11 juin 2018 -- Récital de Radu Lupu à la Philarmonie de Paris.
Au programme, 100% Schubert :
- Moments musicaux op. 94 (D 780);
- Sonate en La mineur, op. 143 (D 784);
- Sonate en La majeur, op. 20 (D 959);
- [Bis : Impromptu en sol bémol maj. op. 90, (D. 899), No. 3.]
Un double première pour moi qui n'étais jamais entré à la Philharmonie, ni jamais vu R. Lupu en concert (pou être honnête, je ne me suis jamais vraiment intéressé à lui).
Voire triple : au troisième rang, je dois être à 5/6 m du piano (aucun souvenir d'une telle proximité dans une salle prestigieuse).
Voire quadruple (!) : grand amateur de Schubert (mais pas encore pianiste), je ne connaissais pas les deux sonates...
Je vous donne mes impressions, en vrac...
J'arrive H-10 min, je suis trempé (une méchante rincée, et pas mal de monde qui bloque(nt) l'entrée, et point de parapluie) et je n'ai pas encore mangé. À cinq sièges de moi, je reconnais (enfin je crois) Jérôme Ducros (rendu célèbre par YT avec sa conférence au Collège de France « L’atonalisme. Et après ? »). Content de le voir, je l'aime bien.
Le concert commence quasiment à l'heure.
Entrée de Radu Lupu; il a du mal à marcher (j'ai peur de le voir tomber; je me demande s'il va tenir jusqu'au bout ?)
Il commence vite, sans cérémonie, sans même prendre un temps de concentration (des spectateurs s'assoient encore).
Sa posture est spéciale (j'ai lu depuis que c'est son habitude) : vautré sur une chaise (ça n'a rien de péjoratif, c'est vraiment l'impression qu'il dégage), très haut sur le clavier, yeux clos.
Dès les premières notes, on sait de suite qu'on ne va pas assister à une démonstration de virtuosité. Il est là pour faire de la musique, pas pour les J.O. (et ça me va parfaitement). On est dans l'intensité, la profondeur, la sensibilité.
Je ne vois pas passer les 2h30 : il vit, il est, il transmet de tout son être la musique qu'il nous joue; yeux toujours clos, je l'entends clairement fredonner sa musique, et je le vois froncer les sourcils lorsque (deux ou trois fois max) un accord est faux, mais on s'en fiche ! Ce type est un des plus grands interprètes qu'il m'ait jamais été donné d'entendre. Une première et je suis déjà fan.
Le bis est un régal. Il salue, se fâche sur quelqu'un qui le prend en photo, sourit, c'est fini.
Je rentre sous une pluie battante, la musique plein la tête...
... et je pense me mettre sérieusement au piano.
PS. Un grand -- très grand -- merci à Dom (Doubidoudom) pour m'avoir offert ce très joli moment.