1945-2022

Théorie, jeu, répertoire, enseignement, partitions
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Nick Borderline
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Re: 1945-2022

Message par Nick Borderline »

Capucine a écrit : jeu. 05 janv., 2023 9:02 :D Heureusement que nous vivons dans un pays démocratique où toutes les expressions sont possibles qu'elles soient artistiques, politiques etc...
En effet Capucine, le principal dans tout cela est que nous gardions notre liberté de jouer la musique que l'on aime. Je constate que l'Asie vénère aujourd'hui la musique classique occidentale et que 4 jeunes pianistes sur 5 dans le monde sont Chinois. L'évolution est saisissante quand on pense que pendant la révolution culturelle, la musique occidentale fut bannie de Chine et remplacée par des Yanbangxi composées selon les consignes de la femme de Mao.
Niccolò Messina
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Re: 1945-2022

Message par Niccolò Messina »

On peut distinguer le style contemporain de la masse des styles du XXe siècle. Le contemporain n'est qu'un style, il y a le néo-classique, le minimalisme, le spectral... Tout n'est pas total-chromatique ou méta-dodécaphonique. Le Boléro de Ravel est classé par sa date, son aspect d'expérimentation, dans la musique moderne. Pourtant qui peut lui résister ? Il y a Carmina Burana d'Orff aussi. Et pour ceux qui fument la moquette en compagnie d'autres hippies, les minimalistes.

Mais chez Glass, il y a le concerto pour violon, dont le finale est un modèle d'achèvement, ainsi qu'une curiosité qui mérite le détour, l'opéra La Belle et la Bête, d'après le film de J. Cocteau.

Que la musique contemporaine soit inécoutable présente par ailleurs un intérêt en soi : en partie, elle prend le contrepied de la joliesse et du mélodisme. L'art contemporain interroge l'art, dit-on, car pourquoi l'art serait-il beau ? Mais ce n'est pas tout : il est lié à la vie trépidante, au tout-économique, à la surconsommation, aux diverses folies, à l'aspect industriel, à la quantité industrielle, à l'individualisme, à la solitude extrême. On ne trouve pas tout cela chez Chopin, Beethoven.

Fritz, si tu veux un parcours, je pense que tu l'as commencé. Outre les exemples qui t'ont plu sur ce fil, il y a forcément quelque chose de la période 1945-2022 qui t'a plu... ta lettre à élise du XXe siècle à toi. A toi de la retrouver, de la réécouter et de procéder par affinités électives. J'ai des listes mais elles sont subjectives. Certes, je ne vais pas te diriger vers l'incroyablement antimusical Variations pour une porte et un soupir de Henry... et pourtant, n'est-ce pas d'une certaine façon essentiel ? Quoi de plus portatif et soupirant sous le rapport variationnel ? Car partir à la découverte de la musique contemporaine, c'est apprendre à comprendre notre propre société.

Je me remémore une réplique qu'un général franquiste a dite devant Guernica, dans l'atelier de Picasso :
--- C'est vous qui avez fait cela ?
--- Non, c'est vous.

EDIT : une surprise, les mystères du Macabre de Ligeti, en style contemporain version comique et mystérieuse,
Modifié en dernier par Niccolò Messina le jeu. 05 janv., 2023 14:53, modifié 1 fois.
Oukee
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Re: 1945-2022

Message par Oukee »

Pour illustrer le travail sur le rythme : j'aime beaucoup ce morceau de John Adams pour 2 pianos :


Philip Glass a écrit aussi "Movements", pour 2 pianos, et j'avoue être accro à l'élan irrésistible de ces morceaux (au passage, les harmonies sont plutôt tonales):
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Re: 1945-2022

Message par roulroul2 »

- la jeune compositrice française Camille Pepin qui a composé en 2018 cette très belle pièce pour voix violoncelle et piano Dancing Poems III et IV
Je viens d’écouter ça, consciencieusement, en HiFi, et sans a priori. Plusieurs réflexions, qui méritent réflexion. Je vais essayer de m’intéresser, de peser le pour et le contre, pas uniquement à charge. Il y sans doute un coté technique de la musique contemporaine qui m' a échappé, on sent quand même bien des l'intro le coté actuel de la chose (2018, je crois) Il est nécessaire de bien rentrer dans la musique, de bien s'en imprégner, ce n'est pas quelque chose qu'on écoute en musique de fond, c'est quand même assez riche en sonorités (violoncelle, piano, voix humaine ) tout ça se mixe bien, s’entremêle bien. Nous avons droit de vie et de mort sur les morceaux de musique, des l'intro, on peut zapper sans état d’âme, pourtant, j'ai écouté jusqu'au bout, curieusement. C'est très proche en classique et en structure du groupe pop Magma, pour ceux qui connaissent, très expérimental, très progressif, très vocal. On retrouve ce faux rythme, ce coté répétitif. Je n'aime toujours pas ce coté notes frappées, et cette absence de mélodie, qu'on retiens en principe à la fin du morceau. Malgré l'excellente technique des musiciennes, le résultat est quand même globalement brouillon. Mais peut être que cette musique classique collerait à son époque, après tout ?
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fritz
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Re: 1945-2022

Message par fritz »

Niccolò Messina a écrit : jeu. 05 janv., 2023 12:09Et pour ceux qui fument la moquette en compagnie d'autres hippies, les minimalistes.
Tu vois vite le mépris chez les autres (cf. ton analogie précédente sur la langue indienne), moins chez toi visiblement :)
Niccolò Messina a écrit : jeu. 05 janv., 2023 12:09Que la musique contemporaine soit inécoutable présente par ailleurs un intérêt en soi : en partie, elle prend le contrepied de la joliesse et du mélodisme. L'art contemporain interroge l'art, dit-on, car pourquoi l'art serait-il beau ?
Pour moi ce n'est pas une question de beauté mais de ressenti. Je ne trouve pas les œuvres postées ici moches, je préférerais que ce soit le cas mais en l'état je n'arrive juste pas à y attacher le moindre sens, intellectuellement ou par des sensations si ce n'est une gêne auditive, un peu comme un bruit parasite dont on n'arrive pas à trouver la source. Si c'est le but de ces œuvres (i.e. construire une musique ininterprétable sensitivement) alors c'est réussi.
Niccolò Messina a écrit : jeu. 05 janv., 2023 12:09Mais ce n'est pas tout : il est lié à la vie trépidante, au tout-économique, à la surconsommation, aux diverses folies, à l'aspect industriel, à la quantité industrielle, à l'individualisme, à la solitude extrême. On ne trouve pas tout cela chez Chopin, Beethoven.
Ca je trouve que le tout le courant de musique industrielle y arrive très bien en jouant plutôt sur les textures sonores que sur l'emploi de clusters ou la négation complète de la mélodie.
Niccolò Messina a écrit : jeu. 05 janv., 2023 12:09Je me remémore une réplique qu'un général franquiste a dite devant Guernica, dans l'atelier de Picasso :
--- C'est vous qui avez fait cela ?
--- Non, c'est vous.
L'échange est amusant mais pour moi il s'applique à tous les artistes toute période confondue et plus globalement à tout être humain : nous sommes tous des produits de notre époque qu'on le veuille ou non.
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Numa
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Re: 1945-2022

Message par Numa »

Oukee a écrit : jeu. 05 janv., 2023 9:24 Je réagis à ton post, car il touche un vrai sujet. Si l’on considère que la musique repose sur trois pieds qui sont la mélodie, l’harmonie et le rythme, alors on peut dire que le 20ieme siècle s’est éloigné de la mélodie pour creuser les 2 autres composantes : le minimalisme de P Glass est pour moi l’illustration jusqu’à la caricature de cette tendance. On peut être touché par ces recherches, et remarquer que le rythme et l’harmonie n’ont fait qu’évoluer dans l’histoire de la musique. Cela n’empêche pas des fragments mélodiques d’apparaître ici et la (mais pas toujours) dans les œuvres du 20ieme, mais clairement la domination mélodique est derrière nous.
Ça me parle, car indépendamment de cette discussion je m'étais fait la réflexion que pour moi l'importance des trois éléments est vraiment dans cet ordre : mélodie d'abord, harmonie ensuite et rythme enfin. Par exemple, la musique techno c'est vraiment pas mon trip, et je pense que c'est en bonne partie parce qu'il manque les deux premiers éléments, essentiels pour moi. Pareil pour les solos de percus : ça peut me parler comme support pour de la danse mais jamais j'en écouterai tout seul.

On pourrait se dire que la mélodie est un élément particulièrement fondamental (d'ailleurs historiquement on a chanté des mélodies longtemps avant l'avènement du système tonal, nécessaire pour l'élément harmonique au sens où on l'entend maintenant), mais en même temps comme le fait remarquer fritz on a de plus de plus de musique sans thème mélodique identifiable dans les films, or a priori si ces musiques se retrouvent dans des films, c'est qu'elles parlent à un grand nombre de gens... J'ai l'impression que Philip Glass par exemple est plus « grand public » que Bartok par exemple, alors qu'entre les deux c'est peut-être chez Glass qu'il y a plus de rupture dans le langage musical...

(Détail : Shosta est bien du 20ième, actif y compris après 45, et un des trucs qui me plaît dans sa musique, c'est justement les lignes mélodiques qui semblent s'étirer à n'en plus finir...)
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axolotl
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Re: 1945-2022

Message par axolotl »

Oukee a écrit : jeu. 05 janv., 2023 12:20 Pour illustrer le travail sur le rythme : j'aime beaucoup ce morceau de John Adams pour 2 pianos :
...
Moi aussi j'aime beaucoup ce compositeur et il m'a fait penser à une citation d'un peintre célèbre.
Ce qui est entre la pomme et l'assiette se peint aussi. Et ma foi, il me paraît aussi difficile de peindre l'entre-deux que la chose.
Georges Braque
Il y a un travail savant de composition sur ces accords en écho qui se répondent entre les 2 pianos : ce moment se déplace et revient comme une vague qui s'échoue sur le sable et repartirait aussitôt vers le large. Mais cette vague revient avec une légère différence, à un moment qui est évolutif et jamais le même.
Une sorte de perpetuum mobile. Ça me fait penser aussi aux fameux attracteurs étranges de Lorentz
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Re: 1945-2022

Message par Dominique Manchon »

Capucine a écrit : mer. 04 janv., 2023 21:10
- la jeune compositrice française Camille Pepin qui a composé en 2018 cette très belle pièce pour voix violoncelle et piano Dancing Poems III et IV

C'est excellent, comme du Ralph Vaughan-Williams monté sur ressorts...
Niccolò Messina
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Re: 1945-2022

Message par Niccolò Messina »

fritz a écrit : jeu. 05 janv., 2023 13:33
Niccolò Messina a écrit : jeu. 05 janv., 2023 12:09Et pour ceux qui fument la moquette en compagnie d'autres hippies, les minimalistes.
Tu vois vite le mépris chez les autres (cf. ton analogie précédente sur la langue indienne), moins chez toi visiblement :)
Je ne comprends pas. Il y a un problème ?
Niccolò Messina
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Message par Niccolò Messina »

Est-ce que je réponds vraiment à ta remarque, Fritz ? Pas sûr, mais
ce que tu appelles une analogie n'était pas de l'ordre du parallélisme :
autant tu sais que la personne étrangère parle une langue structurée,
et qu'il ne s'agit pas d'une suite désordonnée de phonèmes en général,
autant la musique contemporaine, même incomprise de ta personne, est intrinsèquement incompréhensible.
Tu peux donc parier sur le fait qu'elle construit du sens et que ce n'est pas une imposture.
Il y a eu peut-être un hic au niveau des "pains" que le compositeur lui-même ne pouvait pas remarquer,
tu as dit ensuite que c'était une plaisanterie, ce que je n'avais pas vu.

Là encore, Picasso dans sa galerie,
une dame dit :
--- Pour moi, c'est du Chinois.
--- Le Chinois, ça s'apprend.

Eh oui, peut-être y a-t-il du mépris, mais pas de moi : de la part de grands artistes qui s'échinent à faire du grand art, mais que le public déserte. Et finalement, c'est le même public qui nous relègue au rang de passéistes quand nous parlons de Chopin et de Bach, ces vieilles baudruches comme chacun sait !

On peut mettre en parallèle le rejet de la musique classique par 99% du public
et le rejet de la musique contemporaine par 90% des mélomanes !!

Nicolas
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fritz
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Re: 1945-2022

Message par fritz »

Niccolò Messina a écrit : jeu. 05 janv., 2023 14:44Je ne comprends pas. Il y a un problème ?
Le terme de fumeur de moquette me semble péjoratif, j'interprète peut-être mal mais tu as l'air de sous-entendre que la musique minimaliste n'est appréciable que par des drogués.
Niccolò Messina a écrit : jeu. 05 janv., 2023 14:44autant tu sais que la personne étrangère parle une langue structurée, et qu'il ne s'agit pas d'une suite désordonnée de phonèmes en général, autant la musique contemporaine, même incomprise de ta personne, est intrinsèquement incompréhensible. Tu peux donc parier sur le fait qu'elle construit du sens et que ce n'est pas une imposture.
Ce que je voulais dire c'est que même si une personne me parle une langue que je ne connais pas, ne serait-ce que par son intonation, son langage corporel, le contexte, ... j'arriverais à postuler son état émotionnel (énervé, triste, ennuyé, ...). Peut-être me planterai-je complètement mais au moins j'aurais l'impression qu'une information passe. Avec beaucoup des morceaux proposés je suis incapable de deviner si c'est sensé être joyeux, triste, sombre, lumineux, ... et encore plus je suis même incapable de deviner si le compositeur avait l'intention de lier l'œuvre à des états émotionnels.

A ce stade pour moi la musique contemporaine est incompréhensible (ça peut se soigner, il suffirait que je me documente), par contre je ne vois pas en quoi elle construit du sens mais peut-être serait-il nécessaire pour que je vois ce sens que je la comprenne.
Niccolò Messina a écrit : jeu. 05 janv., 2023 14:44Eh oui, peut-être y a-t-il du mépris, mais pas de moi : de la part de grands artistes qui s'échinent à faire du grand art, mais que le public déserte. Et finalement, c'est le même public qui nous relègue au rang de passéistes quand nous parlons de Chopin et de Bach, ces vieilles baudruches comme chacun sait !

On peut mettre en parallèle le rejet de la musique classique par 99% du public et le rejet de la musique contemporaine par 90% des mélomanes !!
Deux points : c'est un peu facile de rejeter la faute sur le public concernant le non démocratisation de la musique contemporaine. Je veux bien que des grandes œuvres soient incomprises peu après leur sortie mais là on parle de morceaux qui ont plusieurs dizaines d'années derrière eux, plus le temps passe plus la probabilité est grande que ce soient des œuvres qui ne rencontreront jamais leur public. Il n'y a qu'à voir les morceaux travaillés par les PMistes (on parle de mélomanes qui plus est instrumentistes), à part Aurèle à qui son prof a imposé une œuvre il y a quelques années absolument personne ne travaille ce répertoire. Je ne dis pas que la qualité d'une œuvre est proportionnelle à son taux de pénétration dans la culture mais enfin il y a tout de même un degré de reconnaissance minimal à atteindre à mon avis.

Et je ne pense pas que la musique classique soit rejetée par 99% du public, c'est tout de même assez rare de tomber sur des personnes complètement allergiques à toute l'œuvre de Chopin par exemple (pour prendre un compositeur que je pense plutôt consensuel). Que le grand public n'aille que très rarement vers de la musique classique naturellement on est d'accord, par contre que cette musique provoque un rejet comme peut le faire de la musique contemporaine, absolument pas d'accord, il n'y a qu'à voir toutes les utilisations qui en sont faites, de la plus futile type musique d'attente diverses et variées aux plus artistiques type utilisation comme musique de film.
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Re: 1945-2022

Message par Spianissimo »

fritz a écrit : jeu. 05 janv., 2023 15:44 Il n'y a qu'à voir les morceaux travaillés par les PMistes (on parle de mélomanes qui plus est instrumentistes), à part Aurèle à qui son prof a imposé une œuvre il y a quelques années absolument personne ne travaille ce répertoire.
Je sais qu'avec mes nombreuses publications, je finis par faire un peu tapisserie ici mais, non, il n'y a pas qu'Aurèle qui joue du contemporain :mrgreen: , il y a même un fil dédié, certes, carrément en friche....mais ce n'est pas de ma faute....viewtopic.php?t=17432

Perso, je ne participerai pas à ce débat, même s'il est intéressant, il est un peu vain... pour apprécier le répertoire contemporain, il faut juste un peu de curiosité, et trouver les clés d'entrée, propres à chacun, et promptes à mener toujours un peu plus loin dans la découverte...Certes, on peut toujours regretter certaines évolutions esthétiques et/ou certains courants...mais il y a toujours eu des créateurs de qualité, à toute époque, parfois à contre-courant....internet et You Tube contribuent d'ailleurs aujourd'hui à les faire découvrir ou re-découvrir ... il faut parfois du temps, beaucoup de temps....seul lui détient la vérité (et encore... :lol: )
C'est sympa de parler mais jouons maintenant...
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Re: 1945-2022

Message par Capucine »

ce forum existe depuis 2006 ou 2007 et j'y participe depuis 2010. J'ai vu défilé de nombreux pianistes amateurs jouant du répertoire contemporain .
Malheureusement la plupart des pièces pour piano du répertoire contemporain demande un excellent niveau pianistique ce qui restreint son accès.
Par exemple ce pianiste compositeur fut un moment très assidu à ce forum et engendrer des discussions passionnantes. Voici une de ses compositions :


Et merci Oukee de partager cette pièce pour 2 pianos de John Adams que je découvre et que j'écoute pour la deuxième fois ... vraiment intéressant, pas facile à mettre en place à deux...

Lullablue merci d'avoir mis cette pièce pour 2 pianos op6 de Chostakovitch qu'il a dédié à son père mort pendant la composition. C'est marrant de la voir apparaitre cette pièce que je travaille avec ma partenaire.

Nous travaillons également une Valse Française écrite pour piano seul puis pour 2 pianos par une compositrice anglaise Madeleine DRING (1923-1977) en 1963 et voici donc un exemple de pièce contemporaine de style post-romantique



Et Spianissimo merci pour tout ce que tu nous as fait découvrir comme morceaux de tous bords sur ce forum.
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Re: 1945-2022

Message par Oukee »

Capucine a écrit : jeu. 05 janv., 2023 16:53 Malheureusement la plupart des pièces pour piano du répertoire contemporain demande un excellent niveau pianistique ce qui restreint son accès.
C'est bien vrai, et ton post me fait penser que les compositions "classiques" étaient souvent transcrites à 4 mains (symphonies, quatuors, concertos etc.) pour faire de l'argent, mais souvent avec la bénédiction du compositeur car cela permettait aussi l'exécution de leurs oeuvres au piano dans les foyers, facilitant ainsi leur diffusion. On a même vu Liszt réaliser des versions "simplifiées" de ses compositions (avec un succès limité car ce qui était simple pour Liszt demeurait toujours trop difficile pour l'amateur moyen). Il existe même des versions à 4 mains des sonates de Beethoven !
Apparemment, les "contemporains" n'ont pas vraiment cherché à prolonger cette tendance, et à offrir des morceaux pas trop compliqués qui auraient pu faire leur publicité.
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axolotl
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Message par axolotl »

Les Mikrokosmos de Bartok vont du plus facile à de + en + compliqué.
Mais Bartok ça commence à dater évidemment...
Je connais pas assez la musique contemporaine: j'ai eu une amie qui était arrivée à faire jouer ses œuvres par Radio France et je suis allé à un concert de cette radio où il y avait vraiment plein de monde. Mais ce n'était pas du piano, une compo orchestrale avec des sons synthétiques pour la plupart.
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Re: 1945-2022

Message par Niccolò Messina »

fritz a écrit : jeu. 05 janv., 2023 15:44
Niccolò Messina a écrit : jeu. 05 janv., 2023 14:44Je ne comprends pas. Il y a un problème ?
Le terme de fumeur de moquette me semble péjoratif, j'interprète peut-être mal mais tu as l'air de sous-entendre que la musique minimaliste n'est appréciable que par des drogués.
Bé oui. C'est une plaisanterie mêlée d'opinion sincère. La musique à "structure répétitive" hypnotise et remplace avantageusement les substances à ingérer.

Ce que je voulais dire c'est que même si une personne me parle une langue que je ne connais pas, ne serait-ce que par son intonation, son langage corporel, le contexte, ... j'arriverais à postuler son état émotionnel (énervé, triste, ennuyé, ...). Peut-être me planterai-je complètement mais au moins j'aurais l'impression qu'une information passe. Avec beaucoup des morceaux proposés je suis incapable de deviner si c'est sensé être joyeux, triste, sombre, lumineux, ... et encore plus je suis même incapable de deviner si le compositeur avait l'intention de lier l'œuvre à des états émotionnels.
D'accord.
Personnellement, je ne m'occupe guère de l'émotion. Celle-ci m'arrive parfois, par surcroît. Mais la musique m'émeut moins qu'elle ne m'intéresse. La musique contemporaine évoque le cosmos froid ou l'infiniment petit, les poussières, les virus, un mur qui traîne et pourquoi pas les poubelles. Quelque chose d'urbain plutôt qu'humain. Pour notre société totalement déshumanisée et égocentrée, c'est la musique contemporaine qui serait le remède et le miroir. Au lieu de cela, on préfère s'aveugler de sonorités saturées et de grands coups de marteau synthétisé sur un bidon. J'estime que le rejet du contemporain n'est autre que le rejet de sa conscience, en parlant des masses. Cela fait partie des crises que nous traversons et dont nous ne sortirons peut-être pas. Car la société, ce n'est pas Madonna. Madonna, c'est le vernis. La vraie société, c'est le Requiem de Ligeti.

A ce stade pour moi la musique contemporaine est incompréhensible (ça peut se soigner, il suffirait que je me documente), par contre je ne vois pas en quoi elle construit du sens mais peut-être serait-il nécessaire pour que je vois ce sens que je la comprenne.
Je ne me permettrais pas de te suggérer de te documenter.
C'est simplement que parfois, une minute de musique suffit à piquer la curiosité.
Bien sûr, un désir ayant tendance à chercher à être confirmer, je "voudrais" que les autres écoutent la même chose que moi.
C'est tout le principe du partage sur Internet.
Mais mon message n'est pas prosélyte : je respecte complètement ceux qui préfèrent le classique.
(C'est même inespéré qu'il en reste de nos jours, vu le succès de la pop.)
Deux points : c'est un peu facile de rejeter la faute sur le public concernant le non démocratisation de la musique contemporaine.
Je n'ai surtout pas parlé de faute.
Imagine le nombre de domaines où mon ignorance est plus grande encore que le public dont je parle (politique, économie, sciences et même les autres arts).
Je veux bien que des grandes œuvres soient incomprises peu après leur sortie mais là on parle de morceaux qui ont plusieurs dizaines d'années derrière eux, plus le temps passe plus la probabilité est grande que ce soient des œuvres qui ne rencontreront jamais leur public.
Je pense qu'elles ont leur chance, si elle passent par le crible de la postérité.
Tu sais peut-être que Mozart et Vivaldi ont été redécouverts dans les années 1950 grâce au disque vinyle
alors que Beethoven est le premier à n'avoir jamais été oublié.
Je crois que le contemporain a ses chances au XXIe siècle, car on va s'apercevoir de son pouvoir immense de suggestion, de sa puissance, là où simplement Chopin chante son âme, Mozart dispose ses personnages de comédie, Bach prie avec ferveur.
Et je ne pense pas que la musique classique soit rejetée par 99% du public, c'est tout de même assez rare de tomber sur des personnes complètement allergiques à toute l'œuvre de Chopin par exemple (pour prendre un compositeur que je pense plutôt consensuel). Que le grand public n'aille que très rarement vers de la musique classique naturellement on est d'accord, par contre que cette musique provoque un rejet comme peut le faire de la musique contemporaine, absolument pas d'accord, il n'y a qu'à voir toutes les utilisations qui en sont faites, de la plus futile type musique d'attente diverses et variées aux plus artistiques type utilisation comme musique de film.
Hmm... ces utilisations me semblent très anecdotiques. Et ce sont des mièvreries qui sont présentées dans les films.
Un ersatz d'extrait d'impromptu 3 de Schubert dans Gattaca et jamais quelque chose d'explosif.
On veut bien jouer la lettre à élise... mais jamais le deuxième couplet.
On veut bien jouer le deuxième nocturne mais jamais la polonaise héroïque
La musique classique passe pour le pâle apanage de la classe supérieure,
elle-même caricaturée en sorte d'aristocratie pleine de principe et de bêtise.
C'est la caricature de la démocratie qui le veut :
les pauvres ont bon goût
les riches se cachent dans leur château, portent des Rolex et écoutent des mièvreries !
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Re: 1945-2022

Message par Niccolò Messina »

wow la composition d'Olivier Korber intitulée Crépitements est sensationnelle !
Un vrai rythme, beaucoup de dynamisme et pourtant comme pianiste il reste calme et tranquille pour l'exécuter.
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lullablue
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Message par lullablue »

Capucine a écrit : jeu. 05 janv., 2023 16:53
Lullablue merci d'avoir mis cette pièce pour 2 pianos op6 de Chostakovitch qu'il a dédié à son père mort pendant la composition. C'est marrant de la voir apparaitre cette pièce que je travaille avec ma partenaire
avec plaisir, j'adore chostakovich depuis longtemps.
j'espère qu'on pourra l'écouter?
j'ai tenté de la jouer en solo (j'avais trouvé une transcription ) mais elle est assez dure à jouer.
mais tellement magnifique.
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fritz
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Re: 1945-2022

Message par fritz »

Niccolò Messina a écrit : ven. 06 janv., 2023 8:17Personnellement, je ne m'occupe guère de l'émotion. Celle-ci m'arrive parfois, par surcroît. Mais la musique m'émeut moins qu'elle ne m'intéresse.
OK je comprends mieux une certaine froideur dans ta façon d'en parler (et d'interpréter) du coup. On est irréconciliables là-dessus, pour moi la musique c'est d'abord l'émotion.
Niccolò Messina a écrit : ven. 06 janv., 2023 8:17Hmm... ces utilisations me semblent très anecdotiques. Et ce sont des mièvreries qui sont présentées dans les films. Un ersatz d'extrait d'impromptu 3 de Schubert dans Gattaca et jamais quelque chose d'explosif. On veut bien jouer la lettre à élise... mais jamais le deuxième couplet. On veut bien jouer le deuxième nocturne mais jamais la polonaise héroïque. La musique classique passe pour le pâle apanage de la classe supérieure, elle-même caricaturée en sorte d'aristocratie pleine de principe et de bêtise. C'est la caricature de la démocratie qui le veut : les pauvres ont bon goût les riches se cachent dans leur château, portent des Rolex et écoutent des mièvreries !
Je ne sais pas si elles sont anecdotiques mais elles sont en tout cas plus fréquentes que l'utilisation de la musique contemporaine et ne servent pas qu'au décorum que tu indiques. Kubrick en usait beaucoup par exemple, que ce soit dans des orchestrations originales ou des réorchestrations, et ce dans des films allant du drame historique à de la SF avant-gardiste (Bartok, Schubert, Haendel, Mozart, Purcel, ...) , je ne vois pas trace de mièvrerie là-dedans. La chevauchée des Walkyrie dans Apocalypse Now ça vaut la polonaise héroïque, la pastorale dans Soleil vert, cette scène dans voyage au bout de l'enfer dans laquelle Chopin se fraye un chemin sous des doigts maladroits pendant une soirée de rednecks avinés avant de laisser place à la barbarie d'un bombardement :

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fritz
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Message par fritz »

Spianissimo a écrit : jeu. 05 janv., 2023 16:22Je sais qu'avec mes nombreuses publications, je finis par faire un peu tapisserie ici mais, non, il n'y a pas qu'Aurèle qui joue du contemporain :mrgreen: , il y a même un fil dédié, certes, carrément en friche....mais ce n'est pas de ma faute....viewtopic.php?t=17432
Je suis allé voir le fil, il y a je pense un malentendu mais c'est de ma faute, musique contemporaine pour moi ça évoque des trucs "pas écoutables" type Boulez, Schoenberg, Berg, ... C'est sûr que si on met Glass, Einaudi ou Chick Corea dans la même case ce n'est pas la même chose, tout le courant minimaliste ne me froisse pas les esgourdes pas exemple.
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