Bonjour Eusebius
Oui, pas évident du tout à jouer... et c'est déjà bien avancé de ton côté, et c'est déjà superbe à écouter.
Maintenant il faut que cela mûrisse. J'entends là que tu es peut-être encore trop dans le déchiffrage. En terme de conduite, parfois tu as tendance à couper le flux du chant de la mélodie, mais je pense que cela vient de l'équilibre des voix, ou par exemple tu vas jouer trop fort quelque chose, qui va avoir tendance à (pardonne-moi l'expression), planter un peu des clous à cet instant-là.
La vacherie dans ce morceau, c'est la différence d'échelle de son que l'on doit entendre entre la mélodie, et l'accompagnement, et aussi faire entendre certaines voix. Et il faut que cette échelle soit la plus large possible.
Peut-être reprendre très lent, en s'appliquant à avoir une voix de mélodie très tendre, donc un son jamais agressif, et s'appliquer au départ à jouer tout l'accompagnement piano, voire double piano (selon la structure de cette composition, des moments clés) et quand tu dois aller vers quelque chose de plus forte, partir vraiment d'un piano ou double piano pour pouvoir monter dans l'intensité et ceci sur une très longue phrase. L'accompagnement ne doit jamais brouiller la mélodie qui doit ressortir avec une clarté fantastique. Par exemple, dès que tu démarres on entend la première note (ce fa), puis tu poses l'accord (et la seconde note du triolet de noire) trop fort, ce qui fait que tu éteins la mélodie. Je sais aussi que cela vient de la façon dont est écrite la transcription. Mais si tu écoutes Jarrett, tu verras que lui pense très fort le chant, ce fa qui va ensuite à ce fa à l'octave supérieur., fa à l'octave supérieur qui doit briller (sans le jouer "brutal"). Pense plutôt le premier fa comme une blanche.
Je me souviens que j'avais eu un mal de chien à faire cela.
Mais une fois qu'on le sent, on trouve alors l'équilibre qui convient, comme une prise de conscience. Et cela aide alors pour la suite du travail ou pour chaque endroit, (puis chaque conduite de partie), on n'aborde plus les choses de la même façon. (Par exemple, à 0'14 - 0'15, ton accompagnement est bien trop fort, et éteint le ré de mélodie qui va se conclure sur le do). A toi de chercher tous les endroits où il faut corriger (par ex à 4'42, c'est un peu trop fort... ).
C'est cette répartition folle des "équilibres" dans les différentes voix qui permet (d'après-moi) de donner la conduite supérieure.
J'avais à une époque
posté ce morceau (qui est loin d'être parfait, il faudrait d'ailleurs que je le reprenne pour voir). Peut-être que cela expliquera mieux à l'écoute ce que je tente d'écrire et t'aidera ?
Je me souviens que j'y avais passé un temps fou...