Progression, stagnation, régression...

Théorie, jeu, répertoire, enseignement, partitions
roulroul
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Progression, stagnation, régression...

Message par roulroul »

Pour faire suite a la réponse d' Abegg63 et ne pas biaiser le fil d' apprentissage de Jouissy,
Abbeg63 / on ne sait jamais trop comment ni pourquoi on se rend compte qu’on a progressé quand même.
C’est un sujet que j’aborde souvent avec mes élèves adultes il serait intéressant d’avoir plusieurs points de vue sur le sujet.
Ben justement....
Il faudrait pouvoir calculer le rapport temps passé au piano / réussite d' un morceau. Effectivement j' ai parfois l' air de stagner, voire de régresser, je crois pouvoir affirmer que c'est commun a beaucoup de monde ici, parce que je prends des morceaux a la difficulté croissante,
c 'est trompeur, mais quand je reprends un morceau a la structure un peu plus simple, c'est ce que je fais actuellement,
je vois bien les progrès accomplis.
Il ne faut pas selon moi chercher a travailler tous les aspects du piano a la fois, mais seulement un par un, et jour par jour, les gammes, le toucher, le rythme, le déchiffrage, l' expression d' un morceau, sinon ça s' éparpille dans tous les sens, et je n' arrive a rien.
Et quand je n' arrive a rien, je m' énerve, donc je laisse tomber tout de suite, je fais autre chose, mieux vaut seulement 10 minutes de piano avec plaisir, que 30 minutes a se prendre le chou, c'est autrement plus constructif.
Je suis a la retraite (!) en ce moment plutôt que 30 mn d'un seul tenant, j' ai tendance a faire pleins de petites séances de 5/10 mn par jour, du coup le temps effectif passé devant le clavier est bien difficile a évaluer...
Abegg63
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Re: Progression, stagnation, régression...

Message par Abegg63 »

Merci roulroul mon élève est arrivé et je n’ai pas eu le temps de créer le sujet.
Tout ce que tu dis est vrai; ce qui m’intéresserait de savoir c’est ce qui déclenche une baisse de motivation. EEst-ce que l’impression de stagner démotive ou c’est la démotivation qui fait stagner.
Évitons de prendre en compte les évidences: problèmes de santé ou familiaux etc.
Restons dans le piano.
Ce que j’ai pu constater c’est que des personnes ayant très bien démarré avec une progression rapide ont un moment de découragement lorsque les morceaux deviennent plus longs, plus difficiles; ils ont souvent du mal à trouver le temps nécessaire.
Je crois qu’inconsciemment ils regrettent de ne pas aller aussi vite qu’au début.
Je m’explique, si dans les premières semaines ont travaille facilement plusieurs morceaux dans la semaine, au fil du temps ce n’est plus possible et on reste souvent plusieurs semaines sur un même morceau. Certains ont du mal à passer le cap.
Après qu’est-ce qui fait qu’on retrouve sa motivation?
Un nouveau morceau qui plaît particulièrement? La rencontre d’un autre musicien? Prof ou autre?
Juste le temps qui passe et qui fait que tout se remet en place?
Voilà des sujets que j’aimerais éclaircir avec les expériences des uns et des autres.
Pardon roulroul de m’ »approprier » ton sujet
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Lee
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Re: Progression, stagnation, régression...

Message par Lee »

Je me souviens d'avoir été démotivée et avoir abandonné deux morceaux deux fois séparément, il y avait les gammes rapides dans l'étude de Chopin op 25 no 7 et pouvoir compter pour le prélude de Rachmaninoff op 32 no 12 qui m'ont découragée.

Les deux cas étaient des moments que ma prof n'étaient pas souvent à Paris ou j'avais d'autres choses à faire. Mais les problèmes techniques étaient trop graves, je ne pouvais pas les surmonter malgré des efforts et du temps donc je me suis dit que les morceaux étaient hors ma portée ou j'étais handicappé dans les capacités (comme pour compter).

J'ai repris ensuite le Rachmaninoff 1 ou 2 ans après, pour enfin arriver à un résultat plutôt comme voulu.
Ma prof actuelle a réussi à m'aider par détourner ou décortiquer autrement. Au lieu de demander que je compte elle a suggeré que je m'habitue à écouter et internaliser le temps, ou elle a patiemment identifié ici tu as fait une mesure de plus ou du moins.
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Abegg63
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Re: Progression, stagnation, régression...

Message par Abegg63 »

Oui mais c’était une démotivation passagère, peut-être une semaine ou deux pas plus.
J’aimerais avoir les témoignages de gens qui ont arrêté plus longtemps. Qu’est-ce qui a fait qu’ils n’avaient plus envie?
Une dame que j’ai eu en cours 2 ans qui se débrouillait très bien, avec une très bonne oreille s’est arrêtée, elle s’était démotivée progressivement je n’ai jamais su pourquoi. Je lui ai conseillé un autre prof, nous avons pris des morceaux différents dès que je sentais que ça n’allait plus mais rien à faire.
Je parle là de quelqu’un de très douée elle a appris la 3me gymnopédie de Satie seule, àl’oreille au bout de 6 mois de piano.
Lorsque le don est bien là, pourquoi on laisse tomber?
La dame dont je parle plus haut avait aussi un toucher extraordinaire, une régularité de doigts impressionnantes et aucun problème pour jouer vite.
Lorsque je lui ai parlé de prendre des cours avec quelqu’un d’autre elle m’a juste dit que non, elle n’avait plus envie. J’ai trouvé que c’était du gâchis avec des facilités pareilles.
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Re: Progression, stagnation, régression...

Message par roulroul »

Il y a les arrêts forcés 15 jours/ 3 semaines, comme les voyages, un emploi du temps chargé, a mon avis lorsque qu'on arrête une période prolongée, mettons 1 an ou plus, c'est mort pour le piano, sauf éventuellement a revenir avec d' autres motivations
et d' autres envies bien plus tard...
Pourquoi n' a t'on plus envie ? A mon avis, ça dépasse le cadre du piano, pourquoi on change de région, de boulot, de partenaire, pourquoi on prends des virages dans notre vie ?
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Lee
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Re: Progression, stagnation, régression...

Message par Lee »

Abegg, la dame a-t-elle continué peut-être seule sans te dire ? Par ce que tu décris, ces personnes débrouillent souvent seuls sans prof, et très bien.
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Re: Progression, stagnation, régression...

Message par Abegg63 »

J’espère qu’elle a continué!
C’est quand même un grand regret pour moi parce que j’ai forcément raté un truc quelquepart avec elle.
Je n’ai peut-être pas su déceler certains problèmes, je ne sais pas.
Je ne sais pas ce qui s’est passé, j’ai eu l’impression qu’elle s’est « bloquée » d’un coup.
Peut-être qu’elle a eu des soucis familiaux ou autre...
jazzophile
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Re: Progression, stagnation, régression...

Message par jazzophile »

Bonsoir à tous,
Oui, effectivement, il peut y avoir différents types de démotivations...
Comme dit un peu plus haut, il y a des démotivations dues aux changements de paliers dans les apprentissages mais cela est en fait "normal".
Que ce passe t-il en fait ?
Les apprentissages bouleversent nos circuits cognitifs c-à-d lorsque nous apprenons, nous construisons à partir de ce que nous savons et nous modifions nos schémas internes, c'est ce que l'on appel une situations de déséquilibre.
Nous savons-----------nous apprenons quelque chose de nouveau (déséquilibre)------------nous avons appris = nous avons progressé
Ces situations de déséquilibre sont charnières et donc très importantes, soit elles sont bien vécues et l'élève se trouve face à un obstacle qu'il peut franchir avec plus ou moins de difficulté, dans tous les cas cela va mettre à l’épreuve sa motivation, son esprit créatif, sa pugnacité et sa méthode de travail. Soit l’obstacle est, ou lui semble trop grand et dans ce cas c'est le forfait et le ressentiment sur soi qui prendra le dessus "jsuis nul" "j'y arriverai jamais" "sicéçajfédufoot" (je n'ai rien contre le foot...). C'est pour cela qu'il est très important lorsque l'on enseigne de bien "jauger" ses élèves et de ne pas avoir peur de changer de morceau si l'on voit que l'on tape dans le capital motivation. Le morceau si beau soit il ne doit pas être une fin en soit mais une "étape" sur le chemin de l'apprentissage.
Il y a un autre type de démotivation et celle-ci est plus terrible, c'est celle qui fait qu'un jour on plaque tout...
C'est le jour ou jouer du piano, faire de la musique n'a plus de sens, lorsque l'on a plus aucun plaisir lorsque l'on s'assoit derrière son instrument.
Et là, c'est grave Docteur...
Certains musiciens peuvent ne plus avoir de vie sociale, car ils travaillent leur instrument des heures chaque jour, ils sont en tournée, ils ne voient plus leur famille et un jour ils se rendent compte qu'ils sacrifient des moments essentiels à leur vie et là ils arrêtent.
Il existe d’ailleurs un film qui évoque ce burnout , il s'agit de "fauteuil d'orchestre". Dans ce film, A. Dupontel joue le rôle d'un pianiste concertiste qui craque complètement.
L'une des répliques est vraiment géniale: Dupontel discute avec une serveuse (C. De France):
"Vous, si vous voulez quitter votre job de serveuse tout le monde vous comprendra, alors que moi, si je veux quitter mon métier (pianiste concertiste) personne ne me comprendra."
Très bien vu...
Bon entre les pianistes débutants et les pianistes concertistes, on a un petit peu de marge!
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Cadenza
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Re: Progression, stagnation, régression...

Message par Cadenza »

Oh, tiens, je n'avais pas vu que tu avais créé ce fil en réaction à ce qui s'était dit dans le mien. :)
Effectivement, je pense qu'il s'agit d'un thème intéressant à explorer.

La question de la stagnation / régression / progression, j'avais vu une vidéo youtube qui parlait un peu de tout ça, et comment il est vrai que sur une échelle de temps assez courte, on peut avoir l'impression - et que ce soit vrai aussi - de stagner au même de régresser. Mais qu'en prenant du recul, en regardant sur une plus longue période, il y a toujours de l'amélioration. Dans les périodes où ça va mal, on acquiert quand même des compétences, des habiletés. Parfois, c'est encore trop maladroit pour qu'on s'en rende compte. Et ça peut faire que ce qu'on joue sonne encore plus mal qu'avant que l'on essaie de mettre de nouvelles choses en pratique. Mais tout ce que l'on travaille fait son petit bout de chemin dans notre cerveau. Des connexions se font. Et c'est ce travail-là qui permet la prochaine phase de progression.
Face à cela, je pense que de s'enregistrer périodiquement est un très bon remède! Un parfait exemple : quand j'ai posté hier et que je me suis enregistrée, j'ai comparé avec l'enregistrement précédent de mon nocturne, et je me suis dit que malgré le peu de travail, en un mois, c'était déjà mieux que c'était! Au quotidien, c'est difficile de voir les progrès, car ceux-ci se font à une plus large échelle de temps! Donc, vraiment, les enregistrements, je trouve que c'est le meilleur remède!

Sur la question des gens qui quittent alors que pourtant, tout semble indiquer que ça va bien, que la personne est douée, etc. J'ai aussi vu une autre vidéo sur cette question. Si je me rappelle bien, ça parlait des différents niveaux de compétence : l'incompétence inconsciente, l'incompétence conscience, la compétence consciente et la compétence inconsciente. Le premier niveau : tu ne sais pas que tu ne sais pas. Le deuxième niveau : tu sais que tu ne sais pas. Le troisième niveau : tu sais, mais cela te demande un effort. Le quatrième niveau : tu sais, et ça se fait tout seul, sans y penser.
À tous les stades d'apprentissage, nous oscillons entre ces niveaux. Par exemple, en étant complètement débutant, je ne sais rien du piano. Par contre, je sais qu'une feuille de musique, c'est du chinois pour moi et qu'il me faut apprendre à lire la musique. Je sais que je ne sais pas lire la musique. Puis j'apprends à lire. J'atteins le niveau 3. Je sais lire, mais ce n'est pas fluide. Je dois penser à chaque note, me questionner pour savoir de quelle note il s'agit. Puis, à force, je vais finir par atteindre le niveau 4 et je n'aurais pas à me poser la question. Je vois un Sol, je sais que c'est un Sol et où appuyer sur le clavier. Mais si j'ai atteint le niveau 4 en lecture, je ne connais pas encore tous les symboles. Quand j'en croise un nouveau, je sais que je ne sais pas ce que c'est. Et en même temps, j'ignore que je suis trop crispée quand je joue et que mon jeu sonne dur. Etc. Etc. Vous comprenez l'idée.
Et bien, cette vidéo mentionnait que l'un des moments les plus à risque de voir un pianiste amateur arrêter, c'est quand il devient de plus en plus conscient de tout ce qu'il ignore. À ce stade, il prend conscience de l'ampleur du travail à fournir pour atteindre un bon niveau de jeu, et en même temps, il entend tout ce qu'il fait mal, et cela le frustre. Il devient plus critique de ses résultats.

Je pense que ça peut être intéressant de présenter ça à des amateurs adultes avec un petit parcours derrière eux. Peut-être cela pourra-t-il les rejoindre? Je pense qu'en comprenant cette dynamique, on peut peut-être plus facilement éviter de tomber dans le piège de se décourager. Plutôt que de voir l'insurmontable montagne, on prend conscience qu'en fait, cette montagne a toujours été là. C'est juste qu'avant, on ne la voyait pas. Et qu'en ne la voyant pas, on faisait notre petit bonhomme de chemin, un pas à la fois, et que c'est ce qu'il faut continuer de faire. Peut-être se donner des objectifs plus petits pour mesurer nos progrès et voir que la montagne peut être escaladée.


Et oui, sur la question de est-ce que le manque de progrès nourrit la démotivation ou si l'inverse? Pour moi, les deux sont clairement liés. Et c'est ce qui est difficile. Quand on entre dans ce cercle vicieux, il faut fournir un effort conséquent pour s'en extirper et retomber dans le cercle «vertueux» inverse de pratiquer --> progresser --> être encouragé par nos progrès.


Je pense que, personnellement, peu à peu, j'entre dans cette phase de prendre conscience de plus en plus de mes «problèmes» pianistiques. Je pense que je suis encore beaucoup dans une phase de «je ne sais pas que je ne sais pas», mais j'entends de plus en plus ce qui cloche dans mes interprétations et j'ai l'impression d'être de moins en moins satisfaite de ce que je parviens à faire. Ce qui vient probablement s'ajouter aux autres problèmes.

Je ne crois pas que ça se limite à une question de choix de répertoire.

Je suis mitigée sur le rôle que peut remplir le prof à cet égard.
Je suis du genre à douter facilement dans la vie, donc je trouve mon prof vraiment encourageant quand il me dit qu'il ne trouve pas que je stagne, que j'aborde des choses autrement plus compliquées que l'an dernier et qu'il est normal que ce soit plus difficile, etc. J'ai parfois envie de répondre «tu es sûr? (que je progresse)», mais je pense nullement qu'il dise ça pour me faire plaisir. Donc je pense que, clairement, mon prof a un rôle motivateur, même si c'est plus difficile depuis quelques mois.

Et en toute franchise, j'ai bien fait de revenir vous voir!
J'avais mon cours ce soir - le dernier avant la nouvelle année. Un cours un peu moche que j'ai «essayé» d'annuler (le cours était sensé être demain, mais j'ai une activité avec le bureau. J'ai proposé à mon prof qu'on annule et qu'on se revoie en janvier. Il a proposé de faire ça un autre soir. J'ai dit que ça faisait serré dans le temps pour avoir travaillé suffisamment depuis la dernière fois. Il m'a répondu qu'au pire, ce serait une bonne idée que de prendre le temps de mettre des doigtés dans mon Debussy. J'ai donc acquiescé. Donc voilà, ce soir, on a pris une heure pour identifier des doigtés et travailler quelques passages, brièvement. Et on s'est réservé un quinze minutes, à ma demande, pour faire un peu de formation auditive - ma bête noire que je tâche de travailler). Je suis arrivée 45 minutes avant le cours, je me suis installée, et le coeur y était plus qu'à l'habitude. Et après le cours, pas beaucoup de notes à prendre. L'envie de pratiquer n'était pas très présente, mais je me suis mise à plaquer des notes au hasard, sans regarder, 3 à la fois, et essayer de chanter. Si je me retrouvais à plaquer un accord mineur ou majeur, j'essayais d'identifier le renversement. Quand même la formation auditive est un vecteur de motivation! C'est à se demander qu'elle bibitte je suis! :D
Je ne sais pas si ce sont vos mots d'encouragement ou le fait de retrouver un milieu de passionné, si ce sont les 16 heures de sommeil lundi ou la semaine de travail qui, pour le reste, est sur un rythme presque normal qui favorise la reprise de ma routine, mais en tout cas, ça fait du bien de reconnecter avec cela ce soir, même si ce n'est pas aussi fort qu'il y a un an!
Merci amis PMistes!
Mon parcours musical, du jour 1 (février 2016), avec ses hauts et ses bas. ;)
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Re: Progression, stagnation, régression...

Message par Abegg63 »

Et ben voilà c’est reparti pour toi!
Bravo!
J’ai lu très attentivement ton message, il y a une chose que je fais si je sens que mon élève doute, je lui montre ce que nous avons travaillé lors du premier cours et je lui dis de bien réfléchir à tous les progrès accomplis, toutes les connaissances assimilées depuis.
Je dis aussi que dans quelques mois, ce que nous faisons aujourd’hui et qui lui semble inaccessible lui paraîtra tout à fait faisable.
J’espère jouishy, que nous aurons bientôt d’autres enregistrements; je ne commente pas tout le temps mais j’écoute souvent.
roulroul
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Re: Progression, stagnation, régression...

Message par roulroul »

Jouishy / C'est à se demander qu'elle bibitte je suis! :D
Whaooooo, expression Canadienne ? Vous autres avez un accent et des expressions qui déchirent, j' adore... :D
Propose nous des vidéos des que tu le peux.

J' ai remarqué qu' une petite progression de rien du tout, et on ressent tout de suite une petite fierté intérieure, comme un petite flamme, mais faut surtout pas se la jouer, et se croire arrivé, et rester humble, en toutes circonstances...
P.piano2
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Re: Progression, stagnation, régression...

Message par P.piano2 »

Intéressant ce sujet! Je ne sais pas si c'est la même chose pour vous mais j'ai l'impression que mon temps de " travail " au piano ( même si ça reste toujours du plaisir😊) ne correspond jamais à l'ampleur de mes progrès. Par exemple, je vais jouer énormément une semaine et puis à mon cours, je me rends compte en jouant devant ma prof de tout ce qui ne va pas, et j'ai l'impression que toutes ces heures à jouer ne m'ont pas fait progresser dans mon morceau. Je dois revoir pour le cours suivant ce que j'avais déjà travaillé auparavant.( J'ai peut être une mauvaise méthode de travail ?!) Et puis la semaine d'après j'ai beaucoup moins de temps à consacrer au piano, trop de travail, et je ne joue presque pas. De retour à mon cours, je rejoue mon morceau et ma prof me dit que j'ai fait beaucoup de progrès. Est- ce que c'est parce que j'ai laissé reposer mon morceau?! C'est quelque chose que je ne comprends toujours pas. En tout cas c'est parfois un peu décourageant, malheureusement
roulroul
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Re: Progression, stagnation, régression...

Message par roulroul »

mais j'ai l'impression que mon temps de " travail " au piano ( même si ça reste toujours du plaisir😊) ne correspond jamais à l'ampleur de mes progrès.
J' ai calculé 2 mois de travail, moins WE et jours fériés, on ramène a 40 jours a 15mn / jour ce qui fait 600 minutes, soit 10 heures au piano.
pour un morceau de 2 ou 3 minutes. Ce qui fait un rapport de 1/200, heureusement comme tu dis que le plaisir et la passion sont la.... :mrgreen:

La comparaison est sans doute osée,
Ça fait un peu comme si tu grimpes en haut d' une piste a pied sans prendre le télésiège,
et que ensuite tu te tapes une bonne descente a ski de quelques mn... #-o
pfffpfff
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Re: Progression, stagnation, régression...

Message par pfffpfff »

roulroul a écrit : jeu. 20 déc., 2018 12:02
mais j'ai l'impression que mon temps de " travail " au piano ( même si ça reste toujours du plaisir😊) ne correspond jamais à l'ampleur de mes progrès.
J' ai calculé 2 mois de travail, moins WE et jours fériés, on ramène a 40 jours a 15mn / jour ce qui fait 600 minutes, soit 10 heures au piano.
pour un morceau de 2 ou 3 minutes. Ce qui fait un rapport de 1/200, heureusement comme tu dis que le plaisir et la passion sont la.... :mrgreen:

La comparaison est sans doute osée,
Ça fait un peu comme si tu grimpes en haut d' une piste a pied sans prendre le télésiège,
et que ensuite tu te tapes une bonne descente a ski de quelques mn... #-o
J'ai note la même chose. :) Que d acharnement pour si peu en apparence. Mais tu le disais Rouroul, jouer au piano n est pas anodin et requiert beaucoup d attention.

Après, c'est aussi réducteur, car sauf a toucher au haut niveau, les morceaux de ton niveau beneficient du travail accompli sur une œuvre faite du même niveau. On peut penser qu après avoir travailler a fond 3 ou 4 œuvres dans un "Classique favori", les autres œuvres du même volume seront plus facilement déchiffrables.
Autrement dit, un autre plaisir pourrait être de déchiffrer et jouer quelques mesures par ci par la car devenues plus facilement lisibles.
Aussi, les œuvres apprises, a condition de s exercer quotidiennement au piano, reviennent assez facilement et cumulent dans le temps. Les 600 minutes passes sur telle œuvre ont entre permis ça et la de réinterpréter telle ou telle œuvre. Ensuite, si le temps passe l'est sur des œuvres exigeantes, il permettra d accéder a des œuvres plus légères avec beaucoup moins de difficulté.
Enfin, jouer au piano ouvre des horizons intellectuels et émotionnels inaccessible sans la pratique d'un instrument.

Mais bon, c est vrai qu on aimerait tous être un virtuose et déchiffrer a vue. C est un point d ailleurs que j aimerais améliorer, le déchiffrage. :D
P.piano2
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Re: Progression, stagnation, régression...

Message par P.piano2 »

Haha oui je comprends mais tu vas voir, la descente à ski va petit à petit se rallonger en temps roulroul. 😁En tout cas, si le morceau dont tu parlais est ton Andantino, les heures passées dessus ont payé, car c'est vraiment très joli! Et c'est vrai qu'on prend toujours du plaisir à rejouer les morceaux appris, mais comme j'en ai souvent de nouveaux à déchiffrer, je les oublie malheureusement parfois. Mais j'aime les rejouer beaucoup plus tard, pour améliorer mon déchiffrage ( un point aussi sur lequel je ne sais pas comment m'améliorer) et aussi parce qu'après les avoir laissés de côté, je trouve qu'on les redécouvre.
pfffpfff
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Re: Progression, stagnation, régression...

Message par pfffpfff »

Je recommanderai de les rejouer au moins une fois par semaine. Et pour ceux que tu aimes, consacrer un peu de temps sur les passages difficiles ou qui se repetent moins que les autres (les passages sans bis repetita ou qui comportent des alterations, des difficultes).
Si il y a trop d oeuvres, peut etre eparpiller ces revisions sur 2 jours. C est dommage d oublier si on a aimé.
P.piano2
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Re: Progression, stagnation, régression...

Message par P.piano2 »

Oui c'est ce que je vais essayer de faire dorénavant, merci! Et pour répondre aux messages plus hauts, je pense qu'il y a en effet plusieurs causes de démotivations mais je pense que pour les passionnés comme les membres de ce forum, il suffit parfois d'une seule petite chose pour nous remotiver, simplement rejouer un morceau qu'on aime, lire ce forum, écouter d'autres jouer, lors d'un concert par exemple... Et après être restée longtemps sans jouer, lorsque je sens que je ne suis pas motivée et que je me cherche une excuse pour ne pas avoir jouer, j'essaye simplement de me mettre au piano , sans me dire " je vais retravailler tel passage ou déchiffrer ceci " Je joue un peu et puis l'envie reviens. Je pense que le pire pour se demotiver, c'est d'arrêter de jouer pendant quelque temps, parce qu'après on culpabilise et on voit le fait de reprendre comme une montagne. J'essaye de jouer tous les jours même qu'en j'en ai moins envie, mais c'est vrai que c'est parfois difficile!
leLama
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Re: Progression, stagnation, régression...

Message par leLama »

Je vois deux endroits ou on bloque et ou on peut sentir qu'on stagne, mais qui correspondent a des realités assez differentes a mon sens.

Le premier endroit c'est un point charniere, un desequilbre qu'il faut resoudre comme dit Jazzophile,. Pour ma part, j'ai l'image d'une marche qu'il faut monter. Pour donner un exemple, apres avoir pianoté un peu, on voudrait interioriser le rythme. On voudrait passer d'une vision rythmique numerique (je compte les temps comme un debutant) a une vision rythmique interieure (je sens la pulsation dans mon corps). Ça doit dépendre des gens, mais pour beaucoup, je crois que c'est un effort mental. Ce n'est pas un chemin en pente douce ou on pourrait avancer en faisant des efforts reguliers. Il y a une marche a franchir et j'ai l'impression qu'Il faut souvent un effort total, s'immerger, vivre avec ce probleme au quotidien pour le resoudre. C'est un peu décourageant par l'intensité de l'effort qu'il faut fournir pour franchir la marche. C'est un travail a faire sur soi, tres interne, je crois qu'un prof aide seulement a la marge pour ce genre de difficultés. La hauteur des marches qu'on franchit depend en partie de la désocialisaition que l'on accepte. Faible pour nous amateurs, mais forcément importante pour ceux qui veulent en faire leur métier.

Dans ma tête, quand la marche est franchie, j''ai l'impression qu'on arrive a un autre niveau et il y a plein de fruits a ramasser par terre. Pour continuer sur l'exemple du rythme, il y a des centaines de rytthme qu'il faut s'approproprier. Si on a déja franchi la marche et qu'on reconnait ce sentiment interne de pulsation, c'est facile, on prend les rythmes les uns apres les autres et on les travaille jusqu'a eprouver ce sentiment d'appropriation sans comptage pour chacun. Il suffit d'un travail regulier, mais c'est loooong, et ca peut décourager. J'ai l'impression qu'ici le role du prof est important. On peut faire plus facilement le travail regulier necessaire si on est encouragé, si le prof aide bien a identifier ce qui est fait, et qu'on visualise ainsi mieux la progression.

Puis de nouveau, il y aura une autre marche, difficile, pour monter d'un niveau, et des fruits a ramasser au niveau superieur quand la marche sera franchie.

Je pense que la stagnation existe devant les marches, mais pas dans le ramassage des fruits. Par exemple pour moi, j'ai essayé d'improviser et objectivement, je stagnais. J'ai essayté avec ténacité plusieurs mois, mais la marche était trop haute, ça ne donnait rien. Il m'a semblé qu'il valait mieux arreter les frais. Je reeseairai sans doute plus tard quand je serai plus avancé.
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Re: Progression, stagnation, régression...

Message par jazzy »

Jouishy a écrit : jeu. 20 déc., 2018 5:18
Et bien, cette vidéo mentionnait que l'un des moments les plus à risque de voir un pianiste amateur arrêter, c'est quand il devient de plus en plus conscient de tout ce qu'il ignore. À ce stade, il prend conscience de l'ampleur du travail à fournir pour atteindre un bon niveau de jeu, et en même temps, il entend tout ce qu'il fait mal, et cela le frustre. Il devient plus critique de ses résultats.

Je pense que c'est une des raisons qui m'a fait arrêter le travail du piano classique. J'ai pris quelques années de cours vers la cinquantaine et quand j'ai vu le travail que cela nécessiterait pour arriver à un résultat satisfaisant, j'ai préféré bifurquer vers l'accompagnement de chansons et le jazz (que j'avais déjà travaillé un peu en autodidacte).
Une des choses difficiles pour moi, plus spécialement en classique, c'est un sentiment de solitude dans le travail. Bien sûr, le travail avec le prof a permis de voir quelques progrès, et de me remotiver quelquefois, mais je trouve qu'il est difficile d'échanger (j'habite "en campagne") avec des pairs sur cette musique, que malheureusement beaucoup de gens n'ont pas l'habitude d'écouter et d'apprécier (d'ou l'intérêt de ce forum!).
Je regrette parfois cet arrêt, mais ce regret est bien compensé par le travail d'accompagnement de chansons que je fais dans mon trio "chansons françaises" et un peu de travail de création en jazz.
Je crois que ce qui motive le plus ce travail, ce sont les répétions à trois personnes (avec chant-guitare et contrebasse) et surtout sans doute les concerts pour se produire en public.
Je pense que je n'aurais pas pu jouer en public en musique classique. Il y avait trop de travail à fournir pour arriver , à mon âge, à quelque chose d'intéressant.
Discuter avec mes deux collègues de comment nous allons harmoniser telle chanson, quelle genre d'introduction nous allons faire, comment faire pour qu'il y ait des échanges au niveau musique, écouter la chanson interprétée par un artiste, parler de ce nous pensons retenir,musicalement parlant, pour notre trio de ce que nous avons écouté (tout en connaissant nos limites pour chaque instrumentiste!), tout ceci est vraiment intéressant et enrichissant...fini ce sentiment de solitude!!!
Et puis il y a le plaisir de créer sa propre musique, qui pour moi est très important et très vivifiant.
Bien sûr la musique n'est pas la même que celle jouée en classique, sans doute moins "profonde" (d'autant plus que je joue sur un numérique), mais se produire en concert apporte beaucoup de satisfactions ( mêlées de peur et de craintes- surtout dans les premières prestations).
Jouer à plusieurs en vue d'éventuels concerts est aussi une grosse motivation de travail, car il y a un objectif concret, palpable.
Cette année nous avons décidé de travailler de temps en temps avec un professionnel pour améliorer aussi bien notre présentation visuelle (tenue, place de chacun, place et rôle particulier du chanteur,...)que musicale : réglage de la sono, enrichissement des orchestrations pour aboutir à des "intentions" musicales,...Vraiment intéressant
Mon dernier morceau sur soundcloud
https://soundcloud.com/user-123419479/confinements
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Cadenza
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Re: Progression, stagnation, régression...

Message par Cadenza »

P.piano2 a écrit : jeu. 20 déc., 2018 13:55 Je joue un peu et puis l'envie reviens.
Je te dirais que c'est ce que je vivais dans mes 2 premières années de piano. Certains jours, je n'avais pas trop envie, mais je me forçais à m'asseoir devant mon instrument et, le plus souvent, je réalisais 2h plus tard que j'y étais encore et que je n'avais pas vu le temps passer.

Ces derniers mois, c'était différent toutefois et ce truc ne fonctionnait plus du tout (c'est un peu encore ma réalité). Quand je trouvais la motivation de me mettre devant le piano, je pianotais un peu au hasard pendant 15 minutes, puis je passais à autre chose. L'envie n'était pas là. Ou encore, je me disais que je voulais absolument faire plus et je me retrouvais à regarder mon clavier, à soupirer, à ne pas trop savoir quoi faire, car l'envie n'y était pas. Donc le truc ne fonctionne pas toujours.
jazzy a écrit : jeu. 20 déc., 2018 18:49 Une des choses difficiles pour moi, plus spécialement en classique, c'est un sentiment de solitude dans le travail.
Oui, je pense que ça joue aussi. Ces derniers mois, j'ai aussi d'autres loisirs qui ont pris plus de place, et certainement parce que ceux-ci m'amenaient à interagir avec des gens en direct et que j'avais peut-être besoin de ce contact humain et ce sentiment «communautaire». Mais, en même temps, ces loisirs ne m'amènent pas le même niveau de satisfaction. Je n'ai pas le côté expressif de la musique dont j'ai besoin. Et je dois probablement trouver un nouvel équilibre dans tout ça.
jazzy a écrit : jeu. 20 déc., 2018 18:49 Jouer à plusieurs en vue d'éventuels concerts est aussi une grosse motivation de travail, car il y a un objectif concret, palpable.
Oui, avoir des objectifs plus concrets, c'est un peu ce que je recherche dans ma démarche d'examens. Avoir simplement un concert de fin d'année pourrait avoir le même effet probablement. Mais le côté très solitaire de la pratique du piano renforce le besoin de concret, je pense, ce qui manquait un peu dans le début de mon apprentissage.
Mon parcours musical, du jour 1 (février 2016), avec ses hauts et ses bas. ;)
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