Je suis d'accord avec tout ce qui vient d'être dit. Toutefois, il faut souligner que le "modèle" est surtout celui du CD, lequel est rarement constitué à partir d'une seule prise. Il est étonnant
de voir combien sont nombreuses les personnes qui pensent que les pianistes professionnels donnent des interprétations parfaites en public, ce qui est loin d'être le cas (il semble que quand on sait que c'est un pro qui joue, on entende moins les fausses notes

).
De très grands pianistes, même à l'ère du disque, étaient connus pour leurs fausses notes et cafouillages divers lors
de leurs concerts (et non des moindres, comme Cortot ou Horowitz, qui avait dû faire des raccords après l'un
de ses récitals
de retour à Carnegie Hall pour que le disque soit publiable) ce qui n'enlevait d'ailleurs strictement rien à leur valeur artistique.
Aujourd'hui encore, il est extrêmement rare que j'assiste à un concert où rien n'a été "raté", mais souvent les ratages ne s'entendent pratiquement pas. Les pianistes au jeu le plus "propre" qu'il m'ait été d'entendre était probablement Michelangeli et Gilels, très impressionnants en live, et dont le disque ne restitue pas réellement l'image (ceux qui ont eu la chance d'entendre Horowitz en concert, dont je ne fais pas partie, me disent la même chose).
Ce qui fait la différence n'est pas uniquement la perfection du jeu (les pianistes habitués à jouer en public font bien sûr beaucoup moins d'erreurs que les amateurs) mais une importante capacité à faire passer la musique qu'on joue quoi qu'il arrive. Je pense qu'il est important pour progresser
de percevoir que donner un sens et une continuité à ce qu'on joue a plus d'importance que
de se focaliser sur la pure perfection instrumentale (qu'on a peu
de chances d'atteindre en passant un temps limité devant son instrument). C'est peut-être une piste pour gérer le trac.