je suis l'heureux propriétaire d'un nouveau piano, un demi-queue Erard de 1897 (n°76627), "modèle n°1", 212 cm, cordes parallèles, cadre assemblé "5 barres", 85 notes, palissandre, étouffoirs par en-dessous, attrapes au travers des marteaux. Un modèle très classique qui a été fabriqué pendant des décennies, en gros entre 1840 et 1920 (avec des évolutions mécaniques et harmoniques, bien sûr).
Je l'ai eu pour un prix dérisoire. Pour ce prix, il n'est pas tout frais bien sûr. Il a quelques bobos, plus ou moins graves, dans le désordre :
- marteaux bien marqués - ils méritent d'être changés (mon technicien me propose un jeu Abel)
- quelques ivoires ébréchés ou fendus - mais rien de grave
- une touche blanche légèrement vrillée (peut-être rattrapable en fléchissant la pointe d'enfoncement?)
- quelques fentes sur la table d'harmonie (toutes parallèles aux cordes, suivant les veines de l'épicéa), et trois points de décollement de barres. C'est la réparation que je juge la plus urgente.
- un côté plus clair que l'autre, et quelques ombres, étant resté des décennies dans la même position, côté long côté fenêtres, et premier abattant ouvert
- une corde aiguë est manquante ; sa voisine a été remplacée (on le voit sur la bouclette pas belle et le diamètre trop gros).
Sa mécanique est en état de marche, et mérite quelques réglages, ne serait-ce qu'un dressage de clavier. Ca, je me sens de le faire. Ses pédales sont très précises. Il est très désaccordé, mais homogène et pas loin du diapason : j'ai donc très bon espoir d'avoir un sommier en bon état ; ce qui n'empêchera pas le changement de chevilles au cas par cas. Les bouclettes sont séparées, de belles bouclettes à la française, ô merveille de précision.
L'autre soir soir je l'ai pris en photo, en profitant de la lumière rasante du soir : http://xavier-wohleber.magix.net/ (cliquer dans "Erard"). Du coup je n'ai fait la poussière qu'après. Il en reste pas mal entre table et cordes.


Lorsque j'ai voulu l'accorder, manque de chance, ma clef d'accord est trop grosse, elle ripe ou a trop de jeu sur ces chevilles à l'anciennes, je me suis trouvé fort frustré ! Un p'tit tour chez Manceaux-Guillemot sera utile.
Je le place à côté du Pleyel (même lien, cliquer dans "Pleyel"). Les cordes des deux instruments ont même longueur, bien que le Pleyel fasse 8 cm de moins (mais cordes croisées). Beaucoup de choses les opposent : le Pleyel est rondouillard, trapu, l'Erard est carré et fin. Les touches du Pleyel sont un poil plus longues que celles de l'Erard, d'un centimètre à peu près. Les cordes basses du Pleyel sont plus épaisses. L'un est tarabiscoté, avec un pupitre sculpté, des pieds tournés et rainurés, l'autre post-arts-déco est sobre et noir, annonçant les pianos d'aujourd'hui. Quand on regarde de très près, les cordes de l'Erard sont un poil plus longues mais plus fines.

Ca fait un peu marchand de pianos

Savez-vous quelle qualité de cordes on avait à cette époque? Encore des Firminy? Pour commander la corde manquante et sa voisine. J'ai souvent entendu que les aigus Erard // sont un peu faiblards. Peut-être l'occasion de changer ces cordes aiguës par de nouvelles?