bigrounours a écrit : ↑mar. 27 févr., 2018 11:27
Est ce que cela vous fait ça parfois ? Vouloir jouer un morceau uniquement pour jouer un passage précis ?
Oui, ce qui m'a motivé à jouer les variations en fa mineur de Haydn (13-14 minutes tout de même), c'est un tout petit passage de quelque mesures, dans la coda, où la tristesse accumulée jusque là explose dans un chant MD qui saute des octaves (comme des cris), tandis que la main gauche fait des battements d'accords magnifiques.
J'ai quand même appris à apprécier les 13 minutes de musique qui précèdent (et sans lesquelles ce passage n'aurait pas toute son intensité) en les travaillant
Et ironiquement ce passage qui me bouleverse est parmi ceux que je joue le moins bien
bigrounours a écrit : ↑mar. 27 févr., 2018 11:27 j'aime ce morceau, et tout particulièrement pour un passage du 1er mouvement qui dure moins de 10s. Ce passage joué tout seul, sans l'avant ni l'après, il n'évoque pas grand chose, mais il est très bien amené, et je ressens comme un sentiment de plénitude lorsqu'on y arrive enfin.
C'est un très joli passage de transition harmonique, et maintenant que tu le dis, j'éprouve parfois aussi un sentiment de plénitude dans ces changements harmoniques, par exemple, à plusieurs reprises dans la jolie Fantasia de Haydn, par exemple 1m10 et suivantes :
Oui j'ai écouté et effectivement il y a de ça dans ce morceau aussi, même si c'est beaucoup plus énergique ici que dans le Beethoven que j'ai posté avant.
bigrounours a écrit : ↑mar. 27 févr., 2018 11:27
Par exemple, chez Beethoven, j'ai travaillé la sonate op14-1 (ou n°9). Elle n'est pas très connue ni très jouée (je crois...), mais j'aime ce morceau, et tout particulièrement pour un passage du 1er mouvement qui dure moins de 10s. Ce passage joué tout seul, sans l'avant ni l'après, il n'évoque pas grand chose, mais il est très bien amené, et je ressens comme un sentiment de plénitude lorsqu'on y arrive enfin.
C'est un passage probablement le plus simple du morceau, mais il y a quelque chose. J'ai l'impression que Beethoven nous a emmené jusqu'à ce passage, qu'il cherchait à nous égayer avant, puis un peu de frustration, peut être de colère, puis enfin la plénitude dans ce passage. Bien sur c'est peut être mon imaginaire, mais peu importe. C'est ce passage qui m'a décidé à travailler d'abord le 1er mouvement, puis toute la sonate ! (que je n'ai malheureusement jamais pris le temps d'enregistrer).
J'ai écouté ce mouvement par curiosité après avoir lu ton post en commençant par le début et en essayant de deviner de quel passage tu parlais, c'est très intéressant de superposer cette première écoute à tes impressions !
Spykou a écrit : ↑mar. 27 févr., 2018 16:06
J'ai écouté ce mouvement par curiosité après avoir lu ton post en commençant par le début et en essayant de deviner de quel passage tu parlais, c'est très intéressant de superposer cette première écoute à tes impressions !
Et alors ? Tes impressions à toi ?
Et bien je ressens assez bien ce que tu décris, mais pour une analyse plus personnelle il faudrait que je le réécoute un grand nombre de fois ou que je me mette à le travailler au clavier !
Aux premières écoutes je trouve que c'est un morceau assez gai, communicatif, dont l'intonation est parfois bienveillante, parfois un peu plus vigilante, aux humeurs assez changeantes mais sur un ton général assez protecteur, comme un parent qui élèverait son enfant tantôt en le dorlotant, en jouant avec lui, en lui apprenant des choses, tantôt en le grondant ou en l'avertissant d'un danger
Comme pour le nocturne op 9-1 de Chopin, le prélude op 28-15, je trouve le passage du milieu en Do# mineur affreusement long, c'est pour ce passage qu'on l'appelle "Raindrop" mais bon je vois pas trop le truc. Si quelqu'un pouvait m'expliquer.
Sinon, j'aime beaucoup le début de ce prélude.
Mailnm a écrit : ↑mer. 28 févr., 2018 16:23
Comme pour le nocturne op 9-1 de Chopin, le prélude op 28-15, je trouve le passage du milieu en Do# mineur affreusement long, c'est pour ce passage qu'on l'appelle "Raindrop" mais bon je vois pas trop le truc. Si quelqu'un pouvait m'expliquer.
Sinon, j'aime beaucoup le début de ce prélude.
J’ai toujours cru que c’était le prélude no 6 celui de la goutte d’eau. Je croyais même avoir compris pourquoi...
Mailnm a écrit : ↑mer. 28 févr., 2018 16:23
Comme pour le nocturne op 9-1 de Chopin, le prélude op 28-15, je trouve le passage du milieu en Do# mineur affreusement long, c'est pour ce passage qu'on l'appelle "Raindrop" mais bon je vois pas trop le truc. Si quelqu'un pouvait m'expliquer.
Sinon, j'aime beaucoup le début de ce prélude.
J’ai toujours cru que c’était le prélude no 6 celui de la goutte d’eau. Je croyais même avoir compris pourquoi...
La partie centrale du 15ème prélude évoquerait une goutte d'eau ? Curieux... C'est un épisode tout en tension dramatique, le rapport avec une goutte est tout sauf évident...
La main gauche de la 1ère partie et de la conclusion, avec la répétition obsessionnelle du la b, ça colle un peu mieux.
Je partage l'avis de Spykou sur le 6ème qui parait mieux coller à l'image de George Sand qui, soit dit au passage, peut trèe bien n'être que pure invention...
Plus généralement, donner des titres imagés aux oeuvres de Chopin est un peu lui manquer de respect. Lui-même s'emportait contre ses éditeurs qui en collaient des gratinés, contre sa volonté !
Il me semble que j'avais déjà lu quelque part qu'on l'appelle ainsi car la répétition de notes à la MG évoque des gouttes d'eau qui tombent sur un toit, comme s'il pleuvait à l'extérieur.
On pourrait voir le moment où ça devient plus intense comme un petit orage qui se lève.
quazart a écrit : ↑mer. 28 févr., 2018 22:00
La partie centrale du 15ème prélude évoquerait une goutte d'eau ? Curieux... C'est un épisode tout en tension dramatique, le rapport avec une goutte est tout sauf évident...
La main gauche de la 1ère partie et de la conclusion, avec la répétition obsessionnelle du la b, ça colle un peu mieux.
Je partage l'avis de Spykou sur le 6ème qui parait mieux coller à l'image de George Sand qui, soit dit au passage, peut trèe bien n'être que pure invention...
Plus généralement, donner des titres imagés aux oeuvres de Chopin est un peu lui manquer de respect. Lui-même s'emportait contre ses éditeurs qui en collaient des gratinés, contre sa volonté !
Je pense que ce serait manquer de respect si Chopin lui-même n’avait pas donné des titres à certaines de ses œuvres.
Tu as des exemples de titres que Chopin détestait ? Cela m’intéresse.
De quels titres donnés par Chopin parles-tu ?
Il a donné des titres génériques (préludes, études, ballades etc... etc...), mais jamais rien de descriptif.
Le titre - je devrais d'ailleurs parler de sous-titre - le plus ridicule est celui qui accompagnait la première édition du 1er Scherzo : "le banquet infernal".
Je comprends son exaspération...
Le Boléro devenait un "souvenir d'Andalousie", les nocturnes op9 "Soirées sur la Seine"...
Les Etudes ont été pas mal maltraitées aussi, ces sous-titres sont passés dans les mœurs : "Révolutionnaire", "wrong note" (!), "ocean", "tristesse", etc...
Le "politiquement correct'" nous épargne la "négresse" (op10 n°5) qu'on baptise à présent "sur les touches noires". A quand "sur les touches de couleur" ?...
Jouishy a écrit : ↑mer. 28 févr., 2018 22:33
Il me semble que j'avais déjà lu quelque part qu'on l'appelle ainsi car la répétition de notes à la MG évoque des gouttes d'eau qui tombent sur un toit, comme s'il pleuvait à l'extérieur.
On pourrait voir le moment où ça devient plus intense comme un petit orage qui se lève.
Oui, on pourrait...
Mais la musique de Chopin ne décrit rien d'autre que des sentiments et des états d'âme !
quazart a écrit : ↑mer. 28 févr., 2018 23:01
Le "politiquement correct'" nous épargne la "négresse" (op10 n°5) qu'on baptise à présent "sur les touches noires". A quand "sur les touches de couleur" ?...
Jouishy a écrit : ↑mer. 28 févr., 2018 22:33
Il me semble que j'avais déjà lu quelque part qu'on l'appelle ainsi car la répétition de notes à la MG évoque des gouttes d'eau qui tombent sur un toit, comme s'il pleuvait à l'extérieur.
On pourrait voir le moment où ça devient plus intense comme un petit orage qui se lève.
Oui, on pourrait...
Mais la musique de Chopin ne décrit rien d'autre que des sentiments et des états d'âme !
J'essaie d'expliquer le surnom. Je n'ai pas dit être spécialement d'accord avec celui-ci.
quazart a écrit : ↑mer. 28 févr., 2018 23:01
Le "politiquement correct'" nous épargne la "négresse" (op10 n°5) qu'on baptise à présent "sur les touches noires". A quand "sur les touches de couleur" ?...
Je viens d'avoir une vision d'horreur.
L'aseptisation galopante revisite l'œuvre de Barbara où il est question d'un aigle noir... deviendra-t-il "l'oiseau de couleur de couleur ?"
Comme tu dis (en me piquant au passage une de mes expressions favorites...), personne ne va plus y entraver que dalle !!! On n'y pigera plus que pouic ! Ce chef d'oeuvre finira au ban de la musique !!!!!
quazart a écrit : ↑mer. 28 févr., 2018 23:01
De quels titres donnés par Chopin parles-tu ?
Il a donné des titres génériques (préludes, études, ballades etc... etc...), mais jamais rien de descriptif.
Le titre - je devrais d'ailleurs parler de sous-titre - le plus ridicule est celui qui accompagnait la première édition du 1er Scherzo : "le banquet infernal".
Je comprends son exaspération...
Le Boléro devenait un "souvenir d'Andalousie", les nocturnes op9 "Soirées sur la Seine"...
Les Etudes ont été pas mal maltraitées aussi, ces sous-titres sont passés dans les mœurs : "Révolutionnaire", "wrong note" (!), "ocean", "tristesse", etc...
Le "politiquement correct'" nous épargne la "négresse" (op10 n°5) qu'on baptise à présent "sur les touches noires". A quand "sur les touches de couleur" ?...
Je pensais à la valse « du petit chien » appellation donnée par Chopin ( d’après Wikipedia)
quazart a écrit : ↑mer. 28 févr., 2018 22:00
La partie centrale du 15ème prélude évoquerait une goutte d'eau ? Curieux... C'est un épisode tout en tension dramatique, le rapport avec une goutte est tout sauf évident...
La main gauche de la 1ère partie et de la conclusion, avec la répétition obsessionnelle du la b, ça colle un peu mieux.
Je partage l'avis de Spykou sur le 6ème qui parait mieux coller à l'image de George Sand qui, soit dit au passage, peut trèe bien n'être que pure invention...
Plus généralement, donner des titres imagés aux oeuvres de Chopin est un peu lui manquer de respect. Lui-même s'emportait contre ses éditeurs qui en collaient des gratinés, contre sa volonté !
Jouishy a écrit : ↑mer. 28 févr., 2018 22:33
Il me semble que j'avais déjà lu quelque part qu'on l'appelle ainsi car la répétition de notes à la MG évoque des gouttes d'eau qui tombent sur un toit, comme s'il pleuvait à l'extérieur.
On pourrait voir le moment où ça devient plus intense comme un petit orage qui se lève.
Ouais je pensais à ça plutôt à ça pour décrire la goutte d'eau, mais bon on s'en fiche un peu.
C'est vrai que Chopin ne donne jamais de nom à ces pièces à part le type de pièce ce que je trouve être preuve de modestie très honorable, car il ne veut donner rien d'autre qu'une oeuvre sans prétention de porter les mots "brillante" ou "grande" (ou les deux en même temps ).
Cependant je trouve ça pas mal de leur donner des surnoms, ça permet de citer une pièce sans citer l'opus (on a pas tous une mémoire énorme pour retenir tout ça).
Et puis ça reste un surnom.
Mailnm a écrit : ↑jeu. 01 mars, 2018 9:43Cependant je trouve ça pas mal de leur donner des surnoms, ça permet de citer une pièce sans citer l'opus (on a pas tous une mémoire énorme pour retenir tout ça).
Et puis ça reste un surnom.