui se tient à l’écart des projecteurs médiatiques et promotionnels, l’on trouve bien peu d’interviews ou de commentaires qu’elle ait fait sur sa musique. Et c’est Hélène, en apparence plus sobre, qui livre tant de choses sur son histoire personnelle, sa perception des œuvres etc.

Il transparaît sans doute sans équivoque que ma préférence va à Valentina, plus nature, sans doute plus encline à séduire à la manière d’une femme fatale. Mais c’est surtout par la musique qu’elle s’impose dans mon cœur. L’idée, chère à Hélène, d’une musique qui s’adresse directement à l’âme ne m’enchante guère car je n’ai pas toujours la certitude d’en avoir une, d’âme. La musique de Valentina parle aux sens, délibérément, et le plus souvent elle fait mouche, sans le moindre besoin de recourir aux mots pour opérer chaque fois ce miracle de m’émouvoir.
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yannis
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quasimodo
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Message par quasimodo »

Pour ton concours, Yannis, il y en a à foison qui rivalisent. Je dirais que ta candidate peut faire figure de top model comparées à d'autres dont le respect m'empêchent de mettre la photo ici, d'autant plus que même sans le nom, elles seront reconnues, tant elles sont des légendes du piano...
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