Chapitre 1

Hors-sujet, questions sur l'utilisation du forum...
anuradha
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Chapitre 1

Message par anuradha »

Voici les premières lignes d' une nouvelle qui j' espère vous inspirera, chacun étant libre de continuer l' intrigue à sa guise.
Pour le respect de chacun, ne pas utiliser les noms existants dans ce forum. Les commentaires peuvent se faire en caractères ordinaires,l' histoire elle même en italique. Bon, je commence...

c' était déjà l'aube d' un hiver glacial. Louis venait de se réveiller. Cheveux hirsutes, d' un pas mal assuré, il se dirigea vers son salon où tronait son piano. Il comptait les semaines depuis qu' il avait accepté de donner un récital à l'ambassade d'allemagne en faveur d' une association caritative. Avait-il eu le choix d' ailleurs ? La femme de l' ambassadeur qui avait eu vent de son talent avait tellement insisté qu' il avait finir par dire oui. Leur dialogue s' était clos sur le choix du programme et Louis ne l' avait assuré de rien quand aux morceaux qu'il jouerait. Alors ce matin là, de si bonne heure, de quoi avait-il envie ? d' un bon café ou un brahms tout de suite ? Il s assit tranquillement, posa ses mains sur les touches. Il resta immobile.Leva les mains. Les reposa. "Allez" se dit-il tout bas. Rien ne voulait sortir. Il ne pouvait pas voir oublié tout son programme en une nuit. Il leva les mains une nouvelle fois et quant il toucha une note un bruit sourd s'enfuit du piano. Probablement son crayon tombé. Il se leva en soulevant la lourde armure laqué noire et apercut un billet coincé entre deux cordes.Il ouvrit le papier plié en deux et lut: " ...
Sensible mais tonique
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Marmou
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Re: Chapitre 1

Message par Marmou »

haaaaaaaaaaan !!!
Quelle cruauté ! t'arrêtes pas comme ca!
La suite, allez !!!
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D. Cowl
maldjian
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Re: Chapitre 1

Message par maldjian »

Excellent !!!!!!!!!!!!!!! une suite.( en cette période de noel, évadons-nous....)
daniel
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jean-séb
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Re: Chapitre 1

Message par jean-séb »

Il ouvrit le papier plié en deux et lut: " Ich liebe dich". Enfin, il déchiffra plutôt qu'il ne lut, car ces mots étaient écrits à l'encre d'une écriture nerveuse et angulaire qui lui sembla venir d'un autre âge. Du reste, le papier lui-même était jauni et sec. Pourquoi ce papier se trouvait-il là, voilà ce qu'il ne s'expliquait pas vraiment. Certes, il n'y avait pas si longtemps qu'il jouissait de ce piano fameux qu'il avait pu racheter par l'entremise de l'ambassadrice ; lui revenaient en mémoire ces mots qu'elle lui avait dits avec l'esquisse d'un sourire, au moment de conclure l'achat : "Vous verrez, vous ne le regretterez pas, ce piano a une histoire, c'est le piano de ...
Modifié en dernier par jean-séb le sam. 22 déc., 2007 15:37, modifié 1 fois.
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burns300
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Re: Chapitre 1

Message par burns300 »

c'est le piano de Kurt Straffenberg. Ce monsieur, plein de talents divers, était bricoleur à ses heures. Il a donc construit lui-même son piano à partir des meubles de sa belle mère qu'il n'aimait pas et qui venait de décéder. Il a tellement peiné pour fabriquer ce piano, qu'il a dù se reposer une semaine entière, sans manger. A la sortie de ce repos, il s'est mis à son piano et a commencé à...
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Rachma
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Re: Chapitre 1

Message par Rachma »

Rrro moi je voulais que ce soit celui de Clara S et que le petit mot, et ben il venait de monsieur Brahms..... :roll:
"La musique n'est pas une poubelle dans laquelle on jette impunément ses échecs personnels" Cortot
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jean-séb
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Re: Chapitre 1

Message par jean-séb »

il s'est mis à son piano et a commencé à...»
Mais Louis n'écoutait déjà plus l'ambassadrice et ne croyait d'ailleurs pas à cette histoire à la Bernard Palissy. Il se disait que ce Kurt Straffenberg avait tout d'un pseudonyme, d'un héros de feuilleton radiophonique et il se demandait pourquoi l'ambassadrice lui racontait de telles sornettes.
Il avait complètement oublié cette affaire quand la vue du billet griffonné de ces seuls mots "Ich liebe dich" la lui fit remémorer. Dans l'état de rêve éveillé où il était, il s'imaginait que peut-être ce billet avait été caché dans des meubles dont le piano, aux dires de l'ambassadrice, aurait été fait.
"Allons, il faut s'y remettre", se dit-il en reposant ses doigts sur le clavier, et il s'entendit jouer, presque involontairement, "Ich liebe dich", dans une belle transcription ornée de la mélodie de Grieg. Il avait à peine achevé que la sonnette retentit de deux petits coups secs. Il n'attendait personne. Il se leva, ouvrit la porte et resta interdit en voyant ...
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BM607
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Re: Chapitre 1

Message par BM607 »

Il se leva, ouvrit la porte et resta interdit en voyant un vieil homme, tout déguenillé, les cheveux ébouriffés, tenant dans la main une lanterne allumée.
L'étranger avait un regard étrange, le regard d'un fou perdu à jamais dans ses rêves impossibles.
Il recula, effrayé. Le vieil homme ne bougeait pas, semblant perdu à jamais hors du monde des vivants.
Dehors, le vent s'était levé, agitant les branches des grands arbres comme autant d'appels au secours, des appels qui ne seraient jamais entendus, des secours qui ne viendraient jamais.
Louis osa un timide "bonsoir, vous désirez quelque chose ?"
Sa voix était tremblante, mal assurée.
Le vieil homme sembla alors s'apercevoir de sa présence, et le fixa de ses yeux vides comme une nuit d'hiver. Il dit d'une voix semblant venir d'un autre âge :
"C'est ici qu'est LE PIANO ?"
Les idées les plus folles passèrent dans la tête de Louis... était-ce...Kurt ?
"Il n'y a que ce piano", répondit-il en montrant d'une main tremblante l'instrument dans le salon
Le vieil homme devint comme fou. Il se jeta sur l'instrument. Mais, arrivé devant le clavier, il s'arrêta net, ses épaules retombèrent. Il resta quelques instants comme un statue figée de toute éternité.
Louis retenait son souffle.
Il entendit le vieil homme dire dans un murmure "non, non, ce n'est pas lui, ce n'est pas le piano parfait...".
Sans relever la tête le vieil homme sortit, passant devant Louis comme si celui-ci n'existait pas, comme s'l n'avait jamais existé. Il se fondit dans la nuit, comme une bougie qu'un souffle de vent éteint à jamais, poursuivant son voyage qu'on devinait éternel.
Louis retourna vers le piano, l'esprit en déroute, ....
Je ne crains pas le suffrage universel, les gens voteront comme on leur dira.
A. de Tocqueville
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jean-séb
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Re: Chapitre 1

Message par jean-séb »

Louis retourna vers le piano, l'esprit en déroute, se demandant s'il n'avait pas rêvé tout ça. L'angoisse du concert de demain l'avait tenu agité toute la nuit ; il se reprochait d'avoir accepté ce concert, lui qui les avait toujours refusés depuis le fameux scandale ; dans ses nuits au sommeil difficile, entrecoupé de réveils en cauchemar, des images revenaient sans cesse de ce jour maudit à la suite duquel il s'était juré qu'il ne jouerait plus jamais en public.
Mais petit à petit l'aube éclairait à travers les deux fenêtres qui donnaient sur les toits couverts d'une fine couche de givre. Un frisson parcourut Louis qui se dirigea vers la kitchenette pour se faire enfin un café et chasser toutes ces impressions étranges. Tout cela lui paraissait en fait n'avoir jamais existé, maintenant que le jour redonnait aux choses leur forme réelle, immuable et rassurante. Tout n'était donc que rêve, tout, enfin, tout sauf le billet quand même, qui était bel et bien là. La tasse de café dans une main et le billet dans l'autre, il s'approcha d'une fenêtre pour le relire à nouveau et s'aperçut avec surprise que tout à l'heure, il n'avait pas vu qu'à côté des trois mots écrits à l'encre, il y avait aussi une sorte de petit dessin au crayon qui représentait ...
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Rubato
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Re: Chapitre 1

Message par Rubato »

Qui représentait quoi, d'aiileurs ? C'étaient deux petits triangles inversés et non fermés. Où avait-il vu cette image ? Il se mit à chercher. Tout d'un coup, cela lui revint, il avait vu cela dans une biographie de Mozart. Etait-ce celle de Brigitte et Jean Massin ? Il alla chercher ce livre dans sa bibliothèque et, fébrilement, se mit à tourner les pages. C'est alors qu'il le découvrit : c'était donc celà ! C'était un symbole franc-maçon ! Il compara avec le dessin . Le doute n'était pas permis. Cela le passionnait de plus en plus. Il se mit à observer de plus en plus près cette iicône. Un détail, qu'il n'avait pas remarqué jusque là, l'intrigua. Il y avait là six notes de musique. Six petites notes. cela lui faisait penser au thème d'une fugue de Bach. Il se mit alors à penser au "Thème du Roi", offert au Cantor par Frédéric II de Prusse et qui devait servir de génèse pour l'Offrande Musicale. Il avait lu récemment un ouvrage sur cette histoire . Cela s'appelait "La dernière Cantate". D'après l'auteur de ce livre, ce thème avait été repris par Mozart, Beethoven, Wagner, Webern...Webern, précisément était mort en 1945 , tué par un soldat américain à la d'une suite d'un stupide accident. se pouvait-il que cet accident n'en fut pas un ? Et quel rapport avec ce piano ? Le mystère s'épaississait.
Le tempo rubato est comme le vent jouant dans le feuillage d'un arbre dont les branches ne bougent pas.
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velours
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Re: Chapitre 1

Message par velours »

Louis reposa le billet. Plus tard, se dit-il, j'aurais le temps d'étudier ce mystère. Il se remis donc à repeter pour son concert. Le temps à présent lui faisait défaut, et il se dit, qu'il ne pourrait jamais être prêt à temps. A moins que ..., a moins qu'il ne leur joue son cheval de bataille. Oui je leur interpreterai ma fidèle étude révolutionnaire de chopin. Après tout, ce n'est pas forcément un public de grand connaisseur, et ces petites pièces virtuoses font toujours leur effet.
Louis cala nerveusement son tabouret, croisa ses doigts, et commença à jouer une révolutionnaire endiablée, quand soudain, alors qu'il plaqua un accord dans l'extrème grave, un affreux couac se fit entendre. Surpris, Louis qui n'avait pas l'habitude de faire de fausses notes, recommença la mesure, et de nouveau re-couac. Diantre, ventre saint gris, s'exclama t'il, suis-je donc à ce point maudit ? Après être passé par toute les couleurs, Louis se ressaisit. Non cela ne vient pas de moi. Ce piano est plein de surprises, mais hélas je n'ai pas eu le temps de le faire reviser. Impossible de trouver un accordeur competent . Une fois de plus, il faudra qu'il fasse le travail lui même. Et c'est ce qu'il fit : Louis inspecta les cordes une pas une : rien. Puis les marteaux, mis à part une trace d'usure trop marquée sur les feutres, et un leger desaxage, il ne nota rien qui ne saurait expliquer ce couac. Il commença à desesperer quand son attention fut attirée par un etouffoir mal aligné. En s'approchant de lui, il vit un bout de papier entourré autour. Il detacha le bout de papier sur lequel etait griffoné quelques nouvelles notes ...
Modifié en dernier par velours le dim. 23 déc., 2007 21:32, modifié 1 fois.
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jean-séb
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Re: Chapitre 1

Message par jean-séb »

Il détacha le bout de papier sur lequel étaient griffonnées quelques nouvelles notes qui n’éveillèrent aucun souvenir précis. Ces notes étaient écrites dans la marge de ce qui paraissait être un articulet de journal allemand, surement ancien : le papier en était jauni et craquant et l’article était écrit en lettres gothiques. Louis le lut sans peine, il n’avait quand même pas passé en vain plusieurs années comme professeur associé à la Hochschule für Musik und Theater de Munich. C’était un simple avis de décès, entouré d’un liseré et orné, vers le bas, d’un compas et d’une équerre qu’il reconnut pour être sensiblement identiques au symbole aperçu sur l’autre billet ; on annonçait la mort, le 13 juin 1886, de Kurt von Straffenberg. Louis fut d’abord étonné de lire ici le nom qu’avait mentionné l’ambassadrice, puis fut ensuite rassuré de ce qu’elle ne lui avait finalement pas raconté n’importe quoi sur l’origine de ce piano. « C’est drôle, cette date me dit pourtant quelque chose » se dit Louis, tout en observant que l’avis de décès ne mentionnait pas de cérémonie funèbre et se terminait par ce vers célèbre de Goethe qu’on peut traduire par « Mes amis, vous verrez aussi la lumière si vous me suivez dans ces ténèbres.»
Il se rappela qu’il devait téléphoner à l’ambassadrice pour donner la liste des morceaux afin qu’on puisse imprimer le programme pour demain et il n’était toujours pas fixé … Que faire, que jouer ? Et ces curieux incidents, ces papiers mystérieux ? Des pensées indécises tournaient en tous sens dans sa tête quand son portable sonna en jouant – ça le frappa immédiatement – l’air qu’il avait lu tout à l’heure sur le billet, mais qu’il était pourtant bien sûr de ne pas avoir téléchargé lui-même sur son portable tant il avait horreur de cette cacophonie pseudo-musicale. Prenant l’appel, …
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Rubato
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Re: Chapitre 1

Message par Rubato »

Prenant l'appel, il entendit une vois étouffée lui dire d'un ton menaçant : "Chi va piano va sano. Piano ma non forte. Et pas de fugue ! Rapelle-toi le grand opéra. L'interlocuteur mystérieux lui raccrocha au nez dans un grand éclat de rire, lourd de menaces. Que cela pouvait-il signifier ? Quel danger planait sur la tête de Louis ?

le chapitre 2 est prévu ? :shock:
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burns300
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Re: Chapitre 1

Message par burns300 »

Raccrochant subitement son portable, il se concentra sur cette petite mélodie. Elle ne contenait que 5 notes: une seconde, sa tierce majeur, la fondamentale, la fondamentale en grâve et la quinte...juste, la quinte. il s'approcha du piano, posa la main droite sur le clavier et, timidement, avec précaution, joua les cinq notes. Aussitôt, une image s'imposa à son esprit... Une montagne? Non, plutôt une colline mais avec un sommet escarpé comme un pithon... Mais, mais....je deviens fou, pensa-t-il...
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Marmou
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Re: Chapitre 1

Message par Marmou »

Ce que vous ne savez pas, c'est que je collecte tous vos petits bouts d'histoire et que je vais publier un bouquin en m'appropriant les droits :twisted: :twisted: :twisted:

Non, sérieux, j'adore l'histoire, et je préfère la lire plutôt qu'y participer, parce que je suis pas trop doué et je voudrais pas vautrer le truc ^^ :mrgreen:

Continuez! =D> =D> =D>
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jean-séb
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Re: Chapitre 1

Message par jean-séb »

Mais, mais....je deviens fou, pensa-t-il... Et tandis qu’il en était là de ses réflexions, le piano se mit à trembler, puis à danser en se tenant alternativement sur l’un de ses trois pieds. Louis regardait hébété, sans comprendre mais fasciné. Dans sa danse, le piano frappait le sol de coups sonores rendus encore plus puissants par la résonance des cordes. « Ces coups, pourquoi ces coups ? » se demandait Louis, qui se rappelait avoir jadis fait tourner les tables et parler les esprits. « Qui veut donc rentrer en communication avec moi ? » Mais alors qu’il réfléchissait intensément et espérait comprendre le mystérieux message, un violent éclair l’aveugla et le fit gémir de douleur.
« Excusez-moi, Louis, je ne voulais pas vous réveiller en allumant la lumière … » dit une voix avec un fort accent « mais je me suis permise de demander au médecin de l’Ambassade de venir pour vous examiner … »
Louis écarquilla péniblement les yeux, regardant autour de lui sans reconnaître où il était, allongé sur une méridienne en velours vert.
« Mais …je voulais justement vous téléphoner pour le programme. »
« Le programme ? Quel programme ? Vous avez été superbe, Louis. Mais sûrement vous avez mis trop de vous-même et d’intensité émotionnelle pour vous évanouir comme ça. »
« Évanoui ? Où ça ? »
« Louis, vous nous avez fait bien peur. Vous vous êtes évanoui à la fin de ce dernier morceau de votre récital. Je voulais encore vous remercier pour votre extraordinaire participation, et si vous ne vous étiez pas évanoui si longuement, Madame Berret-Kowinski vous aurait remercié elle-même. Tout le monde a été enchanté. »
« Mais mon récital est demain et je dois vous en donner le programme. »
« Louis, vous êtes encore choqué. Votre récital avait lieu aujourd’hui et vous avez joué merveilleusement. Mais cela fait bien une heure que vous êtes ici, dans un état inconscient et agité. Laissez le docteur vous examiner, si vous le voulez bien, et j’appellerai un taxi pour vous reconduire. Ah, si, avant qu’il vous voie, voulez-vous me dire le nom de ce dernier morceau que vous avez donné en bis et qui n’était pas annoncé ? Personne n’a su le reconnaître autour de moi et pourtant il a semblé à plusieurs personnes que cette musique nous parlait d’une manière intime et profonde. Dites, de qui était-ce ? »
« Le dernier morceau ? »
Louis ne se rappelait rien de ce concert. C’était comme si cela n’avait jamais existé. Quel morceau avait-il pu jouer en bis ? D’une voix faible et fatiguée, il laissa tomber :
« Kurt von Straffenberg ».
L’ambassadrice sourit pour remercier. « C’était vraiment très beau. » et elle sortit pour faire entrer le médecin. Puis repassant la tête dans l'embrasure de la porte, elle dit à Louis "Ach, j'allais oublier, si je ne vous revois pas, frohe Weihnachten, Ludwig."


FIN DU CHAPITRE I.
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burns300
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Re: Chapitre 1

Message par burns300 »

Bravo à tous!!! =D>
jean-séb + Rubato + Velours + BM607 + anuradha...

Vivement le 2e chapître :P

allez, les autres, on s'y colle... [-o<
peu de fruits, mais mùrs
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badeno
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Re: Chapitre 1

Message par badeno »

CHAPITRE 2 (fallait-il ouvrir un nouveau post?)

Plusieurs jours avaient passé depuis ce fameux concert.
Au lieu de se sentir galvanisé par son succés, Louis s'enfonçait dans une morosité inexplicable. Il ne comprenait vraiment rien à ce qu'il s'était passé...Avait-il rêvé? Pourquoi ne se souvenait-il de rien? Etait-il dans la réalité ou dans un rêve illimité? Avait-il rêvé tous les événements des jours précédents? Et qui était ce fameux Kurt von Straffenberg dont le nom lui avait échappé malgré lui? Devenait-il........FOU?

Et ces petits papiers, les avait-il également rêvé? Car il avait beau chercher, dans tous les coins et recoins de sa demeure, il ne les trouvait plus! Louis passait son temps à se torturer l'esprit, à fureter partout à la recherche de ces maudits bouts de papiers, il en perdait l'appétit, le sommeil, et même l'envie de jouer.
Son piano semblait tout triste, en deuil et se recouvrait lentement d'une couche de poussière dans le silence écrasant de la maison qui n'était plus animée par les joyeuses mélodies que jouait Louis jadis.......

Au bout de quelques semaines, le voyant si déprimé, amaigri et présentant d'évidents troubles psychiques, son épouse décida de prendre les choses en main et le força à consulter le Dr Brockensee, éminent psychiatre très renommé.
Le jour du rendez-vous, Louis se traina péniblement jusqu'au cabinet du médecin, leva une main tremblante pour sonner........quand soudain, la porte s'ouvrit et Louis se retrouva nez à nez......
La "clé d'sol", ça sert à accrocher la musique!
N. (4 ans)
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jean-séb
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Re: Chapitre 1

Message par jean-séb »

la porte s'ouvrit et Louis se retrouva nez à nez avec l’ambassadrice qui lui barra le passage et claqua aussitôt la porte derrière elle. Tout sourire, elle s’écria :
« Ah, Louis, ça alors, quelle surprise. Méchant, vous n’avez pas donné de nouvelles depuis votre concert. Comment se fait-il que vous veniez ici ? Vous connaissez donc mon frère ? »
« Votre frère ? Euh, non. Je viens voir le Docteur Brockensee, j’ai rendez-vous. »
« Oui, le docteur est mon frère, enfin, mon demi-frère, en fait. Sans vouloir être indiscrète, vous venez pour une consultation ? »
Louis n’aimait pas tellement les questions aussi directes, et il bredouilla une sorte d’explication selon laquelle sa femme avait cru bon de prendre rendez-vous pour lui mais que ce n’était pas vraiment nécessaire, qu’il était simplement fatigué, que tout allait s’arranger, il suffisait d’attendre et d’ailleurs …
Un claquement de coup de feu interrompit ses piteuses explications, coup de feu qui semblait venir de l’intérieur.
L’ambassadrice tira Louis par la manche en essayant de l’entraîner au bas du perron et lui dit :
« Venez, ce n’est pas la peine qu’on nous trouve là. Dans ma position, il faut toujours éviter les contacts avec la police qui ne va pas manquer d’arriver je suppose. »
« Peut-être qu’on devrait tenter de porter secours … »
« Ne soyez pas naïf. Porter secours à qui ? Et comment ? C’est sûrement trop tard et ça ne nous regarde pas. Mon chauffeur est là, Louis, si vous voulez que je vous dépose quelque part, dites-le moi, je dois rentrer tout de suite. »
Louis voyait bien que l’ambassadrice était assez agitée, et qu’elle jetait des regards à gauche et à droite comme si elle craignait d’être reconnue ici.
« Je préfère marcher, merci de votre proposition. » dit Louis. Elle s’éloigna rapidement et se dirigea vers une limousine garée à l’angle de la rue. Elle s’arrêta un instant, se retourna en regardant Louis et en posant son index sur sa bouche d’un air mystérieux, puis repartit en prenant ses gants de la poche de son manteau. Louis observa qu’elle fit alors tomber de sa poche quelque chose, et le temps qu’il se décide à crier pour lui signaler, elle était déjà partie. Il s’approcha de l’endroit où il avait vu tomber quelque chose ; parcourant le trottoir du regard, il repéra un papier qu’il ramassa, en se disant qu’il était sûr d’avoir déjà vu ce papier...
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velours
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Re: Chapitre 1

Message par velours »


A ce moment là, elle vit la limousine revenir precipettement, la porte s'ouvrit et l'ambassadrice le somma de monter immédiatement : Montez vite, il en va de votre vie. Abasourdi, Louis optempera et monta dans la limousine, tout en mettant le petit billet dans le revers de sa veste. Louis s'appreta à interroger l'ambassadrice sur toute la signification de ceci, mais fut précédée par son hotesse : "Louis mon cher Louis, lui dit l'ambassadrice, il est des choses que je dois vous dire. La musique à ses secrets, des secrets que vous n'oseriez même pas imaginer. Ne vous êtes jamais vous demandé mon cher Louis, pourquoi certains compositeurs se sont élevés vers les sphères célestes et pas les autres. Croyez vous que les Bach, Mozart, Beethoven ne doivent leur génie qu'à eux même ? Connaissez-vous le mythe du livre de musique ?" Louis resta interlocqué : de quoi pouvez-t'elle bien parler ? Le livre de musique, etait-ce le savant traité de musique de Rameau (dont il avait oublié le nom) ou une invention d'un esprit dérangé.
En temps normal, Louis, qui bien que versé un peu dans l'esoterisme, restait essentiellement un cartésien, aurait rejeté d'un revers de main, une idée aussi saugrenue. Mais les evenements d'aujourd'hui avait mis à mal ses défenses naturelles, et plus rien ne l'étonnait. A sa grande surprise il était prêt à tout entendre.
Totalement absorbé par ses pensées, Louis ne remarqua pas que la voiture filait à grande vitesse sur une petite route sineuse. Brusquement le chauffeur signale à l'ambassadrice : "madame nous sommes suivis"
Modifié en dernier par velours le mar. 25 déc., 2007 20:02, modifié 1 fois.
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