les pensées parasites

[sylvie piano]

La fausse note, le léger dérapage et parfois l'image qui me vient c'est " le jour blanc ". Pour ceux qui connaissent la montagne.... L'aveuglement total dans un paysage pourtant connu.... Plus rien ne ressemble à rien.... C'est pourquoi je ferme beaucoup les yeux en jouant, il me semble que ça m'évite cet horrible sensation de vertige..

[Caralire]

C'est marrant, je comprends parfaitement la métaphore, mais je ne m'y retrouve pas du tout : je n'ai pas de traduction visuelle du son.

[Juanito]

Oui jour blanc ça me parle aussi! Tout d'un coup on perd la structure, on ne voit plus rien, alors qu'on a répété des centaines de fois le morceau qu'on connait pas coeur. Je ne sais pas vraiment si j'ai une représentation visuelle du truc, mais disons qu'on perd une dimension. Tout d'un coup l'espace se rétrécit, au lieu d'être multidimensionnel (le clavier, les bras, la partition, le cerveau, le son) et complexe, il devient tout petit recroquevillé, l'enfant pris au piège le doigt dans la tarte. Il aura fallu ce grain de sable , un mi au lieu d'un fa, pour annuler d'un coup tout ce qu'on était en train de faire et de prévoir de faire, de n'avoir plus aucune idée de l'accord qu'il faut faire, de la suite du chant, etc...

A la maison, on s'arrête: on reprend, éventuellement on retravaille, etc... Pourtant bien au contraire il faut apprendre à trouver une solution, à retrouver le fil. Il faut apprendre à se débrouiller, à se sortir de ce faux pas, et à gérer le stress (c'est d'ailleurs la marque des grands alpinistes). Et oui, nous ne sommes malheureusement plus des improvisateurs! Pourtant c'est qu'il faudrait: avoir toujours par exemple en tête la structure harmonique du morceau (parfois c'est dur) pas forcément formulée mais au moins savoir sur quel accord se rattraper pour éviter une catastrophe totale... Il faut avoir des réflexes d'enchaînement.

Mais avant tout, il faut avoir l'habitude de le faire: corriger ses fautes "on the fly"...Et donc s'y entraîner...

[sylvie piano]

Caralire, la métaphore est visuelle mais le son ne l'est pas pour moi non plus....