Midas a écrit : ↑mar. 21 sept., 2021 9:20
Quand je me suis mis au piano, en autodidacte, il y a longtemps, j'ai pris les partitions du Clavier bien tempéré de ma mère: éditions Durand, doigtées par... Gabriel Fauré "himself". J'ai respecté scrupuleusement tous les doigtés indiqués dans les multiples pièces que j'ai travaillées, la substitution de doigts était devenue très naturelle chez moi au point que, lorsque j'ai décidé de prendre des cours de piano bien des années plus tard, on m'a dit que j'avais "une technique d'organiste". J'ai eu du mal à me mettre au jeu détaché, mais maintenant, ça va, et effectivement, je trouve que ça donne du relief de bien mixer les deux.
C'est juste qu'à l'orgue, les possibilités de lier de manière acrobatique sont supérieures à celle d'un piano (surtout d'un piano à queue "dur"), et notamment il est facile de glisser sur les touches, mais il est facile aussi de faire de la bouillabaisse (ou du Messiaen, peut-être
). Quant au legato du pédalier, là aussi, il y a bien des possibilité (glisser, substituer, talons-pointes), mais on n'est pas à l'abri de faire des pâtés ou de faire claquer les pédales.
Avis que je partage.
Je pense qu'il est important d'avoir un bon jeu lié à l'orgue dès le départ, quitte ensuite à travailler le détaché, qui est un
louré en réalité en baroque.
Finalement, jouer Bach et consorts détaché/louré permet d'éviter certains écueils, notamment à la pédale.
Les organistes sont les champions des substitutions dans le doigté.
Jouer lié est plus difficile, me semble-t-il, car comme tu le dis, on est souvent contraint à faire des doigtés acrobatiques, qu'on n'utilise pas au piano, sans compter le talon-pointe qui est loin d'être simple.
On ne le remarque pas si on n'est pas averti, le jeu de l'organiste paraît plus simple qu'au piano, est souvent moins spectaculaire, mais selon les morceaux le travail du doigté est à lui seul un sacré travail, qui devient avec le temps quasi intuitif, bien entendu.
La question du doigté m'a beaucoup servi au piano, et pour certains morceaux avec des notes tenues, dans un passage
choral, on a aussitôt les bons réflexes, surtout sans la pédale
forte.
La pédale au piano permet souvent de s'affranchir de notes tenues, elle sert même à cela quelque part, mais je fais remarquer à mes élèves qu'il faut être très prudent sur la question : les notes doivent être tenues dans leur valeur dès que c'est possible, et la pédale doit être utilisée au minimum, dans le sens de l'économie en somme.