Histoire du jazz à ma façon (suite)... Hommage à Michel Petrucciani

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flober
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Re: Une histoire du jazz à ma façon... Le génie d'Art Tatum (5) - Lorsque le pianiste joue avec les autres musicens

Message par flober »

Merci Christof. En dépit de tes récits instructifs, Tatum ne m'émeut pas.
Il est virtuose, il est unique, mais je n'ai jamais eu les poils en l'écoutant, certainement parce que chaque instant est rempli.
Je dirais meme qu'après deux ou trois titres d'un album il m'ennui :-#

Je lui préfère mille fois Ahmad Jamal qui combine virtuosité, espace, et procure de la suggestion.
Il n'est pas non plus en reste lors qu'il accompagne ...Comme ici avec Donald Byrd

Oukee
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Re: Une histoire du jazz à ma façon... Le génie d'Art Tatum (5) - Lorsque le pianiste joue avec les autres musicens

Message par Oukee »

Art Tatum a t’il eu des héritiers ? J’ai l’impression qu’il est un astre solitaire dans l’histoire du jazz, mais je ne connais pas assez bien la lignée des pianistes.
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Christof
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Re: Une histoire du jazz à ma façon... Le génie d'Art Tatum (5) - Lorsque le pianiste joue avec les autres musicens

Message par Christof »

Ninoff a écrit : sam. 03 juil., 2021 23:47 Merci Christof,
Tes descriptions et analyses du jeu de Tatum nous font saisir et imaginer quel artiste incroyable sommeillait en Art Tatum.
C’est passionnant... et la virtuosité de ce pianiste est si éblouissante , Art en devient une icône du Jazz.
👌👌👌
Merci Ninoff de ta constante attention. Oui, Art Tatum est un des éléments très forts de l'histoire du jazz et du piano. Dans les années 1930, il était vraiment en avance sur son temps, comme tous les génies.
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Christof
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Re: Une histoire du jazz à ma façon... Le génie d'Art Tatum (5) - Lorsque le pianiste joue avec les autres musicens

Message par Christof »

flober a écrit : dim. 04 juil., 2021 6:52 Merci Christof. En dépit de tes récits instructifs, Tatum ne m'émeut pas.
Il est virtuose, il est unique, mais je n'ai jamais eu les poils en l'écoutant, certainement parce que chaque instant est rempli.
Je dirais meme qu'après deux ou trois titres d'un album il m'ennui :-#
Oui, je comprends. C'est bizarre, pendant des années cela m'a fait comme toi. Mais maintenant, je ne peux l'écouter sans avoir une grande tendresse pour sa musique. Une musique qui fait partie de l'histoire. Art Tatum a inspiré nombre de pianistes. Il est un peu hors-norme, comme on pourrait dire que Monk est hors norme.
Je ne peux l'écouter sans penser à une musique qui figurerait dans les films de Woody Allen. Comme une espèce de patrimoine de l'Amérique du nord.

Oui, Ahmad Jamal, fantastique. Je l'ai souvent vu en concert... Une science du son, de la tension et de la détente...
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Re: Une histoire du jazz à ma façon... Le génie d'Art Tatum (5) - Lorsque le pianiste joue avec les autres musicens

Message par Christof »

Oukee a écrit : dim. 04 juil., 2021 9:28 Art Tatum a t’il eu des héritiers ? J’ai l’impression qu’il est un astre solitaire dans l’histoire du jazz, mais je ne connais pas assez bien la lignée des pianistes.
Merci Oukee pour tes retours.
Oui, si Art Tatum a influencé nombre de pianistes, il n'a pas eu vraiment de suiveur...
Un nom me vient tout de même à l'esprit, d'un pianiste ayant mille idées à la seconde, maître de l'improvisation, avec aussi une technique éblouissante. Art Tatum l'a beaucoup influencé (mais pas que lui). Il s'agit de Martial Solal (il faudra d'ailleurs que je fasse une chronique sur lui). Quand on écoute Solal, on entend toute l'histoire du piano jazz...

Ici Tea for two (je pense qu'il a choisi ce morceau en faisant quelques clins d'oeil à Tatum ?)


(cliquer sur "regarder sur you tube)
jazzy
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Re: Une histoire du jazz à ma façon... Le génie d'Art Tatum (5) - Lorsque le pianiste joue avec les autres musicens

Message par jazzy »

Il me semble Christof que Oscar Peterson ait été influencé par Art Tatum (en tout cas c'est ce que dit Wikipedia).
Je suis un peu comme Flober, Art Tatum ne m'émeut pas beaucoup, mais j'avoue ne pas avoir écouté beaucoup de ses musiques!
Mon dernier morceau sur soundcloud
https://soundcloud.com/user-123419479/confinements
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Re: Une histoire du jazz à ma façon... Le génie d'Art Tatum (5) - Lorsque le pianiste joue avec les autres musicens

Message par Christof »

jazzy a écrit : dim. 04 juil., 2021 18:02 Il me semble Christof que Oscar Peterson ait été influencé par Art Tatum (en tout cas c'est ce que dit Wikipedia).
Je suis un peu comme Flober, Art Tatum ne m'émeut pas beaucoup, mais j'avoue ne pas avoir écouté beaucoup de ses musiques!
Merci pour ton retour jazzy.
Oui, Oscar a été très influencé par Art Tatum. C'était son idole...
J'avais d'ailleurs raconté cette anecdote dans l'un des épisodes concernant Oscar Peterson :
" lorsque, durant ses études secondaires, Oscar annonça à son père qu’il voulait quitter l’école pour poursuivre son rêve de devenir pianiste de jazz, sa demande a été immédiatement rejetée. Son père fit jouer alors sur le teppaz le morceau Tiger Rag interprété par Art Tatum et répondit qu’il ne lui permettrait pas de quitter l’école juste pour devenir un autre pianiste de jazz. S’il voulait quitter l’école, il devait être le meilleur... Et Tatum était l’idéal de perfection. Devant le contrôle stupéfiant du piano d'Art Tatum et le mariage parfait de sa vitesse et de sa technique, Oscar connut alors un mois de maladie et d’anxiété durant lequel il ne toucha pas au piano...
Mais il s'y remis très vite. Et on sait ce que cela a donné plus tard... Un géant du piano."

En fait, je pense que pour apprécier vraiment Art Tatum, il faut écouter souvent sa musique, notamment ses premiers enregistrements des années 1930 pour s'apercevoir combien il était en avance par rapport aux autres pianistes de l'époque, notamment dans sa façon de triturer les harmonies, de changer de ton en un clin d'oeil. On entend aussi dans ses chorus les prémisses du piano be-bop.
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Re: Une histoire du jazz à ma façon... Le génie d'Art Tatum (6) - Lorsque le pianiste joue avec les autres musiciens (su

Message par Christof »

Rappel : Introduction (1)
Le génie d’Art Tatum (2)
Le génie d’Art Tatum (3)
Le génie d’Art Tatum (4)
Le génie d’Art Tatum (5)


tatum_magicien.jpg
tatum_magicien.jpg (49.47 Kio) Vu 530 fois

Lionel Hampton et Art Tatum : une rencontre au sommet

En octobre 1930, à peu près au moment où Tatum travaillait dans les boîtes de nuit de Toledo [voir le 3ème épisode], Lionel Hampton, alors batteur de Louis Armstrong, réalisa son premier enregistrement sur un vibraphone. Le morceau s'appelait Memories of you et, en l'interprétant, on peut dire que Lionel Hampton a fait quelque chose que même Tatum ne pouvait revendiquer. Il avait plus ou moins inventé l'instrument, du moins en ce qui concernait le jazz, et confiait que cet exploit avait eu un effet très particulier sur ses autres capacités musicales.



Car en plus d'être batteur, Hampton a également aspiré à jouer du piano au cours de sa carrière, ce qu'on peut encore entendre sur quelques enregistrements de sa jeunesse.

Image
Lionel Hampton au piano

Ce qui s'est exactement passé lorsqu'il s'est assis pour jouer au piano peut être sans doute supposé à partir de ce morceau de 1938, Rock Hill Special, où son solo est alors assez original.



Au début, l'effet est déroutant, car la brillance technique semble être présente à chaque mesure, mais aussi contredite par une limitation tout aussi technique, comme si il lui manquait une main. Ce n'est qu'à la fin du morceau, lorsque Hampton reprend le vibraphone, que l'auditeur comprend soudainement ce qui s'est passé. Il est devenu un pianiste à deux doigts, les utilisant exactement comme s'il s'agissait des maillets de son vibraphone.

Il y avait donc quelque chose dans la séance de 1955 ou Hampton a joué avec Tatum (voir plus bas), une espèce de «justice esthétique», car se trouvaient alors présents dans le même studio deux pianistes (même si l'un d'eux ne jouait plus de l'instrument), dont l'un a basé son style sur un effet suggérant deux doigts, tandis que l'autre était devenu célèbre pour donner l'impression d’en posséder vingt-deux…

Lionel Hampton est l'un des rares musiciens auxquels on peut penser dont la virtuosité pourrait se comparer à celle d’Art Tatum, en tenant compte bien sûr des différences dans la mécanique de la structure de leur instrument. Comme Tatum, Hampton a dominé tant de performances au sein de ses orchestres. Du coup, le problème auquel ont dû faire face ses collègues musiciens est peut-être le même que celui auquel il va être confronté ce jour où il a enregistre avec Tatum : celui de savoir comment maintenir à flot la minuscule coquille de l'ego individuel dans une grande mer déchaînée de la virtuosité de quelqu'un d'autre.

L'autre point à retenir à propos du vibraphoniste est qu'il a toujours été un des marathoniens du jazz, un soliste qui s’échauffe d’abord avec deux ou trois chorus, histoire de prendre la mesure du tempo, la façon de jouer de la section rythmique et l’intégration totale de la séquence d'accords. Et il faut savoir que jusqu'à l'invention du trente-trois tours, un auditeur qui n’aurait jamais vu Hampton en concert, mais aurait seulement pu écouter les 78 tours bridés en durée, ne pouvait avoir alors qu’un vague indice des pouvoirs fous de ce musicien.
Assistant depuis les coulisses à l’un de ses concerts à Londres, un artiste a raconté qu’"Hampton attendait derrière d'épais rideaux pour faire son entrée alors que le groupe sur scène jouait "Body and soul" déjà depuis dix ou quinze minutes et chauffait la salle. Il s’élança alors enveloppé dans un manteau en poils de chameau, commença à choruser tranquillement histoire de lancer la machine, puis au bout d’une vingtaine de chorus, daigna alors enlever son manteau et passer vraiment aux choses sérieuses. Il prit alors complètement le contrôle de la scène, jouant comme une fusée".
Tout le monde le dira : « il déchirait grave ».

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Hampton, comme Tatum, étaient des extravertis. Ils ont appartenu à une ère du jazz où un certain culte de la personnalité était loin d’être considéré comme une mauvaise chose, ni d’ailleurs celui – dans le cas d’Hampton - de faire des singeries faciles pour se mettre l’auditoire dans la poche. Sauf que son jeu n'a jamais manqué d'être plein d'esprit, autant qu’il était passionné et intense.

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Makin' Whoopee

J’ai choisi, pour illustrer la rencontre avec Tatum, cette version de Makin’ Whoopee (jouée en 1955 en studio par les deux comparses, accompagnés de Buddy Rich à la batterie) parce que, d’après-moi, on y entend l’amalgame de toutes ces qualités évoquées plus haut : virtuosité, sens du spectacle, professionnalisme et pure joie de la performance. Comme pour les autres artistes qui ont pu travailler avec le pianiste, cet exemple suggère encore une fois que pour jouer aux côtés d'un homme aussi grand que Tatum, le mieux est de se jeter à l'eau, sans se poser trop de questions.

J’imagine que rarement dans sa vie Tatum a participé à un enregistrement où il est resté aussi longtemps en retrait que dans ce Makin' Woopee".
Il faut dire qu’au début du morceau, il n’y en a que pour lui, sur cette trompeusement simple mélodie écrite par Walter Donaldson. Comme si finalement on allait entendre seulement un duo piano-contrebasse tout le long du morceau (le vibraphoniste laisse venir). Mais juste après le solo de batterie, Lionel Hampton commence une véritable performance. Il faut aussi noter ce clin d'oeil, au début du pont dans son deuxième chorus (à 3’33), où le phrasé du vibraphoniste prend soudainement la forme d'une des figures de Stride de James P. Johnson, un appel qu'Art Tatum capte comme un éclair dans son accompagnement (un peu comme si cela avait été prévu à l’avance et pour durer encore les huit mesures suivante). Sauf qu’Hampton vogue alors allègrement vers son troisième chorus (à 3’49), son quatrième (à 4’20), puis son cinquième (4’52), puis son sixième (5’23), durant lesquels Tatum, comme dompté, reste dans une humeur que l’on pourrait qualifier de "quiétude" (mais ce que tout autre pianiste serait déjà heureux de revendiquer dans son propre jeu),

Je n’ai pas connaissance où, dans une séance à "trois mains", Tatum se soit autant contenté de jouer un rôle secondaire comme ici. Je pense qu'il faut y voir ici un hommage du pianiste envers Lionel Hampton, lui laissant si longuement la part belle dans ce morceau.



A suivre (je pourrais encore citer des exemples concernant d'autres musiciens, mais n'hésitez pas à me dire si vous en avez marre d'Art Tatum...).
Modifié en dernier par Christof le ven. 23 juin, 2023 12:05, modifié 2 fois.
Ninoff
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Re: Une histoire du jazz à ma façon... Le génie d'Art Tatum (6) - Lorsque le pianiste joue avec les autres musiciens (su

Message par Ninoff »

Avec toi je découvre encore mieux le mythe Tatum.
Il est vrai qu’au départ l’on met du temps à rentrer dans son univers, ce qu’ont sûrement ressenti Flober et Jazzy.
En musique classique on retrouve le même phénomène, lorsque l’on écoute du Ravel ou les études de Rachmaninoff la première écoute peut paraître indigeste et puis petit à petit se dévoile un univers magnifique.

Merci encore Christof d’être aussi descriptif, je suis très fan
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flober
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Re: Une histoire du jazz à ma façon... Le génie d'Art Tatum (6) - Lorsque le pianiste joue avec les autres musiciens (su

Message par flober »

Ninoff a écrit : lun. 05 juil., 2021 21:37 Il est vrai qu’au départ l’on met du temps à rentrer dans son univers, ce qu’ont sûrement ressenti Flober et Jazzy.
C'est un départ qui dure depuis 35 ans ... :mrgreen:

Mais n'hésite pas à continuer ton récit Christof, qui sait ...

Il est certain que Tatum est intéressant d'un point de vue historique et qu'il a certainement eu une influence sur nombre de pianistes, je n'avais pas évoqué Jamal par hasard. Tatum et Gardner ?
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Christof
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Re: Une histoire du jazz à ma façon... Le génie d'Art Tatum (6) - Lorsque le pianiste joue avec les autres musiciens (su

Message par Christof »

flober a écrit : mar. 06 juil., 2021 8:20
Ninoff a écrit : lun. 05 juil., 2021 21:37 Il est vrai qu’au départ l’on met du temps à rentrer dans son univers, ce qu’ont sûrement ressenti Flober et Jazzy.
C'est un départ qui dure depuis 35 ans ... :mrgreen:

Mais n'hésite pas à continuer ton récit Christof, qui sait ...

Il est certain que Tatum est intéressant d'un point de vue historique et qu'il a certainement eu une influence sur nombre de pianistes, je n'avais pas évoqué Jamal par hasard. Tatum et Gardner ?
Merci à vous deux Ninoff et Flober. Du coup, je vais continuer un peu sur Art Tatum.

Image
Errol Gardner et Art Tatum

Oui, Errol Gardner a déclaré qu'Art Tatum l'avait influencé (au tout début, Gardner jouait d'ailleurs tout en stride), mais s'est inspiré aussi de Earl Hines, de George Shearing, mais aussi et des grands orchestres.
Et il en a tiré son propre style, inimitable, cette façon incroyable de swinger... J'adore notamment son disque "Concert by the sea"



Pour moi, Art Tatum et Errol Gardner représentent la musique de la joie. Des souvenirs de mon enfance aussi : lorsque pour la première fois j'ai entendu un morceau d'Art Tatum, je me suis mis à danser. Cela me faisait la même chose avec Fats Waller. J'ai souvent pensé que j'avais déjà vécu à cette époque-là (d'ailleurs j'ai une anecdote vraiment troublante à ce sujet... Il faudra que je vous la raconte un jour. Cela concerne des chaussures...).

Et j'imagine ce que cela devait être d'écouter Art Tatum dans un bar (dans les années 30, par rapport à ce qui existait à l'époque), quelque chose de complètement à part. Peut-être que sa musique était finalement plus celle que l'on doit entendre dans les bars, que celle à écouter en concert ?

Je ne résiste pas à en remettre une couche avec Lionel Hampton et Art Tatum... Je ne sais pas si cela vous fait ça, mais on sent combien ils s'amusent. Cette pure joie de jouer. C'est drôle, à 0'35, on entend du Chopin..

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Re: Une histoire du jazz à ma façon... Le génie d'Art Tatum (6) - Lorsque le pianiste joue avec les autres musiciens (su

Message par pianojar »

Quand je vois la richesse du texte je me dis que tu pourrais proposer un texte à un éditeur car il est bien plus interessant de decouvrir des musiciens ainsi que dans la platitude de certaines biographies
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Re: Une histoire du jazz à ma façon... Le génie d'Art Tatum (6) - Lorsque le pianiste joue avec les autres musiciens (su

Message par flober »

Jamal emprunte souvent à Gardner, tous les deux de Pittsburgh.
Je ne m'en était pas rendu compte avant d'entendre une interview d'Ahmad, mais ensuite, je l'ai tout de suite perçu clairement.
C'est incroyable ce don qu'il à d'emprunter et de digérer et d'en faire quelque chose de personnel. Je trouve qu'il en va de même avec sons sens des rythmes latins, il les utilise a sa sauce sans en faire quelque chose de démonstratif ou anecdotique, complètement personnel.

Je ne résiste pas à cette vidéo de Jamal découvrant les tresors de la discothèque de Radio France, évoquant sa rencontre avec Tatum ...



Désolé de faire des divergence au propos ...

Bon puisqu'on évoque Gardner, voici une interview de Ernest McCarty, son bassiste. Cela permet de se rendre compte de comment il était, lui qui n'avait pas de formation théorique et pourtant une si grande science ... A partir de 2'

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Re: Une histoire du jazz à ma façon... Le génie d'Art Tatum (6) - Lorsque le pianiste joue avec les autres musiciens (su

Message par Christof »

pianojar a écrit : mar. 06 juil., 2021 13:06 Quand je vois la richesse du texte je me dis que tu pourrais proposer un texte à un éditeur car il est bien plus interessant de decouvrir des musiciens ainsi que dans la platitude de certaines biographies
Merci beaucoup Pianojar, cela me touche beaucoup. Et je suis ravi que ce que cela te passionne.
Pour ce qui est d'un éditeur, je ne vois pas trop à quoi cela servirait puisque, écrire ici, c'est en fait comme être publié. J'ai remarqué que pas mal de ces pages remontaient dans Google lorsqu'on faisait une recherche en tapant le nom d'un musicien. Alors tant mieux si les internautes les consultent.
Ecrire est ici pour moi comme un exercice, qui me fait me poser des questions, du genre : "qu'est-ce que je pourrais raconter de beau si je devais parler de telle chose ou de telle autre". Et une grande satisfaction de pouvoir en faire profiter toute la communauté.
La vie est un échange. Je ne peux l'imaginer sans cela.
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Re: Une histoire du jazz à ma façon... Le génie d'Art Tatum (6) - Lorsque le pianiste joue avec les autres musiciens (su

Message par Christof »

flober a écrit : mar. 06 juil., 2021 14:07 Jamal emprunte souvent à Gardner, tous les deux de Pittsburgh.
Je ne résiste pas à cette vidéo de Jamal découvrant les tresors de la discothèque de Radio France, évoquant sa rencontre avec Tatum ...

Bon puisqu'on évoque Gardner, voici une interview de Ernest McCarty, son bassiste. Cela permet de se rendre compte de comment il était, lui qui n'avait pas de formation théorique et pourtant une si grande science ... A partir de 2'
Merci, merci FLober de nous indiquer cela (je connaissais la vidéo d'Ahmad Jamal. Et aucun problème pour les digressions. Les digressions font le sel de la conversation. Et puis, on n'est jamais très loin du sujet...

Je vais regarder l'interview du bassiste d'Eroll Gardner tout à l'heure.

Et de mon côté, je ne résiste pas à vous proposer ce morceau :
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Re: Une histoire du jazz à ma façon... Le génie d'Art Tatum (6) - Lorsque le pianiste joue avec les autres musiciens (su

Message par flober »

Merci Christof, cela me parle plus que Tatum. Il joue du piano comme d’une harpe !
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Re: Une histoire du jazz à ma façon... Le génie d'Art Tatum (6) - Lorsque le pianiste joue avec les autres musiciens (su

Message par Christof »

flober a écrit : mar. 06 juil., 2021 18:18 Merci Christof, cela me parle plus que Tatum. Il joue du piano comme d’une harpe !
Je savais que cela te parlerait :wink:
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Re: Une histoire du jazz à ma façon... Le génie d'Art Tatum (7) - Lorsque le pianiste joue avec les autres musiciens

Message par Christof »

10ème épisode : Le génie d'Art Tatum (7)- Lorsque le pianiste joue avec les autres musiciens (suite)…

Rappel : Introduction (1)
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tatum_magicien.jpg
tatum_magicien.jpg (49.47 Kio) Vu 529 fois
Art Tatum et Roy Eldridge

Si la session d’enregistrement montée par Norman Granz entre les deux artistes date de 1955, il faut noter que Roy Eldrige (1911-1989) et Art Tatum sont des amis proches et ceci de longue date. Le trompettiste était entré en contact avec Tatum à la fin des années 1920. En l’écoutant, il en était resté stupéfié. Dans une interview, Roy Eldridge avait notamment raconté : "Quand je l’ai entendu jouer, cela semblait impossible. Et cela semble toujours impossible. (…) Je me souviens, tout le monde voulait jouer "Tiger Rag" à cette époque, aussi vite que possible. Une fois, chacun de nous a pris son tour, sauf qu’on a tous très vite lâché l'affaire car lorsque Art le joue tout le monde s'arrête. (…) Art était tellement en avance sur son temps que toutes les étiquettes impliquant le traditionalisme, le progressisme et le modernisme sont dénuées de sens. Si elles avaient une quelconque validité, alors ce que faisait Art dès 1929 aurait dû être impossible dans l’histoire (…) Il n'avait pas sa place dans cette scène. Personne n'a jamais été à ce niveau."

Ces paroles viennent pourtant d’un trompettiste qui a été à une époque l'une des personnalités instrumentales les plus fortes que la musique jazz ait connues, musicien intense qui, un peu comme Tatum a toujours eu tendance à dominer assez instinctivement tout groupe dont il faisait partie. Un artiste audacieux, direct et pragmatique qui pensait que si vous deviez commencer à expliquer ou analyser ce qui se passe au cours d’un morceau, théoriser tout cela, alors autant aller voir ailleurs.

Il faut savoir que Roy Eldridge a influencé nombre de musicien, dont Dizzy Gillespie… Si on écoute par exemple ce dernier dans Hot Mallets (enregistrement de l’orchestre de Lionel Hampton daté de fin 1939), c’est comme si Roy Eldridge était en train de jouer…




La session Tatum-Eldridge de 1955

tatum_eldridge.jpg
tatum_eldridge.jpg (22.43 Kio) Vu 529 fois
Commençons par This can be love, morceau de Richard Rogers), avec pour cette session d’enregistrements John Simmons à la contrebasse et Alvin Stoller à la batterie. Bien que Roy Eldridge utilise la sourdine, il se dégage de cette musique un sentiment d’intense énergie, une grâce.

Comme à son habitude, Art commence par deux chorus étourdissants, sûrement trop d’ailleurs avec ce torrent de notes, éclatant en configurations peut-être trop alambiquées pour que l'oreille puisse vraiment tout suivre. Roy, imperturbable suit Art autour de la ligne de la mélodie. C’est drôle, on peut avoir l’impression, en écoutant le piano au début du chorus d’Eldridge, que les deux musiciens se sont mis préalablement d’accord sur une phrase formelle ou deux, sauf que cette impression est vite balayée par la suite, où l’on entend bien qu’ils jouent tous les deux sur la corde raide…



Jouer les ballades

Le revers de la médaille, quand on joue avec Tatum, c’est peut-être lorsqu’on en arrive aux ballades.
Roy a toujours été un maître en cette matière, produisant des phrases d'un attrait émotionnel sans pareil. Le choix de ce morceau I surrender dear (Harry Barris) n'est certainement pas anodin dans cette session d’enregistrement, afin de bien montrer le style du trompettiste en la matière.

L'une des grandes caractéristiques du jeu de ballade de Roy Eldridge a toujours été que le fantôme de la mélodie originale ne plane jamais trop loin, alors que le plus souvent avec Art Tatum, comme un jeu séduisant pour lui, s’applique à empêcher l’auditeur de reconnaître trop vite le nom des thèmes en repoussant le plus longtemps possible les phrases révélatrices.
Mais tout va bien car ici, Art - après une courte introduction - laisse dès le départ le thème à Roy Eldridge. Ce dernier est ici un peu le même que le Roy qu'on entendait dans Twilight time dans les années 1945, trompettiste dont la grande puissance peut faire parfois oublier qu'il a également produit certains des solos avec sourdine les plus calmes et délicats jamais enregistrés (si on excepte ceux de Miles Davis).



En ayant construit un monde avec son piano, Art Tatum a laissé (et laissera) une trace indélébile dans l’histoire.



A suivre...
Modifié en dernier par Christof le ven. 23 juin, 2023 12:07, modifié 2 fois.
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Re: Une histoire du jazz à ma façon... Le génie d'Art Tatum (7) - Lorsque le pianiste joue avec les autres musiciens (su

Message par pianojar »

Un petit apercu avec la partition qui permet de se rendre compte de l'extraordinaire virtuosité de Tatum
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Re: Une histoire du jazz à ma façon... Le génie d'Art Tatum (7) - Lorsque le pianiste joue avec les autres musiciens (su

Message par pianojar »

Et si jamais un doute subsiste dans votre esprit ........
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