Oh, tiens, je n'avais pas vu que tu avais créé ce fil en réaction à ce qui s'était dit dans le mien.
Effectivement, je pense qu'il s'agit d'un thème intéressant à explorer.
La question de la stagnation / régression / progression, j'avais vu une vidéo youtube qui parlait un peu de tout ça, et comment il est vrai que sur une échelle de temps assez courte, on peut avoir l'impression - et que ce soit vrai aussi - de stagner au même de régresser. Mais qu'en prenant du recul, en regardant sur une plus longue période, il y a toujours de l'amélioration. Dans les périodes où ça va mal, on acquiert quand même des compétences, des habiletés. Parfois, c'est encore trop maladroit pour qu'on s'en rende compte. Et ça peut faire que ce qu'on joue sonne encore plus mal qu'avant que l'on essaie de mettre de nouvelles choses en pratique. Mais tout ce que l'on travaille fait son petit bout de chemin dans notre cerveau. Des connexions se font. Et c'est ce travail-là qui permet la prochaine phase de progression.
Face à cela, je pense que de s'enregistrer périodiquement est un très bon remède! Un parfait exemple : quand j'ai posté hier et que je me suis enregistrée, j'ai comparé avec l'enregistrement précédent de mon nocturne, et je me suis dit que malgré le peu de travail, en un mois, c'était déjà mieux que c'était! Au quotidien, c'est difficile de voir les progrès, car ceux-ci se font à une plus large échelle de temps! Donc, vraiment, les enregistrements, je trouve que c'est le meilleur remède!
Sur la question des gens qui quittent alors que pourtant, tout semble indiquer que ça va bien, que la personne est douée, etc. J'ai aussi vu une autre vidéo sur cette question. Si je me rappelle bien, ça parlait des différents niveaux de compétence : l'incompétence inconsciente, l'incompétence conscience, la compétence consciente et la compétence inconsciente. Le premier niveau : tu ne sais pas que tu ne sais pas. Le deuxième niveau : tu sais que tu ne sais pas. Le troisième niveau : tu sais, mais cela te demande un effort. Le quatrième niveau : tu sais, et ça se fait tout seul, sans y penser.
À tous les stades d'apprentissage, nous oscillons entre ces niveaux. Par exemple, en étant complètement débutant, je ne sais rien du piano. Par contre, je sais qu'une feuille de musique, c'est du chinois pour moi et qu'il me faut apprendre à lire la musique. Je sais que je ne sais pas lire la musique. Puis j'apprends à lire. J'atteins le niveau 3. Je sais lire, mais ce n'est pas fluide. Je dois penser à chaque note, me questionner pour savoir de quelle note il s'agit. Puis, à force, je vais finir par atteindre le niveau 4 et je n'aurais pas à me poser la question. Je vois un Sol, je sais que c'est un Sol et où appuyer sur le clavier. Mais si j'ai atteint le niveau 4 en lecture, je ne connais pas encore tous les symboles. Quand j'en croise un nouveau, je sais que je ne sais pas ce que c'est. Et en même temps, j'ignore que je suis trop crispée quand je joue et que mon jeu sonne dur. Etc. Etc. Vous comprenez l'idée.
Et bien, cette vidéo mentionnait que l'un des moments les plus à risque de voir un pianiste amateur arrêter, c'est quand il devient de plus en plus conscient de tout ce qu'il ignore. À ce stade, il prend conscience de l'ampleur du travail à fournir pour atteindre un bon niveau de jeu, et en même temps, il entend tout ce qu'il fait mal, et cela le frustre. Il devient plus critique de ses résultats.
Je pense que ça peut être intéressant de présenter ça à des amateurs adultes avec un petit parcours derrière eux. Peut-être cela pourra-t-il les rejoindre? Je pense qu'en comprenant cette dynamique, on peut peut-être plus facilement éviter de tomber dans le piège de se décourager. Plutôt que de voir l'insurmontable montagne, on prend conscience qu'en fait, cette montagne a toujours été là. C'est juste qu'avant, on ne la voyait pas. Et qu'en ne la voyant pas, on faisait notre petit bonhomme de chemin, un pas à la fois, et que c'est ce qu'il faut continuer de faire. Peut-être se donner des objectifs plus petits pour mesurer nos progrès et voir que la montagne peut être escaladée.
Et oui, sur la question de est-ce que le manque de progrès nourrit la démotivation ou si l'inverse? Pour moi, les deux sont clairement liés. Et c'est ce qui est difficile. Quand on entre dans ce cercle vicieux, il faut fournir un effort conséquent pour s'en extirper et retomber dans le cercle «vertueux» inverse de pratiquer --> progresser --> être encouragé par nos progrès.
Je pense que, personnellement, peu à peu, j'entre dans cette phase de prendre conscience de plus en plus de mes «problèmes» pianistiques. Je pense que je suis encore beaucoup dans une phase de «je ne sais pas que je ne sais pas», mais j'entends de plus en plus ce qui cloche dans mes interprétations et j'ai l'impression d'être de moins en moins satisfaite de ce que je parviens à faire. Ce qui vient probablement s'ajouter aux autres problèmes.
Je ne crois pas que ça se limite à une question de choix de répertoire.
Je suis mitigée sur le rôle que peut remplir le prof à cet égard.
Je suis du genre à douter facilement dans la vie, donc je trouve mon prof vraiment encourageant quand il me dit qu'il ne trouve pas que je stagne, que j'aborde des choses autrement plus compliquées que l'an dernier et qu'il est normal que ce soit plus difficile, etc. J'ai parfois envie de répondre «tu es sûr? (que je progresse)», mais je pense nullement qu'il dise ça pour me faire plaisir. Donc je pense que, clairement, mon prof a un rôle motivateur, même si c'est plus difficile depuis quelques mois.
Et en toute franchise, j'ai bien fait de revenir vous voir!
J'avais mon cours ce soir - le dernier avant la nouvelle année. Un cours un peu moche que j'ai «essayé» d'annuler (le cours était sensé être demain, mais j'ai une activité avec le bureau. J'ai proposé à mon prof qu'on annule et qu'on se revoie en janvier. Il a proposé de faire ça un autre soir. J'ai dit que ça faisait serré dans le temps pour avoir travaillé suffisamment depuis la dernière fois. Il m'a répondu qu'au pire, ce serait une bonne idée que de prendre le temps de mettre des doigtés dans mon Debussy. J'ai donc acquiescé. Donc voilà, ce soir, on a pris une heure pour identifier des doigtés et travailler quelques passages, brièvement. Et on s'est réservé un quinze minutes, à ma demande, pour faire un peu de formation auditive - ma bête noire que je tâche de travailler). Je suis arrivée 45 minutes avant le cours, je me suis installée, et le coeur y était plus qu'à l'habitude. Et après le cours, pas beaucoup de notes à prendre. L'envie de pratiquer n'était pas très présente, mais je me suis mise à plaquer des notes au hasard, sans regarder, 3 à la fois, et essayer de chanter. Si je me retrouvais à plaquer un accord mineur ou majeur, j'essayais d'identifier le renversement. Quand même la formation auditive est un vecteur de motivation! C'est à se demander qu'elle bibitte je suis!
Je ne sais pas si ce sont vos mots d'encouragement ou le fait de retrouver un milieu de passionné, si ce sont les 16 heures de sommeil lundi ou la semaine de travail qui, pour le reste, est sur un rythme presque normal qui favorise la reprise de ma routine, mais en tout cas, ça fait du bien de reconnecter avec cela ce soir, même si ce n'est pas aussi fort qu'il y a un an!
Merci amis PMistes!