Aria variations Goldberg: pas facile...

[curtis newton]

Bonjour à tous.

L'autre jour en faisant le ménage dans mes partoches, j'ai retrouvé le fasicule des variations Goldberg que j'avais acheté pour un jour où j'aurais le temps de travailler au moins l'aria.
L'apparente simplicité des premières mesures et la mémoire des enregistrements de Gould m'ont donné envie de vraiment m'y mettre, mais ça coince dès les 7-8èmes mesures .... Le chant "libre" et syncopé de la main droite se heurte à la rigueur contrapuntique de la main gauche.... enfin presque. Disons, que j'ai un peu de mal à placer la rythmique de ces mesures clef, car si celles-ci passent, d'autres plus loin passeront.

Avez-vous des trucs&astuces pour ce passage? Ou n'y-a-t-il que le ralenti qui marche?

Merci pour vos réponses.

[Rubato]

Je trouve qu'il n'y a pas vraiment d'astuces : il faut s'écouter (ce n'est pas toujours ce que je fais de mieux. ).
Et toujours, travailler tranquillement au métronome (je donne des conseils que j'ai du mal à suivre mais c'est pourtant ce qu'il faut faire).

[curtis newton]

En fait, le plus difficile est de placer les ornements (qui ne sont valables qu'à vitesse "normale").
Disons, qu'à la différence de toutes les autres oeuvres de Bach que j'ai étudiées et que je travaillais justement au métronome et dans un premier temps sans les trilleset pincés, celle-ci me parrait différente car elle n'est reconnaissable que bien ornée.
Mais finalement, je me pose peut-être trop de questions...

[dominique]

En fait, les ornements doivent être placés dans le travail au ralenti. C'est ce travail de compréhension de la place rythmique des ornements, du juste poids (des bons appuis) qui fera la belle exécution.

[Midas]

En effet, cet aria n'est pas si simple qu'il n'y paraît. Je me rappelle l'avoir pas mal bâclé au début, pressé que j'étais de m'attaquer aux variations. Ensuite, j'ai eu du mal à le remettre en place correctement. Il faut déjà jouer bien en mesure, éventuellement au métronome, comme le suggère Rubato (en contradiction avec son pseudo . Personnellement, compte tenu des difficultés rythmiques, j'ai décomposé, et j'ai ajouté les ornements au fur et à mesure, en commençant par les plus faciles (appoggiatures). On trouve le même genre de difficultés (en pire) dans certaines sarabandes de ses suites.

Ensuite, pour l'interprétation, c'est une autre paire de manches. Le tempo lent ne pardonne rien (bien que, pour ma part, je n'aime pas quand il est joué trop lentement, à la façon de Gould qui l'attaque à une allure de sénateur, avant de partir au triple galop dans la première des variations).

[alex2612]

il y a mille et une facon de jouer bach au piano . a commencer sans les ornements. comprendre les voix l'harmonie la mesure et passer au clavecin pour l'écouter avec ornements.
le tempo c'est la meme chose . on peut se permettre au piano de jouer moins vite. eventuellement avec les pedales bien controlées mais non substituées au tenues des voix par les doigts qui est la réelle difficulté de la piece pour un élève.
l'ornementation c'est la finition il ne faut pas négliger l'essentiel.
bon courage.

[curtis newton]

Merci pour vos réponses.
Après une petite séance cadencée hier soir, juste sur ces deux-trois mesures j'ai enfin saisi le rythme. Pour les ornements, je les ai effectivement mis de coté pour le moment (ce qui me déroute un peu mais c'est du à l'habitude de l'avoir entendu; il faut juste se déshabituer).

Midas: Gould a enregistré plusieurs versions des variations et la différence de tempo est flagrante entre sa première version "rapide" et sa dernière qui est plus...posée.

[Midas]

A ma connaissance, il les a enregistrées deux fois, la deuxième étant beaucoup plus "civilisée" que la première. Mais j'avais acheté la première version, qui avait assis sa réputation. Elle est techniquement époustouflante, mais pour la musique, on repassera (sans compter qu'entendre Gould bêler en bruit de fond est horripilant). C'était pour moi une découverte; j'explorais une par une toutes les oeuvres de Bach, qui m'avait envoûté, jusque-là, et je me rappelle m'être dit que sur ce coup-ci, Bach avait fait un truc didactique mais sans intérêt. J'ai fini par racheter ces variations au clavecin, par Gustav Leonhardt, qui faisait chanter son instrument (pourtant expressivement limité) mille fois mieux, et ce fut le déclic.

[curtis newton]

...(sans compter qu'entendre Gould bêler en bruit de fond est horripilant).

C'est vrai que ça gache un peu...

...J'ai fini par racheter ces variations au clavecin, par Gustav Leonhardt, qui faisait chanter son instrument (pourtant expressivement limité) mille fois mieux, et ce fut le déclic.

Ahh!?!? 'Connaissais pas et j'irais bien de ce pas me dénicher cet enregistrment.

(pourtant expressivement limité)

... mais je ne suis pas objectif.

[Midas]

Ahh!?!? 'Connaissais pas et j'irais bien de ce pas me dénicher cet enregistrment.

Mon disque est un vieux microsillon, mais apparemment, on trouve encore cette version facilement:
http://www.amazon.fr/Variations-Goldber ... B00018D5US

(pourtant expressivement limité)

... mais je ne suis pas objectif.

Objectivement, le piano a plus de possibilités dynamiques. Subjectivement... je préfère aussi le clavecin pour Bach, pour les raisons suivantes (plus ou moins liées):
1/ J'en aime beaucoup le son clair, brillant et net.
2/ Il ne permet pas de gommer le contrepoint: toutes les voix s'entendent clairement. Il fut une époque où les pianistes jouaient Bach en mode romantique (et en ajoutant beaucoup de notes). Cette époque est révolue, en partie grâce à des Gould (rendons-lui cette justice).
3/ Le son plutôt faiblard du clavecin est bien rendu (et amplifié) dans les enregistrements, alors que le piano est beaucoup plus dur à enregistrer. Le résultat en est nettement plus sourd qu'une audition directe, ce qu'accentue la tendance de beaucoup de pianistes à jouer trop feutré.

[alex2612]

et au clavicorde certaines pieces sont sublimes dont cette aria. je pense aussi au magnifique prelude en mibm de premier livre du CBT.
un instrument helas pas développé comme le piano ." mutation génétique d'un clavecin trafiqué qu'il faudrait temperé ".